Allocution du Président de la République à la mairie de Basse-Terre, Guadeloupe.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à la mairie de Basse-Terre.

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Guadeloupe, le jeudi 9 mars 2000

Madame le Maire, Présidente du Conseil Général,

Monsieur le Ministre,

Messieurs les Parlementaires, Députés et Sénateurs

Mesdames et Messieurs les Elus,

Mes chers amis,

Laissez-moi vous dire d'abord tout le plaisir fort que j’éprouve à être aujourd’hui parmi vous ici à Basse-Terre, ville la plus ancienne de la Guadeloupe, et tout naturellement première étape de mon déplacement dans les Antilles.

Vos paroles amicales, Chère Lucette Michaux-Chevry, et aussi l'accueil si chaleureux de "tout' moun' Bastè" me vont droit au coeur.

Vous connaissez, et vous avez eu raison, Chère Lucette, de le souligner, mon attachement personnel et mon affection pour tous les Guadeloupéens et pour la Guadeloupe. Et c’est pourquoi, ma joie est grande, je le répète, de vous adresser aujourd’hui un message d'estime, un message d'amitié et un message de soutien.

Je suis heureux, Chère Lucette, de vous féliciter pour l’action que vous menez avec force, avec détermination au service de votre ville comme au service votre région. Vous le faites avec tout votre coeur, toute votre intelligence, votre énergie.

Car vous savez et vous l’avez évoqué -nous en reparlerons- que la Guadeloupe peut et doit réussir. En menant une politique vigoureuse et dynamique pour surmonter ses handicaps économiques. En étant généreuse et solidaire pour panser ses souffrances sociales. En affirmant sans complexe son épanouissement , son identité, sa dignité, dans le bassin caraïbe.

Vous en avez la volonté, les capacités, le sens des responsabilités. Pour vous soutenir, pour soutenir la Guadeloupe dans ses efforts, l'Etat sera toujours à vos côtés dans une relation qui -quelques soient les évolutions que vous évoquiez tout à l’heure- Chère Lucette, restera une relation fondée sur la solidarité, le respect ? la confiance et l’amitié.

J'ai confiance lorsque je constate le nouvel élan donné à Basse-Terre depuis 1995.

La spirale du pessimisme et du déclin qui affectait votre ville depuis de nombreuses années, en raison de réelles difficultés urbaines, économiques et sociales, me paraît, fort heureusement, enrayée.

Basse-Terre est la capitale administrative mais aussi la capitale historique de la Guadeloupe, là où bat son coeur, puisqu'elle fut la première ville fondée en 1643. Son passé prestigieux lui a permis d'être classée "ville d'art et d'histoire" en 1995. Mais son histoire est aussi marquée par des étapes douloureuses qui ont constitué autant de défis pour sa population.

De la fin du XVIIIe siècle au début du XXe, Basse-Terre doit lutter pour développer son économie dans un environnement concurrentiel.

Ces efforts sont hélas brisés brutalement, lorsque le cyclone de 1928 vient la détruire presque entièrement.

Pourtant, à la fin des années soixante, Basse-Terre devient le premier port de l'archipel grâce à son activité bananière. Mais à nouveau, elle est atteinte dans son développement par deux événements : le départ en 1974 de la CGM et surtout le réveil de la Soufrière en 1976, qui oblige tous ses habitants à quitter la ville pour la Grande Terre, où ils doivent rester pendant de longs mois. Et beaucoup d'entre eux ne reviendront pas, ce qui aura pour conséquence un grave affaiblissement démographique et économique de la ville.

Aujourd'hui, Basse-Terre reconstruit son avenir et tout le montre, il suffit d’ouvrir les yeux. Une dynamique nouvelle est créée. Les projets d'aménagement qui viennent de nous être présentés en sont l'illustration à la fois ambitieuse, généreuse et raisonnable. Ils s'intègrent dans une politique ambitieuse de rééquilibrage économique du territoire et dans un ensemble intercommunal solidaire, source de développement, que vous avez créé. Ils sont fondés sur des choix pertinents : privilégier le secteur touristique ; réhabiliter un patrimoine dégradé ; améliorer la qualité de vie des habitants ; lutter contre l'exclusion en créant une ville plus solidaire.

Ces orientations permettent à Basse-Terre et à sa région de mettre en valeur tous ses atouts.

En affirmant sa vocation touristique grâce à l'ouverture de son port aux bateaux de croisière, à la valorisation de son patrimoine culturel et historique, à la parfaite complémentarité avec les riches potentialités de la côte sous le vent.

En confortant également sa position régionale au centre du bassin caraïbe. Basse-Terre, et la Guadeloupe tout entière, doivent jouer cette carte de la coopération régionale.

Demain nous réunirons, ici en Guadeloupe, les 15 Etats membres du CARIFORUM.

J'ai voulu montrer par cette initiative que la Guadeloupe avait une place naturelle importante à tenir dans son environnement régional, un rôle charnière à jouer entre la France, l'Europe et la Caraïbe.

J'ai souhaité également que ce premier sommet de coopération régionale entre la France et la Caraïbe ne se fasse pas en dehors des Guadeloupéens, mais avec eux et autour d'eux. Car ce sont eux qui ont la connaissance la plus fine des enjeux et des défis à relever.

Je prendrai un exemple, celui de la prévision, de la prévention et de la gestion des catastrophes naturelles. J'évoquais tout à l'heure les cyclones et les éruptions volcaniques qui ont si profondément traumatisé votre ville. Comment imaginer que cette question, qui concerne de si près la plupart des Etats de la Caraïbe, et que vous aurez à rapporter demain devant les chefs d’Etat et de Gouvernement concernés, Madame la Présidente, puisse être uniquement traitée à partir de Paris ? Sur ce thème, qui sera à l'ordre du jour de ce sommet, vous parlerez demain au nom de la France. Il doit en être désormais ainsi non seulement pour débattre de sujets importants mais aussi pour agir dans le cadre de projets de coopération définis en commun.

Outre la valorisation de ses atouts régionaux, Basse-Terre a fait le choix de prendre à "bras le corps" la transformation de son urbanisme, de lutter contre l'exclusion et l'insécurité en créant ce que vous avez appelé la "ville société". L'accord passé avec la Caisse des dépôts sur le projet de rénovation urbaine ainsi que le contrat de ville pour la période 2000-2006 vous y aideront. Le monde associatif prend également une part de plus en plus importante dans vos projets. Je vais d'ailleurs dans quelques minutes avoir l'occasion de rencontrer l'une de ces associations, des associations qui mène avec coeur et efficacité des actions de réinsertion et de retour à l'emploi.

Je veux aussi souligner que dans la politique conduite pour la revitalisation économique des zones urbaines en difficulté, l'Union européenne vous apporte un soutien de grande ampleur avec le programme communautaire URBAN. Tous les acteurs locaux ont participé à l'élaboration de ce programme dont les crédits ont un effet multiplicateur évident et qui devrait donner à Basse-Terre un nouveau visage, un visage accueillant dans un environnement restauré. Cette opération est complétée par des actions de résorption de l'habitat insalubre ciblées sur des quartiers anciens et difficiles où la précarité des logements et le délabrement des infrastructures s'ajoutent aux handicaps socio-économiques.

Je sais que c’est là, Madame le Maire, l’un de vos sujets de préoccupations les plus constants. Madame le Maire, ma Chère Lucette, mes chers amis, je voudrais, avant de terminer, et avant d’évoquer très bientôt les sujets qui concernent l’avenir de nos départements d’outre-mer, réaffirmer de la façon la plus claire, qu'ici à Basse-Terre, comme dans toute la Guadeloupe, l'Etat sera un partenaire qui accompagnera toujours vos projets. Sa présence et sa solidarité ne vous feront pas défaut lorsque vous aurez à affronter des épreuves. Vous avez récemment souffert du cyclone Lenny. Je survolerai tout à l'heure les zones les plus touchées pour me rendre compte des dégâts et de l'état d'avancement des réparations.

Ma conception de l'Etat moderne, ce n'est pas celle d'un Etat qui freine ou qui bride et que vous évoquiez tout à l’heure, Madame la Présidente. C'est celle d'un Etat qui libère les énergies et les volontés, qui respecte les hommes, les femmes, l’identité, les cultures des peuples. Or, vous avez l'énergie, vous avez ici la volonté. Et c’est pourquoi je sais que vous réussirez.

A tous mes compatriotes de Guadeloupe, je veux redire mon estime, ma confiance et surtout mon affection.





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