Allocution du Président de la République à l'occasion du déjeuner offert par le Premier ministre des Pays-Bas.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du déjeuner offert en son honneur par M. Wim KOK, Premier ministre du royaume des Pays-Bas.

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Amsterdam, Pays-Bas, le mardi 29 février 2000

Majesté,

Altesse Royale,

Monsieur le Premier Ministre,

Mon Cher Wim,

Madame Kok,

Mesdames, Messieurs,

Je veux d’abord vous remercier, Madame, de nous avoir si chaleureusement accueillis, mon épouse, ma délégation et moi-même, hier soir au Palais du Dam. Aujourd’hui, c’est vous, Monsieur le Premier ministre, c’est toi mon cher Wim Kok, qui nous recevez dans cette belle ville de La Haye, siège du Gouvernement et du Parlement néerlandais. La Haye qui est aussi l’une des grandes capitales de la paix dans le monde. Dans cette salle superbe où se réunit le vendredi le Conseil des ministres, et qui me conduit quand même à m’interroger, parce que je n’ai pas le sentiment que ce soit ici, une salle pour travailler, c’est davantage une salle pour rêver. Mais enfin, peut-être est-ce comme cela que l’on gouverne ici, aux Pays-Bas, et c’est peut-être pour cela que les Pays-Bas connaissent autant de succès dans tous les domaines.

Je voudrais vous dire combien me touche la chaleureuse amitié qui nous est témoignée depuis notre arrivée dans votre pays. Je connaissais déjà, bien sûr, l’hospitalité légendaire de vos compatriotes. Quand s’y mêlent l’amitié, la confiance, alors ce sont des moments précieux, très précieux, qui nous sont offerts et qui sont rares.

L’amitié, c’est la confiance. Depuis longtemps, Néerlandais et Français se retrouvent dans les enceintes internationales pour défendre ensemble une certaine vision du monde : la paix, la dignité et la liberté de la personne humaine. Et puis, vous et nous, membres fondateurs de la Communauté, ardents défenseurs de la construction européenne, nous nous rencontrons régulièrement pour débattre de notre Union.

Nous avons besoin d’aller plus loin ensemble sur certaines questions essentielles. C’est le sens de la visite que j’effectue depuis hier aux Pays-Bas, à votre invitation et pour mon plus grand plaisir. Et je me félicite, Monsieur le Premier ministre, mon cher Wim, des entretiens que nous avons eus ce matin, dans votre cabinet de travail, votre " torentje ", puis dans le cadre magnifique du Musée Mauritshuis, l’un des plus beaux du monde, deux lieux qui résument à eux seuls les Pays-Bas : la parfaite simplicité de vos traditions démocratiques ; la grandeur de votre histoire ; les éclatants succès, passés et présents, de votre grande nation. Et ces deux gestes pour nos réunions m’ont profondément touchés et je m’en souviendrai.

Parmi les questions que nous avons abordées, il y a d'abord l’Union européenne et les chantiers qu’elle a ouverts : la réforme des institutions, dans l’équité, en évaluant au mieux la place de chacun ; l’élargissement ; la construction d’une défense européenne qui ne soit en aucun cas en contradiction avec les exigences de la solidarité atlantique. Le 1er juillet prochain, la France prendra la présidence de l’Union. A quatre mois de cette échéance, j’ai voulu aussi resserrer encore la relation franco-néerlandaise, essentielle pour le bon fonctionnement de l’Europe.

S’il est un pays solide et dynamique, sur lequel, depuis l’origine, l’Europe peut compter pour faire progresser sa construction, ce sont bien les Pays-Bas. Ils ont depuis toujours la volonté politique d’aller de l’avant. Depuis toujours, ils sont au premier rang des bâtisseurs de l’Europe.

L’Europe, vous et nous la voulons forte, capable de s’affirmer sur la scène internationale pour y défendre ses intérêts, ses idées, ses idéaux. Une Europe dont les membres sont unis autour des mêmes valeurs fondamentales, qui incarne une sorte de " modèle " et qui serve, au-delà de son propre espace, la cause de la liberté, de la démocratie et de la paix. Une Europe qui conjugue solidarité continentale et ouverture sur le grand large, une Europe partenaire des ensembles régionaux qui s’organisent partout dans le monde et s’affirment comme de nouveaux pôles d’équilibre et de développement.

Cette Europe, les Pays-Bas peuvent et doivent y jouer un rôle essentiel, déterminant. Ils incarnent une sagesse des peuples : la tolérance, le dialogue, la solidarité. Ils ont aussi cette volonté farouche d’aller au bout de leurs entreprises, ce goût du succès, ce génie forgé au long des siècles dans la lutte opiniâtre contre les éléments.

La construction européenne elle aussi est un combat de chaque instant. Vos qualités sont indispensables à la réussite de l'Europe. C’est pourquoi, à la veille de la présidence française de l'Union, je me réjouis de la proximité de la relation franco-néerlandaise et je suis heureux que nous soyons si souvent d’accord sur l’avenir de notre continent.

C'est fort de cette amitié et de ces convergences que je vais maintenant, après toi mon cher Wim, lever mon verre. Je le lève en l’honneur de Sa Majesté la Reine Béatrix, à qui je présente mes très respectueux hommages et à qui je veux adresser, une fois encore, ma gratitude et celle de mes compatriotes. Je le lève en l’honneur de notre hôte, Monsieur Wim Kok, de Madame Kok, en l’honneur de toutes les personnalités qui nous font l’amitié de leur présence et surtout en l’honneur de l’amitié profonde qui unit nos deux pays.





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