Discours du Président de la République devant le Pleno de las Cortes à Madrid.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant le Pleno de las Cortes.

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Madrid, Espagne, le mardi 5 octobre 1999

Monsieur le Président,

Madame la Présidente,

Monsieur le Président du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Députés,

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Merci d'abord et merci de tout coeur de m'accueillir ici, ce soir, dans ce haut lieu de la démocratie. Je sais le très grand privilège que représente l'invitation d'un chef d'Etat par vos deux Assemblées, vos deux Chambres réunies en séance plénière. Rares sont ceux qui, avant moi, ont ainsi pris la parole dans ce lieu. Et toujours, ce furent des amis très proches de l'Espagne, venus de pays chers à l'Espagne. Ceci a beaucoup de valeur pour moi.

A travers vous, c'est au peuple espagnol tout entier que j'adresse aujourd'hui, de la part du peuple français, un message d'amitié, de solidarité, un message, pour reprendre l'un des derniers mots du Président, de fraternité.

L'amitié de deux voisins, qui furent souvent rivaux et sont désormais unis dans le projet européen. La solidarité de deux vieilles nations, qui ont façonné l'Histoire, celle de l'Europe mais aussi, à travers leurs empires, celle du monde. La fraternité de deux peuples fiers, farouchement attachés à leur identité, et qui veulent mener ensemble les grands combats du prochain millénaire. Deux peuples qui exercent toujours d'éminentes responsabilités à l'échelle de notre planète.

A ces sentiments très sincères de grande considération, je veux ajouter, au nom de la France, l'admiration que nous éprouvons pour tout ce que l'Espagne a accompli de considérable en seulement une génération.

Une génération pour inventer, installer, enraciner la démocratie. Dans cette enceinte, je veux saluer l'admirable détermination de votre Souverain, Sa Majesté Juan Carlos 1er, soutenu par tout un peuple, quand la démocratie espagnole résistait ici même aux ultimes assauts des nostalgiques de l'ordre ancien. Ce jour-là, l'Espagne a montré au monde la puissance irrésistible, irréversible, de l'élan démocratique de son peuple.

Une génération pour secouer les pesanteurs héritées du passé et libérer votre formidable vitalité. Une génération pour changer l'Espagne. Une génération aussi pour changer l'image que nous nous faisions l'un de l'autre, l'Espagne et la France.




C'est bien ce qui s'est passé entre nos deux pays. Nos deux pays ont su développer une relation intense et sereine. La relation de deux peuples qui s'estiment et coopèrent aujourd'hui. Après des siècles d'affrontement entre les dynasties régnantes espagnoles et françaises pour la domination de notre continent. Après les heures douloureuses de l'occupation napoléonienne dont le souvenir reste si présent en Espagne. Après des décennies pendant lesquelles votre pays dut vivre aux marges de l'Europe.

La relation aussi de deux nations qui n'ont cessé de s'attirer et de se séduire. Qui n'ont cessé, par-delà les différends, par-delà les tensions, de dialoguer au sommet de la culture et de l'esprit.

C'est le Don Quichotte de Cervantes marquant des générations de Français par sa nostalgie héroïque. C'est Pierre Corneille évoquant, avec Le Cid, l'âme indomptable de l'Espagne de toujours et de ses fils, trempée dans l'épopée de la " Reconquête ". C'est Victor Hugo puisant dans votre histoire pour écrire Hernani et Ruy Blas. C'est Georges Rouault renouant avec l'austérité tragique du Greco.

Ce sont tant et tant d'autres écrivains et artistes français inspirés par l'Espagne, sa terre, ses hommes, son caractère, son imaginaire, son histoire. Que seraient l'Art nouveau sans Gaudi, le surréalisme et le cubisme, qui ont si fortement marqué l'art français et l'art du monde en ce siècle, sans Juan Gris, Dali, Miró, Picasso, Buñuel ?

A cette attirance, à cette séduction, s'ajoute le respect qu'éprouvent l'un pour l'autre deux pays porteurs de langues et de cultures qui rayonnent toujours dans le monde. Deux pays proches, par leur latinité, par leur appartenance aux ensembles méditerranéen et atlantique, par l'universalité de leur message et de leur vision.

Et l'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenne est venue donner une dimension nouvelle à notre coopération. Nos rencontres sont désormais celles de deux partenaires privilégiés qui ont institutionnalisé leur dialogue, qu'il s'agisse du séminaire gouvernemental ou du sommet qui réunit chaque année les dirigeants de nos deux pays.

Je n'ai pas oublié notre rendez-vous de Salamanque, en décembre 1997, l'amitié vibrante qui nous entourait tout au long de notre parcours au sein du Casco antiguo, l'accueil chaleureux du Président du Gouvernement, mon ami José Maria Aznar. L'an dernier, à La Rochelle, c'est le même esprit et la même confiance qui présidaient à nos entretiens.

Oui, c'est bien une relation d'exception qui a uni aujoud'hui l'Espagne et la France.

Et d'abord dans le champ de l'économie. Devenue votre premier client et votre premier fournisseur, la France est aussi, avec plus d'un millier d'entreprises, le deuxième investisseur en Espagne. Le train à grande vitesse qui reliera Madrid et Barcelone à Lyon et Paris via Perpignan donnera dans cinq ans une nouvelle dimension à nos échanges. D'autres progrès spectaculaires seront faits prochainement dans la relation entre nos deux pays.

Partenaires privilégiés, nous le sommes aussi dans le domaine culturel. Avec vingt-cinq Alliances françaises, seize établissements d'enseignement, cinq Instituts, la France entretient ici son plus important réseau en Europe et le second au monde. Et je sais la place éminente occupée par le français dans votre système d'enseignement. Aujourd'hui, plus d'un million de jeunes Espagnols apprennent le français comme seconde langue étrangère, soit quatre fois plus qu'il y a quatre ans. En France, où votre langue a toujours été à l'honneur, c'est un bachelier sur deux qui a appris l'espagnol, un sur deux.

Nos échanges universitaires et scientifiques, plus importants encore que ceux qui ont été développés entre l'Allemagne et la France, témoignent de cette proximité. Le mois prochain, une rencontre organisée sous l'égide de l'Association Dialogo sera l'occasion de lancer, entre nos établissements et aussi entre nos jeunesses, de nouveaux projets de coopération centrés sur la recherche et sur les industries de pointe.

Partenaires privilégiés, nous le sommes surtout par la diversité et la richesse des échanges entre nos deux peuples. 70 000 Français se sont installés chez vous et apprécient la cordialité et la chaleur de votre accueil. 200 000 Espagnols vivent dans notre pays où ils se sentent chez eux. Ils nous apportent aujourd'hui un concours précieux, comme naguère ceux des vôtres venus si nombreux, pour un temps ou pour toujours, accompagner la forte croissance économique dans la France d'après-guerre. Et c'est par millions que les touristes espagnols ou français se croisent chaque année à notre frontière commune.


En partenaires privilégiés, nous avons su aplanir les contentieux qui ont trop souvent, c'est vrai, assombri nos relations et qui ont disparu.

Celui de la pêche, longtemps source d'incidents graves. Il y a cinq ans, nous avons mis en place une commission mixte rassemblant les représentants des administrations et des professionnels, chargée d'organiser les campagnes de pêche et, depuis lors, il n'y a plus d'incident.

Le contentieux agricole aussi. Chaque année, des manifestations, parfois violentes, en tout cas inacceptables, étaient menées à l'encontre des camions espagnols par des éléments français dont vous devez savoir qu'ils étaient très minoritaires et unanimement condamnés chez nous. Je comprends l'émotion et l'exaspération que suscitait ici la répétition de telles actions. Nous avons réagi et mis ensemble sur pied, pour les produits les plus sensibles, une commission semblable à celle que nous avons installée pour la pêche. Des instructions ont été données, très fermes, à nos préfets et à nos procureurs. Et depuis deux ans, elles ont été efficaces.

Enfin, et surtout, notre coopération policière et judiciaire dans la lutte contre le terrorisme est une coopération exemplaire. Et je veux renouveler devant vous, Mesdames et Messieurs, l'engagement total de la France aux côtés de l'Espagne dans le combat qu'elle mène contre le terrorisme aveugle. Aucune forme de recours à la violence ne peut être acceptée dans un pays civilisé lorsque toutes les voies démocratiques sont ouvertes à l'action politique et à l'expression des opinions.




Partenaires, Mesdames et Messieurs, nous le sommes aussi en bâtissant ensemble l'Europe. Il y a bientôt quatorze ans, votre pays rejoignait la Communauté européenne. Aussitôt, il en est devenu l'un des premiers acteurs et aussi l'un des champions. Etat membre exemplaire, l'Espagne appartient désormais au petit groupe des pays qui tracent la route.

Et c'est ensemble que nous faisons progresser les grands chantiers de la construction européenne. On l'a vu avec la mise en oeuvre de l'euro à laquelle l'Espagne, par un effort et une gestion unanimement soulignés et salués sur le plan international, a pris d'emblée toute sa part. On le voit dans notre résolution conjointe à promouvoir l'élargissement pour rassembler toute la famille européenne au sein de notre Union. Et pour préserver l'efficacité de cette Europe élargie, vous et nous savons que nous devons réformer nos institutions. Nous sommes aussi d'accord -je le souligne- pour préserver les politiques structurelles et régionales qui assurent l'indispensable cohésion entre les Etats membres. La solidarité est au coeur de l'entreprise européenne et elle doit le rester.

Et c'est encore ensemble que nous voulons bâtir un véritable espace européen de justice, de liberté et de sécurité : dans dix jours, le Conseil Européen extraordinaire de Tampere se réunit à la demande de l'Espagne. Il nous permettra de franchir une étape importante vers cet objectif.

Mais cette Europe plus proche des hommes doit aussi être l'Europe de la jeunesse. L'Europe de la connaissance, l'Europe des universités. Un espace commun de culture et d'éducation, au sein duquel nos jeunes pourront voyager, étudier, apprendre à mieux se connaître, s'ouvrir aux cultures et aux valeurs de notre continent, forger peu à peu notre identité européenne, dans le respect d'une diversité qui fait toute sa richesse.

L'Europe a commencé à exister sur les terres de l'esprit. C'est en accueillant des étudiants et des professeurs venus de Paris, de Cracovie, de Bologne que Salamanque devint l'un des principaux foyers de l'humanisme européen. Alors, que renaisse cette "République immense d'esprits cultivés" dont parlait Voltaire ! Que s'affirme le grand brassage des idées et des hommes !


Nous avons su bâtir l'Europe de l'économie. Nous faisons aujourd'hui de la lutte contre le chômage, contre l'exclusion, pour la dignité de l'homme notre priorité. Nous construisons ainsi l'Europe sociale, l'Europe des hommes. Pourrons-nous enfin bâtir une Europe puissance, capable d'assumer ses responsabilités sur la scène internationale ? Capable de donner à notre Union la place qui doit être la sienne dans le monde multipolaire de demain ? Répondre à cette question, c'est reconnaître la nécessité et l'urgence d'édifier aussi l'Europe de la défense. La tragédie du Kosovo conforte notre résolution d'aller de l'avant. De doter notre Union d'une capacité militaire autonome mise en oeuvre, selon son choix, au sein ou en dehors de l'Alliance atlantique, sans naturellement mettre en cause les liens qui unissent cette alliance.

Cette ambition, vous et nous l'avons déjà traduite en actes. Sur le terrain, en nous engageant côte à côte en Bosnie et au Kosovo. Par nos décisions, en unissant nos efforts au sein des Euroforces et du Corps européen, que nous avons décidé de transformer, d'ici un an, en Corps de réaction rapide européen, décision conjointe entre l'Espagne et la France. Je souhaite que demain les Européens se fixent des objectifs dans le domaine des capacités militaires, à la hauteur de leurs responsabilités partagées. Le chantier est immense il demandera du temps. Mais il est la condition de notre crédibilité internationale.

La France se réjouit qu'un Espagnol, Européen convaincu et de grande autorité, M. Javier Solana, ait été désigné comme Haut-représentant de l'Union européenne pour la PESC, après avoir présidé au destin de l'OTAN et fait progresser la construction du pilier européen de l'Alliance. Ce Haut-représentant doit pouvoir s'appuyer, dès que possible après sa prise de fonction, sur un Comité politique et de sécurité qui doit être, selon moi, pour l'Union européenne, l'équivalent de ce qu'est pour l'OTAN le Conseil atlantique.

Le Comité politique et de sécurité devra être assisté, dès sa création, d'un Comité militaire auquel sera progressivement associé un état-major européen. Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, l'affirmation d'une sécurité et d'une défense européennes représente, et nous devons en parler naturellement plus largement et dans le détail, mais représente le prochain grand défi de notre aventure commune.

Europe des hommes et de l'emploi, renforcement de la coordination économique, Europe de la connaissance, élargissement et réforme de nos institutions, défense européenne : telles seront, à partir du 1er juillet prochain, les priorités qu'après concertation avec ses principaux partenaires, au premier rang desquels l'Espagne bien entendu, la présidence française s'est fixée pour l'Union. Et cette présidence, je souhaite que, dans les mois qui viennent, nous la préparions très activement, la main dans la main avec l'Espagne.


Partenaires, l'Espagne et la France le sont encore lorsqu'elles invitent l'Europe à renforcer les liens tissés par l'Histoire au-delà de notre continent.

En Méditerranée bien sûr, où des opportunités exceptionnelles se présentent. Le vent d'optimisme qui souffle aujourd'hui du Maghreb au Machrek autorise une relance déterminée du processus de Barcelone. La longue familiarité de l'Espagne et de la France avec les pays de la rive sud leur confère une responsabilité particulière dans l'édification d'un espace méditerranéen de paix, de stabilité, de coopération et de développement. Dans cet esprit, j'ai proposé que se tienne, pendant la présidence française et si les circonstances, notamment les perspectives du processus de paix, s'y prêtent, le premier sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement des pays de l'Union européenne et de la Méditerranée. Je me réjouis du soutien apporté par le Président de votre Gouvernement à cette proposition.

Mais d'abord nous devons accompagner la relance du processus de paix au Proche-Orient, à travers notamment l'action que mène, au nom de l'Europe et avec beaucoup d'intelligence, l'ambassadeur Moratinos.

C'est ensemble aussi que nous avons engagé, le Président l'a évoqué tout à l'heure, le rapprochement de l'Union européenne avec l'Amérique latine. Cette Amérique latine où l'Espagne entretient les liens les plus forts tissés par l'Histoire, par une communauté de culture, par l'action remarquable conduite ces dernières années sur le plan économique par vos entreprises dans ce continent. C'est à l'initiative de l'Espagne et de la France que s'est tenu à Rio, en juin dernier, le premier sommet de l'Histoire entre l'Amérique latine, la Caraïbe et l'Europe. Et il nous revient, à nous Espagnols et Français, de veiller à ce que les acquis de Rio s'inscrivent dans la durée, pour que le sommet de Madrid, en 2002, marque un renforcement décisif du dialogue et de la coopération entre nos deux ensembles. C'est l'ambition de l'Espagne, elle est sans réserve soutenue par la France.




Enfin, Mesdames et Messieurs, l'Espagne et la France doivent exercer ensemble leurs responsabilités à l'échelle du monde. Nos deux pays partagent les mêmes valeurs, une même vision de l'homme et des relations entre les nations. Partenaires, ils doivent l'être en menant côte à côte les grands combats de notre temps, pour maîtriser et pour humaniser la mondialisation.

La mondialisation et ses nouveaux instruments ont changé la mission et le rôle des Etats, comme ils ont bouleversé les notions d'espace et de temps. Ils ont effacé beaucoup de frontières. Dans ce contexte nouveau il revient à l'Etat d'organiser un environnement juridique, social, économique qui favorise, dans chaque pays et au niveau mondial, une compétition équitable et qui assure la dignité des hommes et l'égalité des chances.

Agissons ensemble pour instaurer les nouvelles règles du jeu qui s'imposent. Avec l'explosion des échanges humains, commerciaux, financiers, une société mondiale est née. Il nous faut l'organiser.

En renforçant les institutions multilatérales. Et d'abord en réaffirmant la place des Nations Unies, clé de voûte de tout le système international et seul lieu d'élaboration démocratique des progrès de la conscience universelle de l'Etat de droit mondial.

Ensuite, en confortant la légitimité politique des institutions financières internationales, notamment le Fonds monétaire international. Il lui revient de veiller au respect, par tous les acteurs économiques, d'un véritable code de la route des marchés financiers. Il nous faut améliorer la transparence et la surveillance des mouvements de capitaux. Il faut renforcer la solidité des systèmes bancaires pour prévenir les crises financières comme celle qu'a subie l'Asie et qui a coûté deux points de croissance à l'économie mondiale. Il faut aussi que les centres "offshore" respectent les règles du jeu communes. C'est la meilleure façon de lutter contre l'argent sale blanchi dans ces centres où, selon les estimations des techniciens, plus de mille milliards d'euros échappent chaque année à tout contrôle.

Cette exigence de règles agréées et respectées par tous s'applique aussi au commerce, moteur de la croissance. Dernière née des grandes organisations, l'OMC doit être un arbitre incontestable et incontesté. L'Espagne et la France, avec leurs partenaires de l'Union, y veilleront.

Et, le mois prochain, à Seattle, lors de l'ouverture du nouveau cycle de négociations commerciales, internationales, c'est toute l'Europe qui défendra d'une seule voix ses intérêts et ses positions. Les enjeux de ces négociations sont essentiels, de la culture aux normes sociales, de l'environnement à la sécurité alimentaire.


Humaniser la mondialisation, c'est aussi la civiliser. C'est se battre, comme vous et nous le faisons, en faveur de la diversité culturelle. Cette diversité est indispensable au progrès qui, par essence, naît de la confrontation des sensibilités et des idées. La mondialisation est une chance, mais elle porte aussi en elle le risque de l'uniformisation. Or les peuples veulent échanger leurs biens mais garder leur âme.

Nous devons unir nos forces pour gagner à nouveau la bataille de l'exception culturelle. Il faut mener croisade dans les négociations de libéralisation des échanges pour que les oeuvres de l'esprit puissent continuer, dans l'avenir, à bénéficier de soutiens publics, nationaux ou européens.

Et c'est ensemble aussi que nous gagnerons la bataille des langues, vitale pour la diversité, la créativité et donc pour la richesse du monde. Nos langues sont l'incarnation même de nos identités. Elles expriment nos idéaux, les valeurs humanistes dans lesquelles nous nous reconnaissons. Elles portent les racines, la mémoire de chaque homme.

Cette bataille des langues, nous devons la mener d'abord à l'échelle de l'Europe en imposant dès le collège l'apprentissage d'une deuxième langue étrangère. Mais nous devons aussi la mener à l'échelle du monde, en rapprochant les familles latines, hispanophone, lusophone et francophone. Elles rassemblent sur tous les continents près d'un milliard de femmes et d'hommes. Elles doivent investir massivement les nouveaux réseaux de la communication. Leur avenir en dépend.




Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, mon message au peuple espagnol est un message d'action. Espagnols et Français, nous avons bien des choses à nous dire, bien des occasions de travailler la main dans la main, bien des projets à réaliser, tant de combats, de justes combats, à mener ensemble.

Au long des siècles, nos deux nations se sont souvent affrontées. L'écho de nos batailles résonnait dans toute l'Europe. Et c'est toute l'Europe qui souffrait. La rivalité entre l'Espagne et la France appartient heureusement à l'Histoire. Aujourd'hui, nous avons destin lié. Et c'est la construction européenne qui avance. Et c'est une certaine vision du monde, humaine et généreuse, qui progresse.

Ces idéaux qui sont les nôtres, portons-les ensemble. Nous avons l'autorité morale, le poids politique, l'audience internationale pour le faire.

Au terme de ce voyage que je viens de faire, si rapide mais aussi si dense et pour moi si passionnant et si fascinant, je voudrais simplement faire une réflexion que m'inspire ce que j'ai entendu, et ce que j'ai vu. J'ai beaucoup écouté, j'ai beaucoup observé.

Je crois qu'aujourd'hui, l'Espagne, sous l'impulsion de ses autorités, a retrouvé sans aucun doute le chemin de la grandeur. On le voit sur le plan de son développement économique. Tout à l'heure, le Président évoquait l'importance des investissements réalisés par votre pays, aujourd'hui, en Amérique latine, et aussi en Europe.

On le voit sur le plan social avec les succès spectaculaires remportés par votre Gouvernement sur le plan de la lutte contre le chômage.

On le voit sur le plan européen, où l'Espagne s'est hissée au premier rang pour ce qui concerne la voie à suivre et où elle est sortie victorieuse des débats difficiles sur l'agenda 2000 lors du sommet de Berlin.

On le voit dans le domaine de la politique étrangère, notamment dans la Méditerranée, également en Amérique latine, dans le monde entier, où l'Espagne a retrouvé sa vocation à conduire une politique étrangère ambitieuse et pacifique.

Tout, aujourd'hui, permet à l'Espagne et la France d'avancer la main dans la main sur le chemin de l'avenir. C'est ce que je souhaite, je suis sûr que nous y arriverons et je vous en remercie.





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