Allocution du Président de la République prononcée lors de la réception de la communauté française à Lisbonne, Portugal.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la réception de la communauté française établie au Portugal.

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Lisbonne, Portugal, le jeudi 4 février 1999

Je suis heureux de saluer nos compatriotes qui ont le privilège, parce que c'est une forme de privilège, de travailler ou de vivre dans ce beau pays. Je les salue toutes et tous, amicalement, avec un signe d'affection particulier pour les jeunes du lycée. Les jeunes naturellement, les jeunes d'abord, sont au premier rang, qui sont tout sourire. Je leur souhaite bonne chance, bon vent et bonnes études au lycée français de Lisbonne.

Je voudrais vous saluer au nom de toute celles et tout ceux qui sont avec moi, nos Ministres, des Affaires étrangères M. VEDRINE, de la Culture Mme TRAUTMANN, M. SAUTTER, notre Ministre chargé du Budget, travail délicat.

Au nom de nos parlementaires, M. le Député Bernard CHARLES qui est Président du Groupe d'Amitié entre le Portugal et la France à l'Assemblée nationale, M. le Ministre-Sénateur RAFFARIN, Président de la Région Poitou-Charentes.

Je voudrais saluer les représentants du Conseil supérieur des Français de l'étranger, les personnalités qui m'ont accompagné, du monde culturel ou du monde économique, les représentants du secteur des entreprises, petites, moyennes ou grandes qui ont été très nombreux, ce qui prouve l'importance croissante que la France attache au Portugal dans le domaine du développement économique. J'espère que les contacts qu'ils auront pris à l'occasion de ce voyage sera fructueux pour eux et pour les relations franco-portugaises.

Je voudrais enfin dire à notre Ambassadeur, M. René ALA, et à son épouse, toute ma reconnaissance, toute notre reconnaissance, à la fois pour le travail qu'il a fait depuis son arrivée ici, qui est un travail exceptionnel, de qualité et qui a permis d'asseoir ou de conforter une relation entre nos deux pays, qui est excellente, mais qui a besoin, naturellement, comme toutes les bonnes choses d'être entretenue. Il l'a fait, ils l'ont fait remarquablement bien, et je le remercie ainsi que son épouse aussi pour l'organisation de ce voyage et de cette réception.

Le sens de ma visite ici, après la visite présidentielle qui date de 1987, c'est-à-dire plus de 10 ans, c'était ou c'est d'affirmer les liens très forts qui existent entre nos deux pays. Et l'importance que la France attache à sa relation avec le Portugal. La force de cette relation est d'autant plus nécessaire que l'année 2000, entre autre caractéristique, en a une pour l'Europe qui va conférer à nos deux pays une responsabilité éminente. Parce que vous le savez, c'est au 1er janvier 2000, que le Portugal assurera la Présidence de l'Union, et six mois après pour le deuxième semestre, c'est la France qui va lui succéder.

Nous avons une approche commune des problèmes européens, une vision commune de ce que doit être l'Europe de demain, et il est très important que nous puissions articuler nos réflexions pour donner à cette année 2000 l'impulsion qui doit être donnée. Nous aurons, en effet, un an d'expérience de l'euro, nous aurons l'élargissement qui va petit à petit arriver, et donc la nécessaire réforme de nos institutions, pour lesquelles nos deux présidences devront conforter leurs efforts pour présenter des solutions acceptables pour l'ensemble des pays de l'Europe. Bref, nous avons toutes les raisons de considérer que l'année qui va venir sera une année luso-française importante en Europe et que nous devons nous y préparer. C'était aussi un peu, le sens de ma visite.

Nos ministres, des Affaires étrangères sont déjà en constante relation et concertation, mais le sens de ma visite était à la fois, je le répète, d'affirmer clairement l'importance que la France attache à sa relation avec le Portugal et l'importance qu'elle attache à une bonne réussite de l'année luso-française, européenne qui aura lieu dans un an.

Nos relations, je vous le disais, sont bonnes sur le plan politique. Nous avons non seulement une vision commune de l'Europe, de ce qu'elle doit être sur le plan technique, économique, financier, mais aussi sur le plan humain, c'est-à-dire social, en matière de pacte pour l'emploi, et aussi sur le plan culturel. Nous sommes deux vieilles nations, deux vieilles cultures, deux vieilles civilisations qui ont déjà beaucoup apporté au monde dans ces domaines de la culture, et qui ont encore un message à porter. Nous devons le faire, dans toute la mesure du possible, ensemble. C'est ce que je disais tout à l'heure devant le Parlement, et j'ai été frappé par l'agrément que manifestement les parlementaires apportaient à cette idée d'effort culturel commun.

Ce n'est pas par hasard, d'ailleurs, parce que cela n'arrive pas à chacun de mes voyages, que le ministre de la Culture soit présente aujourd'hui au Portugal.

Au delà de l'Europe, nous avons aussi une vieille culture qui nous conduit à nous intéresser à l'ensemble des problèmes du monde, et nous avons une grande complicité dans l'approche de nos problèmes même si, parfois, il peut y avoir un malentendu ou une incompréhension. Nous avons une approche commune pour tous les problèmes qui touchent à l'Asie, pour tout ce qui touche à l'Amérique latine. C'est ensemble que nous avons préparé le prochain sommet euro-latino-américain et des Caraïbes qui aura lieu à Rio dans quelques mois. Et puis nous avons aussi une expérience commune, et en réalité une vision commune, des problèmes de l'Afrique et j'ai eu l'occasion de dire tout à fait clairement au Président SAMPAIO, aujourd'hui, qui en est d'ailleurs parfaitement conscient, qu'il n'y avait, en ce qui concerne l'Afrique, aucune divergence de vues, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, entre la vision française et la vision portugaise, aucune, sur aucun sujet, notamment pas sur celui la Guinée Bissau. Et je lui ai dit et confirmé que la France n'était pas concernée par cette affaire qui préoccupe aujourd'hui les autorités et le peuple portugais et que la France était tout à fait disponible pour apporter, sans réserve, son soutien aux autorités portugaises dans ce domaine comme dans biens d'autres.

Sur le plan économique, nos relations sont également excellentes. Le développement économique spectaculaire, depuis quelques années, du Portugal a donné un coup de fouet à la relation entre nos deux pays. Je vous disais tout à l'heure que la délégation des hommes d'affaires qui m'accompagne est importante, dynamique et je suis persuadé que les résultats de leurs contacts seront bons. Demain, nous avons un séminaire économique avec ces personnalités et leurs homologues portugais.

Sur le plan culturel, enfin, je n'ai pas besoin de souligner combien notre relation est bonne. Je tiens à me féliciter, si j'ose dire, de la présence du français au Portugal et je dis clairement mon regret que le portugais depuis 20 ans ou 25 ans ne soit pas suffisamment enseigné en France. Il faut que nous fassions un effort pour développer l'enseignement d'une langue qui est parlée par 200 ou 250 millions d'hommes et de femmes sur la planète et qui est également parlée par la communauté étrangère la plus importante de notre pays. Une communauté admirable, avec laquelle il n'y a jamais eu de problèmes et qui a beaucoup apporté, tant sur le plan matériel que sur le plan culturel, à notre pays. Cette communauté portugaise à laquelle j'ai tenu, bien entendu, à rendre particulièrement et affectueusement hommage.

Je voudrais enfin dire toute mon estime à la communauté française qui est ici. C'est une communauté très ancienne puisqu'elle date du quinzième siècle. Probablement est-elle antérieure, mais en tous les cas, elle commence à manifester son existence au quinzième siècle.

La continuité à marquer la présence française, ici, et l'augmentation depuis quelques années est importante puisqu'en 10 ans, on peut dire, que la communauté française au Portugal a doublé, et qu'elle est aujourd'hui autour de 10 000 personnes. Alors ce n'est évidemment pas la communauté portugaise en France, mais c'est néanmoins une communauté importante, dynamique et que je tiens à remercier de ce qu'elle fait pour ce pays et par voie de conséquence, pour nos deux pays, et donc pour la France. C'est un dispositif à la fois culturel, consulaire, d'enseignement qui est très dense, militaire, avec également des conseillers du Commerce extérieur et une Chambre de commerce et d'industrie luso-française qui est particulièrement dynamique et que je tiens à saluer.

Cette communauté, le Président me le disait, le Premier ministre me l'a souvent dit à l'occasion de nos nombreuses rencontres, un peu partout dans les réunions et les sommets européens, cette communauté française a pris sa part incontestablement dans le dynamisme et le développement de l'économie portugaise depuis ces dernières années.

Je tiens à rendre cet hommage à notre communauté et à dire à chacune et à chacun d'entre vous, pour terminer, avec mes sentiments d'amitié, le témoignage du respect que je porte à celles et ceux qui, loin de chez nous, ont consacré le meilleur d'eux mêmes à trouver leur place et à renforcer les liens entre nos pays. Donc des sentiments d'estime, de reconnaissance, et aussi, bien entendu, des sentiments d'amitié.

Je vous remercie.





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