Allocution du Président de la République à l'occasion de la remise des clés de la ville de Lisbonne.

Allocution prononcée par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de la remise des clés de la ville de Lisbonne.

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Lisbonne, Portugal, le vendredi 5 février 1999

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux,

Merci de m'avoir offert les clés de votre ville, Lisbonne, magnifique et grande cité d'Europe, qui si souvent dessina les contours du monde connu. Lisbonne, chère au coeur des Français qui la considèrent à juste titre comme l'une des plus belles villes du monde.

Lisbonne, ouverte depuis toujours aux grands courants d'échanges. Lisbonne, au carrefour des cultures et des hommes. Fondée, dit la légende, par Ulysse, elle fut tour à tour phénicienne, grecque, celte, carthaginoise, romaine, wisigothe puis maure. Au XIIIe siècle, alors même que naît dans ses murs la première université portugaise, Alfonso III l'érige en capitale de l'une des toutes premières nations européennes. Elle devient le théâtre et le foyer des grands événements qui marquent le destin de votre pays.

Ce destin, c'est celui que l'on peut admirer à Belém, du haut de la Tour qui commande la " mer de paille ", l'estuaire aux reflets d'or. C'est l'épopée maritime d'une nation appelée par le grand large. Dont la capitale fut le premier port atlantique. D'où les caravelles s'élancèrent pour leurs missions lointaines. Lisbonne dont les navigateurs, Dias, Magellan, Vasco de Gama, vont sans cesse élargir les champs de la connaissance et du possible. Lisbonne, écrivit Camoens, " princesse des grandes cités du monde, devant qui cède la mer profonde ".

Ce destin, c'est celui que l'on peut lire, tout près d'ici, sur les façades des bâtiments bordant la place du Commerce et jalonnant la Ville basse. C'est le grand tremblement de terre de 1755 et la reconstruction de la cité par le marquis de Pombal. C'est le grand incendie de 1988 et c'est Lisbonne qui renaît une fois encore de ses cendres.

Ce destin, c'était, il y a vingt-cinq ans, le retour du Portugal à la démocratie. Dans quelques semaines, Lisbonne se rappellera l'immense joie qui accompagna la " Révolution des Oeillets ".

Ce destin, c'est celui qui se joue dans l'Europe et dans l'Union de nos vieilles nations. Capitale européenne de la culture, il y a cinq ans, Lisbonne est au premier rang des cités d'Europe. Partout, de nouveaux chantiers, de grands travaux de rénovation et d'équipement, une architecture d'avant-garde lui dessinent son nouveau visage.

Au tournant du siècle, au moment d'entrer dans le troisième millénaire, à l'heure de la mondialisation, ce sont toutes ces images qui se sont imposées l'an dernier aux millions de visiteurs de l'Exposition internationale, parmi lesquels beaucoup de Français.

Et quel plus beau symbole de ce destin et de cette volonté d'aller de l'avant que le pont Vasco de Gama à la construction duquel la France est fière d'avoir participé !

Ainsi, à l'aube de l'an 2000, Lisbonne a-t-elle résolument engagé sa mutation pour devenir une des très grandes capitales du monde. Je sais, Monsieur le Maire, avec quelle conviction, quel dynamisme et quelle énergie vous poursuivez cette ambition, comme l'avait fait avant vous, votre prédécesseur, le Président Sampaio. Et je sais aussi le soin que vous prenez à conserver la dimension humaine et la beauté qui font le charme de Lisbonne.

Lisbonne " la coquette ", comme on l'appelait autrefois. Lisbonne, mariée à la mer, avec le Tage pour " amant éternel ". Lisbonne, où flotte la Saudade, cette " nostalgie de l'âge d'or, cette mélancolie atlantique " qui la font passionnément aimer de tous et d'abord de ses habitants et de ses poètes, Fernando Pessoa, José Cardoso Pires, récemment disparu, sans doute le plus " lisboète " des écrivains portugais.

Lisbonne dont l'âme et l'accueil ont séduit au long du temps beaucoup de mes compatriotes. Certains ont choisi de s'y installer, développant ici la présence de la France, à travers notamment quelques institutions bien connues de vos concitoyens comme l'église et l'hôpital Saint-Louis des Français, le lycée Charles Lepierre et l'Institut franco-portugais. Je remercie les habitants de Lisbonne qui leur font place depuis si longtemps, et dont l'hospitalité reflète si parfaitement l'amitié qui unit nos deux peuples.

C'est bien ce message de profonde amitié que je souhaite vous laisser, en vous redisant ma gratitude pour votre accueil et ma confiance dans l'avenir de votre ville. Belle, fière, entreprenante, Lisbonne saura, comme tout au long de son histoire glorieuse, répondre à l'irrésistible appel du large. Elle saura, sur son ouverture à l'Europe et au monde, bâtir les succès de demain.

Merci.





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