Allocution du Président de la République lors de la réception en l'honneur de la communauté française à Kiev, Ukraine.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République lors de la réception en l'honneur de la communauté française établie en Ukraine.

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Kiev, Ukraine, le jeudi 3 septembre 1998

Avant de vous saluer toutes et tous, je voudrais vous dire quelque chose d'infiniment triste : lors de l'accident d'avion de la Swissair, dont vous avez peut-être déjà entendu parlé, il y a malheureusement trente de nos compatriotes qui font partie des disparus de cet accident. Je voudrais vous demander, si vous le voulez bien, comme c'est une nouvelle qui vient à l'instant même de m'arriver, qu'ensemble nous respections une minute de silence pour nos trente compatriotes décédés.

Je vous remercie.

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais tout d'abord saluer les personnalités ukrainiennes qui ont bien voulu se joindre à nous, saluer l'ensemble de la communauté française de Kiev, saluer nos ministres, le ministre des Affaires étrangères, M. VEDRINE, le Docteur KOUCHNER, ministre de la Santé et M. PIERRET, secrétaire d'Etat à l'Industrie, saluer nos parlementaires députés et sénateurs, présidents des groupes d'amitié Ukraine/France au Sénat et à l'Assemblée nationale et remercier pour son travail efficace et pour ce qu'il a fait pour l'organisation de ce voyage notre Ambassadeur, M. FIESCHI.

Je voudrais aussi, saluer chaleureusement, les jeunes de l'association " les jeunes de Tchernobyl ", leur présidente, qui sont tous des jeunes qui font partie des 10 000 jeunes de Tchernobyl qui ont été soignés grâce à cette organisation non gouvernementale tout à fait admirable et à laquelle je voudrais rendre un hommage particulier. Ces treize jeunes qui sont là portent le témoignage de ce que peut faire le coeur, la compétence, l'amitié, la solidarité entre les peuples et bien entendu portent aussi le témoignage du " plus jamais ça ! ", c'est-à-dire de la volonté qui, au travers de leur cas, s'exprime de faire en sorte qu'il n'y ait plus à Tchernobyl de possibilité de drame tel que celui que l'on a connu. C'est à quoi s'efforcent aussi bien le gouvernement de l'Ukraine que les principaux gouvernements concernés, notamment au sein du G7, par ces problèmes.

Je suis heureux d'être le premier Président français à venir en Ukraine depuis que ce pays est indépendant. Je suis venu avec les membres du Gouvernement pour apporter un message d'amitié, de coopération et de solidarité. J'ai eu le sentiment que ce message était attendu et souhaité.

J'ai eu des entretiens avec le Président, le Premier ministre, avec le Président du Parlement, les ministres ont rencontré les membres du gouvernement le Premier Ministre. En vingt-quatre heures, beaucoup de choses se sont faites, beaucoup d'échanges ont été réalisés, des accords importants ont été signés, notamment dans le domaine de l'énergie en général, de l'énergie nucléaire et de la sécurité, de la sûreté nucléaire en particulier.

Les chefs d'entreprise qui m'ont accompagné et que je tiens à saluer ici, ont prospecté, ce qui est dans leur nature, les affaires qui pourraient être réalisées en partenariat avec l'Ukraine. A midi, nous avons eu un déjeuner avec le Président ukrainien qui regroupait les chefs français et ukrainiens d'entreprise, grande, moyenne ou petite. Tout ceci donnait vraiment le sentiment d'une volonté commune de travailler ensemble et d'échanger. J'ai remarqué que les sourires étaient sur les visages.

J'ai voulu, à l'occasion de ce voyage, d'abord, réaffirmer le soutien de la France à une Ukraine libre, indépendante, assurée de ses frontières, de son intégrité territoriale et engagée sur la voie difficile mais engagée avec détermination, sur la voie de la démocratie, sur la voie de l'Etat de droit, sur la voie des réformes indispensables pour établir une économie de marché, une Ukraine déterminée à accepter les contraintes qu'impose l'adaptation nécessaire de ce pays au monde et à l'Europe d'aujourd'hui et de demain.

J'ai voulu aussi dire aux Ukrainiens notre désir de voir l'Ukraine occuper toute sa place dans l'Europe. Les choses progressent à cet égard. L'Ukraine a déjà signé un accord de partenariat et de coopération avec l'Union européenne. La première réunion prévue par cet accord au niveau des ministres a eu lieu à Luxembourg il y a quelques semaines. C'est un progrès important, comme est un progrès dans la même voie l'accord que, beaucoup sur l'impulsion de la diplomatie française, l'Ukraine a pu signer avec l'OTAN dans le cadre d'une certaine perspective stratégique de l'Europe de demain et de sa capacité à assurer la paix.

J'ai voulu répéter à l'Ukraine, à ses dirigeants, à son peuple -je l'ai dit tout à l'heure aux jeunes de l'Université de Chevtchenko- que l'Ukraine était européenne, qu'elle l'était depuis longtemps, que son histoire comme sa culture en témoignaient et que, par conséquent, elle avait toute sa place dans l'Europe de demain, dans l'Europe que nous voulons démocratique, organisée, pacifique, prospère de demain.

J'ai voulu enfin donner une impulsion nouvelle à notre coopération, à nos échanges. C'est vrai que nos investissements sont encore insuffisants, que nos échanges commerciaux ne sont pas au niveau de ce qu'ils devraient être, même si depuis deux ans, ils ont connu une progression spectaculaire. C'est vrai que nos échanges culturels peuvent encore être développés comme nos échanges politiques. J'ai indiqué que nous souhaitions aller dans cette voie.

Sur le plan économique, j'ai indiqué à nos partenaires que bien entendu les progrès dans l'Etat de droit, les progrès dans un environnement pour affirmer un environnement économique stable, sur le plan notamment juridique, fiscal, etc., étaient essentiels pour provoquer la confiance des hommes d'affaires, des investisseurs, des commerçants, qu'il fallait donner une certaine garantie de sécurité à ceux qui prennent des risques.

Mais j'ai eu le sentiment, là-aussi, d'être compris, entendu et que les réformes, qui sont actuellement engagées, seraient poursuives de façon, je le répète, à adapter l'Ukraine au monde et à l'Europe d'aujourd'hui.

J'ai été aussi sensible à la volonté des autorités ukrainiennes de développer davantage encore nos échanges, l'enseignement de la langue. Les jeunes de Tchernobyl, là, ils parlent pratiquement français ; naturellement, ils sont allés en France. Enfin, nous sommes frappés de voir le nombre d'Ukrainiens qui parlent ou comprennent le français.

Tout à l'heure, le Premier ministre me disait : "mais au fond, nous voudrions essayer d'établir un contact avec l'espace francophone pour voir dans quelle mesure nous pourrions être observateurs ou, d'une façon ou d'une autre, associés. Nous ne sommes pas un pays francophone mais, enfin, il y a tout de même beaucoup de gens qui apprennent le français ici et il y en aura de plus en plus". Je voudrais à cet égard, saluer et remercier les responsables du Centre culturel de coopération linguistique.

Alors, je voudrais également rendre hommage à vous toutes et à vous tous, rendre hommage aux représentants du monde des affaires, il y a quelque soixante-dix ou soixante-quinze entreprises françaises qui ont ici des filiales et qui sont associées au développement économique. Je voudrais les remercier de ce qu'elles font, ce sont des pionniers, je voudrais en particulier saluer le rôle joué par l'Association de la communauté française d'affaires qui est dynamique et dont je souhaite que l'action se développe de plus en plus.

Je voudrais naturellement saluer les Français qui appartiennent à notre dispositif diplomatique et consulaire. Saluer les enseignants qui sont nombreux ici et, bien sûr, l'ensemble des Français qui, au titre des organisations non-gouvernementales, à d'autres titres, se trouvent présents sur le territoire ukrainien.

Vous contribuez par là-même au développement de la France, au développement de son prestige, au développement de sa culture par ce que vous pouvez apporter, mais aussi, au développement de ses intérêts économiques, de ses affaires, de son activité et donc de son emploi.

Vous contribuez au développement de notre langue, du français, et là aussi, je le répète, de notre culture. Vous êtes en quelque sorte, parce que nos relations ne sont pas très anciennes, des pionniers. Je souhaite vous rendre hommage à ce titre mais je souhaite également que ces pionniers deviennent de plus en plus nombreux et je suis frappé par le fait que l'intérêt porté en France à l'Ukraine est un intérêt croissant actuellement, c'est légitime et je me réjouis.

Je voudrais simplement en terminant vous exprimer très sincèrement mes sentiments de reconnaissance pour ce que vous faites, mes sentiments d'estime pour ce que vous êtes et mes sentiments d'amitié sincère comme il se doit entre compatriotes.

Je vous remercie.





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