Discours du Président de la République devant les communautés d'affaires mexicaine et française à Mexico, Mexique.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant les communautés d'affaires mexicaine et française.

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Mexico, Mexique, le jeudi 12 novembre 1998

Monsieur le Président, Mon cher Ami,

Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les représentants des entreprises mexicaines et françaises,

Mesdames, Messieurs,

Je tiens d'abord à remercier les organisations patronales mexicaine et française qui nous reçoivent aujourd'hui ainsi que les hommes d'affaires de nos deux pays. Votre présence forte et active témoigne de la volonté du Mexique et de la France d'aller plus loin ensemble dans l'approfondissement de nos relations économiques comme d'ailleurs de nos relations politiques et culturelles.

A l'heure de la mondialisation, l'ouverture aux échanges est visible, elle est vitale. C'est l'un des piliers essentiels de la croissance et de la prospérité. Et vous, forces vives, vous qui avez l'esprit d'initiative et le goût du risque, vous en êtes les artisans. C'est pour cela que j'ai souhaité m'adresser à vous. C'est vous qui ferez grandir la relation entre le Mexique et la France.

Notre rencontre s'inscrit dans le contexte d'un monde troublé.

La crise financière qui s'est déclenchée en Asie l'année dernière a affecté de nombreuses économies. La transmission des chocs a été d'une rapidité étonnante, témoignant ainsi de la puissance de la mondialisation des marchés de capitaux. Cette contagion laisse un goût amer à de nombreux pays, qui ont le sentiment d'une sanction irrationnelle et imméritée de la part des marchés financiers à leur égard.

Il faut cependant se garder de faire de la mondialisation la source de tous les maux. Nous en avons tous bénéficié, grâce à la croissance exceptionnelle du commerce international. C'est le processus de mondialisation qui a favorisé la forte croissance de l'économie mondiale de ces dernières années et qui a permis d'intégrer rapidement de nombreux pays qui en étaient exclus, il y a dix ans à peine.

C'est pourquoi il serait dangereux de rechercher les solutions à la crise dans un nouveau protectionnisme financier qui serait à n'en pas douter, rapidement suivi par un nouveau protectionnisme commercial dont nous serions tous les perdants. Un monde ouvert, où une juste concurrence est garantie, est un atout majeur pour la compétitivité de nos entreprises, pour la prospérité de nos populations, pour la croissance et donc l'emploi.

Mais la crise actuelle est sérieuse. Nous devons être vigilants et surtout lui apporter une réponse globale qui soit à la fois politique, sociale et économique bien sûr.

Réponse politique d'abord, avec la mobilisation des chefs d'Etat et de Gouvernement du G7. Celle-ci est effective comme nous l'avons démontré récemment avec la déclaration faite à l'appui des propositions de nos ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales. Je suis heureux de constater que les positions exprimées par la France depuis plusieurs années en vue de renforcer la stabilité du système monétaire sont désormais largement partagées par nos partenaires.

Réponse sociale ensuite. La mondialisation ne réussira pleinement que si elle s'effectue au bénéfice de tous et que les risques qu'elle comporte sont maîtrisés. La crise actuelle doit être fermement combattue car nous ne pouvons pas laisser la pauvreté s'aggraver dans le monde. Nous ne pourrons pas réussir les réformes économiques indispensables sans l'adhésion des populations et donc sans un accompagnement social fort. Dans cette perspective, la Banque mondiale et les banques de développement doivent jouer tout leur rôle.

Réponse économique et financière enfin. J'ai appelé à un nouveau " Bretton Woods " c'est-à-dire à une meilleure régulation mondiale, à une plus grande transparence et à un renforcement des systèmes bancaires. En un mot, il nous faut créer un bon " code de la route " pour la circulation des capitaux. Les lignes d'action sont maintenant tracées. Il faut que les réformes attendues et souhaitées soient mises en oeuvre effectivement. Pour ma part et au niveau de mes responsabilités, j'y veillerai.

Dans cet environnement international troublé, comment ne pas souligner la résistance remarquable du Mexique ? Si le Mexique a su éviter la tourmente, c'est parce que la communauté internationale a confiance dans le Mexique et dans la politique qu'il mène. Elle a confiance dans le Mexique et dans ses dirigeants. Elle a confiance dans vos réformes et dans la nouvelle société mexicaine, moderne, démocratique et solidaire. Elle sait que la réussite du Mexique repose sur des fondations solides et que vous menez à bien les transformations nécessaires de votre économie. Vous avez su assurer la sécurité des investissements et créer un environnement favorable aux activités. Vous combattez avec ténacité l'inflation, vous savez gérer avec sagesse les deniers publics.

Vous en récoltez les fruits. C'est la croissance d'abord qui est revenue après la crise difficile que vous avez connue en 1994. Elle est aujourd'hui robuste, malgré les turbulences mondiales.

Et c'est le peuple mexicain qui a confiance. Il adhère à l'évidence, aux réformes et les encourage. Il y a une dynamique du succès. Vous l'avez créée car vous avez compris que le développement, pour être solide et durable, doit être partagé par le plus grand nombre.

Monsieur le Président, à l'occasion de votre visite à Paris, l'an dernier, nous avons lancé un grand partenariat. Un partenariat à la mesure de nos puissances économiques respectives. Un partenariat qui veut aider le Mexique à consolider sa modernisation et ses succès. Depuis, nos entrepreneurs multiplient les rencontres à l'image de celle qui nous réunit aujourd'hui. De nouveaux projets voient le jour, et les investisseurs français sont de plus en plus nombreux à s'engager au Mexique.

L'an passé, leurs investissements ont atteint 600 millions de dollars, dans des secteurs d'activités diversifiés comme la grande distribution, l'équipement automobile, la fibre de verre ou les industries de haute technologie. Je salue chaleureusement la présence aujourd'hui de nombreux industriels et hommes d'affaires français. Ils représentent les grands noms de notre industrie et de notre finance comme les petites et moyennes entreprises dynamiques et qui veulent gagner aussi à l'étranger. Tous ensemble ils témoignent de la vitalité française et de l'intérêt très fort que suscite en France la réussite du Mexique.

Nous avons beaucoup de projets communs. Nos entreprises se sont associées dès 1995 à vos efforts de modernisation. Ce fut France Télécom entrant dans le capital de Telmex. C'est Gaz de France fournissant la vallée de Mexico en gaz naturel. C'est Thomson-Multimédia, premier employeur français au Mexique. C'est la candidature de nos entreprises à la construction d'aéroports, au développement de vos réseaux de transports, notamment autour de Mexico, à la construction de réseaux d'assainissement et d'adduction d'eau, à la fourniture d'électricité. L'énergie, l'eau, les télécommunications, les infrastructures et les transports sont, comme vous le savez, des domaines d'excellence du savoir-faire français.

Mais nous devons être encore plus ambitieux pour nos échanges. Le Mexique, dixième puissance économique de la planète, et la France, quatrième puissance commerciale, doivent être deux grands partenaires. Trop longtemps, nos échanges ont reposé sur la commande publique. Nous devons désormais passer le relais à la commande privée. Ce mouvement s'est largement amorcé, grâce notamment au dynamisme de nos petites et moyennes entreprises. Il faut les encourager.

La France peut faire mieux. Nos produits sont reconnus, nos hommes compétents, nos entreprises compétitives. Elles s'intéressent davantage à votre pays et veulent mieux le connaître. C'est pourquoi des forums économiques comme celui-ci sont utiles et fructueux.

Mais je sais qu'à l'intérêt des entreprises françaises pour le Mexique répond un égal intérêt de la communauté d'affaires mexicaine à l'égard de mon pays et de l'Union européenne.

Vous le savez, la France est au coeur d'une Europe qui se renforce et s'organise, et qui est déjà la première puissance économique du monde.

Dans moins de deux mois, l'Union européenne disposera d'une monnaie unique, l'euro, qui deviendra l'autre grande devise mondiale.

La création de l'euro est un événement historique pour l'ensemble de nos économies. L'euro, cela signifie d'abord la fin des dévaluations compétitives en Europe, et chacun sait les perturbations qu'elles peuvent engendrer. Cela signifie une monnaie stable et solide. C'est un atout pour l'investissement, pour la croissance et donc pour l'emploi dans nos pays européens. Il va définitivement unifier le grand marché européen.

Une Europe forte, dynamique, disposant d'une monnaie unique, c'est aussi un atout pour le monde. Vous, entrepreneurs mexicains, devez saisir cette chance d'une Europe ouverte qui est tout le contraire d'une forteresse. D'une Europe qui souhaite plus que jamais intensifier ses échanges et ses investissements avec les autres grandes parties du monde.

Eh bien, au sein de cette Europe nouvelle, il y a la France qui veut nouer une relation économique plus ambitieuse et plus large avec votre pays. La France dont les entrepreneurs veulent être vos partenaires privilégiés.

Pour aller plus loin, nous avons déjà signé d'importants accords concernant notamment la sécurité publique et la protection réciproque de nos investissements.

Pour aller plus loin, nous aurons bientôt l'accord en cours de négociation entre le Mexique et l'Union européenne. Accord voulu par la France qui l'a proposé à votre pays en 1994. Accord ambitieux ; à la fois politique, culturel, scientifique et bien sûr économique et commercial. Avec lui, le Mexique et l'Europe pourront s'ouvrir plus largement l'un à l'autre. Vous pouvez compter sur l'appui de la France pour en faire un outil de notre succès commun. Et nous devons déjà préparer l'étape suivante ouverte il y a trois jours à Mexico et qui nous conduira à la zone de libre-échange.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, nous n'en sommes qu'au tout début d'une relation pleine de promesses. Nous explorons le champ de notre association. Eh bien, il faut maintenant aller vite. Donner toute leur dimension à nos accords et à notre volonté de progresser ensemble. La qualité des débats de ce matin, votre présence nombreuse et surtout la volonté de tous de renforcer les liens économiques, industriels et commerciaux entre nos deux pays est de très bon augure. Je fais confiance à votre partenariat, à notre partenariat et à son développement futur.

Je vous remercie.





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