Allocution du Président de la République au musée d'archéologie et d'ethnologie, Guatemala.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, au musée d'archéologie et d'ethnologie.

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Guatemala, le dimanche 15 novembre 1998

Monsieur le Président, nous avons ici une certaine intimité, c'est pourquoi je voudrais surtout vous dire mon cher Alvaro,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Madame la Directrice,

Mes chers Amis,

Je veux vous dire, Madame la Directrice, combien votre accueil nous touche et je vous remercie de nous faire les honneurs de ce temple de l’art et de l’histoire.

Monsieur le Président, les Guatémaltèques détiennent un patrimoine exceptionnel. C’est une formidable chance et c’est une grande responsabilité.

Je souhaitais beaucoup, vous le savez, aller à Tikal. Les circonstances ne l'ont pas permis. Je vous l'ai dit, je reviendrai, notamment pour y aller. Mais je voudrais dire à Monsieur Valdes combien j'ai admiré la salle réservée à Tikal qu'il présente dans ce musée.

Je le dis pour nos amis Français qui sont venus avec nous sur ce site, comme ils ont pu le remarquer, dans les basses terres tropicales recouvertes de forêts, exista jadis une agglomération immense, centre d'art et de création qui vit naître et fleurir, à partir du IIIe siècle la grande civilisation des Mayas. Un site sur lequel l'homme a réussi à relever le défi de la nature et à la maîtriser tout en lui obéissant. Un site qui a connu une activité intense pendant environ quinze siècles. Un site accueillant des milliers de temples, de palais, de résidences, de jeux de balle, de bains de vapeur... Un site portant témoignage de la maîtrise d'une superbe céramique polychrome, de la généralisation de la voûte maya, du culte des stèles sculptées associées à des autels ornés de bas-reliefs et portant des inscriptions datées. Jacques Soustelle que beaucoup d'entre vous ont connu, émerveillé, disait sobrement : "Tout ce que l'on découvre à Tikal est d'une exquise perfection".

Il est important, Monsieur le Président, que vos compatriotes découvrent ou redécouvrent leurs racines. Ces magnifiques civilisations qui ont brillé au firmament de l’humanité. Mais également les périodes hispanique et contemporaine. Ainsi, le Palais national, inauguré en 1944, et où vous nous receviez hier soir, sera bientôt entièrement dédié à la culture, comme nous l’avons fait, à Paris, avec notre Palais du Louvre.

L’enjeu est politique et culturel. Au moment où le Guatemala panse ses plaies et bâtit la paix sous votre autorité, Monsieur le Président, la conscience d’une histoire et d’un destin partagés refonde le sentiment national.

L’enjeu est économique et social. Un patrimoine comme le vôtre est un bien inestimable. Le tourisme peut être un atout formidable pour l’économie guatémaltèque s’il se développe comme vous me le disiez vous-même, Monsieur le Président, dans le respect des populations, des traditions et des sites eux-mêmes.

Mais c’est aussi un lourd investissement. Je sais les efforts considérables engagés en ce sens par le Guatemala sous votre autorité, cher ami. Je sais le dynamisme de l’action conduite par le ministre de la Culture, par le vice-ministre de l’Archéologie et de l’Ethnologie, et par le Docteur Valdes, Directeur général du patrimoine, qui connaît bien la France pour y avoir fait une partie de ses études.

La France continuera de vous apporter son soutien comme en témoignent les éminents spécialistes et experts archéologues qui m'ont accompagné. Dans cet esprit, je suis heureux de rapporter au Guatemala les magnifiques pièces archéologiques découvertes, il y a quarante ans, par des archéologues guatémaltèques et français sur le superbe site de Mixco Viejo.

Mixco Viejo fut, il y a sept siècles, dans la période post classique, la capitale de l’ethnie Pokomam. Entre 1954 et 1967, quatre campagnes de fouilles et de reconstruction furent conduites par le Professeur Henri Lehmann du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Elles seront reprises au lendemain du terrible séisme de 1976.

M. Alain Ichon, chargé de recherches au CNRS, responsable de la mission scientifique franco-guatémaltèque, qui est parmi nous ce soir avec quelques-uns de ses collaborateurs, y a travaillé, en liaison avec l’Institut d’anthropologie et d’histoire du Guatemala.

Aujourd’hui, le site de Mixco Viejo est l’un des plus beaux de votre pays. Et l’un des plus riches, notamment par le mobilier qui y a été découvert. Avec des urnes funéraires, des jarres, des outils, des objets d’obsidienne, des éléments de parure en jade, des jougs de jeu de balle.

C’est avec le plein accord des autorités guatémaltèques que ces trésors avaient été confiés à la France, pour étude et pour restauration. Mais, depuis toujours, leur place est ici où ils pourront être présentés à vos compatriotes, et notamment aux lointains descendants de ceux qui les créèrent et les utilisèrent.

Ce retour est une illustration de l’amitié entre le Guatemala et la France. Nouée de longue date par nos chercheurs, nos archéologues, nos historiens lancés ensemble dans la grande aventure de l’esprit et de la science, unis pour que l’humanité connaisse et reconnaisse la grandeur des civilisations éteintes et de cette fascinante civilisation Maya dont le Guatemala est le dépositaire. Une amitié, Monsieur le Président, cher ami, qui peut aujourd’hui s’épanouir dans la paix retrouvée par votre beau grand et beau pays.

Je vous remercie.





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