Allocution du Président de la République lors de la réception de la communauté française du Guatemala.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la réception de la communauté française du Guatemala.

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Guatemala, le dimanche 15 novembre 1998

Mes chers Compatriotes,

D’abord un mot pour excuser notre retard, mais la journée a été longue. Les entretiens avec le Président ont duré plus longtemps que prévu. Nous avons eu une belle inauguration de l’exposition des pièces archéologiques renvoyées par la France au Guatemala. Par conséquent tout cela a duré plus longtemps que prévu. Bref, nous sommes en retard et nous tenons à nous en excuser.

Je voudrais saluer l’ensemble de la Communauté française au Guatemala et le faire en mon nom personnel, au nom de nos ministres, Monsieur Gayssot, ministre de l’Equipement, et Monsieur Josselin, qui va arriver, je pense, d’une minute à l’autre, notre ministre de la Coopération, qui avait des entretiens. Au nom de nos parlementaires, aussi, qui sont venus nombreux et qui ont des raisons particulières ou des liens particuliers avec ce pays : Madame Michaux-Chevry, Madame Génisson, Monsieur Léon Bertrand, Monsieur Mattéi, Monsieur de Villepin, Monsieur Durand-Chastel, Monsieur Besson. Vous voyez que le Parlement, sénateurs et députés, est bien représenté.

Je voudrais saluer et remercier notre Ambassadeur, Monsieur Pinot. Parce que cette affaire a été remarquablement organisée. Vous savez, au départ, nous devions avoir un voyage, une visite d’Etat normale, avec une visite de sites. On devait aller à Tikal. Là-dessus est arrivé l’ouragan Mitch et, bien entendu, il n’était plus question d’aller faire du tourisme. Il fallait essayer de travailler et de voir dans quelle mesure on pouvait, au titre de l’Union européenne et aussi sur le plan national, aider à apporter notre contribution à la solidarité internationale en faveur des victimes des quatre pays, victimes de cet ouragan. Et notre Ambassadeur a très remarquablement géré cette affaire. Je l’en remercie. J’ai été sensible au fait qu’à l’occasion du déjeuner que le Président Arzu a donné en notre honneur, en sortant il m’a dit : " Vous savez l’Ambassadeur est très bien, mais sa femme est encore mieux ". Il m’a dit : " Depuis cet ouragan , elle a donné le meilleur d’elle-même pour apporter tout ce qu’elle pouvait de façon à faciliter les choses à beaucoup de gens ". Je tenais à le souligner et je l’en remercie.

Je voudrais saluer les représentants du CSFE, certains des industriels qui sont ici, et qui m’ont accompagné. Et ce soir, nous avons un invité d’honneur, nous avons même deux invités d’honneur. Nous avons le plaisir, et je la salue très affectueusement, d’avoir le Prix Nobel de la Paix avec nous, Madame Rigoberta Menchu et son mari. Je suis très sensible au fait qu’elle ait accepté de venir à notre petite fête nationale, à notre réception française.

Je ferai deux remarques rapides sur ce voyage officiel. La première concernant, bien entendu, le drame qui s’est déroulé dans ces quatre pays d’Amérique centrale, avec cet ouragan. Et sans entrer dans le détail, je voulais vous dire que la France a été et sera à la hauteur de la situation. Elle fera ce qu’il faut au titre de la solidarité, tant dans le domaine de la réduction des dettes, qui n’est pas pour le Guatemala le point essentiel parce que la dette est faible, mais pour tout ce qui concerne, non seulement, l’aide humanitaire mais également l’aide au développement. J’ai indiqué aujourd’hui, officiellement, d’une part notre volonté de participer à une Conférence internationale qui pourrait essayer d’apporter une aide substantielle et rapide aux quatre pays concernés, notamment au Guatemala, et deuxièmement, j’ai indiqué ce que la France était disposée à faire, notamment par l’annulation de sa dette et le renforcement de son aide au développement. Le ministre de l’Equipement a d’ailleurs examiné les choses en détail, notamment des projets relatifs aux voies ferrées et à l’aérodrome. Et le ministre de la Coopération a eu les contacts nécessaires avec ses collègues pour voir comment nous pourrions participer à l’effort de reconstruction, de développement, d’aménagement ou de réhabilitation dans ce domaine.

La deuxième réflexion porte sur le processus de paix. Depuis deux ans, il faut le reconnaître, sous l’impulsion du Président Arzu, grâce à des hommes et des femmes au premier rang desquels Rigoberta Menchu, on est passé d’une situation absurde de crise, de guerre, d’atrocités, à une situation de paix, de réconciliation nationale. Et maintenant ce qu’il faut c’est à aller plus loin et avoir une véritable cohésion nationale dans le respect des traditions, des identités de chacun mais autour d’une même volonté de partager, ensemble, un destin national. J’ai été très impressionné par la volonté exprimée par Madame Rigoberta Menchu, par le Président Arzu de progresser quelles que soient les difficultés, quelles que soient les arrière-pensées parfois, dans cette voie qui est la seule conforme à l’idée que nous devons nous faire de la dignité de l’homme, des Droits de l’Homme.

J’ai observé aussi que les institutions qui ont été créées, fonctionnent, y compris d’ailleurs LA MINUGUA qui a fonctionné et fonctionne bien sous l’autorité et l’impulsion de notre compatriote Jean Arnaud qui a fait un très bon travail, au point que le Secrétaire général de l’ONU, Monsieur Kofi Annan, m’a demandé de souligner la qualité du travail effectué par lui dans le cadre de LA MINUGUAT.

Nous avons évoqué nos problèmes bilatéraux, avec une volonté forte d’accentuer nos relations. C’est d’ailleurs dans cet esprit que j’ai invité le Président Arzu à venir en visite d’Etat dans la première partie de l’année prochaine. Et de profiter de cette occasion pour prendre les contacts nécessaires à Bruxelles avec la Commission et à Bonn avec la présidence, puisque c’est l’Allemagne qui aura la présidence de l’Union Européenne à partir du 1er janvier prochain. C’est dans cet esprit aussi que j’ai invité Rigoberta Menchu à venir à Paris pour le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui, comme vous le savez, a été signée en 1948 à Paris.

Donc renforcement de nos relations politiques, renforcement de nos relations économiques. Nous avons, malgré les difficultés actuelles, observé une volonté réciproque d’améliorer nos relations dans le domaine des entreprises. C’est dans cet esprit qu’était venu, il y a un mois ou un mois et demi, une délégation de l’organisation patronale française. Naturellement les projets ont été bousculés par l’ouragan Mitch, et le Président du patronat international français a indiqué qu’il reviendrait avec une importante délégation d’ici deux ou trois mois, dès que les choses se seront remises en place pour des relations, des contacts au niveau des petites, des moyennes et des grandes entreprises.

Enfin, sur le plan culturel nos relations sont excellentes. Nous l’avons vu, plusieurs savants et archéologues sont venus avec moi et ont pu travailler avec leurs homologues et amis. Nous avons restitué, je l’évoquais tout à l’heure, les objets de fouilles de Mixco Viejo qui sont maintenant exposés au musée et qui étaient en dépôt chez nous de façon tout à fait légale. Je ne peux que me réjouir du dynamisme de l’Alliance française qui a, ici, me dit-on plus de douze cents étudiants répartis entre les villes de Guatemala, Antigua et Quezaltenango. Je m’en réjouis. Je me réjouis aussi des résultats et de la réputation du lycée français, le lycée Jules Verne qui a plus de 700 élèves. Tout cela fait une présence française importante dont vous êtes évidemment les fers de lance.

Je voudrais donc, sans prolonger le débat, vous dire combien la France, aujourd’hui, a confiance dans le Guatemala. On le sent sur le plan politique et c’est à l’initiative de la France que le 22 octobre dernier l’Union européenne a témoigné de son estime pour le processus de paix et de la confiance que lui inspirait ce processus pour l’avenir du Guatemala. La France pense que ce pays est aujourd’hui sur la bonne voie. Oh ! certes, il reste beaucoup à faire pour que les murs qui se sont dressés soient petit à petit effacés. C’est le travail, peut-être, d’une génération, quinze ans, vingt ans pour que la cohésion sociale soit totalement remise en ordre.

Mais le Guatemala est sur la bonne voie, me semble-t-il. Et donc nous devons tous encourager les Français d’ici et les Français de France, nous devons tous encourager ce processus. Vous êtes un peu les pionniers dans ce domaine, dans le domaine d’une relation que nous entendons conforter avec un Guatemala pacifique, réconcilié et respectueux des droits de chacun de ses enfants. C’est donc des sentiments de reconnaissance que je voudrais vous exprimer. Des sentiments d’estime pour ce que vous faites, avec une communauté particulièrement jeune, et des sentiments très sincères d’amitié pour le travail que vous faites.

Je vous remercie.





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