Allocution du Président de la République à l'occasion du dîner offert par le Président du Conseil des ministres du Liban.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du dîner offert en son honneur et en l'honneur de Mme Jacques CHIRAC par le Président du Conseil des ministres du Liban et Mme Rafic HARIRI.

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Beyrouth, Liban, le samedi 30 mai 1998

Monsieur le Premier Ministre,

Cher Ami,

Madame,

Mes Chers Amis,

Je souhaiterais tout d'abord, Monsieur le Premier Ministre, vous remercier pour vos paroles chaleureuses adressées à mon épouse, à moi-même et à ceux qui m'accompagnent. Merci également pour votre hospitalité, qui permet à ma délégation, mais également à tous les maires, membres de l'Association Internationale des Maires Francophones venus à Beyrouth pour leur réunion annuelle, d'être vos invités ce soir, et qui me permet d'être votre hôte pour la troisième fois en deux ans.

Comme je l'ai dit tout à l'heure à la Résidence des Pins, ce voyage est celui de l'amitié, celui de la fidélité, celui du coeur. Ces mots prennent ici, chez vous, une résonance singulière. Et je dois dire que j'ai été particulièrement touché par le fait que vous ayez tenu à vous adresser ce soir à nous, en français, et parfaitement bien. Nous nous connaissons, Monsieur le Premier Ministre, depuis longtemps. Chaque fois que nous nous rencontrons, nous embrassons ensemble les grandes questions du monde, et d'abord celles qui nous touchent, notamment bien sûr le problème de la paix dans votre région. Et je voudrais souligner le fait que je n'ai pas gardé le souvenir d'une opposition, en nous, pour ce qui concernait l'approche ou les solutions que nous souhaitions voir intervenir sur tous les grands problèmes de notre temps et sur ceux de cette région.

Ces mots prennent aussi une résonance singulière s'agissant du Liban et de la France. Ce soir, je voudrais simplement vous dire ceci : la France sera toujours aux côtés du Liban. Elle l'a été dans les années d'épreuves. Elle l'est dans cette période de reconstruction, à laquelle votre dynamisme personnel a donné un élan tout à fait remarquable et reconnu dans le monde. Elle l'est dans la recherche inlassable de la paix, vous l'avez tout à l'heure souligné dans des termes que j'approuve sans réserve. Cette paix à laquelle tous les Libanais aspirent depuis si longtemps. Cette paix qui refera du Liban un pays pleinement libre, souverain, indépendant, maître de son destin et de la totalité de son territoire et j'ai confiance.

La France a confiance dans le Liban, dans son énergie, dans sa remarquable capacité à surmonter les difficultés, à se ressaisir, à repartir et à progresser. Elle sait que le Liban va retrouver toute sa place dans le monde, qu'il y portera à nouveau les valeurs qui sont traditionnellement les siennes : l'ouverture aux autres, le goût de l'échange et du dialogue entre les hommes et entre les cultures, la volonté de vivre ensemble. Déjà, le Liban redevient le pôle régional et international qu'il a été. C'est notamment à vous, Monsieur le Premier Ministre, qu'il le doit, vous qui, avec toutes les hautes autorités de la vie publique libanaise, déployez depuis cinq ans tant d'efforts pour restaurer et ancrer la confiance chez les partenaires du Liban et permettre ainsi à votre pays de réussir son développement.

Et votre action porte ses fruits, ce qui était difficile, comme le montrent les nombreuses visites au Liban de hautes personnalités étrangères, chef d'Etats, chefs de gouvernement et aussi d'un nombre croissant de grands chefs d'entreprise. Déjà, les entreprises et les investisseurs s'engagent massivement dans votre pays, et d'abord à Beyrouth. De plus en plus de Français font le choix du Liban.

Nos entreprises étaient une vingtaine au lendemain de la guerre, elles sont aujourd'hui 130, et je connais des dizaines d'entreprises qui veulent s'installer ici et qui ont engagé le processus de leur implantation.

Quant aux autorités françaises, elles poursuivront, et j'y veillerai, leur coopération à vos côtés pour la reconstruction du Liban : aide à la réhabilitation des infrastructures, à la modernisation et à l'équipement des grands services publics, et, bien sûr, développement de notre coopération culturelle.

Monsieur le Premier Ministre,

Je vous l'ai dit, notre rendez-vous est celui du coeur. Le coeur des Libanais et des Français, qui bat à l'unisson depuis si longtemps. Le coeur, pour vivre ensemble ce moment fort de notre amitié, la réouverture de la Résidence des Pins. Le coeur, pour aborder ensemble, avec les plus hautes autorités de l'Etat libanais, l'avenir du Liban, sa reconstruction, ses projets de développement, le bonheur de son peuple. Le coeur aussi, au moment de revoir mes amis. Mes amis libanais auxquels se joignent ce soir, et j'en suis particulièrement heureux, mes amis de l'Association Internationale des Maires Francophones. L'AIMF, qui m'est chère, que j'ai créée, avec d'autres, quand j'étais Maire de Paris, qui depuis près de vingt ans fonctionne, aujourd'hui sous l'impulsion et l'autorité du Maire de Paris, Jean TIBERI, que je suis heureux de voir ici également. Cette association qui traduit notre idéal francophone en réalisations concrètes, au service de tous nos concitoyens. Au sein de l'AIMF, les grandes villes francophones du monde, dont naturellement Beyrouth, dessinent ce que doit être la francophonie : une sensibilité, une solidarité, une générosité, une certaine idée de l'homme et la même volonté de progresser ensemble.

Nous allons nous réunir au moment même où se déroulent les élections municipales libanaises, les premières depuis 1963, cela fait 35 ans. Et chacun d'entre nous se réjouit de voir le Liban renouer avec la démocratie locale. La démocratie locale qui est l'école de la responsabilité, du civisme, qui est le lieu par excellence où s'expriment les préoccupations de nos concitoyens, la démocratie locale qui est l'avant-poste de la vie politique. Et j'adresse, au nom de tous ici, mes voeux de succès aux nouvelles municipalités et à celles et ceux qui les présideront. Leur tâche sera essentielle et immense.

En se réunissant à Beyrouth, les maires francophones ont voulu rendre hommage à la place de la langue française au Liban et à l'importance que votre pays attache à la francophonie, à côté de la grande culture arabe à laquelle il appartient depuis tant de siècles. Vous avez obtenu pour le Liban, Monsieur le Premier Ministre, la plus belle des consécrations puisque, au Sommet de la Francophonie de Hanoï, l'hiver dernier, Beyrouth a été choisie à l'unanimité, après une campagne éclair de votre part, pour accueillir notre prochain Sommet en 2001.

Monsieur le Premier Ministre,

Fort de cette conviction que le Liban et la France doivent continuer à construire ensemble de grandes choses, je lève mon verre en votre honneur, je le lève en l'honneur de votre épouse, Madame Rafic HARIRI, à qui je présente mes respectueux et affectueux hommages. Je le lève à la santé de toutes les personnalités présentes ce soir, françaises et libanaises, à la santé de l'amitié entre nos deux pays et surtout à la paix que nous voulons tous et qui finira, j'en suis sûr, par gagner.

Vive le Liban ! Vive la France !





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