Discours du Président de la République à l'occasion de l'inauguration du site Sainte-Marthe de l'université d'Avignon et des Pays du Vaucluse.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de l'inauguration du site Sainte-Marthe de l'université d'Avignon et des Pays du Vaucluse.

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Avignon, Vaucluse, le dimanche 5 juillet 1998

Madame le Maire d’Avignon,

Madame la Ministre,

Monsieur le Président du Conseil général,

Monsieur le Président de l’université d’Avignon

et des Pays du Vaucluse,

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais vous saluer de tout coeur parce que c’est un jour de joie, naturellement les étudiants et les étudiantes, les sages qui se sont assis, les courageux qui sont restés debout et les malins qui sont restés à l’ombre. Et je voudrais saluer les membres du corps enseignant, saluer les Avignonnaises et les Avignonnais, tous peuvent être fiers de cette réalisation.

L'inauguration d'une université est toujours un moment fort. C'est l'aboutissement -Marie-José ROIG l’a dit tout à l’heure- de volontés rassemblées. C'est, pour une région, le renforcement de son identité, et Dieu sait que celle-ci a une forte identité. C'est une chance naturellement pour les jeunes et pour leur ville, mais c’est aussi une chance pour le pays tout entier. C'est pourquoi je suis heureux de me trouver aujourd'hui parmi vous, avec l’ensemble de celles et de ceux qui vont étudier, qui étudieront demain, et de plus en plus nombreux dans cette université. Je remercie le maire d’Avignon de m’avoir invité pour partager ce moment de convivialité.

J'ai bien senti dans vos propos, Madame le Maire, la fierté et l'émotion que vous éprouvez aujourd'hui, au moment où la commune d'Avignon et le département du Vaucluse confient à l'Etat le soin de veiller au développement d'un projet élaboré, porté, consolidé pendant de cinq ans.


Cette université Sainte-Marthe est exemplaire à bien des égards, non seulement en raison de la qualité évidente des jeunes auxquels elle est destinée et dont témoignent les sourires, les regards, le comportement, qui sont ceux de garçons et de filles qui, à la fois conscients des difficultés de notre temps -et Dieu sait que dans tous les domaines elles sont nombreuses- celles qui auront à affronter, semblent partir dans la vie, si l’on en croit ces regards et ces sourires, non pas comme des battus, mais comme des garçons et des filles qui veulent avoir leur place demain dans notre société et la conquérir par leur propre initiative, leur propre courage et les connaissances qu’ils pourront acquérir, notamment grâce à cette université.

Cette université est d'abord une splendide réussite architecturale, qui concilie avec audace la création la plus actuelle et -ce qui est normal dans ce pays- la fidélité au passé. Il n'est pas facile de parvenir à une telle harmonie, de tirer un tel parti des bâtiments remarquables de l'Hôtel Dieu, d'intégrer aussi harmonieusement et heureusement le campus dans le centre historique d'Avignon, et je crois qu'il faut d'abord féliciter tous ceux qui ont imaginé, construit, donné vie à ce bel ensemble.

Mais l'alliance des matériaux, la rencontre des styles, bien au-delà d'un geste architectural sont le symbole de retrouvailles, celles de la ville avec un passé universitaire prestigieux qu’évoquait tout à l’heure Marie-José ROIG.

C'est en effet tout au début du XIVème siècle que le Pape Boniface VIII et le Roi de Sicile Charles II, comte de Provence, fédérèrent divers collèges et créèrent l'université d'Avignon avec ses quatre facultés. Destinée à concurrencer la Sorbonne, qui était jugée à l’époque trop inféodée au pouvoir royal, elle se posa très vite en rivale des célèbres facultés de Montpellier et d'Aix-en-Provence, et c’est vrai -le maire l’a rappelé tout à l’heure- elle a accueilli, à son apogée, 17 000 étudiants.

En déclin, normal après le départ des Papes, l'université ferma ses portes après la Révolution. Depuis, elle était une nostalgie chez les jeunes et les moins jeunes, et il n'est pas étonnant qu'Avignon, au cours de ces trente dernières années, se soit efforcée de faire revivre le passé, ouvrant divers établissements universitaires dans plusieurs sites qui ont constitué officiellement, en 1984, une université de plein exercice.

Mais au-delà des actes officiels, ce n'est qu'aujourd'hui, dans cette nouvelle université Sainte-Marthe, que le fil est vraiment renoué avec une aventure commencée en 1303.

Sainte-Marthe est exemplaire aussi parce qu'elle est le résultat d'une synergie. Des enthousiasmes se sont rencontrés, des volontés se sont additionnées. Et quand il y a des enthousiasmes et des volontés, tout est possible.

Il y a d'abord eu votre volonté, Madame le Maire, vous qui avez soutenu et encouragé sans relâche -je puis en porter témoignage-, avec toute votre énergie et votre force de conviction, une entreprise que vous saviez essentielle pour l’essor de votre ville et de sa région, essentielle pour la vie et le devenir d’un très grand nombre de jeunes garçons et de jeunes filles.

Mais aussi celle du conseil général du Vaucluse, de l'Etat, et de l'ensemble de la communauté universitaire qui ont établi, avec la municipalité, une franche collaboration. Sans cette union des moyens et des volontés, le projet n’aurait jamais pu être mené à bien si vite et si efficacement.

Exemplaire par la mobilisation qu'elle a suscitée, Sainte-Marthe l'est enfin parce qu'elle est le résultat de deux ambitions, qui sont liées : aménager au mieux le territoire et démocratiser le savoir, double enjeu de toute université de proximité dans une démocratie.

Pour une région, une université de qualité, c'est la possibilité de garder ses jeunes, avec tout ce que cela représente de vitalité, de richesse humaine, économique, culturelle, et en cela, c'est un élément important d'une politique d'aménagement du territoire. Pari réussi en Avignon, puisque les 200 étudiants accueillis en 1963, lors de la création de la première antenne universitaire, sont aujourd'hui beaucoup plus nombreux, vous êtes de l'ordre de 6 000 ici, aujourd'hui.

Pour les jeunes bacheliers, une faculté de proximité, c’est l’assurance de pouvoir poursuivre ses études près de chez soi, dans les meilleures conditions, sans avoir à faire face aux frais, qui sont souvent élevés, qu’entraîne un déménagement dans une autre ville.

C’est une structure à taille humaine, plus propice au suivi et aussi à l’accompagnement des étudiants.

C’est un gage de souplesse pour notre système d’enseignement supérieur.

C'est enfin et surtout la possibilité de recevoir une formation pluridisciplinaire de haut niveau, et cette formation c'est le meilleur passeport pour l'emploi.

Contrairement à ce qui s'écrit parfois, la formation, l'obtention de diplômes constituent, aujourd'hui plus que jamais, le moyen le plus efficace pour accéder au marché du travail. Il faut le dire, il faut le répéter : les jeunes qui ont acquis une vraie qualification trouvent un emploi beaucoup, beaucoup plus vite que les autres.

Tout ce qui se passe aujourd'hui en Avignon, et tout ce qui est imaginé pour demain, va dans le bon sens, celui de la qualification et donc celui de l'emploi mais aussi de l'épanouissement personnel.

Il en est ainsi de la diversification des filières et de la volonté de les compléter. Je sais qu'une filière STAPS ouvrira ses portes à la rentrée 1998. Je sais que l'université cherche à développer des formations professionnalisantes, type DESS, qui ont attiré, dès cette année, un certain nombre d'étudiants.

Il en est ainsi du regroupement de l’université sur deux sites, Sainte-Marthe et le pôle technologique de l’Agroparc, ce qui fait tomber, de facto, les barrières habituelles et artificielles entre les disciplines traditionnelles et les formations nouvelles, plus directement liées aux attentes des industries.

Pour qu’une université de proximité constitue un véritable atout pour l’emploi, il faut en effet qu’elle soit bien insérée dans le tissu culturel et économique local. Il faut que soient identifiés tous les besoins, et que soient mobilisés les moyens nécessaires pour les satisfaire.

Les universités, ne l'oublions pas, doivent être aujourd'hui comptables de l’avenir des étudiants qu’elles accueillent. Elles ne peuvent plus se contenter de transmettre des savoirs. Elles doivent aussi former à bon escient.

Je sais que l’université d’Avignon ne néglige pas cet aspect de sa mission et qu’elle a la volonté de prendre toute sa part dans le développement économique et culturel de la région.

C’est pour cela, je pense, qu’elle a choisi, au-delà des formations générales qu’elle dispense -droit, lettres, sciences et langues- d’orienter son développement dans deux directions.

La première, c'est la culture, le patrimoine, mais aussi les métiers du spectacle, qui font partie de ses projets, et c'est là un choix qui s’imposait dans une ville d’art et de festival, une des plus belles de France, comme Avignon.

La seconde, ce sont l’informatique et les agrosciences, auxquelles le site d’Agroparc, qui accueille entreprises et organismes de recherche, est tout particulièrement dédié.

Il s’agit là d’un choix d’avenir, qui correspond à de réels besoins dans la basse vallée du Rhône et qui peut contribuer à revitaliser le tissu économique local.

Je souhaite que l’université d’Avignon persévère dans cette voie et s’ouvre davantage encore sur l’entreprise.

L’expérience le montre, une telle ouverture bénéficie à tous : aux équipes d’enseignement et de recherche, qui sont ainsi en prise directe avec les exigences du terrain et qui peuvent adapter et actualiser le contenu de leur enseignement et de leurs travaux. Aux entreprises elles-mêmes, qui tirent profit du travail scientifique qui s’effectue au sein des établissements universitaires et qui offrent un champ d'application naturel à la recherche. Aux étudiantes et aux étudiants enfin qui savent que l’expérience acquise dans des stages en entreprises, sur le terrain, sera la meilleure carte de visite lorsqu’ils entreront dans la vie active.




Mesdames, Messieurs,

Mes Chers Amis,

En menant à bien le projet Sainte-Marthe, Avignon et le département du Vaucluse se sont tournés vers les jeunes et donc vers l'avenir. Un avenir que vous avez voulu enraciner dans le passé.

Vous avez fait le triple choix d'offrir aux jeunes un instrument de formation adapté. De favoriser le dynamisme de l'économie locale en ouvrant aux entreprises de nouvelles perspectives de développement. De renouer, enfin, avec une tradition de culture et de savoir qui a contribué, au cours des siècles, au grand rayonnement de la Cité des Papes.

L'université Sainte-Marthe est un nouveau fleuron de votre identité régionale, résolument placée sous le signe de l'esprit, avec notamment le Festival d'Avignon. C'est un bel instrument que nous venons d'inaugurer, un instrument duquel les jeunes, qui sont ici, sauront, j'en suis sûr, tirer le meilleur, d'abord pour eux, naturellement, c'est-à-dire pour leur vie, pour leur épanouissement, pour leur travail, pour leurs recherches mais aussi tout simplement pour la sérénité que donne naturellement la culture.

C'est pourquoi, je voudrais, en terminant, après avoir salué les Avignonais et dit mon estime à l'ensemble du corps enseignant de cette université et, au-delà de toutes les universités de la région, je voudrais souhaiter aux étudiantes, aux étudiants qui sont ici, qui ont, je le redis mais cela m'a beaucoup frappé, le sourire de la générosité, le regard de la détermination, leur dire à chacune et à chacun : bon vent, bonne chance et réussite.





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