Allocution du Président de la République à l'occasion de la rencontre économique franco-namibienne à Windhoek, Namibie.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de la rencontre économique franco-namibienne.

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Windhoek, Namibie, le jeudi 25 juin 1998

Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Secrétaire Général de la SADC,

Messieurs les Ministres,

Mes chers amis,

C’est avec beaucoup de plaisir que je m’exprime devant vous aujourd’hui. J'ai souhaité que ma venue en Namibie soit l'occasion, pour les chefs d’entreprise français nombreux ici, et qui ont bien voulu m'accompagner, de rencontrer leurs homologues namibiens, et je vous remercie d'avoir accepté cette invitation à ce déjeuner de travail qui nous permet de faire mieux connaissance, de nous écouter et qui nous apprendra, j’en suis convaincu, à travailler ensemble, mieux et plus.

J'ai d'ailleurs l'intuition, tout au début de ce voyage en Afrique australe, voyage qui me conduira également chez vos proches voisins, d'avoir frappé à la bonne porte d'entrée de la " maison Afrique australe ", en faisant d'abord étape à Windhoek.

La Namibie dispose d’atouts multiples importants et la France souhaiterait être associée à leur valorisation dans un partenariat à la fois confiant et amical.




Votre pays, porte régionale de l’Afrique australe, dispose de très nombreux atouts à valoriser :

- c'est ici, à Windhoek, qu'a été signé en août 1990 le traité instituant la SADC, dont je salue le Secrétaire général, et qui est incontestablement une voie d’avenir ;

- c'est ici que s'est tenue, en octobre 1996, la réunion ministérielle Union européenne SADC qui a définitivement établi le partenariat unissant l'Europe et l'Afrique australe ;

- c'est enfin à Windhoek que s'est tenu, il y a quelques semaines à peine, le Sommet économique de l'Afrique australe.

Votre pays se situe donc à la pointe des ambitions pour organiser d'une façon démocratique et prospère l'avenir de l'Afrique australe. Vous avez une vision du futur, je m’en suis rendu compte encore en discutant ce matin avec le Président, fondée sur la bonne gouvernance, sur le respect de l'état de droit, sur l'esprit d'entreprise, sur l'économie de marché, sur l'ouverture au commerce mondial, mais aussi sur l'intégration régionale et la coopération internationale, particulièrement celle qui s'est établie tout naturellement entre l'Union européenne et les pays africains à travers les accords de Lomé auxquels, vous le savez, la France est très attachée. Laissez-moi vous dire que nous partageons ces valeurs, nous partageons cette vision de l’avenir.

C'est pourquoi le voyage des chefs d’entreprise français, petites, moyennes et grandes entreprises, notamment parmi les plus éminentes et plus importantes de notre pays, vers l'Afrique australe peut commencer à partir de la Namibie, forte de sa stabilité politique et de ses orientations économiques sages, forte aussi de ses hommes et de ses femmes courageux et entreprenants, forte enfin de ses bons équipements et de ses richesses naturelles. La Namibie est un pays démocratique où les entreprises peuvent s’établir avec toutes les garanties de sécurité juridiques et financières et nous les avons encore renforcées ce matin.

Permettez-moi, à ce stade, de vous dire quelques mots de la France car j'ai le sentiment qu'elle est encore mal connue dans cette partie de l’Afrique.

- Mon pays est aujourd'hui, en Europe, au coeur d'un marché de 350 millions d'habitants, fortement compétitif, pôle de stabilité, de technologie et de progrès.

- La France est aussi un pays ouvert sur le monde : beaucoup d’entreprises internationales ont fait le choix de s'y installer et la part de la France au plan mondial, comme pays d’accueil des investissements directs étrangers, est passé, en une dizaine d’années, de 4 % à 15 %, c’est dire l’importance de la France dans le domaine de l’investissement étranger.

- Enfin, la France est intimement présente en Afrique. Je suis fier que mon pays ait depuis bien longtemps défendu, dans toutes les instances internationales, l'idée que l'Afrique est un continent d'avenir, que le destin de l'Afrique et de l'Europe est étroitement lié, et que nous devons aborder ensemble les défis du nouveau millénaire.

Les projets namibiens de développement sont nombreux et ils sont susceptibles d’intéresser la partie française : c’est vrai dans les domaines de l'élevage, de la pêche, de l'industrie agro-alimentaire aussi. C’est vrai dans celui de l'énergie, des transports -je pense tout spécialement à cet immense réseau de voies ferrées qui unira, bientôt, à travers le territoire namibien, l'Afrique du Sud à l'Angola et, un jour, à l'Afrique centrale. D’autres projets doivent retenir notre attention, mobiliser nos ingénieurs et nos équipes, dans l'intérêt mutuel de nos deux pays et au profit du développement de l’ensemble de la région : c’est le cas de la construction de barrages, du traitement de l'eau, de celui des télécommunications.

Je note que de beaux résultats sont déjà acquis dans le domaine de l'énergie avec la construction aujourd'hui engagée d'une ligne de haute capacité de transport d'électricité interconnectant la Namibie et l'Afrique du sud. J'espère que, demain, les efforts des entreprises françaises seront couronnés de succès dans bien d'autres domaines tels que le dessalement de l'eau de mer, la construction de centrales hydroélectriques et thermiques, ou la mise sur pied d'une industrie agro-alimentaire namibienne moderne, performante et apte à répondre aux énormes besoins alimentaires de l'Afrique et du monde.

Puis-je mentionner un projet - un seul, pour ne pas allonger le débat ! - que, comme vieil ami de l'Afrique, je souhaite voir se réaliser prochainement et qui est, je le sais, le rêve aussi du Dr MBUENDE : la construction d’un nouveau pont sur le Zambèze. Pour donner encore plus de chance à votre port de Walvis Bay, en lui ouvrant comme arrière-pays non seulement l'Afrique australe mais aussi l'Afrique centrale et orientale, vous avez besoin d'un tel équipement. La France a construit dans le monde quelques uns des plus beaux et des plus grands ponts que l'on connaisse : venez voir chez nous le pont de Normandie et, quand vous irez à Lisbonne visiter peut-être l'Exposition internationale où la Namibie a bâti un remarquable pavillon, allez admirer le nouveau pont géant, le plus grand du monde sur le Tage : il a été conçu par des ingénieurs français et construit par des entreprises françaises. Pourquoi, ensemble, ne referions-nous pas sur le Zambèze, à l'extrémité de la Bande de Caprivi, ce que nous avons fait sur le Tage ?

A l'aube du XXIe siècle, je souhaite sincèrement que votre pays trouve, dans son intégration en Afrique australe et dans le développement de ses liens avec tous les pays africains, ce que la France a elle-même trouvé dans la construction de l'Union européenne : un formidable dynamisme, une compétitivité économique accrue, une vision du futur fondée sur l'esprit d'entreprise, sur la responsabilité personnelle mais aussi sur la solidarité entre les hommes et entre les nations.

La France, de concert avec ses partenaires de l'Union européenne, a établi un solide partenariat avec les pays de la SADC : la conférence ministérielle de Vienne, en novembre prochain, en sera une nouvelle illustration. Mais pour marquer sa confiance dans la SADC, la France souhaite apporter une contribution supplémentaire. C'est ainsi que des experts français vont être associés au travail de vos unités techniques, pour l'eau à Maseru, pour la pêche maritime à Windhoek, pour l'agriculture et le traitement des données statistiques à Gaborone, au siège du Secrétariat général de la SADC et je pourrais allonger cette liste.

Je souhaite que cette coopération se développe et la déclaration conjointe adoptée ce matin par le Dr MBUENDE et le ministre français chargé de la Coopération et de la Francophonie, en marque désormais le cadre.

A l'avenir, plus de savoir-faire français doit s'investir dans cette partie, dans cette belle partie du continent. Je sais que vous examinez la liste des grands projets. Ce sont des projets nationaux, mais aussi régionaux, d'un montant global de 121 millions d'euro, c’est-à-dire de l’ordre de 150 millions de dollars, et dont le financement est assuré, vous le savez, pour 25 % par la France à travers le mécanisme du Fonds européen de développement, un fonds dont je souhaite que, malgré les réserves de tel ou tel pays, il soit normalement reconduit et que son action soit amplifiée lorsque les décisions seront prises par l’Union européenne l’année prochaine.

Je souhaite, en conclusion, vous convaincre par ces exemples que mon pays veut travailler avec vous et qu'il le fait avec confiance, confiance dans l’avenir, dans celui de votre pays, dans celui de l’Afrique australe, dans celui de l’Afrique. Ma présence en Namibie est le témoignage de notre estime et de notre confiance en votre avenir.

Nous étions près de vous dans les jours difficiles, le Président NUJOMA a bien voulu le rappeler ce matin. Nous souhaitons le rester aujourd'hui et vous accompagner dans votre développement. Et c’est pourquoi, je suis heureux aujourd’hui d’être avec vous.

Je vous remercie et je vous souhaite un bon travail.





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