Discours du Président de la République devant la communauté française du Cap, Afrique du Sud.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de l'inauguration de l'Alliance Française et de la réception de la communauté française établie en Afrique du Sud.

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Le Cap, Afrique du Sud, le samedi 27 juin 1998

Madame la Présidente,

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

Mes chers compatriotes, pour ceux qui le sont,

Mes chers amis, pour ceux qui sont de nationalité Sud Africaine,

Je voudrais vous dire d'abord ma joie d'être parmi vous pour cette inauguration qui vous fait plaisir mais qui fait plaisir aussi à tous les Français et je vous le dis de la part de nos ministres, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Coopération et de la Francophonie et aussi de la part de nos parlementaires qui sont ici, sénateurs ou députés, particulièrement intéressés par les relations entre la République Sud Africaine et la France.

L'inauguration de ces nouveaux locaux de l'Alliance française du Cap, modernes, bien aménagés et remarquablement situés, me donne tout d'abord l'occasion de rendre hommage au travail remarquable qu'effectue, à travers le monde entier, le réseau, le remarquable réseau des Alliances françaises. Et à chacun de mes voyages à l'étranger je constate que c'est pour la France, pour son image, pour sa culture, pour sa langue, un outil incomparable de réussite.

En Afrique du Sud, ce réseau est maintenant cinquantenaire. L'histoire a voulu qu'il soit aujourd'hui, avec plus de vingt implantations, l'un des plus denses de l'Afrique, et qu'il se soit développé, sans discrimination, au sein de toutes les communautés du pays, y compris dans les moins favorisées comme Soweto ou Mitchell's Plain. Et j'en suis heureux. En ce sens, l'Alliance du Cap, avec ses quelque quinze cents étudiants, est une réalisation exemplaire.

L'apprentissage du français, pour des raisons historiques, qu’elles soient anciennes ou qu’elles soient récentes, est encore peu développé en Afrique du Sud et nous souhaitons y remédier, grâce notamment au travail persévérant de nos Alliances. Le français est devenu, et nous nous en félicitons, une "langue africaine", vecteur de solidarité, de fraternité, de bonne compréhension entre les peuples de ce continent. L'Afrique du Sud, longtemps isolée parmi les siens, en a besoin pour nouer le dialogue et multiplier ses échanges politiques et commerciaux, mais aussi culturels ou technologiques, scientifiques ou artistiques. Et nous comptons sur les Alliances françaises pour l'y aider.

Je voudrais aussi insister sur le fait qu'une Alliance française, c'est la vitrine de la France la plus accessible à tous. Ces nouveaux locaux de l'Alliance du Cap joueront aussi ce rôle primordial. Présentez-y l'image d'une France fière de ses créations artistiques bien sûr, mais aussi une France à la pointe de la recherche et des réalisations technologiques, une France commercialement combative mais qui se veut aussi un champion de la solidarité, un champion de la paix.

Cette tâche, c'est au Cap, grâce à la qualité de nos agents, qu'elle s'effectue, et je tiens à les remercier tout particulièrement. Mais ils n’auraient pas cette efficacité si leur comité local, et en particulier leurs présidents, je voudrais saluer tout particulièrement Mme Yvonne FRIEDMAN et M. N'Dong RUDSON, qui est ici, et je voudrais leur rendre hommage à l'une et à l'autre et puis leur dire combien je suis sensible au fait qu'ils mettent leur intelligence, leur énergie leur initiative au service de la France, au service aussi de notre langue. Je voudrais leur dire un très grand merci de la part de toutes celles et de tous ceux qui sont ici mais aussi de la part de la France tout simplement.

Enfin, notre présence linguistique et culturelle, c’est aussi l’école " François Le Vaillant " qui, avec ses quelque 130 élèves, je crois, est un centre d’enseignement apprécié. Son chef d’établissement lui donnera toute sa dimension éducative, notamment pour le cycle secondaire.




Madame la Présidente,

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

Mes chers compatriotes,

C’est maintenant à vous que je voudrais simplement dire un mot. A l'extrémité sud de l'Afrique, le magnifique Cap de Bonne Espérance, " le plus beau du monde " nous disaient les navigateurs, incarne dans son nom même l'idée que la France se fait de l'Afrique. La France aime, respecte et croit en l'Afrique. Et mon voyage en Afrique australe me conforte dans cette idée. Pour des raisons historiques, notre pays est surtout familier de l'Afrique francophone, centrale ou de l'ouest, laquelle progresse aussi et résolument vers la démocratie et connaît un développement qui aujourd'hui lui a permis de rallier les pays dont la croissance économique est positive par rapport à la démographie. L'Afrique australe, et de manière éclatante, emprunte également cette voie. En une décennie, le chemin parcouru est considérable. Ces pays peuvent désormais se consacrer entièrement à leur développement économique et social et leurs atouts sont immenses : des infrastructures solides et qui se renforcent, des richesses naturelles importantes, des richesses humaines indiscutables. L'Afrique australe est en passe de devenir un pôle économique et un pôle de stabilité en Afrique, et l'Afrique du Sud est en train de devenir le moteur de l'Afrique de demain. Et au Cap, vous vivez dans une Afrique qui a tout pour réussir et vous avez la chance de vivre dans un tel pays, à ce moment si particulier, si intense de son histoire.

Mes chers compatriotes, la France est l'amie encore trop peu connue de l'Afrique du Sud. Et je compte sur vous pour que, un peu plus chaque jour, ce retard soit rattrapé. Aujourd'hui, 8 000 Français vivent en Afrique du Sud. Quelque 130 entreprises s'y sont installées, mais il y a huit ans, elles n'étaient qu'une trentaine. Près de 3 000 entreprises françaises aujourd'hui font plus de la moitié de leur chiffre d'affaire avec l'Amérique et l'Afrique du Sud. C'est incontestablement un lien fort qui est en train de se créer et que nous devons développer.

La France souhaite jouer un rôle croissant dans le développement de votre pays ou de votre pays d'adoption. Certes, cela n'est pas suffisant car l'Afrique du Sud est, de loin, et le principal et le plus dynamique acteur économique du continent. Nous devons donc y être davantage présents. Et je sais que vous concourez, avec vos talents, à représenter avec succès les domaines d’activités français.

Alors, je voulais tout simplement vous en féliciter et vous dire combien je me réjouis, aujourd'hui, étant ici avec une importante délégation, notamment les chefs d'entreprise français, combien je me réjouis de voir au travers des contacts que nous avons pu avoir avec les autorités politiques, avec les représentants économiques du pays, combien il y avait un capital de sympathie à l'égard de notre pays qui ne demandait qu'à fructifier, combien il y avait aussi d'intérêt dans le partenariat que nous pouvions mettre en oeuvre et développer dans tous les domaines, combien il y avait sur le plan politique et pour la vision du monde de concordance entre les approches de l'Afrique du Sud et les approches de la France, combien il y avait donc de raisons d'aller ensemble la main dans la main vers l'avenir.

Je disais ce matin, le Président de la République française, mon prédécesseur, a été le premier chef d'Etat du monde à être reçu ici par le Président MANDELA nouvellement élu, et c'était en quelque sorte une reconnaissance que la France voulait apporter au triomphe du bien sur le mal en quelque sorte.

Aujourd'hui, dans le voyage que je fais, j'ai voulu donner une dimension de relance au-delà des problèmes politiques et, sur la base d'une certaine vision de l'Afrique et du monde, j'ai voulu donner une impulsion nouvelle à notre relation culturelle, d'où le témoignage que j'ai tenu à donner à l'Alliance française mais aussi à notre relation économique. Mais, je ne doute pas que les progrès, faits depuis deux ou trois ans en particulier, ne continuent à se développer. Je sais la part que vous y prenez personnellement, que prennent les Français, qui sont les pionniers de cette découverte de notre monde commun de demain.

Et, à chacune et à chacun d'entre vous, je voudrais dire un très chaleureux et très cordial merci.





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