Allocution du Président de la République à la mairie de Cayenne en Guyane.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à la mairie de Cayenne.

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Cayenne, Guyane, le dimanche 23 novembre 1997

(GUYANE)

Monsieur le Maire,

Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Elus,

Mesdames, Messieurs,

Mes Chers Amis,

Je dis mes Chers Amis, parce que je suis venu souvent en Guyane, que j'ai été reçu à plusieurs reprises dans cet Hôtel de Ville, et que je ne m'y sens pas du tout étranger. Monsieur le Maire, je vous remercie de vos aimables paroles et je voudrais vous redire tout le plaisir que j'ai d'être accueilli par vous-même et votre Conseil, dans ce chef-lieu de la Guyane, cette ancienne, belle ville de Cayenne.

Je suis toujours heureux de prononcer son nom, celui du fils du roi Cépérou, grand chef des Galibis, dont l'autorité s'étendait de l'Orénoque à l'Amazone. C'était déjà un centre prestigieux, qui nous rappelle que bien avant l'histoire européenne de la ville, les premiers occupants de ce lieu furent des amérindiens qui ont su lui donner un prestige important

Comment ne pas être frappé par la qualité du site de Cayenne et saisi par le charme d'une architecture créole que vous avez su conserver et à laquelle vous êtes attentif ?

Comment également, ne pas souligner quelques éléments essentiels des forces de la cité, la modernité du pôle de recherche de haut niveau qu'abrite votre ville, avec : l'Ifremer, l'Orstom, le BRGM, l'Institut Pasteur, devant lequel je viens de passer, pour ne citer que l'essentiel ?

Cela, c'est la partie satisfaisante. Vous avez souligné à juste titre, Monsieur le Maire, toutes les difficultés auxquelles la ville, sa municipalité, ses habitants sont confrontés. Vous avez insisté sur les problèmes liés à la sécurité, à l'Education nationale, problèmes que le Ministre de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, connaît bien. C'est l'une des raisons pour laquelle, il a tenu à accompagner -ou être avec nous- le Secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer. Vous avez également souligné d'un mot, les problèmes liés à la gestion générale, au déficit, aux équipements. De tout cela, je parlerai tout à l'heure place de la Préfecture. Je ne vais donc pas évoquer ces problèmes maintenant. Mais j'en connais l'importance et je sais le poids qu'il représente sur le moral de la communauté guyanaise, elle-même marquée, vous l'avez également souligné, Monsieur le Maire, par une très forte démographie, avec toutes les conséquences lorsqu'on n'a pas les moyens de la maîtriser et de l'absorber, que cela comporte en matière de délinquance, en matière de quartiers insalubres, en matière de pénurie de logements, en matière de chômage, de précarité, en matière d'enseignement. Bref, ce que vous avez, à juste titre, Monsieur le Maire, évoqué.

Je sais aussi que votre municipalité s'est engagée dans la reconstitution de sa capacité financière d'intervention, dangereusement amoindrie par de trop lourdes charges. L'Etat participe -vous l'avez évoqué- à cet effort. Lorsque vous avez mentionné qu'il y avait une troisième étape, je voyais le Secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, me faire un petit signe d'approbation pour m'indiquer, qu'effectivement, cette troisième étape serait normalement et régulièrement franchie sous son autorité.

On doit aussi se féliciter des premières actions entreprises pour lutter contre la délinquance, notamment par une meilleure présence policière de proximité et par une active politique partenaire de prévention et d'accompagnement social.

Il n'en reste pas moins que nous sommes là en deçà des nécessités à tous égards et que la République ne peut pas accepter, ne peut pas admettre que des zones, comme l'on dit aujourd'hui, de non droit s'étendent de plus en plus dans un certain nombre de ces départements et tout particulièrement dans le département de la Guyane. Nous en parlions avec Monsieur Queyranne, tout à l'heure, dans l'avion en arrivant. Je crois que des perspectives d'amélioration peuvent aujourd'hui se dessiner.

Sans doute le développement d'une intercommunalité nourrie et solidaire entre les communes de l'île de Cayenne vous aidera-t-il à mieux maîtriser des difficultés que vous partagez ; je salue à cet égard, Monsieur le Maire, la récente création de la communauté de communes du Centre Littoral. Je pense que c'est une voie utile et un pas dans la bonne direction.

Cayenne belle cité, cité au riche passé, cité vivante, je dirai presque trop vivante pour que soient maîtrisés tous les problèmes de la vie qu'elle pose, mais que l'Etat, ainsi que les autorités départementales, ont le devoir de prendre en charge et en relais avec la municipalité.

Cayenne est le chef-lieu d'un département jeune, dont je persiste à penser que l'avenir est prometteur. J'étais, il y a quelques mois en visite dans les pays du MERCOSUR, frappé par le développement considérable de cette région du monde qui deviendra l'un des grands pôles de puissance économique, politique, culturel. Je me disais que la Guyane qui se cherche encore et qui se trouvera sans aucun doute, était là comme un trait d'union entre ce grand ensemble en constituant qui est le MERCOSUR et l'Union Européenne, à laquelle elle appartient.

Qu'à partir de là, il y avait des perspectives fortes. Naturellement, il faudra changer un certain nombre de comportement, d'approche, de prévision de vision de l'avenir. Je sais que l'ensemble des élus de la Guyane sont des gens modernes et tout à fait déterminé à assumer la modernité de leur département.

Monsieur le Maire, merci infiniment de votre accueil. J'aurai l'occasion de répondre tout à l'heure à un certain nombre de questions que vous avez posées.

Conformément à la tradition républicaine, je voudrais vous laisser la médaille d'argent de la République française, en souvenir de mon passage.

Je vous remercie.





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