Allocution de M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion de la réception offerte en l'honneur du Président du Brésil (Brasilia)

Allocution de M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion de la réception offerte en l'honneur de M. Fernando Henrique CARDOSO Président de la République fédérative du Brésil.

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Palais de l'Itamaraty - Brasilia (Brésil) - Mercredi 12 mars 1997

Chers amis brésiliens,

Mes chers compatriotes français,

Je voudrais vous dire ma joie d'être ici ce soir, ma joie de vous saluer toutes et tous, du Brésil ou de France, d'un même coeur.

Je voudrais dire au Président CARDOSO combien je suis sensible à sa présence et saluer affectueusement son épouse.

Le Président CARDOSO donne du Brésil dans le monde une image extraordinaire, moderne, dynamique et à l'intérieur, il donne à son pays une impulsion qui confirme ce qui est aujourd'hui une certitude, c'est-à-dire que le Brésil, huitième puissance économique aujourd'hui, sera demain dans les tout premiers pays, dans les toutes premières puissances culturelles naturellement, économiques et politiques de notre planète.

C'est dire la joie, qui est la mienne, d'être honoré de l'amitié du Président du Brésil. Je l'ai reçu avec infiniment de plaisir à Paris l'année dernière, et je suis vraiment heureux d'être à ses côtés, ici, et de le remercier pour les attentions exceptionnelles qu'il a bien voulu me prodiguer en me recevant, non pas comme le Président d'une nation amie mais comme un ami tout court. Merci, Cher Fernando Henrique.

Je voudrais également saluer et remercier Monsieur le Gouverneur et Monsieur le Maire de Rio, saluer respectueusement son Eminence, Monsieur le Cardinal, et dire aux personnalités brésiliennes qui sont ici du monde culturel, du monde économique, combien j'ai d'estime et de reconnaissance pour tout ce qu'elles font pour renforcer les relations entre nos deux pays.

J'ai avec moi plusieurs parlementaires français qui sont les responsables des groupes d'amitié France-Brésil, du Sénat et de l'Assemblée nationale. Je les observais ce matin au Parlement de Brasilia, devant lequel j'avais l'honneur de parler et d'exprimer ma vision des rapports qui doivent être les nôtres demain, et je voyais qu'ils étaient vraiment chez eux dans ce Parlement avec leurs amis et j'étais frappé par le fait que la plupart d'entre eux parlaient français et étaient compris.

Je voudrais aussi saluer la présence de Michel PLATINI, notre héros national, et actuellement co-Président de la Coupe du Monde de football, qui aura lieu, vous le savez, en France. C'est un grand privilège et je compte bien, cher Fernando Henrique, qu'à cette occasion, vous serez une nouvelle fois à Paris et j'essayerai de vous recevoir, vous et Ruth, presque aussi bien que vous m'avez reçu.

Vous savez, il y a trente-trois ans, le général de GAULLE a fait un grand voyage ici et finalement les résultats n'ont pas été ceux que l'on pouvait escompter. Pourquoi ? Simplement parce que la France et l'Europe, traumatisées par la Deuxième Guerre mondiale, avaient mobilisé toutes leurs énergies pour régler leurs problèmes internes, leurs problèmes européens. Et qu'au total, elles ont un peu abandonné leur vocation à avoir des liens privilégiés avec l'Amérique du Sud, des liens privilégiés qui tiennent à la culture, qui tiennent à l'intérêt, à nos origines, qui tiennent au sentiment d'amitié à tout ce qui nous a inspiré en terme d'humanisme, en terme de respect de l'homme, des libertés de la justice, du bien-être.

Et puis aujourd'hui, on s'aperçoit que les uns et les autres, nous sommes indissociables, sans même que l'on en ait tout à fait conscience, les faits se sont imposés. On ne sait pas toujours, ni en France ni au Brésil, que l'effort d'intégration régionale que nous avons fait, ici, avec le MERCOSUL, nous, en Europe, avec l'Union européenne, se traduit par le fait que l'Union européenne est pour le MERCOSUL le premier client, le premier fournisseur, le premier investisseur, et que par conséquent, les liens qui existent entre nos économies sont des liens incontournables et de surcroît fondés sur les liens du coeur et de la culture, c'est-à-dire avec de véritables racines et non pas simplement l'intérêt immédiat.

A l'occasion de ce voyage, ce que j'ai voulu essayer d'exprimer, c'est la volonté de l'Union européenne d'être à nouveau présente et de recevoir à son tour à nouveau l'Amérique latine et le MERCOSUL en particulier. Et notamment cette très grande puissance, ce très grand peuple qui est, et qui sera de plus en plus l'un des premiers du monde, sur le plan économique comme sur le plan politique et culturel, et qui est le Brésil dont la vocation est d'être l'un des leaders, l'un des quelques leaders de notre planète réorganisée dans un système multipolaire, je l'espère serein, et permettant d'éviter les guerres.

Voilà ce que j'ai voulu exprimer à l'occasion de ce voyage, c'est l'intérêt qui est le nôtre, qui nous est commun et notamment entre le Brésil et la France d'être les moteurs de cette solidarité culturelle, économique, sociale, de cette solidarité qui s'exprime dans une certaine vision de l'avenir, de la paix, de la justice et dans une certaine vision de l'homme, de sa dignité.

Cela nous le partageons entièrement et quand je parle avec le Président CARDOSO, j'ai vraiment l'impression de parler au sens propre du terme à un frère. Voilà pourquoi, j'étais heureux aujourd'hui de vous rencontrer, de vous saluer. D'habitude je vois la communauté française dans un pays, aujourd'hui j'ai souhaité qu'il y ait naturellement la communauté française invitée ici mais également beaucoup de Brésiliens pour bien marquer que nous sommes en réalité une famille et que cette famille se retrouve aujourd'hui et qu'elle doit le faire dans la joie et dans l'enthousiasme.

Alors, cher Fernando Henrique, merci pour cet accueil exceptionnel, je ne l'oublierai pas, j'essayerai de faire aussi bien et à toutes et à tous qui mettaient le meilleur de vous-même à renforcer les liens entre nos deux pays je souhaite bonne chance, bon succès et qu'au total, le Brésil et la France soient parmi les moteurs de cette certaine idée de l'homme dont le général de GAULLE avait parlé quand il était venu ici, il y a trente-trois ans.





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