Discours prononcé par M. Jacques CHIRAC Président de la République devant le Congrès de la République fédérative du Brésil (Brasilia)

Discours prononcé par M. Jacques CHIRAC Président de la République devant le Congrès de la République fédérative du Brésil.


Brasilia - Mercredi 12 Mars 1997

Monsieur le Président du Congrès,

Monsieur le Président de la Chambre des Députés,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames, Messieurs,

Mes Chers Amis,

Je vous remercie, Monsieur le Président du Congrès, de votre accueil et de l'organisation de cette séance extraordinaire. Merci, Monsieur le député, merci, Monsieur le sénateur, des paroles amicales que vous avez bien voulu prononcer et auxquelles j'ai été très sensible.

C'est pour moi, Monsieur le Président, un grand honneur de m'exprimer devant le Congrès brésilien, symbole des institutions de votre pays, symbole de la démocratie pleinement retrouvée, symbole aussi d'une grande nation, d'un grand peuple, de l'une des premières puissances économiques du monde.

C'est au Brésil que j'ai souhaité faire ma première visite officielle en Amérique latine. Ce choix s'explique tout naturellement.

Par amitié personnelle d'abord. En mai 1996, j'ai eu le grand plaisir d'accueillir en visite d'Etat à Paris un ami de très longue date de la France, un ami à moi, pour qui j'ai beaucoup d'estime et de respect, le Président Fernando Henrique CARDOSO.

Par volonté, ensuite, de rendre hommage au Brésil, très grande puissance d'Amérique, et l'un des pôles du monde de demain.

Enfin, je n'oublie pas qu'il y a un peu plus de trente ans, en 1964, au cours d'une tournée historique en Amérique du Sud, le général de Gaulle évoquait ici même, devant vos prédécesseurs, Monsieur le Président, et avec quelle prescience, la nécessité d'un tel rapprochement entre le Brésil et la France. Permettez-moi de le citer : " Comment ne pas voir, avait-il dit, dans le monde qui se dessine, que les organisations proprement américaines, dont vous faites actuellement partie, et les communautés européennes auxquelles nous appartenons, sont appelées à resserrer leurs liens de solidarité ; et quels peuples peuvent donner le signal mieux que le Brésil et la France ? "

C'est cette réalité qui prend corps aujourd'hui. Voilà pourquoi je suis venu vous parler de la France, de l'Europe, de nos relations et de ma vision du monde.

Ce monde, la France le souhaite ouvert, tolérant, pacifique. Un monde plus juste, plus solidaire, où chacun, citoyen et pays, trouve naturellement sa place. Voilà pourquoi le Brésil et la France, qui partagent une communauté d'origines et de valeurs, qui partagent une même philosophie de l'homme, voilà pourquoi ils doivent se retrouver.

Trop longtemps nous avons laissé dépérir notre exceptionnel capital de sympathie. Trop longtemps, la construction de la paix et de la prospérité en Europe, puis les chocs nés de l'explosion du bloc totalitaire, ont absorbé nos énergies à nous Européens. Trop longtemps notre attention s'est alors détournée de votre région, où les peuples luttaient pour faire triompher la liberté et la justice, pour surmonter les déséquilibres économiques et sociaux et pour enraciner la démocratie.

Je comprends les sentiments de frustration qui ont pu naître ici, l'attente qui est aujourd'hui la vôtre, comme la nôtre. Je suis venu vous dire ma volonté d'organiser le renouveau de nos relations, la relance d'un véritable partenariat naturel entre nos deux peuples.

Depuis la visite d'Etat du Président CARDOSO en France, les conditions d'un nouvel essor de nos relations sont enfin réunies. Sachons mettre à profit tout ce qui nous rapproche pour faire vivre et grandir cette nécessaire relation.

Notre amitié est ancienne, elle est profonde, on vient de le rappeler encore. Nos affinités sont à la fois sentimentales et intellectuelles. Elles puisent aux mêmes sources et cela c'est essentiel. La philosophie des Lumières, l'enseignement des Encyclopédistes, les idéaux de la Révolution française, la doctrine positiviste, ont inspiré votre pays et participé à façonner sa pensée. Ce patrimoine commun d'idées, de valeurs, issu lui-même d'une vieille tradition latine, nous rassemble.

Au nom de cette communauté de valeurs, des régiments brésiliens s'engagèrent, aux côtés de ceux de la France libre, pour défendre une certaine idée de l'homme sur la terre d'Europe, alors ensanglantée.

Et c'est peu de dire que nous, Français, avons réservé un accueil chaleureux à votre forte et puissante culture. Je pense à Jorge AMADO, que j'ai eu le privilège de rencontrer hier soir, et pour lequel je nourris depuis longtemps un grand respect, à Paulo COEHLO, ces hommes qui ont conquis des millions et des millions de lecteurs en France et dans toute l'Europe. Je pense à ces grands artistes, Gilberto GIL, Chico BUARQUE, qui nous font aimer passionnément la musique et la culture populaires brésiliennes.

Cette attirance partagée explique le remarquable fonctionnement des échanges entre nos universités. A l'appel du Brésil, de jeunes intellectuels et universitaires français, parmi les plus brillants, ont formé des générations d'étudiants brésiliens. Claude LEVI-STRAUSS, Fernand BRAUDEL, Georges DUMAS, Michel FOUCAULT et Alain TOURAINE, ont enseigné dans vos universités, ils y ont nourri leur oeuvre, ils nous en ont rapporté un certain génie. A Paris, ce sont des centaines d'étudiants français qui ont été pour toujours marqués par un inoubliable professeur, Fernando Henrique CARDOSO.

Cette tradition d'échanges demeure bien vivante. Trois grands lycées franco-brésiliens, 70 implantations de l'Alliance française, des milliers d'étudiants de haut niveau, enrichissent notre dialogue. La France est, après les Etats-Unis, le second pays d'accueil pour vos étudiants, pour vos chercheurs, et ceci dans toutes les disciplines. Je n'oublie pas non plus que la connaissance et la pratique du français sont partagées par beaucoup de Brésiliens, et d'abord par le premier d'entre eux, ce qui est pour moi très émouvant.

Cette tradition de coopération, donnons-lui un nouvel essor. Multiplions les passerelles entre nos grands instituts d'enseignement et de recherche. Utilisons pour cela les nouveaux moyens mis à notre disposition, comme les autoroutes de l'information. Favorisons les échanges de jeunes, de professeurs, de programmes éducatifs. Amplifions le dialogue entre nos plus éminents spécialistes des sciences exactes et des sciences humaines. Dans cet esprit, une nouvelle chaire française va être créée à l'université de Sao Paulo, la chaire LEVI-STRAUSS, et je m'en réjouis.

Au-delà de cette coopération culturelle exemplaire, sur ce socle de valeurs communes, sur ces affinités, développons dans tous les domaines une coopération à la mesure de nos deux grands pays. Je me réjouis que le Président CARDOSO et moi-même partagions la même volonté de travailler davantage ensemble et en confiance.

Je sais que vous avez cette volonté et j'attache une grande importance à la coopération entre nos Parlements, piliers de nos deux démocraties. C'est d'ailleurs le sens de la présence à mes côtés d'éminents représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat français.

Notre dialogue doit être aussi celui de deux voisins, par la Guyane, dont je salue le député, mon ami Léon BERTRAND, la France partage avec votre grand pays sa plus longue frontière terrestre avec un pays étranger. Sachons, en voisins, développer ces territoires limitrophes, préserver leurs richesses, leurs traditions, travailler au bien-être de toutes celles et de tous ceux qui vivent dans la nature belle et difficile du bassin amazonien.

Notre coopération doit également favoriser le rapprochement de nos économies. Tout nous y invite. Au terme de deux années d'efforts courageux, votre pays a retrouvé la maîtrise de sa monnaie et la maîtrise de ses grands équilibres. Votre plan d'assainissement, reconnu comme l'un des meilleurs du monde, a porté tous ses fruits, permettant la croissance, restaurant la confiance, ramenant l'inflation de manière spectaculaire à moins de 10% par an, améliorant ainsi la situation des plus pauvres.

Je salue avec respect vos succès. Nos entrepreneurs d'ailleurs ne s'y sont pas trompés. L'an dernier, les investissements de Renault, d'Electricité de France, de beaucoup d'autres, nous ont permis d'être au deuxième rang des investisseurs étrangers au Brésil. Et nombre d'entreprises françaises présentes chez vous sont aujourd'hui parmi les premières dans leur secteur d'activités. La France, si vous le souhaitez, entend prendre toute sa part dans votre plan de privatisation.

Nous devons développer aussi nos échanges commerciaux. Malgré un doublement de nos exportations depuis quelques années, notre part de marché reste insuffisante. Nous devons faire les efforts nécessaires de part et d'autre pour l'augmenter.

Oui, le Brésil doit être pour la France un partenaire de tout premier plan. L'importance de sa population, l'étendue de son territoire, l'abondance et la richesse de ses ressources naturelles, la qualité de ses hommes et de ses femmes, le rayonnement de sa culture, la volonté d'ouverture de ses dirigeants, en font l'un des architectes du monde de demain. La relation forte et ancienne qui nous lie l'un à l'autre et que nous entendons développer, doit nous conduire à contribuer ensemble au règlement des grands problèmes de notre temps et tel fut l'un des aspects de nos discussions ce matin avec le Président et le Gouvernement du Brésil.

Concertons-nous plus étroitement au sein des grandes institutions multilatérales pour promouvoir le désarmement, la non prolifération et surtout la paix dans le monde. Appelons ensemble la communauté internationale à ne pas se détourner des pays les plus pauvres et notamment de ceux d'Afrique avec lesquels le Brésil, comme la France, développe des liens puissants d'amitié et de coopération.

Poursuivons aussi notre dialogue sur les grandes questions financières, afin d'achever la mise en place des mécanismes de prévention des crises.

Intensifions notre concertation, déjà bien engagée en 1996 lors de la présidence française du G7, sur les grands fléaux de notre temps : la drogue, le crime organisé, le terrorisme, et envisageons ensemble quelles réponses apporter aux problèmes si difficiles et si essentiels liés à l'environnement. C'est au Brésil, à Rio, que s'est tenu, en juin 1992, le premier Sommet de la Terre qui a marqué la prise de conscience de l'humanité. Fin juin, je participerai, aux côtés des dirigeants du G7 comme du Président CARDOSO, à une session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies. Elle devra, cinq ans après, ouvrir de nouvelles perspectives à notre combat commun pour la sauvegarde de notre environnement. Le Brésil s'y prépare. Dès demain, à Rio, une grande réunion internationale doit dresser un premier bilan de cette conférence historique.

Mais nous pouvons porter plus loin encore notre coopération, en rapprochant nos visions du monde de demain.

Comme je l'ai fait à Washington devant le Congrès des Etats-Unis à propos de la relation transatlantique, puis à Singapour pour le partenariat euro-asiatique ; comme je l'ai fait au Caire pour les rapports avec les mondes arabe et méditerranéen, je souhaite aujourd'hui, dans ce haut lieu de la démocratie latino-américaine, vous présenter mon ambition pour les relations entre la France, l'Europe, le Brésil, le MERCOSUL et l'Amérique du Sud.

Comment ne pas voir que le monde qui se dessine aujourd'hui, libéré des affrontements idéologiques de naguère, renforce sa dimension multipolaire ? C'est évident et inévitable. Qui ne voit que cette évolution, quoiqu'il arrive, se poursuivra. Tout y concourt : l'émergence de nouvelles grandes puissances partout dans le monde ; l'organisation d'ensembles régionaux cohérents, du Mercosul à l'ASEAN ; l'affirmation de nouvelles enceintes de coopération, depuis l'ALENA jusqu'à l'APEC, depuis le processus de Barcelone en Méditerranée jusqu'au Sommet euro-asiatique de Bangkok, l'année dernière.

La France considère que cette évolution du monde est la meilleure réponse à l'effondrement de l'ordre bipolaire. Elle seule peut fonder durablement un nouvel équilibre mondial qui soit juste, qui soit pacifique et qui surtout doit être accepté par tous.

Inéluctable, la marche vers un monde multipolaire risquerait cependant de glisser progressivement vers l'affirmation de pôles antagonistes, si certains des principaux acteurs d'aujourd'hui cherchaient à contrarier cette évolution au lieu de participer à son organisation. Tout doit être fait pour qu'aucun peuple ne vive l'émergence du nouvel ordre mondial dans la frustration, dans l'humiliation ou dans le désir de revanche.

En Europe, nous avons su méditer cette leçon de l'Histoire en engageant la construction de l'Union européenne. La guerre est désormais impossible entre Etats membres de l'Union européenne, et c'était bien l'objectif poursuivi. Des progrès considérables ont été accomplis en deux générations dans la construction d'un ensemble qui n'a pas d'équivalent dans l'Histoire.

Déjà l'Europe, avec ses 15 Etats membres et ses 350 millions d'hommes et de femmes, est la première puissance économique du monde, le plus grand marché du monde, le marché le plus ouvert du monde. Son produit national brut égale celui de l'ensemble nord-américain, Etats-Unis et Canada confondus. Savez-vous que l'Union européenne importe deux fois plus que l'Amérique du Nord tout entière ? Savez-vous qu'elle est, de loin, le premier donneur d'aide à l'Amérique du Sud et son premier partenaire commercial ?

Cette Europe nouvelle affirme aujourd'hui son identité. Et 1997, il y aura une année décisive pour notre continent tout entier.

Au Conseil européen d'Amsterdam, en juin prochain, les Etats membres adopteront, je l'espère, un nouveau Traité. L'Union se dotera ainsi de nouvelles institutions, plus efficaces, plus démocratiques également. Elle renforcera sa politique étrangère et de sécurité et aussi sa coopération dans la lutte contre les grands fléaux de notre temps. Alors, des négociations s'ouvriront en vue de son élargissement à tous les pays de l'Europe centrale et orientale, pour que l'Union, demain, rassemble 27 Etats représentant près de 500 millions d'habitants étant à coup sûr dans vingt ans la première puissance économique et politique du monde.

Enfin, le 1er janvier 1999, l'Union européenne créera sa monnaie, l'euro, qui sera l'autre grande monnaie du monde. Ainsi, l'Europe sera l'un des pôles les plus stables et les plus dynamiques de demain.

Parmi ces pôles de demain, comment ne pas voir également s'instituer l'Amérique du Sud ? Aujourd'hui, l'ensemble sud-américain s'engage à son tour dans ce vaste mouvement d'intégration régionale qui répond à une nécessité, qui répond aux aspirations de votre région et de ces peuples.

Pour tous, l'intégration régionale est source de progrès. Progrès politiques et humains d'abord. C'est pourquoi votre pays, avec ses voisins, a créé le Mercosul.

Il s'agissait, d'abord, au sortir d'années sombres, de consolider la démocratie, d'affirmer la paix ; de bâtir une nouvelle et puissante solidarité entre Etats membres. L'intégration régionale conforte, dans les pays qui en sont membres, l'ancrage de la démocratie, on l'a vu dans cette région encore tout récemment. L'appartenance à un même club, qui respecte les mêmes valeurs, rende impossible toute tentation de retour en arrière.

Il s'agissait aussi, en levant les barrières internes, d'encourager le progrès économique et les échanges entre vos pays, comme nous l'avons fait en Europe. En quelques années seulement, le Mercosul est devenu la zone commerciale la plus dynamique d'Amérique latine, le MERCOSUL est devenu le quatrième ensemble économique du monde. Preuve de son succès, le commerce et les investissements entre les différents pays du Mercosul explosent littéralement. A bien des égards, les performances des pays du " cône sud " dépassent désormais celles des pays émergents du sud-est asiatique. Deux pays lui sont déjà associés, et d'autres envisagent de les rejoindre. D'ici 2001, d'Ushuaïa à Belem, de Recife à Bogota, de Caracas à Santiago, c'est l'ensemble de l'Amérique du Sud qui jouira des bienfaits de l'intégration régionale et qui s'imposera comme l'un des tous premiers pôles essentiels à la vie du monde de demain.

Il est dans l'ordre des choses que l'Union européenne et le Mercosul se tournent aujourd'hui l'un vers l'autre. Leurs affinités, leur histoire partagée, leurs racines communes, leurs intérêts bien compris, leur attachement à leur identité et leur rejet d'un monde unipolaire leur commandent de se rapprocher, de développer leurs échanges, et d'approfondir leur concertation.

C'est dans cet esprit que la France, qui présidait alors l'Union européenne, avait conduit les négociations qui ont abouti, le 15 décembre 1995, à la signature à Madrid de l'accord-cadre interrégional de coopération économique et commerciale. Cette voie nouvelle, riche de promesses, nous nous y sommes engagés avec détermination.

Depuis la signature de cet accord s'est manifestée la volonté d'aller plus vite et plus loin dans la libéralisation et l'intensification de nos échanges dans tous les domaines. Développons ces coopérations, tout en avançant à nos rythmes vers nos propres échéances. C'est pour vous, déjà, l'union douanière et l'intégration renforcée. Ce sont pour nous les politiques communes, l'élargissement et l'affirmation d'une Europe-puissance.

Sans doute le Mercosul qui se construit à son tour, peut-il analyser les difficultés que nous avons rencontrées, s'inspirer, s'il le souhaite, des succès qui furent les nôtres, ou d'ailleurs des échecs qu'il convient d'éviter. Il ne s'agit pas pour l'Europe naturellement de se poser en modèle, mais d'aider ceux qu'ils veulent progresser à leur manière et à leur rythme, et d'éviter les erreurs de jeunesse que nous avons nous-mêmes commises.

Ensemble, réfléchissons à l'importance des liens entre l'efficacité économique et le progrès social. Ici, au Brésil, le plan REAL a permis de faire reculer la pauvreté et l'exclusion. Veillons à ce que la croissance retrouvée profite à tous. Veillons à ce qu'elle permette aussi d'améliorer la formation, l'éducation de nos jeunesses.

Aujourd'hui, nos priorités, à vous et à nous, sont les mêmes. En France, je mène croisade contre le chômage et pour l'éducation. En Europe, je m'efforce de promouvoir un modèle social conforme à l'exigence de dignité de l'homme sur laquelle s'est bâtie nos civilisations. Rappelons-nous le message du Général de Gaulle. Il y a plus de 30 ans, il décrivait, ici même, sa vision de la coopération internationale. Je le cite : " Dans notre monde en pleine gestation et en très rapide évolution, nos pays se trouvent à l'intérieur comme à l'extérieur, devant un problème capital : celui de l'Homme. Notre grand devoir est là. C'est à cela que l'Histoire nous jugera. Et c'est la raison capitale pour laquelle doit renaître notre parenté d'esprit et de coeur ". Mesdames et Messieurs, cette ardente obligation demeure aujourd'hui la nôtre.

Le Mercosul est actuellement le coeur de l'intégration régionale de votre continent. L'ensemble des pays d'Amérique latine se sont regroupés au sein du groupe de Rio, instance informelle de concertation avec laquelle l'Europe dialogue au niveau ministériel depuis la déclaration de Rome de 1990.

Soyons ambitieux et soyons visionnaires ! Allons à la rencontre de notre avenir ! Je propose, et j'en ai parlé au Président CARDOSO, que, pour la première fois dans l'Histoire, un sommet réunisse, dès la fin de 1998, les chefs d'Etat et de Gouvernement d'Amérique latine et d'Europe, en deux temps, le premier jour le MERCOSUL et l'Union européenne, le deuxième jour l'ensemble de l'Amérique latine et de l'Europe. Ce sommet répondra à un vrai besoin : créer une structure d'impulsion qui donnera à nos relations politiques, culturelles et économiques une force, une cohésion et des projets communs. Ce sommet devra être la première étape d'un processus novateur, pragmatique, volontaire. Il devra marquer l'acte fondateur d'un nouvel et ambitieux partenariat. Je souhaite que s'engage, dès ce printemps, le processus de préparation de cet important rendez-vous pour l'avenir.


Voilà, Monsieur le Président du Congrès, Monsieur le Président de la Chambre des Députés, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, le sens que j'ai souhaité donner à mon voyage au Brésil et dans les autres pays du MERCOSUL que je visiterai.

Je suis venu vous apporter le message d'estime, d'amitié et de confiance de la France. Je salue les progrès de votre démocratie et votre volonté de l'enraciner toujours davantage, en ouvrant vos frontières, en bâtissant entre Etats voisins une communauté de destin, en maîtrisant vos grands équilibres économiques et en associant chacun à la croissance et à ses fruits. Je vous propose d'aborder ensemble notre avenir commun.

Oui, comme l'Europe, l'Amérique du Sud sera demain l'un des très grands pôles du monde qui se dessine. Elle en a les moyens, les savoir-faire, les ressources, la sensibilité et la culture. Surtout, j'en suis sûr, elle en a la volonté.

C'est pourquoi Sud-Américains et Européens, que tout rapproche - des racines communes, la démocratie, une même vision du développement économique, une conception du progrès social, et de l'intégration régionale -, Sud-Américains et Européens doivent nouer fortement une nouvelle solidarité.

Cette ambition, cette espérance, je suis venu les partager avec vous. Votre pays occupe une position essentielle dans cette partie du monde et dans le monde de demain. Et ce grand partenariat, auquel j'appelle nos deux pays, nos deux régions doit être tout naturellement le moteur du nécessaire rapprochement entre nos deux ensembles. Cette ambition, cette espérance, je souhaite de tout coeur qu'elles soient aussi les vôtres.

Vive le Brésil !

Vive la France !

Vive l'amitié franco-brésilienne !





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