Allocution du Président de la République lors de la réception offerte au lycée franco-bolivien Alcide D'ORBIGNY à La Paz, Bolivie.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la réception offerte au lycée franco-bolivien Alcide D'ORBIGNY.

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La Paz, Bolivie, le samedi 15 mars 1997

Mes chers compatriotes,

Je voudrais vous dire ma joie d'être ici aujourd'hui parmi vous.

J'ai beaucoup de raisons d'être heureux, beaucoup. D'abord à l'occasion de ce traditionnel contact avec nos compatriotes, nous sommes tous l'objet d'attentions tout à fait particulières de la part des autorités boliviennes.

Je voudrais leur dire de tout coeur merci.

Merci au Président, merci à la première dame, ma chère Jimena, merci à votre Vice-Président que je vois régulièrement à Paris et merci à Lydia son épouse pour qui j'ai aussi beaucoup d'estime et d'affection.

Et puis merci aux autorités municipales. Vous l'avez peut-être entendu tout à l'heure, les autorités municipales m'ont remis les clés de la ville, superbes clés, pas à proprement parler des clés de poche, mais une oeuvre d'art et elles m'ont fait hôte d'honneur de la cité de La Paz. J'y ai été très sensible.

Je disais tout à l'heure à Madame le Maire que, sur mon bureau à Paris, là où je travaille, j'avais trois médailles, en vérité j'en ai quatre. La première c'est une médaille du général De Gaulle, j'ai également la médaille de Georges Pompidou, j'ai la médaille de la ville de La Paz pour deux raisons d'abord parce que j'aime bien la Bolivie et La Paz qui dans mon imaginaire incarnent quelque chose de grand et de beau, oui de noble et puis également parce que cette médaille est superbe sur le plan esthétique. Puisque j'ai dit les trois première, je dirais la quatrième, c'est celle qui m'avait été donné tout au début des événements de libération en Pologne par Lech Walesa, C'est la médaille de Solidarnosc.

Je voudrais également dire ma joie après la décision qui a été prise par les autorités boliviennes de donner le nom de la France à cette belle avenue qui passe devant notre lycée.

Joie aussi d'être dans cet établissement, dont j'ai souvent entendu parlé, dont notre ambassadeur m'avait dit que l'on pouvait tout faire ici sauf ne pas aller au lycée franco-bolivien et dont j'ai entendu, de la part d'un certain nombre d'autorités boliviennes et de personnalités, combien c'était un établissement de qualité.

Alors je voudrais saluer le proviseur, qui depuis près de trois ans donne le meilleur de lui-même pour cet établissement, et lui demander de transmettre à tous les maîtres et les agents qui l'entourent mes sentiments d'estime et de reconnaissance.

Joie aussi en raison de l'accueil qui nous a été réservé, hier à Cochabamba, ce matin à La Paz, un accueil à la fois superbe et chaleureux à l'aérodrome. Un accueil en ville qui m'a beaucoup touché, un accueil tout à l'heure au stade Hernando Siles où les jeunes espoirs français affrontaient les jeunes espoirs boliviens dans un stade archiplein et avec un public particulièrement chaleureux et sympathique.

Après avoir eu des entretiens importants avec le Président Sanchez de Lozada, j'ai eu le grand privilège de m'adresser au Parlement, devant le Congrès, où Victor Hugo Cardenas a bien voulu me recevoir ce matin, là aussi avec beaucoup d'amitié. J'ai essayé d'évoquer les raisons qui font que la Bolivie et la France, pays lointains, encore que la France est en Amérique du Sud en Guyane, - nous avons d'ailleurs ici le député de la Guyane, il ne se sent pas du tout étranger dans cette région - la France et la Bolivie, disais-je, pays lointains, pays différents, sentaient spontanément exister des solidarités.

Tout ceci peu paraître un peu irrationnel et pourtant cela existe. Il y a eu longtemps des relations importantes, puis nous avons connu la deuxième guerre mondiale en Europe et dans le monde et l'évolution de l'Amérique du Sud, celle de l'Europe ont pris des cours différents.

Certes, il y a eu le voyage historique du général de Gaulle, en Amérique du Sud, et je voudrais vous rappeler un souvenir personnel. J'ai eu le privilège d'être membre du Gouvernement, j'étais à l'époque naturellement beaucoup plus jeune.

Dans le Gouvernement présidé par le général de Gaulle, j'ai donc eu un certain nombre de contacts et de relations avec lui, d'autant qu'il m'avait, à l'époque, confié un secteur auquel il attachait de l'importance, et je l'ai souvent entendu dire d'abord le souvenir extraordinaire qu'il gardait de son voyage en Amérique latine, et je l'ai souvent entendu dire que le pays qui l'avait le plus impressionné c'était la Bolivie. C'était il y a trente-trois ans, il y a prescription. On peut maintenant dire les choses sans offenser personne. Je l'ai à plusieurs reprises entendu dire cela, ce qui montre que cet homme qui, d'une certaine façon, incarnait la France, l'intuition française, tout à fait naturellement et spontanément c'était senti un lien particulier avec la Bolivie.

A la suite de ça, la nécessité de construire l'Europe à la fois pour éradiquer les ferments de guerre et de violence et pour assurer un certain développement, nous a éloigné des grands pôles de développement du monde, aussi bien d'ailleurs en Amérique latine qu'en Asie, même notre grand ensemble méditerranéen, et donc, en quelque sorte, comme la dérive des continents nous nous sommes éloignés un peu les uns des autres.

Je souhaite que ce mouvement s'interrompe et que les liens se resserrent. Nous sommes déjà des partenaires essentiels, la France et l'Union européenne d'une part, la Bolivie et le MERCOSUR d'autre part. On ne sait pas toujours que l'Union européenne est déjà, c'est une réalité, le premier client, le premier fournisseur, le premier donneur d'aide publique à l'Amérique latine et le premier investisseur dans le MERCOSUR. Autrement dit le premier partenaire d'un MERCOSUR qui a pour vocation, comme l'a fait l'Europe, à sa manière, à s'élargir et à s'approfondir. Tout ceci pour expliquer que nous devons nous retrouver. Nous le devons, ne serait-ce qu'à nos origines, qu'à nos cultures, qu'à notre tradition humaniste. Nous sommes des Latins c'est ainsi et c'est dans nos gènes, c'est dans nos esprits.

Lorsqu'on analyse les choses en terme de sensibilité, on s'aperçoit facilement que la sensibilité porte naturellement la Bolivie et la France à s'estimer et à s'aimer.

Lorsque j'ai été élu et que j'ai voulu engager le processus consistant à retrouver l'Amérique latine, mes collaborateurs m'ont dit on va inviter les présidents et puis on ira en Amérique latine. Alors par qui doit-on commencer ? Et je n'ai pas réfléchi, j'ai dit par la Bolivie et vous avez accepté mon invitation et nous avons évoqué tout un ensemble de choses allant des problèmes du football jusqu'à ceux de l'UNESCO, en passant par l'aide au développement, la coopération dans le domaine de la drogue et bien d'autres domaines.

Depuis nous avons gardé un contact, nous avons progressé dans la solution des problèmes et nous avons aujourd'hui l'ambition d'aller plus loin, d'approfondir nos liens et nos relations et nous le ferons. Cela ne fait aucun doute.

Je m'aperçois que j'ai parlé trop longtemps et on me fait des signes, qu'il faut peut-être que j'abrège, alors je terminerai en m'adressant aux Français qui sont ici. Je voudrais leur dire mon estime, ils ne sont pas nombreux, il faudra que leur nombre augmente mais ils sont les pionniers d'une aventure nouvelle entre nos deux pays et je souhaiterais que dans quelques années ils se disent en venant ici, en choisissant la Bolivie et bien nous avons fait le bon choix. L'histoire a fini par nous donner raison donc à tous mes compatriotes, je voudrais simplement dire avec mon estime, mon amitié, aux unes et aux autres mes voeux de réussite et souhaiter que notre ambition commune soit couronnée de succès et que demain et après-demain les liens entre nos deux belles nations soient des liens forts et lumineux .

Je vous remercie.





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