Allocution du Président de la République à l'occasion de l'inauguration de la Maison de la culture du Japon à Paris.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de l'inauguration de la Maison de la culture du Japon à Paris.

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Maison de la Culture du Japon, Paris, le mardi 13 mai 1997

Altesse impériale,

Chère Madame Hashimoto,

permettez-moi de vous demander de transmettre au Premier ministre mes voeux les plus cordiaux de réussite et mes amitiés les plus sincères,

Monsieur le Maire de Paris,

Monsieur le Président de la Maison de la culture du Japon, et cher Hisanori Isomura,

Madame et Messieurs les Ministres, Parlementaires et autres personnalités du secteur civil ou public qui se sont associés pour la réalisation de cette oeuvre,

Mesdames, Messieurs,

Mes chers Amis,

Permettez-moi de vous dire, Altesse, combien votre présence parmi nous aujourd’hui ainsi que celle des hautes personnalités qui vous entourent, à l’occasion de l’inauguration de la Maison de la culture du Japon à Paris, nous honore. Mais plus encore nous fait plaisir. Elle témoigne de l’exceptionnelle importance que revêt, aux yeux du peuple japonais, cette nouvelle, cette magnifique institution qui fera souffler un peu de l’âme de l’Archipel sur les bords de la Seine, et aussi bien au-delà.

Ce grand et beau projet nous tient à coeur, à nous, Français. Et je me réjouis, Altesse, de pouvoir visiter, avec vous, votre Maison de la culture à Paris, dont l’idée - on l’a tout à l’heure rappelé, notamment, Messieurs les Présidents d’honneur - avait été lancée, dès 1982, par votre Premier ministre d’alors, Monsieur Zenko Suzuki, et le Président François Mitterrand, à l’occasion d’ailleurs de la première visite officielle dans l’Archipel d’un Président de la République française.

Ce projet, je l’ai soutenu dès l’origine. Parce que, vous le savez, Altesse, j’aime le Japon, sa culture, ses traditions, son art de vivre. Et il manquait à Paris un endroit où Français et Européens pourraient rencontrer le Japon d’aujourd’hui et aussi le Japon de toujours. Cet archipel nippon sur lequel, "dès les origines, la nature a déposé les ferments de la puissance et de la civilisation", pour reprendre la belle phrase d'Edwin Reischauer dans son Histoire du Japon. Ce Japon aujourd'hui aussi deuxième puissance économique du monde.

Depuis longtemps, le Japon et la France s'estiment et s'interrogent. Le Japon, terre d’harmonie, de raffinement et de beauté, où la recherche esthétique, où le goût pour la pureté des formes et des matières ont été portés à leur quintessence, où l'invention ajoute mais ne détruit rien, le Japon a fasciné nos artistes, nos peintres, nos architectes, nos écrivains. La France, quant à elle, terre de liberté, d’audace, de bouillonnement créatif, terre de traditions autant que d’avant-garde, au carrefour des courants et des mouvements, aura marqué une étape majeure dans l’itinéraire de nombreux intellectuels et créateurs japonais. Vous-même, Altesse, êtes férue de culture française. Mais Japonais et Français, Japonais et Européens ont encore beaucoup de chemin à parcourir les uns vers les autres.

J’ai toujours souhaité que les Français se familiarisent avec l’âme et la civilisation japonaises.

Maire de Paris, j'avais conclu avec mon ami Monsieur Suzuki, alors Gouverneur de Tokyo, un pacte d'amitié et d'échanges qui a permis à notre capitale d'accueillir de grandes manifestations culturelles japonaises : deux tournois de sumo, le théâtre nô, le kabuki, de nombreuses expositions d'art classique ou contemporain et chaque fois, les Parisiens et les Français leur ont réservé un accueil chaleureux.

Tout récemment encore, la très remarquable exposition, qui présentait, cet hiver, au Grand Palais, les trésors du temple Kôfuku-ji, de Nara, a remporté un prodigieux succès, attirant près de 150 000 visiteurs.

Ce fut, en mars dernier, notre Salon du livre qui mettait le Japon à l’honneur. L’occasion pour mes compatriotes de découvrir, aux côtés des grands classiques de la littérature nippone et de ses grands maîtres, les jeunes talents d’aujourd’hui, désormais traduits et présentés par des maisons d’édition qui ont fait le pari de la culture japonaise en France et qui réussissent.

Avant-hier, nous avons lancé l’Année du Japon en France. Elle verra se dérouler, dans la capitale et en province, plus de deux cents manifestations qui suscitent déjà beaucoup d’intérêt et qui auront, j’en suis sûr, un très large succès. Avant celui, des manifestations qui marqueront, en 1998 et 1999, l’Année de la France au Japon.

Savez-vous, Altesse, nous en parlions tout à l’heure, que dix mille jeunes Français étudient aujourd’hui le japonais à un niveau supérieur ?

Vous le voyez, mes compatriotes, et avec eux l’ensemble des Européens, ne demandent qu’à mieux connaître le Japon. Et c’est comme cela, en se côtoyant, en s’initiant à nos cultures respectives, en nourrissant, et d’abord chez les plus jeunes, l’élan vers l’autre que grandiront la confiance et l’amitié entre le Japon et la France. C’est comme cela que nous bâtirons cette relation exceptionnelle que j'appelle de mes voeux.

Et je fais toute confiance au Président Isomura, mon ami, qui est lui-même un grand ami de la France et un grand connaisseur de notre pays, pour faire de la Maison de la culture du Japon l’une des pierres angulaires de notre amitié. Ici, rayonnera, depuis Paris et dans toute l'Europe, l’esprit japonais. Ici, nos jeunesses, nos penseurs, nos créateurs, nos chercheurs pourront se découvrir et dialoguer.

Le Japon et la France ont en commun d’être deux nations d’ancienne et grande culture, de forte histoire, ancrées dans leurs traditions, profondément attachées à tout ce qui fonde leur identité, mais aussi deux nations ouvertes aux idées neuves et résolument tournées vers l’avenir. Deux nations confrontées à des défis communs qu’elles doivent relever ensemble.

Voilà pourquoi la Maison de la culture du Japon doit être un lieu de " révélations " au sens que Malraux donnait à ce terme, un espace vivant de rencontres et d’échanges, une fenêtre ouverte sur la société nippone, son génie, son avenir. Elle doit être le forum où Japonais et Français aborderont ensemble les grandes questions de notre temps, où se rapprocheront nos regards, nos idées, nos expériences, mais aussi nos valeurs.

Aujourd’hui, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux, les chefs d’entreprise mécènes, les représentants des pouvoirs publics, les collectivités locales et notamment la Ville de Paris, Monsieur le Maire, les organismes consulaires et professionnels japonais et français, qui ont cru à ce projet, qui l’ont porté et lui ont finalement permis de voir le jour.

Je félicite les architectes, Jenifer et Kenneth Armstrong et Masayuki Yamanaka, qui ont, avec ce grand vaisseau de verre, de métal et de lumière, réussi ce geste architectural dont vous pouvez apprécier la très grande élégance.

Il y a trente-sept ans, en 1960, inaugurant à Tokyo les nouveaux bâtiments de la Maison franco-japonaise, André Malraux affirmait la volonté de la France " de devenir, je le cite, pour l’Occident tout entier, la mandataire du génie japonais ". Eh bien ! Son voeu se réalise pleinement aujourd’hui, avec la naissance à Paris de cette Maison de la culture du Japon en France à laquelle je souhaite, Monsieur le Président et cher Ami, longue vie, succès et prospérité.





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