Allocution du Président de la République à l'occasion de l'inauguration de la faculté de médecine Henri WAREMBOURG et de l'hôpital Jeanne de FLANDRE.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de l'inauguration de la faculté de médecine Henri WAREMBOURG et de l'hôpital Jeanne de FLANDRE.

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Lille, Nord, le samedi 7 juin 1997

Monsieur le Premier Ministre, Maire de Lille,

Madame et Monsieur les Ministres,

Monsieur le Président de l'Université,

Monsieur le Doyen,

Monsieur le Président de la Corpo,

Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de pouvoir tenir aujourd'hui la promesse que je vous avais faite, Monsieur le Premier Ministre, il y a un an, de venir pour l'inauguration de la nouvelle faculté de médecine Henri Warembourg et de l'hôpital Jeanne de Flandre. J'ai d'autant plus de plaisir à être parmi vous que je découvre deux réalisations qui allient, c'est vrai, l'élégance de l'architecture à la qualité de la technique.



La nouvelle faculté conçue par Gilles Neveux est sans aucun doute à la hauteur des ambitions de votre ville de Lille, qui compte parmi les plus importants centres universitaires de France pour la médecine. Depuis de nombreuses années, vous l'avez rappelé, Monsieur le Doyen, étudiants, professeurs et chercheurs étaient en droit d'avoir de nouveaux bâtiments car ils étaient à l'étroit dans ceux qui leur étaient alloués avec des effectifs, vous l'avez rappelé, le Maire aussi, trop limités. Et je suis sûr que Madame le Ministre va regarder cette affaire avec beaucoup d'attention.

Grâce à une collaboration fructueuse entre l'architecte et les futurs utilisateurs, entre l'Etat, les élus et la Communauté européenne elle-même, qui a participé au financement de ce projet, vous disposez maintenant d'un cadre véritablement à votre mesure, Monsieur le Doyen.

Un lieu d'études et de recherche est un lieu où l'on doit se sentir bien, vous m'aviez dit cela lors de mon dernier passage, Monsieur le Doyen. Les étudiants de la faculté Henri Warembourg ont aujourd'hui la chance de travailler dans un espace agréable, clair, doté des équipements les plus performants. C'est pour eux naturellement un gage de réussite.

La modernité des locaux traduit en réalité la modernité de l'enseignement médical tel qu'il est conçu à Lille. Vos audaces, Monsieur le Doyen, méritent d'être soulignées.

Grâce au dynamisme et à l'imagination de ses doyens successifs, et notamment, bien sûr du plus éminent d'entre eux, le Professeur Henri Warembourg, Président Fondateur de votre université, homme remarquable s'il en fût, l'établissement que vous dirigez a toujours fait figure de précurseur. En décidant de regrouper sur un même site une faculté de médecine et un hôpital, la ville de Lille a été la première ville de France à concevoir et à mettre en place, avant l'heure, un centre hospitalier et universitaire.

L'organisation de la faculté Henri Warembourg montre que votre ambition novatrice n'a pas du tout faibli. Parce que vous savez que la qualité du système de soins repose avant tout sur la qualité des professionnels de santé, vous vous montrez soucieux d'offrir à vos étudiants une formation de haut niveau, pluridisciplinaire et ouverte aux expériences étrangères, je voudrais, après Monsieur le Doyen, saluer les professeurs éminents venus de l'étranger pour assister à cette inauguration.

Vous avez ainsi regroupé dans ce nouveau bâtiment toutes les disciplines, médicales et paramédicales. Vous avez mis à l'honneur la formation des généralistes, qui ont été trop longtemps les parents pauvres du système universitaire français, et on ne peut que se féliciter du résidanat qui leur est dédié. Vous avez développé une fructueuse collaboration avec plusieurs facultés, universités étrangères. La présence, je le disais à l'instant, de représentants de ces établissements, atteste de la solidité des liens qui ont été noués avec eux.

Une fois encore, la faculté de médecine de Lille fait figure de modèle pour les autres établissements universitaires français soucieux d'offrir aux futurs praticiens une formation de qualité, adaptée aux besoins de notre système de santé.



L'exemple de Lille illustre parfaitement l'évolution de notre système de soins.

Celle-ci tend d'abord vers un objectif de qualité : qualité de la formation, initiale et continue, des praticiens, qualité des équipements, qualité de l'accueil des patients, et en définitive, qualité des soins dispensés aux malades.

Pour atteindre cet objectif, il faut continuer à perfectionner le système de formation des futurs médecins, comme vous avez commencé à le faire ici, notamment, Monsieur le Doyen, sous votre impulsion.

Il faut aussi adapter et moderniser le système hospitalier français. Et dans ce domaine également, les initiatives qui sont lancées à Lille sont reconnues comme étant exemplaires.

Le nouvel hôpital Jeanne de Flandre, établissement de pointe, bien intégré dans le système de formation comme dans le tissu sanitaire local, préfigure en effet le rôle-clé qu'auront à remplir, plus encore que par le passé, les centres hospitaliers et universitaires dans un système de soins rénové.

Leurs missions sont essentielles : former les praticiens. Diffuser le savoir. Développer les nouvelles techniques médicales. Plus largement, les centres hospitaliers et universitaires offrent un appui aux autres établissements. Ils constituent un recours en cas de difficultés. Ils animent dans chaque région le réseau hospitalier et contribuent ainsi à sa qualité et à son efficacité.

L'organisation du nouvel hôpital de la mère et de l'enfant, j'ai pu m'en rendre compte en le visitant, ouvre la voie à suivre pour tous les établissements de santé, qu'il s'agisse de centres hospitaliers universitaires, d'hôpitaux de proximité ou de centres de moyen ou de long séjour.

Vous le savez aussi bien que moi, Monsieur le Doyen, vous qui avez présidé le Haut Conseil de la réforme hospitalière, ce qui fait la qualité d'un hôpital, ce n'est pas seulement la compétence propre des professionnels qui y travaillent, c'est aussi la cohérence du projet d'établissement, la collaboration entre les équipes et l'attention portée à l'accueil des malades et à l'accueil de leurs proches.

L'hôpital Jeanne de Flandre a su prendre en compte ces exigences. Son organisation est adaptée aux besoins des malades et répond à leurs attentes. Regrouper sous un même toit les soins dispensés à la mère et à l'enfant, c'est éviter qu'un prématuré ne soit séparé de sa mère dès sa naissance, situation toujours traumatisante. C'est en effet permettre à la mère et à l'enfant d'être soignés dans les meilleures conditions de confort et aussi de sécurité.

Tel est bien le système de soins que nous devons construire : un système de soins humain et proche des patients. Un système de soins qui tire le meilleur parti des moyens dont nous disposons.

Dans cette perspective, la notion de responsabilité prend tout son sens. La responsabilité, c'est celle des différents acteurs du système de santé : les établissements, les équipes de soins, les caisses de Sécurité sociale, les agences régionales de l'hospitalisation, l'Etat. Chacun, pour pouvoir remplir efficacement son rôle, doit connaître ses objectifs et doit connaître les moyens dont il peut disposer.



Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Doyen,

Mesdames, Messieurs,

Qualité, responsabilité, tels sont, je crois, les maîtres mots de l'adaptation de notre système de soins. De grands progrès ont déjà été faits, et chaque visite que je fait dans un hôpital me le confirme, aujourd'hui, et peut-être plus que jamais. Mais cette entreprise ne sera pas achevée tant que les déséquilibres et les inégalités qui affectent notre système de soins subsisteront.

La santé compte parmi les biens les plus précieux. Il est du devoir de l'Etat de garantir à tous ceux qui résident sur son territoire un égal accès aux soins. C'est un impératif légal et moral, et ce n'est pas facile naturellement à réaliser.

Et, il faut le dire, nous ne sommes pas égaux devant la maladie. Certains facteurs, comme l'âge, ou le mode de vie, sont malheureusement incontournables.

En revanche, il est des inégalités auxquelles on peut et on doit s'efforcer de remédier. Je pense avant tout aux déséquilibres géographiques, qu'évoquait tout à l'heure M. Mauroy. Il n'est pas acceptable, c'est vrai, que la qualité des soins offerts à un patient dépende plus ou moins de la région dans laquelle il vit.

La région Nord-Pas-de-Calais a longtemps, c'est vrai, souffert de ces inégalités. Cette époque est, je l'espère, désormais révolue, comme en témoignent en tous les cas ces deux réalisations et les moyens qui seront mis en oeuvre pour qu'elles fonctionnent du mieux que possible.

J'ai la conviction que l'adaptation de notre système de santé, permettra de mener à bien le rééquilibrage de l'offre de soins pour l'ensemble de notre territoire. Il en va de la qualité de notre système de santé. Il en va, bien sûr, du respect du principe d'égalité.

Monsieur le Doyen, je voudrais vous dire toutes mes félicitations et souhaiter que les résultats pour vos étudiants et pour la recherche soient à la hauteur de vos légitimes ambitions.

Je vous remercie.





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