Allocution du Président de la République à l'occasion de la remise de décoration à M. Pete GOSS.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de la remise de décoration de M. Pete GOSS.

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Palais de l'Elysée, le jeudi 19 juin 1997

Pete Goss, skipper du Vendée Globe.

C’est un marin qui a toujours vécu par et pour la mer

En 1979, à dix-huit ans, il participe à la Fastnet, une course meurtrière au cours de laquelle vingt-cinq voiliers seront naufragés et quinze marins disparaîtront. Pete Goss apporte son aide aux blessés, mais choqué par ce qu’il a vécu, il décide de se consacrer à la sécurité en mer. Il s’enrôle alors dans la Royal Navy et devient instructeur spécialisé pour le sauvetage en mer.

Il participe à plusieurs courses célèbres et remporte plusieurs victoires : première monocoque de la " Three Peaks Rose " en 1984 et de la course en solitaire " Sir Alec Rose Trophy " en 1988. Il se classe deuxième, à deux reprises, dans la Transat anglaise en solitaire et troisième dans le challenge autour du monde en équipage.

Et il décide de réaliser un vieux rêve : disputer le Vendée Globe.

Il donne sa démission de la Royal Navy et se met en quête d’un sponsor. " l’Aqua Quorum ", une société de cosmétiques, accepte de l’aider. Pour financer cette opération, Pete Goss vend sa maison de Torpoint, à quelques kilomètres de Plymouth et avec un budget modeste et insuffisant, il doit se limiter à un petit bateau simple et léger. Et c’est sur cette coque bleu-ciel, qu’il se lance en novembre 1996 dans l’aventure, une grande et belle aventure.

25 décembre : il se trouve à cent cinquante miles devant lorsque Philippe Jeantot, le directeur de la course, lui demande de porter secours à Raphaël Dinelli, en perdition dans l’Océan Indien. Sans aucune hésitation, Pete Goss fait demi-tour. On voit ce que cela doit représenter psychologiquement pour un marin en tête, c’est extraordinaire comme situation. Il remonte contre le vent dans des rafales de 120 km/heure et des vagues de 10 à 12 m en direction de Dinelli, sachant qu’il a peu d’heures finalement pour retrouver son concurrent et réussir son sauvetage. Il parvient à le rejoindre, ce qui est déjà un exploit en soi, et profite d’une légère accalmie pour récupérer le canot de survie où se trouve le skipper français.

Il arrivera aux Sables d’Olonne le 23 mars où il recevra le triomphe que méritent son courage, son intelligence, son esprit de solidarité. Abandonnant non seulement tout espoir de victoire, mais se jetant délibérément dans les plus grands dangers de la tempête et mettant sa vie en jeu pour aller rechercher Raphaël Dinelli et, heureusement, pour le sauver.

Il a donné par cet acte de bravoure, digne d’un très grand marin, un magnifique exemple de générosité, d’entraide, de solidarité, d’humanité. Je dois souligner, d’ailleurs, que d’autres ont participé, comme la marine et l’aviation d’Australie, d’Argentine, du Chili qui se sont mobilisés, eux aussi, tout au long de cette course dramatique où a disparu, je l’évoquais tout à l’heure, Gerry Roufs. Et je voudrais remercier chaleureusement la marine et l’aviation australienne, argentine et chilienne qui sont ici représentées par les Ambassadeurs d’Australie, d’Argentine et du Chili que je voudrais saluer et à qui je demande de bien vouloir indiquer à leurs gouvernements que j’ai tenu à rappeler les efforts considérables qu’ils avaient faits pour nous.

Je voudrais, enfin, saluer en Pete Goss, un skipper, par bien des côtés, unique, sincère, talentueux, déterminé, un homme donc exceptionnel que je suis heureux de décorer maintenant de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.





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