Allocution du Président de la République devant les personnels civils et militaires relevant du ministère de la Défense.

Allocution prononcée par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant les personnels civils et militaires relevant du ministère de la Défense.1

Hôtel de Brienne, Paris, le dimanche 13 juillet 1997

Monsieur le Ministre,

Messieurs les Chefs d’Etat-Major,

Monsieur le Délégué Général pour l’Armement,

Monsieur le Directeur Général de la Gendarmerie nationale,

Messieurs les Officiers Généraux,

Mesdames et Messieurs,

J’ai souhaité rencontrer, ce soir, à la veille de notre Fête nationale, l’ensemble des hommes et des femmes, civils et militaires, qui tous, à quelque corps qu’ils appartiennent, quels que soient leur armée, leur spécialité, leur grade, leur niveau de responsabilité, concourent à la défense de notre pays.

Ce rendez-vous me tient à coeur. Car, s’il est une institution intimement liée à la vie de la nation, à ses transformations, à ses attentes, à ses espoirs, une institution qui en est l’un des symboles les plus forts, le plus intense peut-être, c’est bien l’armée. L’armée qui est l’un des creusets de la citoyenneté et qui garantit à notre pays son indépendance, son intégrité, ses intérêts, son rayonnement et celui de ses idéaux, dans le respect de ses engagements internationaux. L’armée lancée désormais dans un effort de réflexion, d’imagination et de prospective sans précédent, et dont le maître mot doit être, plus que jamais, le mouvement.

Le mouvement, quand l'histoire s’accélère, quand s’estompent les méfiances et les périls d’hier, quand la paix s’enracine chaque jour davantage sur notre continent.

Le mouvement, quand l’Union européenne ne cesse de se renforcer et que s’exprime la volonté des Européens de bâtir une diplomatie et une défense communes.

Le mouvement, quand se dessinent dans le monde et chez nous de nouvelles formes de menace et de nouveaux besoins ; quand les missions désormais dévolues à nos forces armées intègrent, dans une proportion toujours plus importante, le maintien de la paix, l’interposition entre belligérants, la protection de nos ressortissants et de ceux des Etats qui nous le demandent.

C’est à ces nouvelles réalités que nos forces armées doivent s’adapter aujourd’hui. Voilà pourquoi j’ai décidé la rénovation de notre outil de défense. Ici même, il y a un an, j’avais tenu à rencontrer les commandants de formation. Ensemble, nous avions précisé les grandes lignes d’application de cette réforme. Aujourd’hui, les choses sont bien engagées.

La loi de programmation adoptée en juin 1996 par le Parlement en fixe le cadre. Nous allons, avec le Gouvernement, dresser un bilan des objectifs atteints au terme de cette première année d’application et M. le ministre de la Défense vous en communiquera les conclusions. Pour ma part, en tant que chef des Armées, je veillerai à ce que nos forces continuent de disposer des ressources nécessaires tant à leur rénovation qu’au maintien de leurs capacités et de leur entraînement.

Déjà, la professionnalisation de nos armées s’accélère. Avec près de 8 000 postes créés cette année, le recrutement d’engagés a doublé, dans le respect rigoureux et, c’est essentiel, dans les critères de sélection qui doivent être ceux des soldats de métier.

La mise en service de matériels modernes se poursuit. Ainsi, les premières unités équipées du nouveau char Leclerc défileront demain, et pour la première fois, sur les Champs-Élysées.

Le plan de restructurations annoncé, il y a un an, a été mis en oeuvre dans l’ensemble des armées et des établissements de la défense. Les difficultés, inévitables, ont pu être, pour l’essentiel, surmontées.

Bien sûr, il n’est pas facile de voir disparaître, comme vient d’être le cas, 20 régiments, 6 bâtiments de la Marine nationale et une base aérienne. Nous devrons veiller à ce que l’histoire, les traditions, les faits d’armes de ces unités prestigieuses continuent d’inspirer les Français, et particulièrement ceux qui auront fait le choix de servir dans les armées.

Je sais les charges supplémentaires qu’imposent à chacune et à chacun d’entre vous, ainsi qu’à vos familles, les restructurations en cours. L’évolution du commandement et des métiers, la mobilité accrue, le bouleversement du cadre de vie qu’elles entraînent, sont autant de sacrifices consentis, parce qu’essentiels, pour bâtir une sécurité moderne.

Je tiens à saluer le sens de l’intérêt national, le dynamisme et le dévouement des personnels des trois armées, de la gendarmerie, du service de santé et de la délégation générale pour l’armement qui, tous, se sont mobilisés pour assurer le bon démarrage de ce grand chantier.

Parallèlement à cet effort sans précédent, les forces armées françaises ont continué d’assurer leurs missions opérationnelles avec une efficacité reconnue par tous.

Et d’abord par nos concitoyens eux-mêmes, notamment depuis les attentats terroristes qui ont frappé notre pays. Par leur participation au plan Vigipirate, nos soldats ont contribué à rassurer nos compatriotes.

Leur présence dans les principaux lieux publics a été unanimement appréciée.

En Bosnie, d’où le ministre de la Défense revient, en portant le témoignage de la qualité de la présence militaire française dans cette région troublée, en Albanie, plus loin encore, au Liban, sur le continent africain, et partout où l’on a souhaité la présence de la France, sur terre, sur mer et dans les airs, nos soldats ont forcé l’admiration.

A Denver, tous les chefs d’Etat et de Gouvernement participant au Sommet des pays les plus industrialisés m’ont fait part de leur reconnaissance et de celle de leurs ressortissants, évacués de Brazzaville. Tous, je dis bien tous, ont tenu à saluer le haut degré de préparation, l’attitude impeccable, le courage, le sang-froid, l’organisation, bref, le professionnalisme de nos troupes. C’est cela aussi qui façonne l’image de la France dans le monde. Je tenais à vous en exprimer ma gratitude et ma fierté.

Cette efficacité est d’abord le fruit de l’engagement total de nos soldats, de leur travail et de leur dévouement, à l’entraînement et en mission. Je sais, pour l’avoir éprouvé, ce que le métier militaire comporte de risques et d’exigences.

A cet instant, je pense à ceux qui sont tombés au service de la France. En un an, nous avons perdu en opérations dix-sept militaires tandis que près de cent quatre-vingts de vos camarades étaient blessés. Je pense à leurs familles et à leurs proches que nous devons entourer de notre présence.

Demain, c’est la nation tout entière qui va rendre hommage à ses forces armées. Aujourd’hui, j’ai souhaité vous témoigner mon soutien, ma confiance et plus généralement celle de nos compatriotes.

Hommes et femmes, civils et militaires, qui assurez la défense de la France, c’est à vous qu’il revient désormais de préparer l’avenir de notre sécurité. C’est à vous qu’il revient, sur le terrain, de mettre en oeuvre la réforme entreprise, de la mener à son terme.

Cette tâche, je le sais, vous aurez à coeur de vous en acquitter avec ce sens du devoir, cette haute idée de votre mission, cette volonté de servir qui sont depuis toujours l’honneur de nos armées.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie.





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