Conclusion du Président de la République lors de la réunion de travail sur le parrainage des jeunes pour l'emploi.

Conclusion de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de la réunion de travail sur le parrainage des jeunes pour l'emploi.

Imprimer

Meaux, Seine-et-Marne, le jeudi 20 février 1997

Je n'aurai pas la prétention de conclure vos travaux que vous effectuez avec, à la fois, compétence et coeur, qu'il s'agisse des agents de la mission locale, de l'ANPE, des entrepreneurs, des volontaires ou des bénévoles.

Mais je voudrais faire une ou deux réflexions que m'inspire cette réunion. D'abord, on voit une fois de plus que le rôle des associations est dans notre civilisation de plus en plus déterminant et que cela est aujourd'hui quelque chose de reconnu, au point que la relation entre les services publics et les associations, - on n'en a aujourd'hui un témoignage : MM. DAUBECH, PIVOD ont l'air de travailler comme s'ils étaient collègues -, montre bien aujourd'hui que les associations dans tous les domaines et notamment ceux qui concernent les jeunes, leur formation, leur insertion, ont un rôle essentiel.

Je félicite la Mission locale, les services de l'Emploi et l'Association PIVOD de Meaux, celle-ci est exemplaire dans les résultats qu'elle obtient grâce, je le répète, à son coeur et à sa compétence. J'encourage vivement le jeune et dynamique maire de Meaux à faire l'effort d'information qu'évoquait tout à l'heure le Président PIVOD, car je suis tout à fait persuadé qu'un nombre croissant de nos compatriotes, notamment parmi, c'est vrai, ceux qui sont à la retraite, ceux qui sont en général des jeunes retraités, seraient disponibles et seraient disposés à donner quelque chose d'eux-mêmes pour les jeunes ou d'ailleurs pour d'autres causes, mais souvent ne sont pas informés ou ne connaissent pas les choses ou n'ont pas été suffisamment motivés. Et je crois qu'il appartient aux pouvoirs publics, et notamment aux pouvoirs publics locaux, d'inciter, de faire connaître, de créer les conditions qui permettent aux gens de bonne volonté de se mobiliser.

Ma deuxième observation est la constatation que dans la crise, dans la difficulté finalement, les liens qui se créent entre les services, je le voyais tout à l'heure entre la Mission locale et l'ANPE, se sont considérablement renforcés, ce qui est une bonne chose, car chacun comprend bien aujourd'hui que ces problèmes d'emploi ne peuvent être traités que de manière globale et au plus près du terrain.

Alors naturellement nous avons nos traditions administratives, nos structures qu'il faut respecter. Il ne servirait à rien de les bousculer de façon excessive, même s'il faut les faire évoluer, mais il est satisfaisant de constater qu'au niveau local se sont créés des liens entre ces structures qui longtemps s'ignoraient, en règle générale, qui permettent tout de même d'être plus efficace.

Je remarque aussi que les relations entre les services et les entreprises se sont également beaucoup améliorées. Tout à l'heure, c'était Sylvain PIERARD qui disait qu'il avait découvert que les patrons n'étaient pas tous des monstres, qu'il y avait des exceptions. Je dois dire que c'est vrai que les liens de connaissance, d'estime voire de solidarité se sont renforcés entre les patrons, les associations, les services.

Je note que ce sont surtout des patrons de PME. Et une fois de plus je souligne que forcément c'est dans ces entreprises à taille humaine que l'on peut à la fois développer les liens de solidarité, de compréhension permettant de trouver tous les messieurs LIEVIN qui sont capables d'influencer les messieurs BRUNNEL et qui permettent au total de régler toutes sortes de problèmes.

C'est aussi dans ces PME que l'on a le plus chance de trouver les capacités de développement de l'activité qui permettent la création des emplois. Naturellement, je suis sensible à ce qu'a dit tout à l'heure ce patron de PME, à savoir que, encore faut-il qu'il y ait de l'activité économique sinon on ne peut pas prendre des gens pour les faire tourner en rond dans l'entreprise, cela est sûr.

Et dans l'incitation au développement économique, il y a naturellement le problème des charges. Plus on met de charges sur une entreprise, et bien entendu, moins elle est incitée à se développer, à produire et à créer de l'emploi. Il y a donc une recherche permanente d'économie pour éviter les surcroîts de charges si l'on veut que l'emploi puisse se développer.

Je voudrais faire une dernière remarque, M. DAUBECH, que je précéderai d'une question. Vous me paraissez d'une grande efficacité, vous maîtrisez parfaitement vos affaires, est-ce que vous ne seriez pas un peu Corrézien avec votre nom ?

M. DAUBECH - Mais si, Monsieur le Président.

LE PRÉSIDENT - Je me disais bien que vous étiez sympathique, n'est-ce-pas. Vous êtes d'où ?

M. DAUBECH - Mon père est né à Combressol, à côté de Meymac.

LE PRÉSIDENT - J'ai été conseiller général de Combressol pendant vingt-cinq ans.

Je voudrais faire une dernière observation qui va au-delà. La société a longtemps été caractérisée par des liens de solidarité forts entre leurs membres et puis petit à petit avec le développement du modernisme, on a vu l'égoïsme se développer, les sociétés éclater, se fracturer. Aujourd'hui, on constate effectivement avec la crise économique toutes sortes de fractures dans notre société dont la caractéristique est que l'on ne se regarde pas avec suffisamment de sens de nos responsabilités à l'égard des autres.

Nous voyons par ailleurs de plus en plus que la durée de vie augmente, que la retraite a tendance à baisser ce qui ne pourra d'ailleurs pas probablement continuer indéfiniment mais en tous les cas ce qui est certain, c'est que l'on voit qu'il y a aujourd'hui une catégorie de citoyens, de plus en plus nombreux, qui sont des retraités, jeunes, dynamiques, compétents et qui, au fond, ont envie de faire quelque chose pour peu qu'on les sollicite.

Naturellement, on peut comprendre bien sûr ceux qui préfèrent se consacrer totalement à leur jardin. Mais, de plus en plus, une part importante de nos aînés est tout à fait en mesure d'apporter pendant de très longues années une capacité d'impulsion, de modernisation, d'expérience à la société.

Le parrainage que l'on voit ici aujourd'hui, qui commence d'ailleurs à se développer dans notre pays correspond non seulement à une nécessité, non seulement à la possibilité pour des gens pleins de vie et de force et d'intelligence de se consacrer à quelque chose qui au total représente la solidarité. L'homme est solidaire par nature ou devrait l'être et par conséquent, je pense que nous évoluons petit à petit vers une société où les retraités vont, de plus en plus, et on doit les y inciter consacrer une part de leur disponibilité de leur expérience, à faire profiter de leurs connaissances, de leurs compétences les jeunes qui arrivent.

Cela consiste tout simplement à renouer ces liens de solidarité qui pendant le XIXe et le XXe siècles se sont petit à petit dénoués. Peut-être assiste-t-on aujourd'hui à un retour vers une certaine cohésion des sociétés qui est un peu le retour du balancier. Nous sommes arrivés à un point de fracture, d'éclatement, d'insuffisante considération à l'égard de l'autre, d'intolérance ce qui fait que tout naturellement le balancier peut revenir, ceci sous la forme d'un renforcement des solidarités et donc de la cohésion de la société. De ce point de vue l'évolution, je le répète, vers une plus grande participation de nos aînés pour construire notre avenir est certainement un point essentiel et je l'espère de plus en plus caractéristique des années qui viendront.

Alors, je voudrais saluer les parrains tout simplement, remercier l'Association PIVOD et souhaiter qu'elle croisse non seulement ici à Meaux mais partout en France, pour la façon dont sont conduites les affaires de la mission locale ici.





.
dépêches AFPD3 rss bottomD4 | Dernière version de cette page : 2004-07-27 | Ecrire au webmestre | Informations légales et éditoriales | Accessibilité