Discours du Président de la République en l'honneur des organisateurs et des exposants de la 23e FIAC.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, en l'honneur des organisateurs et des exposants de la 23e FIAC.

Imprimer

Paris, le mercredi 2 octobre 1996

Monsieur le Président du Comité d'Organisation de la Foire Internationale d'Art Contemporain,

Monsieur l'Ambassadeur de la République de Corée,

Monsieur le Ministre,

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi tout d'abord de vous dire que je suis heureux de vous recevoir aujourd'hui à l'occasion de cette nouvelle FIAC, et je vous souhaite donc la plus cordiale des bienvenues.

La FIAC c'est une fête.

Chaque automne, les Parisiens, bien sûr, mais aussi les provinciaux et les étrangers de plus en plus nombreux, répondent à ce rendez-vous particulier que leur donne Paris, avec l'émotion anticipée d'un éventuel coup de coeur.

Car la FIAC, c'est un grand forum, un carrefour commercial, une foire comme l'indique son nom, mais c'est surtout une rencontre, toujours la même et chaque fois une autre, entre le public et l'art contemporain.

Que de chemin parcouru depuis 22 ans, à travers les aléas que connaissent toutes les grandes manifestations internationales, à travers, aussi, les vicissitudes du marché !

Aujourd'hui, cette 23ème édition, c'est un événement plus considérable encore que par le passé, ce sont 144 galeries, 78 galeries étrangères, représentant 15 pays. Ce sont plus de 150.000 visiteurs attendus, soit vingt fois plus qu'en 1974, année qui vit la naissance de la FIAC.

Cette réussite, nous la devons aux femmes et aux hommes, qui s'y sont consacrés, Denise RENE, Danielle TALAMONI, Jean-Pierre JOUET, Daniel GERVIS, Daniel LELONG, Henri JOBBE-DUVAL, qui ont tous un nom dans le milieu de l'art contemporain, et qui ont porté l'aventure tout au long de ces années, de ces vingt deux années. Je voudrais les en remercier.

Aujourd'hui, avec Yvon LAMBERT et Marwan HOSS, une nouvelle équipe a repris le flambeau et donne le départ d'une étape nouvelle, avec un enthousiasme communicatif. Mais si les hommes sont différents, la passion reste la même. C'est toujours l'art vivant, l'art en mouvement dans toutes ses émotions et dans toutes ses expressions.

Je sais, car ma femme a eu le privilège d'effectuer hier une première visite, que cette édition 1996 a particulièrement joué la carte des jeunes galeries, et qu'elle s'est voulue encore plus accueillante aux exposants étrangers et je m'en réjouis beaucoup.

Je suis convaincu depuis longtemps que rien n'est plus fécond que le dialogue des cultures. C'est toujours une occasion de découvertes, d'enrichissement, de remise en question. C'est aussi, et ce n'est pas le moins important, une école de tolérance et de respect de l'autre, c'est-à-dire une école d'intelligence. Et je me félicite que la FIAC ait chaque année un pays invité d'honneur, qui offre aux visiteurs un voyage imaginaire.

La Corée, Monsieur l'Ambassadeur, vieille nation, vieille culture s'il en est, qui est à l'origine des civilisations, est l'invitée de cette édition 1996. Je tiens à saluer les éminentes personnalités, au premier rang desquelles, vous-même, Monsieur l'Ambassadeur de la République de Corée, qui accompagnent les artistes et les galeristes de leur pays. C'est, je crois, la première fois que la Corée honore de sa présence un grand salon international. C'est pour la France l'occasion de découvrir la vie culturelle d'une grande nation, d'une vieille civilisation, dont les traditions artistiques, fortes, donnent à l'art contemporain son visage particulier.

J'ai visité un certain nombre de galeries en Corée et j'ai toujours été frappé par la force de la modernité coréenne.





L'art contemporain. Voilà la passion qui vous rassemble et la cause que vous servez, quelles que soient les difficultés, et nous les savon tous nombreuses.

Vous, les artistes, peintres, sculpteurs, qui vivez quotidiennement les exigences, l'ascèse de la création. La notoriété, si elle vient, et si grande soit-elle, ne vous fait jamais oublier ce que furent vos commencements, toujours longs et arides.

Vous, les amateurs, collectionneurs, qui suivez tel ou tel peintre, au fil des années, faisant souvent le pari de la nouveauté, de l'audace, du dérangeant. Vous êtes parfois les amis de l'ombre qui donnent à l'artiste ce qu'il attend le plus : la foi dans son talent.

Vous, les galeristes, qui prenez des risques -ouvrir une galerie, aujourd'hui, c'est une belle aventure mais c'est aussi un vrai risque-. Vous êtes le trait d'union indispensable entre le créateur et son public. Vous créez la rencontre et vous entretenez avec les collectionneurs une relation suivie et féconde.

Je voudrais souligner ce soir votre volonté de veiller à la déontologie et à l'éthique de votre profession. Par votre adhésion à la nouvelle Charte des Foires Internationales de l'Art, avec toutes les mesures de contrôle qu'elle implique, vous permettez désormais aux acheteurs d'acquérir, en toute sérénité, en toute confiance, des oeuvres dont vous garantissez le sérieux et l'authenticité. Je salue la naissance de cette nouvelle Fédération, résultat d'une excellente initiative française.

Tous, vous vous battez pour l'art contemporain et pour faire de la France, et tout particulièrement de Paris, un haut lieu de la création d'aujourd'hui en même temps qu'un marché actif et dynamique.

Nous le savons tous, Londres ou New York ont marqué des points. Je crois que tout doit être fait pour que notre capitale, dont le prestige est grand et intact, redevienne ce qu'elle a été dans le domaine du marché de l'art.

Je sais que le Ministre de la Culture se bat en ce sens, et notamment pour relancer le 1 % construction. Et je l'y encourage.

Je demande au Ministre de la Culture et au Ministre des Finances d'étudier ensemble les mesures fiscales, qui parfois ne sont pas très coûteuses, mais qui sont susceptibles de dynamiser notre marché. Il est urgent, je crois, d'harmoniser, au plan européen, les dispositifs fiscaux. Il n'est pas souhaitable que la France soit pénalisée par rapport aux grandes places actuelles de l'art contemporain.

Les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle. Je souhaite que les initiatives qui pourraient mettre davantage Paris sur le devant de la scène, par exemple une renaissance de la Biennale, soient étudiées par le Gouvernement comme par la Ville.





Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames, Messieurs, en vous recevant avec beaucoup de plaisir ce soir, j'ai voulu témoigner de mon attachement personnel à la FIAC, à laquelle Georges POMPIDOU était très attaché. Une manifestation qui compte tellement pour les artistes, pour le marché de l'art et donc pour le rayonnement culturel de notre pays.

Je souhaite à cette manifestation, enthousiaste et sympathique malgré ses 22 ans, ce qui est une durée dans l'histoire des salons, je lui souhaite un immense succès. Je souhaite qu'elle tienne ses promesses, et qu'elle soit, toujours davantage, ce grand carrefour international de l'art, aussi indispensable à l'épanouissement des talents qu'à la vitalité culturelle de notre pays.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie.





.
dépêches AFPD3 rss bottomD4 | Dernière version de cette page : 2005-01-25 | Ecrire au webmestre | Informations légales et éditoriales | Accessibilité