Allocution du Président de la République à l'occasion du dîner offert par M. Oscar Luigi SCALFARO, Président de l'Italie.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du dîner offert par M. Oscar Luigi SCALFARO, Président de la République Italienne.1

Naples, Italie, le jeudi 3 octobre 1996

Monsieur le Président,

Monsieur le Président du Conseil,

Mesdames, Messieurs,

D'abord, Monsieur le Président, un très grand merci pour votre accueil et pour votre propos plein de sagesse et aussi de détermination et d'une certaine vision de l'avenir que je partage tout à fait.

Merci d'abord pour votre accueil dans ce cadre somptueux, dans une ville qui a fait l'histoire, qui a participé si profondément à l'histoire de l'Europe et d'ailleurs également à l'histoire du monde et dont je suis heureux de saluer, ici, le Maire.

Vous avez évoqué, Monsieur le Président, le besoin de paix et vous avez raison de dire que, lorsqu'au lendemain de la dernière guerre les pères de l'idée européenne ont conçu une certaine vision de la construction de notre continent, ils avaient, d'abord et avant tout, l'idée de créer un ensemble qui serait par définition pacifique.

Aujourd'hui on a un peu oublié cette exigence. Il ne faut pas l'oublier. La paix n'est jamais gagnée. Nous le voyons encore au Moyen-Orient, dans les Balkans, et nous devons tout faire pour organiser notre continent de telle sorte qu'il n'y ait plus de guerre possible. Au bout de quelques décades déjà, ce qui était la caractéristique de l'histoire, c'est-à-dire la guerre, entre la France, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie, l'Autriche, etc, a aujourd'hui disparu. On n'imagine pas qu'une guerre puisse éclater entre nos pays.

Notre mission doit donc être de renforcer cette situation et de l'étendre d'abord à l'ensemble de l'Europe et c'est toute l'ambition de la réforme que nous avons engagée avec la Conférence intergouvernementale qui est le préalable à tout élargissement de l'Europe. Et puis nous devons également être porteurs de développement. La paix c'est important, le développement aussi, si nous voulons conserver un certain modèle social, nos valeurs, nous devons faire en sorte que le développement soit un objectif concret.

Nous traversons une crise. Chacun le sait. Je pense que nous pouvons raisonnablement escompter en sortir. Mais là encore, selon le vieux principe que "l'union fait la force", nous le ferons mieux ensemble sans aucun doute que séparément.

M. Romano PRODI me disait tout à l'heure dans la voiture, en sa qualité d'expert des affaires économiques, quelque chose que je ressens également et que l'on ressent en Allemagne. Il semble aujourd'hui qu'il y ait une évolution vers une reprise de la croissance, je souhaite naturellement que ceci soit confirmé par les faits dans les mois qui viennent.

La paix, le développement... Il y a aussi l'influence de l'Europe à l'extérieur et dans le monde. Vous avez évoqué notre très grand souci à l'égard de ce qui se passe au Moyen-Orient. Il est indispensable de retrouver le chemin de la raison dans cette région du monde et il est probable que l'Europe qui assume là-bas des responsabilités, notamment financières, importantes, puisse apporter sa contribution à la reprise d'un processus de paix qui est inéluctable mais qui est aujourd'hui en danger.

Et puis, il y a les Balkans. J'ai vu aujourd'hui le Président Milosévic et le Président Izétbégovic à Paris pour une négociation conduisant à signer un accord entre la République fédérale de Yougoslavie et la Bosnie herzégovine et nous avons fini par réussir. L'accord a été signé juste avant que je prenne l'avion pour venir vous rencontrer, Monsieur le Président, ce qui prouve qu'en mettant un peu de bonne volonté et beaucoup de détermination on peut faire progresser sérieusement la paix, ici et ailleurs.

L'Europe a vocation à être un des pôles majeurs du monde de demain. Ma conviction c'est qu'elle a vocation à être le pôle majeur du monde de demain. Elle le sera si elle sait trouver la synergie de l'ensemble de ses forces, c'est au fond l'objectif que nous avons les uns et les autres. Dans ce contexte, bien entendu, la France et l'Italie qui ont été à l'origine de la construction européenne qui sont, vous l'avez dit des nations soeurs, ont une responsabilité particulière et d'abord celle de renforcer sans cesse les liens qui les unissent.

Nous avons, je dois le dire, été très impressionnés par la qualité du Sommet de Florence qui intervenait après une période qui n'était pas facile pour l'Italie et qui pourtant a été un Sommet brillamment réussi. Et je souhaite que celui de Dublin ait la même qualité.

Au Sommet de Florence on a vu qu'une concertation étroite entre l'Italie et la France était un élément très positif pour le bon déroulement de négociations indispensables.

Et bien je souhaite qu'à l'occasion de nos travaux, demain, entre nos Ministres, entre Monsieur PRODI et moi, je souhaite que nous puissions marquer un pas supplémentaire dans ce lien fort qui existe entre l'Italie et la France et que nous devons mettre au service de la construction européenne.

Merci, Monsieur le Président, de votre accueil auquel je suis profondément sensible et je vais simplement lever mon verre à votre santé, à celle de la France et de l'Italie et à l'Europe.





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