Allocution du Président de la République à l'occasion du dîner d'État offert par Sa Majesté l'Empereur du Japon.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du dîner d'État offert en son honneur par Sa Majesté l'Empereur du Japon.

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Tokyo, Japon, le lundi 18 novembre 1996

Sire,

Madame,

Au nom de mon épouse, de la délégation qui m'accompagne, en mon nom et au nom des Français qu'à travers moi vous honorez ce soir, je souhaite vous remercier pour la chaleur de votre accueil. Vos paroles de bienvenue nous sont allées droit au coeur. Permettez-moi de vous exprimer, à mon tour, le respect, l'estime et l'amitié de tous les Français.

Ces sentiments, mes compatriotes ont pu les témoigner à Vos Majestés Impériales lorsqu'il y a deux ans, Elles étaient les hôtes de la France. Je Les avais accueillies en cette occasion, à l'Hôtel de Ville de Paris. Cette première visite d'Etat en France des souverains de l'une des plus anciennes nations du monde, ces moments forts, mes compatriotes et moi-même les gardons gravés dans nos coeurs.

Il y a quelques heures, j'évoquais à l'Université Keio, mon admiration pour Votre pays. Une admiration que partagent beaucoup de mes compatriotes et qui va grandissant à mesure que nos deux peuples se découvrent et s'apprécient. Le prestige de l'institution impériale, son aura, ses origines qui remontent aux temps immémoriaux où les dieux régnaient sur l'Archipel, la civilisation millénaire qu'elle incarne, les rites qu'elle perpétue sont l'un des visages de ce Japon qui nous fascine.

A l'occasion de Votre séjour, les Français ont aussi découvert en Vos personnes un autre Japon. Un pays à la fois fier de ses racines, attaché à ses traditions, fidèle à son modèle d'organisation sociale, mais aussi moderne et dynamique. Un pays créatif, à la pointe de l'innovation, ouvert sur le monde. La deuxième puissance économique de la planète, dont l'ascension impressionne d'autant plus qu'elle s'est faite dans la fidélité au passé, dans le respect de l'héritage ancestral.

Une nation dont le caractère et l'âme, la volonté obstinée de rester soi-même, le goût de l'indépendance, rejoignent les nôtres. Une grande nation, démocratique, engagée, comme la nôtre, sur la scène internationale pour le développement et pour la paix

En un mot, une nation en laquelle, par delà nos différences, nos histoires, nos cultures respectives, les valeurs qui nous ont façonnés, la France voit aujourd'hui plus qu'une alliée, une amie. Votre nation, Sire, avec laquelle nous souhaitons partager une communauté de vues et d'action, avec laquelle nous souhaitons construire l'avenir.

Pour cela, il faut nourrir notre dialogue, mieux nous connaître pour mieux nous comprendre et mieux nous apprécier, jeter de nouveaux ponts entre nos peuples. Dans cet esprit, Japonais et Français doivent élargir le champ de leur coopération.

Sachons développer une relation à la mesure du rayonnement de nos cultures, du poids de nos économies, de la qualité de nos savoir-faire. Une relation ouverte, confiante et dynamique. Une relation privilégiée, au bénéfice de nos deux pays mais aussi au bénéfice de l'Asie et de l'Europe.

Le Japon et la France doivent conjuguer leur capital d'influence et contribuer ensemble à l'émergence d'un nouvel ordre mondial qui soit à la fois plus juste et plus sûr. Ensemble, ils doivent traiter les grands problèmes de notre temps.

Déjà, notre concertation est exemplaire. Elle est efficace au service de la paix et du développement. Notre coopération au Cambodge l'a démontré. Elle est efficace au service de la solidarité envers les pays les plus pauvres. Le Sommet du G7 de Lyon l'a prouvé. Mais nous devons et nous pouvons aller plus loin.

Oui, Sire, le Japon et la France peuvent ensemble accomplir de grandes choses. C'est le sens même de ma visite d'Etat dans votre pays.

C'est fort de cette volonté partagée de donner un nouvel élan à notre coopération que je vais maintenant,Sire, avec votre permission, lever mon verre.

Je le lève en l'honneur de Sa Majesté l'Empereur du Japon et en l'honneur de Sa Majesté l'Impératrice. Je vous présente, Madame, mes très respectueux hommages.

Je lève mon verre au Japon éternel. Je bois à la prospérité et au bonheur du grand peuple japonais. Je bois à l'amitié de nos deux pays.





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