Intervention du Président de la République au cours du Sommet de Charm El Cheikh

Intervention de monsieur Jacques CHIRAC, Président de la République au cours du sommet de Charm El Cheikh

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Charm El Cheikh, (Égypte), le mercredi 13 mars 1996


Monsieur le Président de la République Arabe d'Egypte,

Majestés,

Messieurs les Présidents,

Madame et Messieurs les Premiers Ministres,

Messieurs les Ministres,

Je voudrais féliciter ceux qui ont pris l'initiative d'organiser ce sommet. Il vient à son heure et la gravité du défi qui nous est lancé commandait qu'il se tienne dans l'urgence. L'horreur appelait une réaction immédiate. La Communauté Internationale doit condamner le terrorisme sous toutes ses formes et en tous lieux. Elle doit confirmer son soutien à la paix.

C'est d'abord un message d'amitié et de solidarité que je veux adresser au peuple d'Israël après ces terribles épreuves.

Rappelons nous : il y a quatre mois, nous étions rassemblés à Jérusalem pour rendre hommage à Itzhak Rabin, abattu par l'extrémisme.

Saluons le courage des hommes d'Etat qui, depuis lors, et malgré les épreuves les plus cruelles, ont su maintenir le cap.

Quels sont nos objectifs aujourd'hui ?

Le premier est de tout faire pour que de telles tragédies ne puissent pas se reproduire.

La sauvegarde de la sécurité des populations israéliennes et palestiniennes est la priorité. Il faut éradiquer le terrorisme perpétré par une poignée d'éléments fanatiques.

La France se sent aujourd'hui solidaire de la population israélienne, de même qu'elle avait réagi avec la plus grande émotion à la tragédie d'Hébron.

Aujourd'hui il faut agir, avec détermination et sang froid.

Les mesures prises par les autorités israéliennes et par l'autorité palestinienne doivent être mises en oeuvre sans faiblesse, dans le cadre d'une coopération confiante. Nous sommes prêts à apporter à leurs services de sécurité un appui concret et résolu.

Shimon PERES comme Yasser ARAFAT ont fait état de la responsabilité d'éléments extérieurs. Au cas où elle serait prouvée, il faudrait en tirer toutes les conséquences. De même que la Communauté internationale ne peut accepter les déclarations irresponsables qui sont autant d'incitations au meurtre. Le terrorisme doit être condamné par tous les Etats, sans aucune ambiguïté.

Notre second objectif doit être de conforter le processus de paix.

A travers les victimes de ces attentats, c'est la paix elle-même que les fanatiques veulent tuer.

Malgré les immenses progrès réalisés depuis la conférence de Madrid, le processus de paix est vulnérable, il est menacé. Nous devons tout faire pour consolider les acquis et encourager la mise en oeuvre des accords conclus entre Israël, la Jordanie et l'autorité palestinienne, en attendant la reprise des négociations.

Evitons toute mesure qui pourrait être perçue comme un retour en arrière.

Au delà, exprimons notre espoir que les volets israélo-syrien et israélo-libanais puissent connaître des progrès décisifs. Prenons ensemble l'engagement de tout faire pour que 1996 soit l'année de l'achèvement de la paix entre Israël et tous ses voisins.

Prouvons ensemble, par notre soutien à ces hommes d'Etat du Moyen-Oirent qui construisent l'histoire, que le processus de paix est bien irréversible.

La paix passe par le développement économique. Elle ne s'ancrera dans les esprits que si les peuples en perçoivent les dividendes. Il faut que la Communauté internationale accroisse son aide au développement de la région, et d'abord à celui des territoires palestiniens.

L'Union Européenne, en particulier la France, a apporté une contribution majeure à cet effort, notamment lors de la conférence d'aide aux Palestiniens qui vient de se tenir à Paris.

Le versement de cette aide doit être accéléré. Dès dimanche prochain, la France signera son accord d'aide financière pour l'année 1996 avec le Président ARAFAT.

Mais c'est à une plus large mobilisation des principaux pays contributeurs que nous devons travailler. En tant que Président en exercice du G7, dont tous les pays sont représentés autour de cette table, je propose que notre prochain sommet, fin juin à Lyon, soit marqué par un appel particulier dans ce domaine.

En terminant, je voudrais rendre hommage aux "partenaires de la Paix" : à Itzhak RABIN dont je salue la mémoire, au Président Hosni MOUBARAK qui nous accueille aujourd'hui, au Roi HUSSEIN de Jordanie, au Roi HASSAN II du Maroc, à Shimon PERES et au Président ARAFAT. Leur courage, leur détermination et notre appui sans faille rendront possible ce qui était impensable hier encore : la paix au Moyen-Orient.

Je vous remercie.





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