Allocution de M. Jacques CHIRAC président de la République devant la communauté française de Bangkok

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant la communauté française de Bangkok.

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Bangkok ( Thaïlande) le samedi 2 mars 1996.

Mes Chers Compatriotes,

C'est une grande joie pour moi de saisir cette occasion pour vous dire mes sentiments d'estime, naturellement, et aussi d'amitié.

Je voudrais d'abord remercier Monsieur l'Ambassadeur de son accueil, le Ministre des Affaires étrangères de sa présence et dire à toutes celles et à tous ceux qui, civils, militaires, religieux assurent ici la présence de la France. Une présence importante puisque nous sommes les deuxièmes, je crois, après les Anglais à être présents en Thaïlande, et une présence que je voudrais, pour ma part, voir se développer autant que faire se peut.

J'écoutais les autorités thaïlandaises parler, et notamment le Premier ministre et ses principaux ministres, et faisant la part naturellement de la courtoisie, faisant la part de la diplomatie, j'ai été tout de même frappé par les jugements unanimement et semble-t-il sincèrement favorable qui étaient portés par nos hôtes, à l'égard de vous toutes et de vous tous, et de l'ensemble de la communauté française dans ce beau pays.

Alors je voudrais d'abord, vous dire combien je me réjouis de cet état de fait. Je voudrais également exprimé en mon nom et au nom de notre pays ma reconnaissance aux autorités de Thaïlande, qui avaient organisées avec une qualité, un soin, et une intelligence exceptionnelle ce premier Sommet historique, il faut bien le dire, puisqu'il n'y a pas de précédent entre les Européens représentaient par les quinze pays membres de l'Union européenne et les dix grands pays de l'Asie Orientale.

Certains avaient marqué quelque scepticisme à l'égard d'une réunion de cette nature, la réalité est toute autre, et ce Sommet a été un grand succès, je crois qu'il a permis de comprendre le message fort, que le Premier ministre de Singapour et moi-même avions voulu faire passer lorsque nous nous sommes beaucoup investis dans la réalisation de ce projet. A savoir que l'Asie a besoin de l'Europe, et que l'Europe a besoin de l'Asie, et que si pendant un certain temps, nous nous sommes pour bien des raisons, historiques, philosophiques tenus éloignés les uns des autres, si nous nous sommes mal compris parfois, le temps aujourd'hui est venu de renforcer le respect réciproque, l'estime réciproque, l'amitié réciproque.

S'agissant de la France, j'ai bien l'intention d'être un actif militant du renforcement des liens entre une Asie que j'aime depuis longtemps et que j'admire depuis longtemps et la France avec toute la considération qu'on doit lui porter. Notamment pour faire savoir que la France est une très grand puissance, que nous sommes la quatrième puissance économique du Monde, que nous sommes le deuxième exportateur de service, le quatrième exportateur, tout court, le troisième investisseur du monde, l'une des puissance nucléaire de la planète, membre du Conseil de Sécurité, bref que nous avons toutes les raisons d'être ou de vouloir être à la fois grand et généreux. Notamment à l'égard de ce continent fascinant, qui produira probablement dans les vingt-cinq ans qui viennent la moitié des richesses du monde, et qui par conséquent sera et devra être un partenaire essentiel de l'Europe en formation, l'Europe qui va s'élargissant, l'Europe qui bientôt dans dix ans, dans quinze ans avec vingt-huit ou trente Nations-membres, sera l'un des ou le pôle essentiel de la planète.

Nous sommes donc dans des visions qui rejettent un passé récent qui partageait notre planète et l'humanité entre blocs hostiles fondés sur des idéologies différentes. Nous sommes aujourd'hui dans un monde ou progresse l'humanisme, les droits de l'homme, où progresse également le développement et ou notre ambition doit être de renforcer sans cesse tout ce qui permet d'assurer mieux la solidarité entre les différentes nations, notamment à l'égard des plus pauvres, la paix bien entendu, entre tous, par une diplomatie systématiquement préventive, la sécurité par conséquent, et aussi bien sûr le développement.

Dans ce contexte, dans cette grande ambition qui est, et qui doit être la nôtre, il est certain que le renforcement des relations entre l'Europe et l'Asie était une nécessité. Il y a une relation forte entre les deux rives de l'Atlantique, entre l'Amérique du Nord et l'Europe, il y a une relation qui se renforce dans le cadre de ce qu'ils appellent l'APEC entre l'Amérique du Nord et bientôt l'Amérique du Sud et l'Asie. Mais il y avait dans cet ensemble de solidarité humaine et de progrès un maillon faible, qui était la relation entre l'Europe et l'Asie. Nous avons fait aujourd'hui les premiers gestes qui permettent de renforcer ce maillon et ce sera l'ambition et l'honneur de la France, de participer activement à cette action.

S'agissant des relations avec la Thaïlande, j'ai été impressionné par la volonté du gouvernement thaïlandais, exprimé notamment par le Premier ministre, de renforcer aussi ses relations avec nos pays. Relations politiques et culturelles, mais également relations économiques. Et je ne manquerai pas de plaider, comme il le faut, pour les intérêts français, industriels, commerciaux, pour les services, pour leurs développements en Thaïlande et aussi naturellement pour la coopération avec la Thaïlande, et pour faciliter les investissements thaïlandais dans notre pays. Nous sommes dans un système d'échange ou chacun doit naturellement trouver ses intérêts. Mais ce discours qui a été qualifié par les autorités thaïlandaises d'un peu nouveau pour ce qui concerne la France, a été parfaitement perçu et reçu et dans les années qui viennent, j'entends multiplier les relations de cette nature entre nos gouvernements, entre nos industriels, entre nos commerçants, entre nos communautés religieuses, philosophiques, entre l'ensemble de ce qui constitue nos deux peuples. Voilà ce que j'avais souhaité faire à l'occasion de ce voyage, rapide, mais dense, pour ce Sommet qui a été, je le dis parce que je crois que chacun sait que j'aime l'Asie, je l'ai déjà évoqué, qui a été de mon point de vue, un pas important fait dans la bonne direction et qui doit être pour les Françaises et les Français qui ont choisi de vivre, de travailler, d'apporter temporairement ou définitivement leur force et leur intelligence à la Thaïlande, un élément d'espoir et un encouragement.

J'aurai l'occasion demain d'aller saluer sa majesté le roi de Thaïlande, qui a bien voulu m'inviter, dont chacun connaît les sentiments sympathique à l'égard de notre pays, et aussi de notre langue, et tout ceci fait un ensemble au total, je trouve, tout à fait positif. Je me réjouis de vous en livrer la primeur et de vous dire à nouveau toute mon estime pour ce que vous faites, et toute mon amitié pour ce que vous êtes.

Merci.





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