Toast prononcé à l'occasion du dîner offert par M. John MAJOR, Premier ministre de Grande-Bretagne et Mme MAJOR.

Toast prononcé par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, prononcé à l'occasion du dîner offert par M. John MAJOR, Premier ministre de Grande-Bretagne et Mme MAJOR.

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Londres, Royaume -Uni, le mercredi 15 mai 1996

Monsieur le Premier Ministre,

Mon Cher John,

Chère Norma,

Lorsque l'Histoire a réuni nos deux pays, ce fut souvent sur des champs de bataille. Ici comme en France, les vestiges du passé portent l'empreinte de cette rivalité. Sur les vitraux de cette superbe salle, on peut lire, au milieu des armes d'Henri VIII, la fière devise française "Montjoie Saint-Denis". C'était le cri de ralliement des Rois de France partant au combat, souvent contre les Anglais.

Les temps ont heureusement changé. Un grand sentiment de solidarité préside désormais à la coopération entre nos deux pays. Et c'est ce même sentiment que j'éprouve aujourd'hui à me trouver parmi vous, cher John, dans ce palais magnifique, à mi-parcours de ma visite d'Etat en Grande-Bretagne.

Sa Majesté la Reine l'a exprimé avec talent et je la cite : " S'il est vrai que nous ne conduisons pas du même côté de la route, il est tout aussi vrai que nous avançons dans la même direction ".

L'accueil chaleureux que la Grande-Bretagne a bien voulu nous réserver, à mon épouse et à moi-même, témoigne en réalité, de l'amitié forte qui unit maintenant depuis déjà longtemps, nos deux pays.

La gracieuse hospitalité de Sa Majesté la Reine, notre rencontre émouvante pour moi, avec Sa Majesté la Reine-Mère et avec les membres de la Famille Royale ont constitué d'inoubliables instants qui resteront gravés dans nos mémoires.

Au cours de ma visite au Parlement et des entretiens que j'ai pu avoir avec le monde politique britannique, avec vous en particulier, Monsieur le Premier Ministre, j'ai mesuré aussi combien nos vues et nos intérêts convergeaient, combien nous partagions les mêmes ambitions : construire une Europe dynamique et prospère, respectueuse des identités nationales, et bâtir tout simplement un monde meilleur, un monde plus juste et un monde plus tolérant et humain.

De ma rencontre avec le monde des affaires au Guildhall, je retiens le remarquable potentiel d'innovation et de développement dont disposent les entreprises britanniques et françaises, et leurs succès lorsqu'elles travaillent ensemble. Je les ai, pour ma part, vivement encouragées.

Ces conversations et ces contacts ont renforcé chez moi une conviction : la Grande-Bretagne et la France, qui sont deux grandes puissances, qui jouissent chacune d'un prestige, d'un rayonnement international, d'un capital remarquable en talents et en savoir-faire, ces deux grandes nations doivent coopérer encore davantage.

Comme l'a dit Sir Winston Churchill : " L'histoire a tissé entre nos deux peuples des liens indissolubles et inviolables. Nous nous sommes combattus pendant des siècles. Maintenant nous devons nous soutenir l'un l'autre autant que nous pouvons.". Tel est, mon cher John, l'état d'esprit qui m'anime et je sais que nous partageons tous les deux cette même conviction.

Mon cher John, nous nous connaissons depuis de nombreuses années maintenant. Vous m'avez accordé le privilège de votre amitié. Je vous ai donné la mienne. L'affection qui nous lie, nos affinités, cet attachement profond que vous et moi portons à nos cultures, à nos traditions nationales, tout cela confère une dimension particulière à nos relations de travail. J'en éprouve, pour ma part, un grand plaisir : il est agréable de pouvoir collaborer ainsi, dans un esprit de confiance et d'amitié.

Je terminerai simplement, cher John, par un voeu, celui d'abord que nous sortions de cette crise, d'un boeuf dont nous ne devions par parler ce soir, mais vous avez rompu le contrat, alors je suis obligé de souligner aussi, notamment que je m'étonne de ne pas voir sur le menu la moindre trace de filet de boeuf.

Et, pour aller au-delà des préoccupations immédiates, je voudrais simplement en terminant, dire combien je souhaite ardemment que tous les deux nous réussissions à renforcer sérieusement ce qui doit être dans la nature des choses, c'est-à-dire une très solide amitié entre la France et l'Angleterre.





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