Allocution du Président de la République à la résidence de France à Djeddah, Arabie Saoudite.

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à la résidence de France en Arabie Saoudite.1

Djeddah, Arabie Saoudite, le samedi 6 juillet 1996

Mesdames,

Messieurs,

Merci pour votre accueil auquel les Ministres qui m'accompagnent et moi-même sommes particulièrement sensibles. Je voudrais vous exprimer ma gratitude et ma reconnaissance pour l'action qui est la vôtre dans ce pays. Vous me permettrez également de remercier chaleureusement Monsieur l'Ambassadeur et Monsieur le Consul Général et son épouse, qui nous reçoivent dans leur maison.

Je vais vous dire quelques mots, bien entendu, sur le voyage que je fais avec beaucoup de plaisir en Arabie Saoudite. Avant, vous me permettrez de rendre hommage aux récentes victimes du terrorisme et aussi d'avoir un sentiment amical à l'égard des quelques 130 militaires français de la base de Dhahran. Cet acte inqualifiable d'une lâcheté bestiale a conduit, à l'occasion du G7 la France à modifier un peu son ordre du jour et à mettre au premier point de son agenda cette nécessité de renforcer aujourd'hui, entre les grandes nations, la lutte contre le terrorisme et nous le faisons bien sûr en liaison étroite notamment avec le Royaume d'Arabie Saoudite. Et vous aurez pu observer que de ce point de vue l'ensemble de nos pays réunis soit à Lyon, soit au Caire, ont été extrêmement fermes sur leur intention d'utiliser tous les moyens légaux pour lutter solidairement contre le terrorisme.

Je suis venu en Arabie Saoudite un peu plus tard que je ne l'avais prévu, les circonstances l'ont fait ainsi. Je souhaitais me rendre le plus vite possible dans ce grand et beau pays. J'attache donc beaucoup d'importance à ce voyage d'abord parce que c'est une amitié ancienne qui existe entre nos deux pays et ensuite parce qu'elle doit être aujourd'hui probablement un peu revigorée dans un partenariat nouveau et dynamique.

C'est une amitié ancienne et qui s'était notamment forgée à l'occasion de la rencontre entre deux très grands hommes d'Etat qui étaient le Roi Fayçal et le Général de Gaulle et qui avaient compris qu'entre l'Europe et le Golfe, entre la France et l'Arabie Saoudite, il y avait une nécessaire coopération, une nécessaire et naturelle coopération. Cette coopération s'est bien développée puisqu'aujourd'hui l'Arabie Saoudite reste notre premier marché du Moyen-Orient, au sens large du terme, et notre principal fournisseur de pétrole. Nous avons au moment des difficultés, c'est-à-dire de la guerre du Golfe, été, avec plus de 13.000 hommes, présents au côté de l'Arabie Saoudite. Il n'en reste pas moins que cette amitié, cette confiance réciproque, exige aujourd'hui de connaître une nouvelle relance pour se situer au niveau qu'avaient souhaité il y a près de quarante ans les deux chefs d'Etat et c'est un partenariat qui doit être développé.

L'Arabie Saoudite est un grand pays pour lequel nous avons des sentiments de respect et des sentiments d'amitié. Rien ne nous a jamais opposé. L'Arabie Saoudite est un pays qui est incontournable lorsqu'il s'agit des relations politiques dans le Golfe naturellement, au Moyen-Orient, mais au-delà dans les relations que notre pays peut avoir avec l'ensemble des pays islamiques, et donc la France doit renforcer son partenariat sur le plan politique, sur le plan économique, sur le plan culturel avec l'Arabie Saoudite et c'est au fond avec cette idée que je suis venu ici et c'est ce dont dès mon arrivée, je me suis entretenu, d'ailleurs à son initiative, avec Sa Majesté le Roi, Gardien des deux Lieux Saints. Politique, afin de mieux coordonner nos positions, des positions qui sont dans l'ensemble, et notamment pour ce qui concerne les problèmes internationaux de la même nature : vous aurez observé en particulier que s'agissant du problème d'actualité, qui est le processus de Paix au Moyen-Orient, processus auquel comme tous les pays européens, comme tous les pays arabes, comme Israël, nous sommes profondément attachés, nos approches et nos objectifs sont tout à fait identiques.

La France, vous le savez, a eu un rôle important dans l'élaboration des conclusions du Sommet européen de Florence, il y a deux semaines, qui sur ce point a affirmé sa volonté et son souhait de voir se poursuivre le processus de paix conformément aux engagements pris à Oslo, à Taba. De la même façon à l'occasion de la réunion du G7 plus la Russie à Lyon, la France a eu un rôle non négligeable dans les conclusions adoptées par les 8 grands pays industrialisés sur ce même sujet et de façon parfaitement cohérente avec la conclusion de Florence. Vous aurez observé qu'au Caire les pays arabes, rassemblés pour la première fois depuis un certain nombre d'années, ont tiré de la situation des conclusions tout à fait identiques. Il y a donc une convergence et nos échanges diplomatiques nous avaient permis de constater que cette convergence existait notamment entre l'Arabie Saoudite et la France.

Donc, une coopération politique plus forte, plus intense et qui se traduira dorénavant par des contacts notamment ministériels et en particulier entre les Ministres des Affaires Etrangères beaucoup plus réguliers et approfondis que par le passé. Coopération économique, je n'ai pas besoin d'insister beaucoup, mais je constate que les entreprises françaises doivent prendre leur part dans l'expansion du secteur privé saoudien et nous essaierons de faciliter le renforcement de leur implantation ici dans ce pays où elles sont brillamment représentées, c'est vrai, -et un certain nombre d'entre vous en témoignent- mais qui peuvent être néanmoins là-aussi développées et renforcées. Enfin des relations culturelles, on ne bâtit pas grand chose sur les seuls intérêts matériels.

Des relations économiques, des relations politiques sont profondément marquées par l'adhésion des peuples, une adhésion qui nécessite une meilleure compréhension, un plus grand respect de l'autre, de sa culture. C'est pourquoi je souhaite développer les relations culturelles entre nos deux pays et je sais que c'est aussi le sentiment du Roi, ceci grâce à la rénovation de l'Institut du Monde Arabe qui doit retrouver l'objectif qui était le sien au moment de sa conception et de sa création, c'est-à-dire de donner à la France un très grand institut permettant de créer un vrai lien entre le monde arabe et notre pays, et aussi par des échanges bilatéraux dans le domaine culturel et dans le domaine de l'enseignement du français ici dont j'aurai l'occasion de discuter avec les autorités.

Ces relations entre la France et l'Arabie Saoudite sont un élément central de la politique arabe que la France entend développer, de la politique moyen-orientale que la France entend amplifier, plus généralement de sa politique à l'égard des pays musulmans. Cette politique, ou cette ambition, suppose naturellement une volonté qui doit être celle de l'Etat et du Gouvernement.

Mais cela suppose aussi des moyens et ces moyens, se sont naturellement les Françaises et les Français installés dans l'ensemble de ces pays qui en sont le fer de lance. Sans la présence française dans l'ensemble des activités privées ou publiques, civiles ou militaires, de coopération, sans ces Françaises et ces Français toute volonté, qu'elle qu'en soit la vigueur, serait vouée à l'échec, faute de transmission.

C'est pourquoi je tenais en terminant à vous exprimer, je l'ai dit au début de mon propos, toute ma gratitude.

D'abord, parce que je sais ce que vous faites pour la France, et l'image que vous donnez de notre pays, qui est une image, forte, dynamique, sympathique, généreuse, intelligente, cultivée. Je sais aussi, que rien ne sera fait dans le domaine d'un nouveau partenariat permettant de relancer nos relations ici et dans les autres pays, si tout n'est pas fait pour que les Français, les Françaises, installés, travaillant, étudiants, coopérants dans ces pays, n'ont pas le sentiment qu'ils pourront y trouver leur épanouissement, leur intérêt et qu'ils sont de même, en quelque sorte, les éclaireurs de pointe de la France.

Je sais que c'est le cas ici en Arabie Saoudite, je connais parfaitement la qualité de la Communauté française et c'est pourquoi je voudrais en souhaitant à chacune et à chacun d'entre vous, vous adresser des voeux de réussite, je voudrais vous exprimer ma très cordiale, ma très amicale reconnaissance.





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