Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République: Voeux aux Corrèziens.

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République: Voeux aux Corrèziens.

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Tulle , le samedi 13 Janvier 1996

Mes Chers Amis,

D'abord un très grand merci pour votre accueil, auquel je suis très sensible, et le mot est sans aucun doute faible. C'est aujourd'hui, pour moi, une occasion privilégiée, celle de vous présenter mes voeux, tradition républicaine à laquelle on souscrit toujo

urs avec plaisir d'ailleurs, mais qui a parfois un côté un peu conventionnel. Ce n'est pas le cas pour moi, aujoud'hui, ici et avec vous. Je suis heureux, en effet, de commencer cette année à Tulle, chef-lieu de cette Corrèze qui est si chère à mon coeur et avec vous toutes et vous tous.

Je vois parmi vous bien des visages connus et amis, des visages associés, pour moi, à bien des souvenirs.

Vous le savez, la Corrèze, à mes yeux, est bien davantage que le département dont j'ai l'honneur d'avoir été l'élu du printemps de 1967 à celui de 1995. La Corrèze, pour moi, c'est le berceau de tous mes ancêtres, le terreau des valeurs essentielles sans lesquelles je ne serais pas devenu moi-même. C'est aussi le miroir de mes souvenirs, depuis les vacances d'enfant autour du clocher d'un bourg pas bien loin d'ici, jusqu'à l'action que je me suis efforcé de conduire avec vous pour que la Corrèze mette en valeur ses atouts et surmonte ses handicaps et ses difficultés.

Le temps passe, le destin assigne aux êtres un parcours et aussi des devoirs. La France a changé, la Corrèze également. Je suis en charge désormais de l'unité et de la continuité de la Nation. D'une certaine façon ce que fut pour moi la Corrèze s'est élargi aux dimensions de la France.

Les servitudes de ma fonction m'empêchent d'être parmi vous aussi souvent que je le désirerais mais sachez que la Corrèze est toujours présente en moi. Où que je me trouve, la seule évocation du mot Corrèze me remplit de fierté et m'inspire toute une gamme de sentiments dominés par le sentiment de gratitude. Ici, sur ces terres rudes, j'ai découvert le sens des choses et aussi la valeur de l'amitié. Ici, en sillonnant les routes, parfois tortueuses mais toujours belles, de notre département, j'ai compris que les hommes atteignent la grandeur en se surpassant et je pense aux paysans, aux artisans, aux commerçants, aux professions libérales, aux entrepreneurs, aux agents publics qui font face aux difficultés et réussissent à maintenir le tissu économique et la vie sociale.

Ici, je me suis toujours spontanément ressourcé, parmi des Corréziens de toutes vocations et de toutes sensibilités, des Corréziens qui veulent accéder à la modernité sans pour autant renier leurs racines. Entre le plateau de Millevaches et le pays, déjà un peu latin, de Brive, c'est une leçon d'histoire de France que l'on reçoit. Pas l'histoire officielle, bien sûr, mais l'histoire authentique du peuple français qui depuis la nuit des temps trace ses sillons avec deux aspirations également légitimes : le souci de la permanence et le désir de l'innovation. Dans chaque village corrézien, il y a des croix de granit et une église ancienne. Un monde rural, que les agriculteurs d'aujourd'hui pérennisent et assument en le métamorphosant, et Dieu sait que la France a besoin d'eux pour préserver son identité morale, son équilibre géographique et sa puissance économique. Mais dans chaque bourg, autour des bâtiments publics érigés par la République, l'école, la poste, la mairie, j'ai vu éclore aussi, au fil des années, des entreprises industrielle, commerciales ou agricoles modernes, qui intègrent parfaitement les impératifs nouveaux de l'économie. Le sens des réalités est aussi une qualité corrézienne.

En somme, cette terre m'a appris la peine des hommes, leur courage, leur patience, leur dignité, leur indomptable espérance. Si, dans les moments difficiles de ma vie, j'ai toujours trouvé parmi vous le réconfort de la fidélité et aussi de l'affection, j'ai aimé également partager avec vous les moments de joie.

La France traverse une période turbulente de sa longue histoire. Elle a surmonté mille épreuves, elle surmontera celles que l'évolution de la société, et aussi du monde, nous impose. Si j'en doutais un instant, il me suffirait d'invoquer ce qu'est la Corrèze, ce que sont les Corréziens, pour envisager des lendemains plus ensoleillés. Car enfin, ce département enclavé, au climat dur et qui souffrait de retards innombrables, va clôturer le siècle, dans quelques années, désenclavé, sans complexe et avec des atouts sérieux. Votre énergie, votre intelligence, vos initiatives ouvrent de larges perspectives de développement au développement, au progrès et donc au maintien puis, je l'espère, à l'augmentation de la population. Car les Corréziens sont heureux en Corrèze, et ils ont bien raison de l'être : il faut que demain, contrairement à ce que nous voyons aujourd'hui, en particulier pour nos jeunes, tous ceux qui le souhaitent puissent s'épanouir dans leur département. Vivre en Corrèze doit être un libre choix, une possibilité ouverte à tous, et pas un privilège.

Pour autant j'ai cet après-midi, avec vous toutes et vous tous, une pensée affectueuse pour nos compatriotes si nombreux qui ont dû quitter notre terre et qui ont participé avec beaucoup de talent et beaucoup d'énergie à l'épanouissement de tant de villes et de régions françaises, à commencer par notre capitale.

Mes chers Amis,

Vous comprenez, j'en suis sûr, que les voeux que j'exprime, au nom de ma femme et en mon nom, pour vous-mêmes, pour vos familles, pour notre terre, sont l'expression sincère et permettez-moi de la dire émue de notre affection et de notre gratitude.





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