Toast de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du dîner offert par le maire de Chicago.

Toast de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion du dîner offert par le maire de Chicago et Madame Richard M. DALEY

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Chicago - Etats-Unis, vendredi 2 février 1996

Je voudrais, en effet, vous remercier pour vos paroles amicales. Vous remercier pour cet accueil.

Ma femme et moi-même, nous avons été très sensibles.

J'ai souvent visité votre pays, Monsieur le Maire, et toujours avec autant de plaisir. Je l'ai fait comme étudiant, je l'ai fait comme responsable politique. Je retrouve aujourd'hui, à Chicago, une ville magnifique, une ville dont l'histoire, comme à Paris, se lit dans la pierre de ses bâtiments, dans son architecture qui est célèbre à travers le monde entier.

Une ville dont la noblesse, la grandeur sont comme le symbole de cette Amérique qui a fait et qui fait toujours rêver le monde. Et puisque vous-même et votre épouse, Monsieur le Maire, n'avez pas encore eu l'occasion de visiter notre capitale, c'est avec beaucoup de plaisir que je vous invite à venir me voir et je vous recevrais avec beaucoup de plaisir. En venant dans votre ville, Monsieur le Maire, j'ai voulu marquer la force et la richesse du lien qui unit la France et votre grande région du Midwest. J'ai voulu aussi comprendre ce qui fait la grandeur des Etats-Unis.

Où, mieux qu'à Chicago, peut-on sentir battre le pouls de l'Amérique ? Où, mieux qu'ici, peut-on sentir combien les Etats-Unis sont un grand et puissant pays ? Où mieux sentir qu'ils sont le pays de l'entreprise, le pays de l'audace, du courage, le pays de tous les possibles ? Sinon à Chicago, au coeur du Midwest où l'agriculture, les transports, l'industrie ont façonné l'un des plus grands pôles économiques et financiers du monde. J'ai rencontré ici quelques uns de vos très grands chefs d'entreprise, qui sont aussi parmi les principaux investisseurs américains en France. J'ai rencontré aussi les représentants des grands groupes industriels français qui ont choisi Chicago comme porte d'accès au grand marché nord-américain. Tous m'ont fait part de leur volonté, de leur détermination à développer nos relations économiques. Tous m'ont dit l'importance pour leurs activités des échanges entre la France et l'Amérique. Tous m'ont dit combien notre partenariat transatlantique était vital.

Mais au-delà de la vie économique, Monsieur le Maire, notre coopération doit s'étendre aux problèmes de société. Vous savez combien je me suis engagé en France dans le combat contre l'exclusion qui est également ici votre combat. C'est pourquoi, je vous remercie de m'avoir permis d'aller cet après-midi avec vous à la Crane High School. Nous y avons rencontré les animateurs de "Youth Guidance", ainsi que plusieurs étudiants et parents participant à leur programme. Les problèmes sont partout les mêmes. Ici comme à Paris, c'est l'emploi, c'est l'avenir de nos jeunes, leur éducation ; c'est la délinquance, c'est le piège mortel de la drogue. Ici comme chez nous, c'est le désespoir et souvent la violence. Partout aussi, des hommes et des femmes de bonne volonté se mobilisent sur le terrain. De retour à Paris, je compte, Monsieur le Maire, évoquer auprès de l'Association des maires de France, ce que j'ai vu ici. Je leur parlerai aussi de cette grande conférence "Educating Cities" que vous organisez à l'automne.

Sachez, Monsieur le Maire, combien les membres de notre communauté - de la Communauté française à Chicago dont un certain nombre sont présents - vous sont attachés, comme d'ailleurs l'ensemble, que je sais, de vos concitoyens. Tous m'ont parlé de vous en termes élogieux, de votre ville dans les mêmes termes. Une ville qui est pour eux maintenant une seconde patrie, et je vous en remercie, je vous les recommande. Enfin, mon épouse et moi-même avons pu mesurer, pas assez longtemps c'est vrai, la richesse et l'intensité de votre vie culturelle, la chaleur aussi, et l'intimité des liens qui nous unissent dans ce domaine. Ici même dans cette salle superbe de l'Art Institute où, fidèles à la tradition américaine, se mêlent des hommes d'affaires, des hommes de culture, j'ai pu admirer quelques-uns des trésors qui constituent notre patrimoine culturel mondial commun. De même, les ponts jetés entre nos grands centres universitaires, le succès à Chicago de l'Alliance française et des écoles à programmes français, témoignent de la vitalité de nos relations.

Des relations qui ont plus de trois siècles, des relations qui datent de 1673 si l'on remonte au jour où Louis Jolliet et le Père Jacques Marquette abordèrent les rives du lac Michigan. Notre longue histoire partagée, ces siècles d'amitié franco-américaine nous ont vus souvent combattre ensemble. Il y a deux ans, les Français rendaient hommage aux jeunes Américains tombés, si nombreux, en France, il y a 50 ans, pour cette idée qui nous est chère et commune, la liberté. Aujourd'hui encore, vos soldats sont engagés, avec les nôtres, pour ancrer la paix en Bosnie. C'est en pensant à eux, à leur courage, à leur foi dans la démocratie, le progrès et la liberté. C'est en pensant au grand peuple américain, notre allié de toujours, que je lève maintenant mon verre, Monsieur le Maire. Monsieur le Maire, je lève aussi mon verre en votre honneur, en l'honneur de Madame DALEY. Je bois aussi au bonheur et à la prospérité de vos concitoyens, au bonheur et à la prospérité de Chicago dont je n'oublierai pas l'accueil, vous pouvez en être sûrs.

Vive Chicago, Vive les Etats-Unis d'Amérique, Vive la France Vive l'amitié franco-américaine.





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