Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant la communauté française de Singapour

Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de rencontre avec la communauté française de Singapour

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Singapour, jeudi 29 février 1996

Messieurs les Ministres,

Monsieur l'Ambassadeur,

Mesdames, Messieurs,

Mes Chers Compatriotes,

Laissez-moi d'abord vous dire ma joie de vous rencontrer ici et de vous trouver si nombreux. Il y a longtemps que je pense que la France doit avoir des relations plus fortes, plus suivies avec l'Asie en général et que Singapour est une porte d'entrée naturelle, et je suis fier quand je vois l'importance et la qualité de la communauté française ici à Singapour et de constater qu'elle va croissant, comme d'ailleurs le nombre des entreprises françaises dans cette Cité-Etat.

Je voudrais remercier Monsieur l'Ambassadeur et son épouse pour leur accueil et saluer particulièrement nos deux ministres des Affaires étrangères et de l'Industrie qui m'accompagnent dans ce voyage.

J'ai tenu, en effet, à faire mon premier voyage, depuis mon élection, en Asie, à Singapour. D'abord parce que j'ai de très anciennes et très cordiales relations avec Monsieur LEE KUAN YEW, mais aussi parce que la communauté française y est particulièrement présentée active, de façon, je dirais éminente, parce qu'il s'agit aussi de cette porte d'entrée dans le continent asiatique et enfin parce que Singapour et la France avaient unis leurs efforts sur la proposition du Premier ministre GOH en 1994, pour que les liens entre nos deux grands ensembles, européen et asiatique soient matérialisés pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, par un Sommet qui aura lieu demain à Bangkok et qui réunira, d'une part, les quinze pays de l'Union européenne et d'autre part, les dix pays les plus importants de l'Asie Orientale.

J'ai visité ce matin le centre des affaires français, et là aussi j'ai été impressionné. Les Présidents TREMEGE et FLAHAUT avaient bien voulu m'accompagner, quelques industriels français, -j'allais dire de moyennes entreprises, qui en réalité sont devenues grandes, mais ont commençé petites- et quelques responsables de grandes entreprises françaises, et nous avons été très impressionnés par cette structure. La première que la France crée à l'étranger pour aider celles et ceux qui veulent venir travailler à accomplir leurs formalités et à développer leurs contacts.

Je voudrais féliciter ceux qui sont à l'origine de cette initiative. Souhaiter que toutes les entreprises françaises, qui sont au nombre je crois de 400, apportent un soutien dynamique par le biais de leur adhésion aux centres français d'affaires, aux initiatives de celles et de ceux qui en France notamment dans le secteur des petites et moyennes entreprises entendent venir renforcer à Singapour ou dans son environnement, dans l'ASEAN ou au-delà l'action de notre pays.

On voit bien aujourd'hui se développer en Asie, quatre grands ensembles, Japon naturellement, la Chine et l'Inde d'une part, mais aussi l'ASEAN, qui connaît un taux de développement important et qui sera dans l'avenir un partenaire majeur pour les autres grands ensembles du monde, et parmi eux, l'Europe doit être considérée ou doit avoir l'ambition d'être le plus important. Et en Europe, la France doit être dynamique, elle doit être la première.

J'observe que nous avons trop souvent quelques modesties ou complexes, tout à fait injustifiés. La France est aujourd'hui la quatrième puissance économique du monde. La France est le deuxième exportateur de service, de produits agricoles. La France est une puissance financière, la France a des atouts considérables, parfois une réputation qui n'est pas tout à fait exacte. Et je suis toujours frappé lorsque je parle avec le Seignor Minister ou avec le Premier ministre ici, de les entendre, comme d'ailleurs beaucoup d'autres dirigeants asiatiques, accuser la France d'être encore trop protectionniste. Nous devons lutter contre cette fausse idée, qui d'abord est absurde, puisque la France n'est plus seule. Elle est dans un ensemble européen auquel s'applique toutes les règles de l'Union. Donc, on ne peut pas dire que la France soit plus ou moins protectionniste que n'importe quel autre des pays de l'Union, ensuite parce que cette Union est de loin, le marché le plus ouvert, le moins protégé de tous les marchés, qu'ils soient américains ou asiatiques. Enfin parce que pour l'Asie, il ne faut jamais manquer une occasion de dire que l'Union européenne est une richesse équivalente à celle de l'Amérique du Nord toute entière, Etats Unis et Canada, et que l'Europe apporte deux fois plus que l'Amérique du Nord.

Nous devons bien faire comprendre à l'ensemble de nos partenaires que les raisons qui tiennent à l'ancienneté de nos cultures, de nos traditions, de nos civilisations, européennes et asiatiques, des raisons tenant au développement considérable de l'économie de l'Asie, mais aussi à l'importance considérable de l'économie européenne, tout cela auquel s'ajoute, naturellement, la même volonté pour promouvoir une politique de stabilité, de développement et de paix dans le monde, heureusement sortie du bipolarisme, tout cela conduit à vouloir renforcer considérablement les relations entre l'Europe et l'Asie.

Ces relations sont fortes entre l'Europe et l'Amérique du Nord, elles commencent à se renforcer considérablement entre l'Amérique et l'Asie, elles doivent trouver et notamment à l'occasion de ce sommet de Bangkok, premier pas dans cette direction, une force nouvelle et grande entre l'Asie et l'Europe. C'est le troisième côté d'un triangle qui assurera demain, la responsabilité à la fois du développement et de la paix dans l'ensemble du monde.

La France, pour sa part, forte de ses capacités, forte de l'ingéniosité de ses enfants, forte de ses traditions et aussi de sa capacité d'innovation en tous les domaines, des hautes technologies, comme des services. La France entend prendre une part très active dans cette politique et naturellement la part de ceux de ses enfants qui se trouvent déjà en Asie, qui y travaillent, et notamment dans cet endroit privilégié qu'est Singapour est tout à fait essentiel.

Alors je voulais simplement vous exprimer, ici, au nom du gouvernement français, en mon nom personnel, au nom de notre patrie des sentiments d'estime, des sentiments de reconnaissance, des sentiments d'encouragement à votre action en Asie et à Singapour, et vous dire toute ma joie d'avoir pu le faire, -bien qu'il fasse un peu chaud, peut-être-, ici en vous disant très sincèrement un grand merci.





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