Allocution du Président de la République à l'occasion de la réception offerte pour le cinquantième anniversaire de l'UNESCO.

Allocution prononcée par M. Jacques CHIRAC Président de la République à l'occasion de la réception offerte au Palais de l'Elysée pour le cinquantième anniversaire de l'UNESCO.

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Palais de l'Elysée - Paris le mercredi 15 novembre 1995.

Messieurs les Présidents,

Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,

Monsieur le Directeur général et Cher Ami,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite la plus cordiale des bienvenues. Je suis heureux de vous recevoir, vous qui êtes venus nombreux à Paris pour célébrer ce 50e anniversaire de l'UNESCO. Votre présence témoigne de votre confiance et de votre attachement à une organisation prestigieuse du système des Nations unies.

Elle manifeste aussi votre volonté de soutenir cette grande et généreuse idée qu'incarne, depuis un demi-siècle, l'UNESCO. Une institution qui nous tient, à nous Français, particulièrement à coeur. La France est fière d'accueillir le siège d'une organisation internationale qui, en traitant des questions éducatives, scientifiques et culturelles, s'emploie à l'épanouissement de ce qu'il y a de meilleur en l'homme.

Aujourd'hui, plus que jamais, le monde a besoin de l'UNESCO. Plus que jamais, elle doit faire la preuve de son audace, de son imagination, elle doit se montrer fidèle à sa vocation "d'ONU des peuples et des esprits", pour rapprocher les hommes par la culture, la coopération et l'échange du savoir.

Certains, à sa naissance, se sont demandés si l'UNESCO répondait à un idéal ou si elle n'était que l'expression d'une utopie. Aujourd'hui, à la lumière de ses cinquante années d'existence, l'oeuvre accomplie témoigne que l'UNESCO a rempli sa mission.

L'UNESCO ne pouvait, du jour au lendemain, transformer des mentalités et des comportements forgés par des siècles d'indifférence, d'incompréhension, de rivalités. Son rôle était, par un patient et inlassable travail, de contrebalancer les "forces de la guerre", de tisser les liens d'une solidarité authentique, d'une solidarité d'esprits, plus forte que les divisions et les égoïsmes. L'UNESCO n'a pas failli à sa tâche.

Mais, au moment d'entrer dans le prochain siècle, l'UNESCO ne saurait gérer seulement l'acquis, au gré des contraintes financières. Elle doit voir toujours plus loin, explorer l'avenir, poursuivre son "obsession du futur", nous préparer à demain.

Afin de mieux répondre aux espérances qu'elle suscite, l'UNESCO devra concentrer ses efforts, retrouver l'esprit fondateur. Elle devra développer le dialogue des cultures ; promouvoir la défense du patrimoine, la mise en réseau des centres de recherche, de formation et de documentation. Elle devra anticiper les progrès scientifiques et technologiques ; envisager leurs conséquences, humaine et sociale. Il lui appartiendra d'assurer sa mission de réflexion et d'expertise, notamment dans la définition de grands projets d'assistance éducative. Il lui appartiendra de faire reconnaître le droit de tous les peuples et de toutes les cultures à un égal respect et une égale unité.

Ce Cinquantenaire est aussi l'occasion d'une réflexion prospective commune sur l'avenir de notre Organisation.

"Culture, science, progrès, disait le Général de Gaulle, voilà ce qui, au lieu des rêves de conquêtes d'antan, justifie aujourd'hui nos ambitions nationales". Ce progrès, ce rêve de coopération, cette attente nouvelle des nations, ils n'ont pas pour tous la même signification.

Certes, la formule de Paul Valéry annonçant "l'ère du monde fini" se vérifie chaque jour davantage. L'internationalisation de l'économie, la globalisation des échanges, l'abolition de l'espace et du temps par l'avènement de nouvelles technologies, tout cela nous conforte dans cette conviction. Mais derrière l'apparente unité, quelle diversité de besoins et d'urgences !

Le combat pour l'alphabétisation et la formation demeure à l'ordre du jour. De même, l'éducation, l'enseignement au service du développement doivent-ils rester au coeur de notre action. Mais les questions nouvelles auxquelles réfléchit l'UNESCO, comme la protection du génome humain, s'imposent également. Et ceci n'est pas au détriment des progrès nécessaires dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement, dans l'affirmation du respect de l'homme et de la dignité des populations ignorées ou meurtries.

Je souhaite que ce Cinquantenaire nous permette de débattre de nos priorités. J'y reviendrai demain, puisque j'aurai l'honneur de m'adresser à vous. Qu'il soit aussi l'occasion de renouveler notre soutien unanime à l'Organisation. Je souhaite enfin que tous ensemble, ce soir, nous réaffirmions ici notre foi dans l'UNESCO et dans sa capacité à faire progresser la compréhension entre les peuples, les exigences du développement et la nécessité de la paix.





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