Discours de M. Jacques CHIRAC, devant la communauté francaise au Maroc

Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, devant la communauté française au Maroc.

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Résidence de France - Rabat - (Maroc) - Jeudi 20 juillet 1995.


Mes chers compatriotes,

C'est, pour mon épouse et moi-même, une grande joie d'accueillir ce soir, à la Résidence de France, les représentants de la communauté française du Maroc.

Nous sommes réunis ce soir à l'occasion du voyage que J'entreprends en Afrique, et qui me conduira, après Rabat, dans trois autres capitales africaines où je rencontrerai la plupart des chefs d'Etat de cette région qui nous tient tant à cœur.

Si j'ai souhaité commencer ce voyage par le Maroc, c'est en raison du caractère exceptionnel des liens qui l'unissent à la France et aussi parce que, comme vous, je porte un profond sentiment d'affection personnelle à ce pays et à son Souverain. Mon souhait, par ce voyage, est de marquer ma volonté de donner une impulsion nouvelle aux relations franco-marocaines, et de tourner ainsi définitivement la page des mésententes et des malentendus, désormais révolus, qui ont parfois altéré les rapports entre nos deux pays et dont vous avez été les témoins involontaires.

Une grande intimité s'est manifestée tout au long de mon séjour ici depuis hier, en particulier lors de nos conversations avec le Roi du Maroc, ainsi qu'avec les membres de son gouvernement et les représentants de la société civile. Les Marocains ont également marqué leur amitié en se manifestant, nombreux, lors de mes déplacements à Rabat et à Casablanca. A travers la personne du président de la République, c'est à l'ensemble du peuple français, et tout particulièrement à vous qui vivez Ici, que s'adressaient ces marques d'attention et de sympathie.

Les entretiens que j'ai eus avec les responsables politiques marocains m'ont permis de faire un large tour d'horizon des relations bilatérales et de réaffirmer notre volonté de demeurer pleinement présents à leurs côtés pour soutenir leurs efforts sur la voie du développement.

Le Maroc, vous le savez, est le premier bénéficiaire de notre action culturelle dans le monde. J'ai rappelé les grands axes de notre action dans ce domaine, tels qu'ils ont été définis en accord avec le gouvernement marocain. Nous sommes convenus d'organiser, en 1997/1998, une "Année du Maroc" en France, série de grandes manifestations culturelles et technologiques, qui permettra de mieux faire connaître le Maroc, ses traditions, mais aussi sa modernité dans toutes les villes de notre pays.

En matière économique et financière, nous sommes aussi, par un ensemble de dispositifs d'aides, les premiers partenaires du Royaume. J'ai fait part de la détermination de la France à maintenir le niveau de son appui financier au Maroc, et à être présente dans le mouvement de solidarité qui se manifeste en faveur du monde rural, durement frappé par la sécheresse. Nous saurons marquer notre solidarité alors que le peuple du Maroc est dans la peine. J'ai annoncé aux autorités marocaines un effort français exceptionnel à cet effet.

Je voudrais enfin insister sur notre volonté d'aider le Maroc à trouver toute sa place dans les relations extérieures de l'Union, alors que naîtra à l'automne prochain, lors de la Conférence euro-méditerranéenne de Barcelone, que la présidence française de l'Union a préparée avec ardeur, un vaste espace de coopération politique, commerciale, financière et humaine entre la Méditerranée et l'Europe. Je sais combien nombre d'entre vous, dirigeants et salariés d'entreprises françaises installées au Maroc et exportant vers l'Europe, Français qui avez consacré votre vie au développement industriel et agricole de ce pays, êtes concernés par ce sujet.

Mes chers compatriotes, vous représentez Ici les quelques 30 000 Français du Maroc et je voudrais vous remercier d'avoir répondu à mon invitation, en effectuant pour certains le déplacement depuis Agadir, Tanger, Fès, Meknès, Marrakech ou d'autres régions du Royaume. Je tiens à vous faire part de ma gratitude et de celle de l'ensemble de la Nation pour le rôle irremplaçable qui ici est le vôtre. Présents avant même l'indépendance ou depuis les années qui suivirent, -ou effectuant ici une partie de votre carrière professionnelle, vous représentez tous, avec talent, la France.

Vous participez en particulier par votre seule présence, au maintien et au rayonnement de la langue française, partagée avec de si nombreux Marocains. Cette dimension culturelle est essentielle dans nos rapports avec le Maroc. Pour la défense de celle-ci, l'Etat entend faire en sorte que la présence audiovisuelle française au Maroc soit à la hauteur des attentes des habitants de ce pays, Marocains et Français. Ce patrimoine linguistique commun n'est qu'un élément du dialogue des cultures et des religions que nous souhaitons promouvoir avec le Maroc, terre d'accueil et de tolérance. Je tiens pour ma part à rappeler la ferme détermination de la France à demeurer fidèle à ses valeurs d'ouverture et de tolérance, sans distinction de croyances.

La présence française au Maroc se manifeste à travers nos entreprises installées ici dont j'aperçois ce soir de nombreux représentants. J'ai fait part à nos Interlocuteurs de notre ferme détermination à maintenir et même à renforcer la présence de nos investisseurs et entrepreneurs et à rester au premier rang des partenaires économiques du Royaume.

Mes chers compatriotes, vous bénéficiez ici du droit fondamental à la sécurité des personnes et des biens, situation enviable par rapport à certains pays et qui encourage de très nombreux Français à visiter. Cette sécurité dont vous bénéficiez est le fruit de l'amitié que vous porte le peuple marocain et de l'action du Roi du Maroc et de son gouvernement. Qu'ils en soient remerciés.

Le bénéfice de cette garantie fondamentale ne vous empêche pas d'être, avec vos familles, confrontés à certaines difficultés. La scolarisation de vos enfants est, et c'est bien légitime, votre première préoccupation. Vous savez que notre réseau scolaire est particulièrement dense au Maroc et n'a pas vocation à se réduire. Si l'Etat vous demande une plus grande contribution au fonctionnement de ces institutions, il continue à prendre à sa charge, au titre de la solidarité nationale et de l'impératif de scolarisation de tous les enfants français, l'essentiel des coûts. De plus, depuis 2 ans, sous l'impulsion de vos délégués et de vos associations, le ministre des Affaires étrangères a augmenté de près de 50 % le montant des bourses scolaires.

Dans les domaines de l'aide sociale, de la formation professionnelle et de l'emploi, le gouvernement s'efforce d'être à la hauteur de la nécessaire solidarité en faveur de nos compatriotes en difficulté. L'Etat fera son devoir, mais je vous demande, à vous qui formez, au-delà de vos différences, une véritable communauté, de continuer à donner un sens à la solidarité que vos anciens et vous-mêmes avez toujours su pratiquer.

Cet impératif de solidarité constitue l'axe majeur de l'action que j'ai décidé d'entreprendre à la tête de l'Etat et dont J'ai confié la mise en œuvre au gouvernement dirigé par Alain JUPPE. Vous connaissez la situation à laquelle notre pays est confronté, et vous savez combien toutes nos énergies doivent être et sont tendues vers la lutte contre le chômage et l'exclusion. Tel est le sens des dernières mesures prises par le gouvernement, qui se préoccupe également de rétablir les indispensables équilibres budgétaires sans lesquels toute action ne saurait être durable.

Mes chers compatriotes, je me sens, dans ce voyage que j'entreprends en Afrique, et d'abord au Maroc, accompagné par vous, par tous ces Français qui témoignent par leur choix de vie, de la grandeur de la France, de son rayonnement dans le monde et de son attachement à l'Afrique. Votre présence ce soir m'est un précieux soutien car elle me conforte dans la conviction que le peuple français sait, plus qu'aucun autre, susciter l'amitié. Vous et moi partageons une même ambition : rendre aux relations franco-marocaines le caractère d'exception qu'elles méritent. Je vous remercie.

Vive le Maroc,

Vive l'amitié franco-marocaine,

Vive la France.





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