Conférence de presse conjointe de M. Jacques CHIRAC Président de la République et de M. Ferenc MADL Président de la République de Hongrie (Budapest)

Point de presse conjoint de M. Jacques CHIRAC, Président de la République et de M. Ferenc MADL, Président de Hongrie.


Palais de Sandor - Budapest - Hongrie , le lundi 23 février 2004.


LE PRESIDENT MADL – Monsieur le Président, je voudrais remercier la presse d'avoir accepté notre invitation à accompagner cette visite présidentielle. Je salue les représentants de la presse. Je salue toutes les personnalités accompagnant Monsieur le Président de la République.

Les relations entre nos deux pays, depuis quatorze à quinze ans, donc depuis les grands changements qui ont eu lieu en Hongrie, ont connu un développement dynamique. J'ai rappelé pendant notre entretien une citation d'un discours de Monsieur le Président lors de sa visite de 1997, au moment où il a caractérisé nos relations, déjà à l'époque, comme des relations de coopération stratégique.

Sous le signe de cette coopération stratégique, la France a accordé beaucoup de soutien à la Hongrie dans le processus de mise en place de la transformation démocratique de l'économie de marché et de mise en place de l'état de droit.

Nous avons été grandement aidés pour que notre participation s'épanouisse et devienne totale dans la coopération européenne. Monsieur le Président, lui-même, a beaucoup fait. Il a des mérites particuliers dans ce domaine. Je n'ai pas manqué d'exprimer tous nos remerciements à ce sujet.

Naturellement, nous avons passé en revue les questions majeures des relations entre nos deux pays. Malgré la véritable floraison de nos relations économiques, il y a d'autres possibilités pour développer encore davantage notre coopération. Nous avons en Hongrie deux cents sociétés importantes à participation française et la France est le troisième investisseur étranger dans notre pays. Les sociétés à participation française emploient plus de 50 000 personnes. C'est une présence particulièrement importante.

Nous avons indiqué qu'il était possible que les Français participent à d'autres investissements dans notre pays. Nous avons surtout relevé les possibilités d'investissement dans l'infrastructure et, plus concrètement, au sujet de la rénovation de la ligne 2 du métro de Budapest et de la construction d'une nouvelle ligne, la ligne 4 de ce même métro. Nous avons mentionné tout spécialement les possibilités de participation française aux activités du centre de biotechnologies de Szeged.

La coopération culturelle a enregistré des résultats spectaculaires au cours des dernières années. Des centaines de manifestations culturelles ont pu rapprocher notre culture du public français pendant le semestre culturel hongrois, organisé à Paris, pendant la saison Magyart. Et, actuellement, les nombreuses manifestations de Franciart rapprochent encore plus, s'il le fallait, la culture française du public hongrois qui a toujours nourri une très grande sympathie à l'égard de cette culture. L'exposition de "Monet et ses amis" jouit d'un intérêt tout à fait particulier dans notre pays, comme on le sait. Mais nous sommes prêts à prendre d'autres mesures, à faire d'autres pas pour renforcer la place de la culture française dans notre pays. Nous avons parlé notamment de la création en Hongrie, par la contribution des deux pays, d'une université de langue française.

Nous avons échangé plus longuement, et naturellement nous continuerons ces échanges, sur notre coopération future au sein de l'Union européenne. La France, comme la Hongrie sont intéressées, tout en préservant l'identité nationale, l'identité culturelle des deux pays et tout en respectant les intérêts nationaux des deux pays, à mettre en place une Europe forte, une Europe qui marche.

La France, comme nous le savons tous, a joué un rôle majeur pour mettre en place cette intégration européenne et pour présenter au monde ses conceptions sur l'avenir de l'Europe. Monsieur le Président de la République joue un rôle particulièrement important à ce niveau. C'est certainement Monsieur le Président de la République qui en parlera plus en détail. Je lui ai indiqué, en tout cas, que nous attendions impatiemment le discours, l'intervention qu'il fera demain au parlement sur l'avenir de l'Europe. C'est une vision commune qui se prépare.

Merci de votre attention.

LE PRESIDENT –Tout d'abord, je voudrais remercier chaleureusement le Président de m'avoir invité et le peuple hongrois qui est profondément un ami, depuis toujours, du peuple français.

Depuis sept ans, il s'est passé beaucoup de choses. Et, à partir du 1er mai, c'est la main dans la main que la Hongrie et la France entendent emprunter le chemin de l'Europe de demain. Nous avons, les uns à l'égard des autres, Hongrois et Français, des sentiments d'estime, d'amitié et aussi de confiance. Et, c'est sur ces sentiments que nous voulons construire l'avenir de notre coopération pour la construction européenne.

Sur le plan culturel, nos projets se développent et nous en avons d'autres. Le Président les a évoqués.

Sur le plan économique, nos relations sont excellentes et sont susceptibles de se développer à nouveau, parce que la France a confiance dans la Hongrie.

Sur le plan politique, nos relations n'ont jamais été aussi fortes et la Hongrie est certainement le pays de l'Europe centrale avec lequel nous avons le plus de relations politiques. Dans les mois qui viennent, il est prévu la visite du ministre français de l'Intérieur, de la Défense, des Finances et des Collectivités locales pour renforcer encore ces liens entre nos deux pays.

Et notre vision de l'Europe, je dirais, est commune dans ses principes. C'est dans cet esprit que j'ai engagé mes conversations ici avec beaucoup de plaisir et beaucoup de reconnaissance pour l'accueil qui m'est réservé.

QUESTIONJe voudrais poser une question à Monsieur le Président CHIRAC. Quelle est votre appréciation de l'initiative du Premier ministre hongrois sur la constitution d'une liste commune pour les élections, à l'intérieur de la Hongrie, des députés au parlement européen ?

LE PRESIDENT – Permettez-moi de vous dire qu'il s'agit là d'un problème intérieur et que je n'ai pas de jugement à porter sur une proposition faite par le Premier ministre. Ce qui est certain, c'est qu'une certaine cohérence dans les représentations de chaque Etat au Parlement européen va dans le sens du renforcement de l'Europe et du nécessaire dépassement des problèmes intérieurs. Mais cela, c'est vraiment un problème qui concerne la Hongrie et sur lequel je n'ai pas de commentaires à faire.

QUESTIONMessieurs les Présidents, les Français, si l'on en croit les sondages, sont les plus méfiants, les plus réticents en Europe vis-à-vis de l'élargissement qui doit avoir lieu dans deux mois. Qu'est-ce que vous pouvez leur dire aujourd'hui pour justifier cet élargissement ? Au-delà de la réunification du continent, quels sont les avantages que vous pourriez souligner ?

LE PRESIDENT – Je vous dirais que de tout temps, il y a une réalité qu'il ne faut jamais oublier : c'est que l'union fait la force.

QUESTIONMonsieur le Président de la République, Monsieur CHIRAC, il était très agréable pour nous d'entendre que vous imaginez l'action de la France et de la Hongrie au sein de l'Union européenne comme celle de deux pays qui travaillent la main dans la main. Or la semaine dernière, au moment du sommet tripartite, nous avions l'impression que c'était ces trois pays-là qui allaient main dans la main et que les autres pays, les autres pays membres de l'Union européenne avancent à un rythme plus lent. Est-ce que je porte un jugement erroné sur la vitesse du progrès ?

LE PRESIDENT – Je suis très étonné de la réaction qui a été celle de quelques-uns de nos partenaires -pas la Hongrie-, sur une réunion tout à fait naturelle, dans une Europe où ces réunions sont constantes. Le Benelux se réunit, les pays baltiques se réunissent, les pays du groupe du Visegrad, l'Allemagne, la Pologne et la France, le triangle de Weimar... L'objectif ce n'est pas du tout de créer une espèce d'Europe dans l'Europe. L'objectif c'est de faire des propositions qui, ensuite, sont étudiées par tout le monde. Le soir-même de notre réunion, nous avons rendu compte au Président de la Commission et au Président irlandais de l'Union européenne de ce que nous proposions. L'échange des idées est toujours positif, nécessaire, et vous comprenez bien qu'on échange plus facilement à deux ou trois, ou à trois ou quatre.

LE PRESIDENT MADL – Je peux vous répondre pour ma part que je suis convaincu que l'une des tâches importantes qui incombent à l'Europe c'est de renforcer le principe d'une même voix, d'une seule voix et cela, au sujet des questions de politique étrangère et de défense également.

En ce qui concerne la structure de l'Union européenne, les questions de défense, les questions de politique étrangère et de sécurité, vu cette structure en piliers, sont traitées pour le moment et le seront encore pour une certaine période par le truchement des relations inter-étatiques. Et donc elles ne feront pas tout de suite partie des questions communautaires, c'est mon avis.

Faire évoluer ces politiques par le système du vote à la majorité qualifiée demande beaucoup de réflexion.

QUESTIONPensez-vous que la Hongrie puisse accompagner la France dans la politique de mise en place d'une politique commune de la défense européenne ? Comment la Hongrie peut-elle faire entendre sa voix dans ce cadre, sans endommager les relations transatlantiques, pour éviter les couacs de 2003 ?

LE PRESIDENT – Il est indispensable qu'il y ait une politique de défense européenne et nous avons récemment, vous le savez, franchi un pas décisif dans ce domaine. C'est nécessaire parce que l'Europe doit avoir les moyens d'intervenir si elle estime qu'elle doit le faire. Et naturellement, c'est en complète cohérence avec nos engagements vis-à-vis de l'OTAN et en complète cohérence avec la solidarité atlantique

Une Europe plus forte c'est un OTAN plus fort et nous pensons que, compte tenu de notre confiance complète dans la Hongrie et dans le rôle qu'elle doit avoir dans l'Europe de demain, nous pensons que la Hongrie doit être fidèle à ses engagements, un membre actif de la défense européenne. Merci beaucoup.





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