Point de presse du Président de la République et du Chancelier d'Allemagne à l'issue du dîner informel à Hanovre.

Point de presse de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, et de M. Gerhard SCHROEDER, Chancelier de la République fédérale d'Allemagne, à l'issue du dîner informel.

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Hanovre, Allemagne, le samedi 7 septembre 2002

M. SCHROËDER - Mesdames, Messieurs, je voudrais vous dire que j'ai été ravi d'accueillir à mon domicile Jacques CHIRAC, ici à Hanovre. Nous avons eu le plaisir de partager un dîner qu'il m'a dit avoir apprécié. Nous avons également consacré tout ce temps à examiner les questions qui nous intéressent directement et qui s'articulent autour de deux grands dossiers, d'une part les questions européennes et d'autre part la politique internationale.

En ce qui concerne les questions européennes, la France et l'Allemagne sont résolument et demeurent résolument favorables et à l'élargissement et à l'approfondissement de la construction européenne. Les décisions qui ont été dégagées à Schwerin ont été confirmées ce soir. Nous avons pris acte avec satisfaction des progrès accomplis par les groupes de travail qui ont été mis en place et qui ont travaillé sur trois questions.

Nous sommes premièrement tout à fait convaincus que nous saurons dégager un accord et une position commune avant les Conseils européens de Bruxelles et de Copenhague en ce qui concerne la politique agricole commune. Je crois que la France a bien compris que la charge financière qui pèse sur l'Allemagne devait être réduite tout comme nous avons compris que la France ne pouvait accepter que l'on modifie la situation avant l'échéance de 2006, comme cela avait été convenu à Berlin.

Le deuxième point de notre accord porte sur l'élaboration d'une position commune en ce qui concerne les travaux de la Convention européenne.

Troisièmement, nous avons pris acte des progrès dans les domaines de la politique étrangère et de sécurité commune. Mais nous pensons que, malgré les progrès déjà enregistrés, il faut insuffler encore davantage de dynamique dans cette approche, en particulier développer la coopération dans le domaine de l'armement.

Quatrièmement, nous avons réitéré notre accord sur la nécessité d'élaborer une déclaration positive forte en vue de la commémoration du 40e anniversaire du Traité de l'Élysée. Cette commémoration débutera comme il se doit à Paris, puisque c'est le lieu qui accueillera le prochain sommet franco-allemand en janvier. Mais, après les manifestations qui auront lieu à Paris, il y aura des manifestations comparables à Berlin dont l'objet est de montrer à quel point nos deux pays, nos deux peuples sont tout à fait désireux de voir se poursuivre et prospérer la qualité des relations entre la France et l'Allemagne, de voir étayer et se développer ce que le Traité de l'Élysée a mis en route il y a quarante ans. Sur ce point, nous sommes naturellement totalement d'accord et il est convenu que les deux ministres des Affaires étrangères, qui sont chargés de l'élaboration de cette déclaration, se mettront au travail dès le lendemain des élections en Allemagne pour organiser l'ensemble de ces manifestations et élaborer cette déclaration commune.

En ce qui concerne la politique internationale, naturellement, l'un de nos principaux sujet de discussion a été l'Iraq. Et sur les quatre points que je vais énumérer maintenant, nous avons constaté un accord. Premièrement, nous sommes clairement et résolument opposés à toute action unilatérale. Deuxièmement, nous considérons que les inspecteurs de l'ONU doivent pouvoir retourner en Iraq de façon inconditionnelle. Troisièmement, nous sommes d'accord pour dire que les Nations Unies ont un rôle très important à jouer à l'égard de l'Iraq. Quatrièmement, nous sommes d'accord pour dire qu'il ne fallait pas changer les objectifs qui avaient été définis. Or ces objectifs sont et demeurent le retour des inspecteurs de l'ONU en Iraq sans que ceux-ci soient imposés par des moyens militaires. Il faut réfléchir à d'autres moyens. Enfin, nous sommes également convenus qu'il était nécessaire d'associer l'ensemble des forces présentes dans cette région à ce processus et de ne rien faire qui puisse porter atteinte à la coalition internationale de lutte contre le terrorisme.

Enfin, j'ai expliqué au Président que l'Allemagne ne participerait pas à une intervention militaire en Iraq et je lui en ai expliqué les raisons.

LE PRÉSIDENT - Je voudrais d'abord remercier le Chancelier pour son accueil chez lui, particulièrement agréable. Cela a été pour nous un moment de détente.

Mais c'est aussi un moment important puisque c'est un moment qui rythme aujourd'hui les relations entre nos deux pays et qui nous permet mois après mois de régler ce qui peut apparaître comme des problèmes entre nous et qui ne résistent jamais très longtemps à un débat entre le Chancelier et moi-même ou entre les ministres des Affaires étrangères. Encore faut-il naturellement que ce débat puisse avoir lieu, ce qui est le cas grâce à ces procédures qui nous permettent ce soir de nous retrouver ici.

Je tenais à dire au Chancelier, et à travers lui à l'ensemble du peuple allemand, la très, très grande émotion qui a été celle du peuple français lors des inondations dont l'Allemagne a été victime et dont les Allemands ont été victimes.

L'émotion des peuples est un bon baromètre des relations qui existent entre eux. Je me souviens de la fraternité allemande qui s'était exprimée au moment des tempêtes dont la France avait été victime à la fin de 1999, au moment des ravages que le naufrage de l'Erika avaient causés chez nous, et nous avions été très sensibles à cette réaction de l'opinion publique allemande qui était à la fois forte, spontanée et cordiale. Eh bien, j'ai ressenti exactement le même sentiment en France, de consternation et de solidarité à l'égard du peuple allemand victime de ces épouvantables inondations. J'ai tenu à le dire de tout coeur au Chancelier.

Sur nos discussions, je serai très bref puisque le Chancelier a dit très exactement la situation. Notre détermination d'aller la main dans la main aux sommets de Bruxelles et de Copenhague. Notre volonté de relancer, à l'occasion du 40e anniversaire du Traité de l'Élysée, par une déclaration politique donnant une nouvelle impulsion à notre relation, la dynamique germano-française. Sur ces points, nous n'avons pas eu de difficultés, de problèmes.

Sur les problèmes internationaux, essentiellement sur le débat qui a lieu actuellement sur la situation en Iraq, j'ai peu de chose à ajouter à ce qu'a dit le Chancelier. La France considère que toute solution unilatérale est à proscrire. Je considère que l'Iraq doit accepter, conformément à la demande du Secrétaire général de l'ONU et du Conseil de sécurité, le retour sans conditions des inspecteurs. Elle considère que seul le Conseil de sécurité est habilité à prendre une décision sur les conséquences de la position que prendront les autorités iraquiennes. Et, en tant que membre du Conseil de sécurité, la France, naturellement, attendra le débat pour indiquer sa position finale. Il y a là une position européenne assez cohérente.

M. SCHROËDER - Avez-vous des questions ?

QUESTION - Monsieur le Président, est-ce que vous pouvez comprendre la position allemande exprimée d'ores et déjà sur une éventuelle participation de l'Allemagne à une intervention en Iraq ?

LE PRÉSIDENT - Naturellement que je peux comprendre la position de l'Allemagne dans ce domaine. Je vous ai dit quelle était la position de la France. Nous sommes contre toute espèce d'action unilatérale.

Merci beaucoup.





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