Conférence de presse conjointe du Président de la République, du Président du Gouvenement du Royaume d'Espagne et du Premier ministre à l'issue du XIIIe Sommet franco-espagnol.

Conférence de presse conjointe de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, de M. Jose Maria AZNAR, Président du Gouvenement du Royaume d'Espagne, et de M. Lionel JOSPIN, Premier ministre, à l'issue du XIIIe Sommet franco-espagnol.

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Santander, Espagne, le mardi 23 mai 2000

M. AZNAR - Bonsoir à tous. Merci beaucoup de votre présence. Le 13e sommet hispano-français étant clôturé, j'aimerais en faire une brève présentation, sachant que les thèmes évoqués ont déjà été portés à votre connaissance. Je voudrais dire que ce sommet a permis de constater l'état réellement excellent des relations entre l'Espagne et la France. Je crois que l'intensité de la relation, la confiance de cette relation et son développement, font que nous nous trouvons, comme on a pu le constater en octobre dernier avec la visite du Président de la République en Espagne, à un moment exceptionnel de la relation hispano-française.

Dans tous les domaines qui ont été abordés au cours des différentes réunions bilatérales, que ce soit dans le domaine du ministère des Affaires étrangères, ou dans celui des ministères de l'Intérieur, de la Défense, du Développement des infrastructures ou des Travaux publics, ainsi que de la Science et de la Technologie, il a été démontré et constaté que cette relation était réellement excellente.

Par conséquent, du point de vue bilatéral, notre désir n'est pas seulement de conserver ces relations mais de les intensifier dans la mesure du possible. Sur ce point, avant que vous ne me posiez des questions - ce que vous ne manquerez pas de faire, j'en suis sûr - je voudrais tout particulièrement faire référence à la coopération française en matière de lutte anti-terroriste.

Il s'agit d'une relation et d'une coopération qui ont fonctionné à merveille. Nous pouvons même parler d'une coopération exemplaire. Sur la base de cette coopération exemplaire, nous souhaitons encore progresser qualitativement, et les ministres de l'Intérieur espagnol et français, ainsi que les Gouvernements espagnol et français, de même que le Président de la République, sont prêts à engager une étape nouvelle dans la lutte anti-terroriste, dans laquelle nous utiliserons avec encore plus de détermination, plus de vigueur, toutes les possibilités de coopération qui existent entre l'Espagne et la France afin d'arriver non seulement à obtenir un recul du terrorisme, mais encore à nous rapprocher de l'éradication du terrorisme. Cette volonté a été manifestée très clairement au cours de cette réunion et je me plais à le souligner devant vous.

Par conséquent, tout en insistant et en me réjouissant du rôle décisif de la coopération française, je voudrais faire une référence spéciale à cette nouvelle ambition en matière de lutte anti-terroriste.

Le thème suivant que je voudrais aborder touche aux questions relatives à la politique européenne. L'Espagne et la France partagent un diagnostic, une vision et une ambition très proches à propos de ce que doit être l'avenir de l'Europe. Il y a entre nous beaucoup plus de points communs que de divergences, et nous sommes très conscients - je veux dire que l'Espagne est très consciente - que ce moment européen est un moment de prise de décisions, c'est un moment où non seulement il ne faut pas s'arrêter, mais avancer dans le processus d'intégration de l'Europe, dans la perspective de l'élargissement de l'Europe et avec la volonté que des pays comme l'Espagne et la France, évidemment, aient une responsabilité particulière d'être également des moteurs et des acteurs de la construction européenne.

De ce point de vue, une fois la présidence portugaise terminée avec succès, la France présidera l'Union européenne. L'Espagne souhaite, et va, contribuer au succès de la présidence française en agissant selon deux axes spécifiques. Le premier se réfère aux objectifs définis par la France pour sa présidence, objectifs que nous partageons : qu'il s'agisse, d'une part, de la croissance et de l'emploi, ou de la politique de rapprochement des citoyens, notamment en ce qui concerne le troisième Pilier de l'Union européenne, ou bien des questions relatives à la sécurité.

Le second axe sur lequel je voudrais mettre l'accent est, naturellement, celui de la Conférence intergouvernementale, à propos de laquelle nous avons constaté que l'identité de vues entre l'Espagne et la France est particulièrement forte, ce qui ne veut pas dire, bien entendu, qu'au moment où débutera la Présidence française, nous ne devrons plus parler de questions qui doivent permettre de renforcer notre relation et notre coopération.

Je ne veux pas m'étendre davantage, mais simplement exprimer ma satisfaction. Je suppose que ces paroles ne surprendront pas une grande partie d'entre vous, au vu de ce que la relation hispano-française a été ces derniers temps, ces dernières années et plus particulièrement ces derniers mois.

Je tiens à remercier les membres du Gouvernement français qui ont participé à cette réunion, le Premier ministre JOSPIN, pour la relation de confiance qui s'est établie entre les deux gouvernements, et le Président de la République, Jacques CHIRAC, pour la relation continue qui permet, facilite et nous sert à renforcer, avec toujours plus d'intensité, notre relation et nos objectifs communs sur le plan européen.

LE PRÉSIDENT - Je voudrais d'abord remercier le Président du Gouvernement espagnol, José Maria AZNAR, et aussi d'ailleurs la ville et la région de Santander pour leur accueil, en soulignant que jamais les rapports entre l'Espagne et la France, comme l'a évoqué tout à l'heure le Premier ministre, n'ont été aussi chaleureux et aussi confiants, je dirais peut-être dans l'histoire dans nos relations. Je l'avais bien ressenti comme cela lors de ma visite d'État, ici, en octobre dernier.

Naturellement, j'ai tenu à féliciter le Premier ministre AZNAR, et son équipe, pour ses succès politiques, je pense aux dernières élections, et pour ses succès économiques, je pense à la situation brillante, actuellement, de l'Espagne dans ce domaine.

Cette Espagne qui réussit, qui réussit à l'intérieur, qui réussit en Europe, qui réussit sur la scène internationale, est pour la France depuis déjà quelques années un partenaire majeur. Elle l'est de plus en plus.

Nous avons réglé tous nos contentieux. Nous en avions d'anciens, la pêche, l'agriculture. Nos relations économiques n'ont jamais été aussi bonnes, puisque la France est aujourd'hui le premier client, le deuxième fournisseur, le deuxième investisseur de l'Espagne.

Notre coopération policière et judiciaire contre le terrorisme est exemplaire et ne cesse de se renforcer, comme l'ont montré encore tout à l'heure les réunions entre les deux ministres de l'Intérieur. Et l'Espagne peut être assurée de notre soutien dans ce domaine.

Nous évoquons maintenant, sans crispation ni difficulté, les problèmes des liaisons et des transports, avec la ferme volonté de trouver des solutions à ces problèmes, dans le respect des exigences de l'environnement et de celles de la sécurité, mais dans un dialogue tout à fait franc et positif.

Nous avons naturellement, je n'insisterai pas beaucoup puisque José Maria AZNAR l'a évoqué, parlé de l'Europe, à la fin de la présidence portugaise qui a été une excellente présidence, comme l'a montré le Conseil de Lisbonne, puis comme le montrera sans aucun doute le Conseil de Feira.

Et nous avons évoqué naturellement la présidence française. Nous avons fait un tour d'horizon qui nous a conduit à constater notre parfaite intelligence, notre parfaite harmonie pour ce qui concerne la vision de l'Europe de demain, la nécessité de prendre, sous présidence française, les mesures nécessaires pour éviter que l'Europe ne soit dans l'incapacité de prendre les initiatives nécessaires, notamment après l'élargissement. La France et l'Espagne font partie des États membres décidés à aller de l'avant dans la poursuite de la construction européenne, à refuser tout risque de paralysie. Il est clair que nous n'accepterons pas un accord minimal qui ne permettrait pas à l'Union de fonctionner efficacement après son élargissement.

Dans le domaine de l'Europe de la défense, je n'ai pas besoin d'être long puisque nous avons la même approche et les mêmes objectifs, notamment pour ce qui concerne le renforcement des structures des forces européennes ou la coopération en matière d'armement.

Bref, nous nous sommes bien préparés à agir dans le même sens, Espagnols et Français, lors du Conseil européen de Feira, au Portugal, naturellement, mais aussi pendant la présidence française. Je m'en réjouis et j'en remercie le Premier ministre et le Gouvernement espagnol.

LE PREMIER MINISTRE - Je m'associe naturellement aux remerciements que le Président de la République a adressés à José Maria AZNAR et au Gouvernement espagnol qui nous reçoivent. Notre relation bilatérale est exceptionnellement bonne et, en outre, nous sentons que notre approche des questions européennes qui sont devant nous et qui le seront à l'occasion de la présidence française sont finalement proches. Les rapports de nos ministres, qui sont des points d'étape dans les travaux conduits de façon régulière au plan bilatéral entre nos deux pays, ont montré, aussi bien sur les problèmes de transport, les problèmes d'éducation ou les problèmes de coopération scientifique que sur les problèmes de sécurité, à quel point cette relation bilatérale est excellente.

Dans ce cadre, j'ai pu réaffirmer au Président du Gouvernement espagnol notre totale solidarité et coopération dans la lutte contre le terrorisme. Les deux ministres de l'Intérieur veillent naturellement, de façon constante, et nous sommes prêts à examiner comment, dans la période qui vient, nous pouvons accentuer, concrétiser, rendre plus efficace notre coopération dans ce domaine au plan policier, comme au plan judiciaire bien sûr.

Nous avons abordé également avec le Président du Gouvernement les questions liées aux liaisons transpyrénéennes. Là aussi, nos deux ministres de l'Équipement et des Transports nous ont montré que, des deux côtés des Pyrénées, il y avait une volonté d'avancer dans les projets ferroviaires comme dans les projets routiers avec, c'est vrai, du côté français deux préoccupations que nous avons rappelées qui sont celles de la sécurité, après le terrible drame qui a touché le tunnel du Mont-Blanc, et les questions aussi d'environnement auxquelles les populations locales sont extrêmement sensibles.

J'ai été très heureux de constater que le Président du Gouvernement espagnol était tout à fait favorable à la volonté de créer une dynamique du succès pour la Conférence intergouvernementale. De ce point de vue, même si nous reconnaissons l'intérêt et l'utilité d'une réflexion à long terme sur le devenir de l'Europe, nous avons une approche pragmatique. Nous pensons que le concept de coopération renforcée peut nous permettre de faire le lien entre le court terme, les problèmes de la conférence intergouvernementale et le problème du long terme. Au titre des coopérations renforcées, l'euro-11 est certainement un bon exemple de ce qu'il serait souhaitable de faire. La France souhaite donner plus de lisibilité, de visibilité à la conduite politique de la zone euro, parce que c'est sans doute une des façons d'affirmer la force de l'euro.

Je crois que ces préoccupations sont partagées par le Gouvernement espagnol.

L'Europe a la chance d'entrer, maintenant, dans une phase de croissance. Je pense de croissance durable. Nous devons viser à l'entretenir par nos politiques nationales, et par nos coopérations au plan européen. Et si nous sommes capables de garder cette dynamique de croissance, cela nous mettra mieux en mesure de régler les problèmes auxquels l'Europe est confrontée, que ce soient ceux de son organisation ou que ce soient ceux de l'élargissement.

Voilà l'essentiel, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Président du Gouvernement, de ce que je voulais ajouter pour compléter vos interventions.

QUESTION - Y aura-t-il du retard par rapport à l'objectif affiché de 2004 en ce qui concerne le TGV Madrid-Barcelone-Perpignan ?

M. AZNAR - Je voudrais dire qu'il existe une réelle volonté, de la part des Gouvernements espagnol et français, de respecter raisonnablement le délai de 2004 et, par conséquent, de travailler sur cet objectif. J'espère et je souhaite que moins il y aura de reports dans le temps, mieux ce sera. Mais il existe, et c'est ce qui a été établi entre les deux ministres, le souhait que nos travaux et nos objectifs soient ciblés exactement sur l'année 2004.

LE PREMIER MINISTRE - Je voudrais, Mesdames, Messieurs, confirmer qu'en ce qui concerne la ligne TVG marchandises et voyageurs, du côté français, nous ne pensons pas avoir de retard au calendrier envisagé. La procédure suit, en effet, son cours normalement, d'ici juin 2001 la déclaration d'utilité publique, d'ici la fin 2001 un appel à candidature pour la réalisation du tunnel et de la liaison ferroviaire. Et les deux ministres de l'Équipement et des Transports sont convenus de demander à la Commission intergouvernementale de fournir une évaluation de la date de mise en service effective, dont nous ne souhaitons pas qu'elle soit retardée par rapport à la perspective de 2004, mais c'est à la Commission de nous donner à cet égard les éléments plus précis.

QUESTION - Monsieur le Président, quel est votre jugement sur la situation actuelle de l'euro ?

LE PRÉSIDENT - Sur l'euro, je parlerai plus volontiers du relèvement, pour des raisons évidentes dues à la croissance aux États-Unis, du dollar. Je répète ce que j'ai eu l'occasion de dire, ce qu'ont dit les responsables français, pour ce qui nous concerne, c'est que l'euro conserve des marges d'appréciation extrêmement importantes, que nous avons totalement confiance dans cette monnaie qui est fondée, aujourd'hui, sur des caractéristiques économiques, en Europe en général, en France en particulier, positives. Et que, par conséquent, et tout à l'heure le Premier ministre l'évoquait à juste titre, il y a lieu non seulement d'exprimer sa confiance, mais probablement de le faire de façon coordonnée au sein de l'euro-11. Parce qu'effectivement, il y a là une structure qui doit émettre les signaux de confiance justifiés dans ce domaine.

QUESTION - Je voudrais demander au Président AZNAR s'il pourrait nous informer de certains points sur lesquels va progresser la coopération anti-terroriste, face à la nouvelle situation créée à la suite de la rupture de la trêve de l'ETA.

M. AZNAR - En ce qui concerne ce que vous venez d'évoquer, je me contenterai de constater une fois de plus ce que j'ai déjà dit antérieurement et de ratifier ce qu'ont dit tant le Premier ministre, Lionel JOSPIN, que le Président CHIRAC à propos de ce que signifie un plus grand renforcement de l'excellente coopération entre l'Espagne et la France, tant dans le domaine de la sécurité que dans le domaine judiciaire. À partir de là, vous comprendrez que je ne puisse pas vous donner plus de détails pour deux raisons : la première, parce que je ne le veux pas, la seconde, parce que je ne le dois pas. Ceci est naturellement du ressort des ministres, et je suis convaincu de ce qu'en pleine confiance, ils pourront convenir et décider conformément à l'esprit qui a prévalu cet après-midi.

QUESTION - Monsieur le Président de la République et Monsieur le Premier ministre, je voudrais savoir si l'on peut s'attendre à un rôle-clé de la France au Liban, aujourd'hui, alors qu'il y a de très grandes difficultés dans le Liban-sud. Est-ce que, par exemple, la France est prête à jouer un rôle moteur dans une force des Nations Unies au sud-Liban ?

LE PRÉSIDENT - Tout ce qui va dans le sens de la paix au Moyen-Orient a l'appui des autorités françaises. Cela va de soi. Aujourd'hui, nous observons le retrait annoncé par les Israéliens de leurs forces dans le Liban-sud. Notre préoccupation, c'est que ce retrait puisse se faire de la façon la plus calme possible, en évitant toute provocation. C'est naturellement au Conseil de sécurité de décider des initiatives qui doivent être prises, tant pour ce qui concerne les frontières - où sont-elles exactement ? - que pour ce qui concerne la gestion de la force de l'ONU que l'on appelle la FINUL. Et, bien entendu, nous sommes en contact permanent avec le Secrétaire général des Nations Unies dans ces différents domaines.

Nous avons mis toute notre intervention pour engager chacun au calme et à la sérénité. Nous souhaitons vivement que la Syrie, qui est un pays avec lequel nous avons de très bonnes relations et qui ne doit en aucun cas être isolé, comprenne que son intérêt n'est naturellement pas de s'associer aux opérations de sécurité à l'égard de la frontière d'Israël, mais de ne rien faire qui puisse, à un titre ou à un autre, être interprété comme, je dirais, un peu une provocation, qu'il s'agisse des actions des milices résistantes, qu'il s'agisse des camps palestiniens qui sont actuellement au Liban, qu'il s'agisse de la capacité pour le Gouvernement libanais de prendre les mesures de déploiement des moyens nécessaires, civils et militaires, pour la gestion des territoires libérés.

Pour tout cela, il faut être raisonnable. Il faut que le Liban puisse prendre des engagements de la même nature, et notamment celui de gérer convenablement sa frontière et son territoire, son territoire acquis aujourd'hui après le retrait israélien. Il faut qu'Israël, bien entendu, respecte au pied de la lettre les exigences liées à la résolution 425. C'est essentiel. Pour ce qui concerne la nature du retrait sur terre, sur mer et dans les airs, pour ce qui concerne la frontière elle-même, tout ceci doit être constaté par le Secrétaire général de l'ONU et le secrétariat général.

Dans les prochaines heures ou jours, le Secrétaire général, ou son représentant, iront certainement sur place pour s'assurer de la part des trois gouvernements correspondants que ces conditions peuvent être remplies. Si elles le sont, le Secrétaire général proposera un aménagement de la FINUL. Il proposera d'abord de maintenir la FINUL, dont vous savez que théoriquement elle termine son mandat le 1er juillet, et il proposera probablement un aménagement de la FINUL. Et j'imagine que parmi les pays auxquels il s'adressera, il y aura la France. Eh bien nous verrons. Nous n'avons pas encore pris de décision. Nous ne pouvons pas prendre de décision avant que l'on nous fasse des propositions. Et la seule instance qui peut faire des propositions, c'est le Secrétaire général des Nations Unies. Donc nous attendons.

Il va de soi que si les conditions que je viens de rappeler tout à l'heure sont remplies, si la FINUL, par conséquent, doit avoir une mission classique et traditionnelle des opérations de l'ONU, alors la France examinera de façon très ouverte et très compréhensive les demandes qui lui seront faites. Voilà où nous en sommes.

LE PREMIER MINISTRE - La situation sera également favorable pour les autorités françaises puisqu'il y a des Français dans les deux équipes.

QUESTION - Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre français, à quelques semaines de la présidence française de l'Union européenne, le ministre de l'Intérieur, M. CHEVÈNEMENT, a fait des déclarations sur l'Allemagne qui ont peut-être été mal comprises mais qui ont choqué certains et la Présidente du Parlement européen, Mme FONTAINE, a jugé qu'il portait atteinte à la crédibilité de la politique européenne de la France.

Monsieur le Premier ministre, est-ce que vous désavouez ces propos, comme vous le demande Mme FONTAINE, et, Monsieur le Président, que vous inspirent les déclarations de M. CHEVÈNEMENT ?

LE PREMIER MINISTRE - Cela n'a pas été un objet du sommet franco-espagnol, mais puisque cela se situe dans un cadre européen, je vais réagir brièvement. Pour dire que le ministre de l'Intérieur a expliqué sa déclaration à l'intention des médias français, comme à l'intention des médias allemands, qu'il a regretté une phrase qui avait pu être mal comprise. Je me suis réjoui, sans m'en étonner, de constater que les autorités allemandes et les médias allemands avaient réagi avec beaucoup de calme, car ils n'ont aucun doute sur la qualité de la relation franco-allemande, en particulier après Rambouillet, sur l'importance cardinale de cette relation parmi les relations bilatérales que nous nouons dans l'Union européenne. Et, ici, aussi, cette relation est vivante. Et, dans ces conditions, je pense que nous devrions nous inspirer des Allemands et ne pas en faire une question franco-française.

LE PRÉSIDENT - S'agissant des derniers jours, vous me permettrez de ne retenir, en ce qui concerne les relations franco-allemandes, que le caractère particulièrement chaleureux et confiant de notre rencontre de Rambouillet.

QUESTION - En vue de la présidence française, quelles sont les convergences et les divergences entre l'Espagne et la France à propos de l'élargissement de l'Union ?

LE PRÉSIDENT - C'est peut-être plus au Premier ministre espagnol de répondre. Il n'y a pas de divergences : nous avons la même position concernant l'élargissement.

M. AZNAR - Comme je l'ai dit auparavant à propos des objectifs, de la vision et de la volonté à l'égard de ce moment européen, la position de l'Espagne et de la France et une position que l'on peut qualifier de commune. On peut toujours parler, et nous parlerons dans le futur, naturellement, de quelles peuvent être les méthodes ou les questions concrètes, mais la vision globale de la situation et de l'orientation qu'il faut donner à l'Europe est une vision commune très large entre l'Espagne et la France.

QUESTION - Une question pour le Président AZNAR au sujet de la coopération dans la lutte contre l'ETA. Si ce problème est si pressant pour le Gouvernement espagnol, pourquoi a-t-il attendu quatre ans pour désigner un magistrat de liaison avec les Français, alors que cela était prévu dans un accord signé en 1996 ?

M. AZNAR - Ce qui est important, c'est le début de cette nouvelle étape que nous avons déjà signalée. Le nouveau Gouvernement espagnol est entré en fonctions il y a très peu de temps et, à l'occasion de ce 13e sommet franco-espagnol, s'est mise en place cette coopération dans le domaine auquel vous faites référence qui est le moment, je dirais, opportun au plan judiciaire par rapport à la période dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

J'affirme de nouveau une chose : la coopération est excellente et ce qu'il faut, sur ces bases de coopération excellente, c'est ouvrir cette nouvelle étape à propos de laquelle nous sommes d'accord pour l'améliorer encore plus. Elle est excellente dans tous les domaines et je suis convaincu qu'elle va produire de plus en plus de meilleurs fruits dans l'avenir.

QUESTION - Monsieur le Président, quelle est votre analyse des rapprochements que l'on observe entre mouvements indépendantistes basques des deux côtés de la frontière ? Est-ce que la collaboration entre les forces basques et d'autres milieux indépendantistes en France, je pense aux vols d'explosifs, va vous faire prendre conscience de l'importance du terrorisme espagnol et du fait qu'il concerne aussi la France ? Et allez-vous renforcer la coopération, au besoin en modifiant les législations en vigueur ?

LE PRÉSIDENT - Ces problèmes ont été longuement évoqués ce matin par les ministres de l'Intérieur dans l'esprit le plus positif, le Premier ministre l'a rappelé à l'instant. Je n'ai pas grand chose à dire de plus. Nous observons naturellement la situation, l'évolution des groupes et leurs relations. Toutes ces choses sont suivies attentivement par le Gouvernement et par le ministre de l'Intérieur. Pour ce qui concerne le terrorisme, notre coopération est totale. Nous n'avons pas le sentiment qu'il y a un terrorisme espagnol. Nous savons très bien que le terrorisme c'est le terrorisme, et nous nous mobilisons contre le terrorisme de façon aussi efficace que possible, en liaison évidemment extrêmement étroite avec les Espagnols comme il l'a été dit tout à l'heure.

Quant à la collaboration, elle peut, c'est vrai, rendre nécessaire des harmonisations de législation. Le Gouvernement espagnol vient d'ailleurs de nous faire un certain nombre de demandes dont certaines portent justement sur les problèmes juridiques. Les ministres en ont parlé ce matin pour essayer de voir comment on peut harmoniser au mieux les choses afin d'être plus efficace. Tout ce que je peux dire, et le Premier ministre français l'a dit tout à l'heure avec toute l'autorité nécessaire, c'est que notre coopération est totale, sans réserve, et continuera à l'être en étant, je l'espère, de plus en plus efficace.

M. AZNAR - Merci beaucoup, Monsieur le Premier ministre, merci beaucoup Monsieur le Président.





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