Communiqué du G8 (Okinawa - Japon).

(Traduit de l'anglais)

COMMUNIQUÉ DU G8

Okinawa - Japon , juillet 2000

PRÉAMBULE

1. Nous, Chefs d'État et de Gouvernement des huit grandes démocraties industrialisées et Président de la Commission européenne, nous sommes réunis à Okinawa pour notre XXVIè Sommet en cette année placée sous le signe du nouveau millénaire. Nous avons réfléchi aux problèmes rencontrés et aux progrès accomplis dans le monde entier sur la voie de la paix et de la prospérité depuis notre premier Sommet à Rambouillet et nous avons discuté du rôle que nous envisageons pour le G8 au XXIè siècle.

2. Au cours des vingt-cinq dernières années du XXè siècle, l'économie mondiale a connu une prospérité sans précédent, la guerre froide a pris fin et la mondialisation a fait émerger un sentiment partagé d'appartenance à la communauté mondiale. Ces évolutions ont été rendues possibles par la diffusion dans le monde entier des valeurs et des principes fondamentaux qu'ont toujours défendus les participants au Sommet : démocratie, économie de marché, progrès social, développement durable et respect des droits de l'homme. Cependant, nous sommes profondément conscients qu'aujourd'hui encore, dans de nombreuses régions du monde, la pauvreté et l'injustice portent atteinte à la dignité humaine et que les conflits sont source de souffrances.

3. En cette période de transition avec le siècle nouveau, nous continuerons à faire preuve d'initiative et de responsabilité pour traiter ces problèmes persistants et faire face résolument aux nouveaux défis au fur et à mesure qu'ils se posent. Nous devons attaquer à la racine les causes des conflits et de la pauvreté. Nous devons saisir sans hésiter les chances qu'offrent les nouvelles technologies dans des domaines tels que les technologies de l'information et les sciences de la vie. Nous devons reconnaître les inquiétudes que soulève la mondialisation, tout en conservant l'esprit d'innovation qui permettra d'en tirer le plus grand profit possible au bénéfice de tous. Dans tous nos efforts, nous devons nous appuyer sur nos valeurs et principes fondamentaux pour jeter les bases d'un monde meilleur au XXIè siècle.

4. Alors que la mondialisation s'accélère et que les problèmes qui se posent sont toujours plus complexes, le G8 doit faire preuve d'esprit d'ouverture. Nous devons instaurer un nouveau partenariat avec les pays n'appartenant pas au G8, et plus particulièrement avec les pays en développement, les organisations internationales et la société civile, notamment le secteur privé et les organisations non gouvernementales. Ce nouveau partenariat mettra à la portée de tous les chances qu'offre le siècle qui s'ouvre.

5. Nous espérons que les discussions que nous avons tenues à Okinawa contribueront de manière positive au Sommet du millénaire de l'ONU dont nous attendons qu'il exprime, dans l'esprit du rapport du Secrétaire général " Nous, les peuples ", une vision qui guidera les Nations Unies dans leur action pour relever les défis du XXIè siècle. Nous continuerons d'oeuvrer pour une ONU plus forte et plus efficace, et nous demeurons convaincus que les réformes des Nations Unies, et notamment du Conseil de Sécurité, sont indispensables.

6. Une nouvelle ère commence. Progressons ensemble avec espoir vers un XXIè siècle plus prospère, plus serein et plus stable.

VERS UN XXIè SIÈCLE PLUS PROSPÈRE

Économie mondiale

7. Le XXè siècle a connu un progrès économique sans précédent. Pourtant, les crises économiques et financières des dernières années ont soulevé des difficultés considérables pour l'économie mondiale. Avec un grand nombre de nos partenaires de par le monde, nous avons consacré tous nos efforts à alléger les effets néfastes de la crise, à stimuler la reprise économique et à identifier les moyens de prévenir les bouleversements futurs, notamment par des mesures de renforcement de l'architecture financière internationale. L'économie mondiale connaîtra cette année une forte croissance et nous jugeons particulièrement encourageant le rythme de la reprise dans les pays les plus touchés par la crise.

8. Si l'ampleur de la reprise varie en Asie, le commerce est en pleine expansion et certains pays ont même retrouvé une croissance dynamique. Les efforts en matière de réforme doivent maintenant être consacrés à maintenir l'élan dans la réforme du secteur financier et des entreprises, à améliorer la gestion des affaires publiques et le gouvernement d'entreprise, ainsi que la transparence, et à renforcer les filets de protection sociale afin de garantir une croissance durable et forte et d'éviter toute instabilité future.

9. En dépit de l'évolution positive récente de l'économie mondiale, nous reconnaissons que l'heure n'est pas à l'autosatisfaction car la mondialisation s'accélère et la diffusion rapide des technologies de l'information et de la communication entraîne des bouleversements structurels radicaux de nos économies. Il existe des manifestations encourageantes de cette nouvelle réalité comme l'amélioration de la productivité aux États-Unis et, dans une moindre mesure, dans d'autres pays du G8. Pour tirer le meilleur parti des chances qui nous sont offertes, nous devons réaffirmer notre attachement inébranlable aux réformes structurelles dans nos économies, notamment par une concurrence accrue et des marchés de l'emploi plus réactifs, conjugués à des politiques macro-économiques appropriées.

Technologies de l'information et de la communication

10. Les technologies de l'information nous donnent de nouveaux moyens d'action, relient les hommes et les femmes dans le monde entier, permettent aux citoyens du monde de s'exprimer, de se connaître et de se respecter. Elles font naître des perspectives immenses pour le développement des économies, l'amélioration du bien-être public, le renforcement de la cohésion sociale et, par conséquent, l'épanouissement de la démocratie. L'accès aux possibilités ouvertes par l'ère numérique doit donc être offert à tous.

11. Nous reconnaissons que le processus de mondialisation et le rythme rapide des progrès des technologies de l'information suscitent des préoccupations diverses. Nous devons répondre à ces préoccupations pour contribuer à rassurer les esprits. En agissant de concert, nous optimiserons les bénéfices des technologies de l'information et nous ferons en sorte que ces technologies soient diffusées auprès des personnes qui y ont actuellement un accès limité. À cet égard, nous accueillons favorablement les contributions du secteur privé, notamment l'initiative relative au fossé numérique mondial du Forum économique mondial et le Dialogue mondial des affaires sur le commerce électronique.

12. Dans ce but, nous avons pris l'engagement de poursuivre les objectifs et les ambitions énoncés dans la Charte d'Okinawa sur la société mondiale de l'information. Nous créerons un groupe d'experts du G8 sur l'accès aux nouvelles technologies (GEANT), qui sera chargé de nous présenter lors de notre prochaine réunion ses conclusions et ses recommandations sur les moyens de remédier à la fracture mondiale dans le domaine de l'information et de la connaissance.

Développement

13. Le XXIè siècle doit être celui de la prospérité pour tous : nous nous engageons à respecter les objectifs internationaux agréés en matière de développement, notamment l'objectif primordial de faire baisser de moitié entre 1990 et 2015 la proportion de la population mondiale vivant dans une pauvreté extrême. Nous nous félicitons du rapport sur la lutte contre la pauvreté présenté par les banques multilatérales de développement et le Fonds monétaire international, que nous avions demandé à Cologne. Chaque année, nous dresserons un bilan des progrès accomplis en matière de lutte contre la pauvreté dans le monde et nous comptons recevoir un rapport annuel sur ce sujet. Le rapport que nous avons reçu montre qu'il est possible de progresser lorsque sont instaurées les conditions propices à la croissance et au développement social. Cependant, il nous rappelle que des problèmes considérables subsistent. Le pourcentage des pauvres dans les pays en développement a reculé de 29 % à 24 % entre 1990 et 1998, mais il reste 1,2 milliard de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour, avec de fortes disparités tant à l'intérieur des régions qu'entre les régions. En particulier, de nombreux pays en développement, notamment en Afrique, connaissent une croissance trop lente. La pandémie du VIH/SIDA aggrave la situation.

14. Comme l'indique le rapport, de nombreux pays ont réalisé des progrès significatifs pour surmonter la pauvreté au cours des vingt-cinq dernières années, et leur exemple est source d'espoir pour les autres. Nous en avons tiré la leçon que la pauvreté est plus facile à combattre dans les sociétés pacifiques, démocratiques et capables de s'adapter aux changements, où chacun bénéficie de la liberté et des possibilités offertes, dotées d'une économie ouverte et en expansion, ainsi que d'un secteur privé dynamique, de dirigeants et d'institutions solides et responsables.

15. Une croissance économique solide, générale, équitable, et reposant sur l'amélioration des compétences humaines et l'ouverture de l'éventail des possibilités offertes à chacun, est nécessaire pour lutter contre la pauvreté. Le secteur public doit, en coopération avec le secteur privé et la société civile au sens large, jeter les fondements économiques et sociaux permettant une croissance générale du secteur privé. Parallèlement aux possibilités qu'offrent les technologies de l'information, les petites et moyennes entreprises peuvent être des moteurs puissants du développement. Nous travaillerons avec les pays en développement pour mettre en place des politiques, des programmes et des institutions pouvant offrir à chacun de plus grandes chances de vivre mieux. C'est pourquoi nous nous félicitons des discussions constructives qui ont eu lieu dans le cadre de la Xè CNUCED à Bangkok et nous travaillerons à l'ONU et dans d'autres enceintes à réduire la pauvreté, en particulier dans les pays les moins avancés.

16. Nous nous félicitons du développement de la coopération entre l'OIT et les institutions financières internationales afin de promouvoir une protection sociale et des normes fondamentales du travail appropriées. Nous demandons aux institutions financières internationales d'intégrer l'amélioration de ces normes dans leur dialogue avec les pays membres. Par ailleurs, nous soulignons l'importance d'une coopération réelle entre l'OMC et l'OIT en ce qui concerne la dimension sociale de la mondialisation et de la libéralisation des échanges commerciaux.

17. Le commerce et l'investissement sont essentiels à une croissance économique durable et à la réduction de la pauvreté. Nous nous engageons à accorder une importance plus grande aux activités liées à la constitution de capacités commerciales. Nous sommes préoccupés par le fait que certaines régions demeurent marginalisées par rapport à l'investissement étranger direct et que les 48 pays les moins avancés attirent moins d'un pour cent de l'ensemble des flux d'investissement étranger direct à destination des pays en développement. Nous demandons instamment aux organisations multilatérales de développement et aux institutions financières de soutenir les efforts déployés par les pays en développement pour créer un climat propice au commerce et à l'investissement, notamment par les Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP) et le Cadre intégré.

18. Nous sommes particulièrement préoccupés par la gravité des problèmes auxquels sont confrontés les pays les moins avancés, particulièrement en Afrique. Les conflits, la pauvreté et les lacunes de la gestion des affaires publiques sont autant de facteurs aggravants qui se cumulent, les empêchant de bénéficier de la mondialisation.

19. Nous avons pris l'engagement de mobiliser les instruments et les ressources de la communauté internationale pour soutenir et renforcer les efforts de ces pays afin de lutter contre ces fléaux et d'y remédier. La priorité doit être accordée à une répartition équitable des bénéfices de la croissance par des politiques sociales, notamment en ce qui concerne la santé et l'éducation. À cette fin, comme indiqué ci-après, nous sommes convenus :

- de faire progresser l'initiative sur la dette des pays pauvres très endettés (PPTE)

- d'améliorer de manière significative l'accès à nos marchés

- de renforcer l'efficacité de notre aide publique au développement (APD)

- de mettre en oeuvre un plan ambitieux sur les maladies infectieuses, notamment le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose

- d'assurer, avec détermination, le suivi des conclusions de la récente Conférence de Dakar sur l'éducation en veillant à ce que des ressources supplémentaires soient fournies pour l'éducation de base

- de nous attaquer à l'élargissement du fossé numérique

- de mettre en oeuvre des mesures de prévention des conflits, notamment en traitant le problème du trafic illicite de diamants.

20. L'aide publique au développement (APD) est essentielle dans la lutte contre la pauvreté. Nous nous engageons à renforcer l'efficacité de notre APD à l'appui des mesures prises par les pays eux-mêmes pour s'attaquer à la pauvreté, notamment par des stratégies nationales de réduction de la pauvreté. Nous adopterons une approche à long terme au profit des pays dont les pouvoirs publics auront fait la preuve de leur volonté d'améliorer le bien-être de leur population par une gestion responsable et transparente des ressources consacrées au développement. Pour renforcer l'efficacité de l'APD, nous affirmons notre volonté de délier notre aide aux pays les moins avancés en fonction des progrès réalisés à ce jour au sein de l'OCDE et sur la base d'un mécanisme de répartition équitable du fardeau sur lequel nous nous mettrons d'accord avec nos partenaires de l'OCDE. Nous considérons que cet accord devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2002. En attendant, nous demandons aux pays qui continuent d'avoir un faible niveau d'aide déliée d'améliorer leurs résultats. Nous chercherons également à montrer à l'opinion publique qu'une APD bien ciblée obtient des résultats et, sur cette base, nous nous efforcerons d'accorder une attention plus grande à cette aide. Une aide bien coordonnée est utile aux pays en développement et nous examinerons les meilleurs moyens d'améliorer cette coordination.

21. Nous convenons également d'accorder une attention particulière à trois sujets : la dette, la santé et l'éducation, qui sont autant de facteurs stimulants pour la croissance.

Dette

22. L'année dernière à Cologne, nous avions décidé de lancer l'initiative renforcée pour les pays pauvres très endettés (PPTE) afin de mettre en oeuvre un allégement de la dette plus rapide, plus large et plus radical, permettant de dégager des fonds au profit des stratégies nationales de réduction de la pauvreté. Nous nous félicitons que cette initiative ait été entérinée par la communauté internationale l'automne dernier.

23. Depuis lors et même si de nouveaux efforts sont nécessaires, des progrès ont été accomplis dans la mise en oeuvre de l'initiative PPTE renforcée. Neuf pays (le Bénin, la Bolivie, le Burkina Faso, le Honduras, la Mauritanie, le Mozambique, le Sénégal, l'Ouganda et la Tanzanie) ont déjà atteint leur point de décision et bénéficient de cette initiative. L'allégement total de la dette au profit de ces pays, dans le cadre de l'Initiative PPTE, devrait s'élever à plus de 15 milliards $ US en termes nominaux (8,6 milliards en valeur actuelle nette).

24. Nous saluons les efforts déployés par les pays pauvres très endettés pour élaborer des stratégies globales de réduction de la pauvreté qui leur soient propres, dans le cadre d'un processus de participation impliquant la société civile. Avec d'autres donateurs, les institutions financières internationales devraient aider les pays pauvres très endettés à préparer des Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté et les soutenir dans la gestion des ressources financières en apportant une aide technique. Nous sommes préoccupés par le fait que plusieurs pays pauvres très endettés sont actuellement touchés par des conflits militaires qui entravent la lutte contre la pauvreté et retardent l'allégement de la dette. Nous demandons à ces pays de mettre fin à leur participation à des conflits et de s'engager rapidement dans le processus PPTE. Nous convenons d'intensifier nos efforts pour aider ces pays en conflit à se préparer et à se porter candidats à un allégement de la dette, et demandons à nos Ministres de prendre rapidement contact avec eux afin de les encourager à créer les conditions leur permettant de participer à l'initiative PPTE. Nous oeuvrerons ensemble pour veiller à ce qu'un nombre maximum de pays atteignent leur point de décision conformément aux objectifs fixés à Cologne en tenant dûment compte des progrès des réformes économiques et de la nécessité de faire en sorte que l'allégement de la dette bénéficie aux plus pauvres et aux plus vulnérables. Nous travaillerons activement avec les PPTE et les institutions financières internationales pour que 20 pays atteignent comme nous l'espérons, leur point de décision dans le cadre de l'initiative PPTE renforcée d'ici la fin de cette année. À cet égard, nous nous félicitons de la création du Comité conjoint par la Banque mondiale et le FMI. Nous devons pour notre part promouvoir des pratiques de prêt et d'emprunt plus responsables pour veiller à ce que les pays pauvres très endettés ne souffrent pas à nouveau d'une dette insoutenable.

25. Nous prenons acte des progrès réalisés pour obtenir des institutions financières internationales les financements nécessaires à la mise en oeuvre effective de l'initiative PPTE renforcée et nous nous félicitons des engagements pris, notamment en faveur du fonds fiduciaire PPTE. Nous réaffirmons notre détermination à mettre à disposition aussi rapidement que possible les ressources pour lesquelles nous nous sommes engagés, dans un esprit de répartition équitable du fardeau.

Santé

26. La santé est un déterminant de la prospérité. La bonne santé contribue directement à la croissance économique alors que la mauvaise santé contribue à la pauvreté. Les maladies infectieuses et parasitaires, en particulier le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme, ainsi que les maladies infantiles et les infections courantes, risquent de ruiner des décennies de développement et d'ôter à toute une génération l'espoir d'un avenir meilleur. Seules des actions prévues dans la durée et une coopération internationale cohérente, destinées à mobiliser totalement les ressources médicales, techniques et financières nouvelles et existantes, nous permettront de renforcer les systèmes de santé et de dépasser les approches traditionnelles pour briser l'engrenage de la maladie et de la pauvreté.

27. Nous avons décidé de consacrer des ressources importantes à la lutte contre les maladies infectieuses et parasitaires. Cela nous a permis, avec la communauté internationale, d'atteindre la phase finale de l'éradication de la polio et de la draconculose et de commencer à maîtriser l'onchocercose.

28. Il nous faut cependant aller plus loin et nous croyons que les conditions sont réunies pour un renversement des résultats obtenus en matière de santé dans le monde. Nous sommes parvenus à un large accord sur les maladies prioritaires, et les technologies de base capables de traiter une grande partie des problèmes de santé sont en place. En outre, les pays les plus touchés manifestent une réelle volonté politique et reconnaissent de plus en plus que la santé est cruciale pour le développement économique. Nous nous félicitons particulièrement du succès de la récente Conférence de Durban sur le VIH/SIDA et de l'importance que les dirigeants africains, les donateurs, les institutions financières internationales et le secteur privé accordent à la lutte contre cette pandémie.

29. C'est pourquoi nous nous engageons à travailler avec les gouvernements, les organisations internationales, le secteur privé (en particulier les entreprises pharmaceutiques), les établissements universitaires, les ONG et d'autres acteurs concernés de la société civile, ainsi que les organisations internationales, dans le cadre d'un partenariat renforcé, pour atteindre trois objectifs essentiels fixés par l'ONU :

- réduire d'un quart le nombre de jeunes infectés par le VIH/SIDA d'ici 2010 (rapport du Secrétaire général des Nations Unies à l'Assemblée générale du 27.3.2000)

- réduire de moitié le nombre de décès dus à la tuberculose et la prévalence de cette maladie d'ici 2010 (initiative de l'OMS " Halte à la tuberculose ")

- diminuer de moitié le fardeau du paludisme d'ici 2010 (initiative de l'OMS " Faire reculer le paludisme ")

30. Pour réaliser ce programme ambitieux, notre partenariat doit avoir les objectifs suivants :

- mobiliser des ressources supplémentaires et demander aux banques multilatérales de développement d'accroître leur assistance dans toute la mesure du possible

- donner la priorité au développement de systèmes de santé équitables et efficaces, au renforcement de l'immunisation, à la nutrition et aux micronutriments, et à la prévention et au traitement des maladies infectieuses

- favoriser la responsabilité politique par un dialogue renforcé de haut niveau afin de mieux sensibiliser le public dans les pays concernés

- nous engager en faveur de partenariats novateurs, notamment avec les ONG, le secteur privé et les organisations multilatérales

- oeuvrer pour que les interventions d'un bon rapport coût-efficacité qui existent déjà, notamment les médicaments, les vaccins, les traitements et les mesures préventives de base, soient plus largement disponibles et accessibles dans les pays en développement

- traiter le problème complexe de l'accès aux médicaments dans les pays en développement et évaluer les obstacles auxquels se heurtent ces pays

- renforcer la coopération dans le domaine de la recherche fondamentale et du développement de nouveaux médicaments, de vaccins et d'autres biens de santé publique à usage international.

31. Nous jugeons encourageants les nouveaux engagements pris sur ces points. Nous nous félicitons de l'engagement pris par la Banque mondiale de tripler les financements de l'AID consacrés au SIDA, au paludisme et à la tuberculose, ainsi que de l'annonce d'un développement de l'aide dans ce domaine, faite par des donateurs bilatéraux.

32. En outre, nous organiserons une conférence cet automne au Japon pour parvenir à un accord sur une nouvelle stratégie permettant de dynamiser nos engagements. Cette conférence devrait chercher à définir les modalités de ce nouveau partenariat, les domaines prioritaires et le calendrier de nos actions. La participation des pays en développement et d'autres acteurs concernés sera capitale. Nous dresserons le bilan des progrès accomplis lors du Sommet de Gênes l'année prochaine et nous travaillerons également avec l'ONU pour organiser en 2001 une conférence axée sur les stratégies permettant de faciliter l'accès au traitement contre le SIDA et à la prise en charge des malades.

Éducation

33. Chaque enfant a droit à une bonne éducation. Pourtant, dans certains pays en développement, l'accès à l'éducation est limité, en particulier pour les filles et les plus vulnérables au plan social. L'éducation de base n'a pas seulement une valeur en soi ; elle est aussi essentielle pour traiter un large éventail de problèmes que rencontrent les pays en développement. Sans accélération des progrès dans ce domaine, il sera impossible de lutter contre la pauvreté et les inégalités entre pays et à l'intérieur même des sociétés s'accentueront. En nous fondant sur la Charte de Cologne sur l'éducation, nous apportons notre soutien au Cadre d'action de Dakar et aux recommandations émises récemment à l'occasion du suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Nous saluons les efforts déployés par les pays en développement pour mettre en oeuvre des plans d'action nationaux énergiques. Nous réaffirmons notre engagement qu'aucun Gouvernement sérieusement déterminé à assurer l'éducation de tous ne soit freiné dans ses projets du fait d'une absence de ressources.

34. C'est pourquoi nous nous engageons à renforcer nos efforts au niveau bilatéral et avec les organisations internationales et des donateurs du secteur privé afin d'atteindre l'objectif d'un accès universel à l'éducation primaire d'ici 2015 et de l'égalité des sexes dans la scolarisation d'ici 2005. Nous demandons aux institutions financières internationales, en partenariat avec les pays en développement, de mettre l'accent sur l'éducation dans leurs stratégies de réduction de la pauvreté et d'apporter une aide plus importante aux pays ayant formulé une stratégie judicieuse pour l'éducation. Ces stratégies doivent tirer parti au maximum des bénéfices potentiels des technologies de l'information dans ce domaine, notamment par l'enseignement à distance lorsque cela est possible et par d'autres moyens efficaces.

Commerce

35. Le système commercial multilatéral est fondé sur l'OMC. Cette organisation est l'aboutissement de cinquante années d'efforts incessants déployés par la communauté internationale pour parvenir à la liberté des échanges commerciaux reposant sur des règles de droit. Ce système a ouvert à ses membres, pays développés comme pays en développement, de grandes perspectives commerciales tout en stimulant la croissance économique et le progrès social. Pour faire profiter de ces avantages un plus grand nombre de pays et de manière plus concrète, le système doit mieux répondre aux préoccupations légitimes des pays en développement membres de l'OMC, en particulier des pays les moins avancés. L'adoption à Genève du paquet de mesures à court terme, concernant la mise en oeuvre des engagements du cycle d'Uruguay, l'amélioration de l'accès aux marchés pour les pays les moins avancés, l'assistance technique au renforcement des capacités institutionnelles et l'amélioration de la transparence de l'OMC, a constitué un premier progrès essentiel dans cette direction, qui doit être conforté rapidement. Nous reconnaissons qu'il est nécessaire d'aller plus loin et plus vite dans ce domaine. Et nous agirons en ce sens. En particulier, compte tenu de l'importance cruciale du commerce pour le développement des pays en développement, il convient de renforcer substantiellement les capacités commerciales favorisant une participation plus réelle des pays en développement au système et, en particulier, une utilisation accrue de l'amélioration de l'accès aux marchés qui leur a été consentie. Nous nous félicitons également des initiatives bilatérales et régionales à cet égard. Nous nous engageons à jouer un rôle moteur en accentuant notre soutien au renforcement des capacités des pays en développement membres de l'OMC en fonction de leurs besoins individuels. Nous appelons également les organisations internationales, notamment l'OMC, la Banque mondiale, le FMI, le PNUD et la CNUCED, à joindre leurs efforts aux nôtres pour atteindre cet objectif.

36. Nous devons faire en sorte que le système commercial multilatéral soit renforcé et continue de jouer son rôle vital dans l'économie mondiale. Conscients de cette responsabilité, nous exprimons notre ferme attachement à un nouveau cycle de négociations commerciales de l'OMC comportant un ordre du jour ambitieux, équilibré et global qui traduise les intérêts de tous les membres de l'OMC. Nous reconnaissons que l'objectif de ces négociations doit être d'améliorer l'accès aux marchés, de développer et de renforcer les règles et les disciplines de l'OMC, d'aider les pays en développement à parvenir à la croissance économique et à s'intégrer dans le système commercial mondial, et de veiller à ce que les politiques commerciales et sociales et les politiques commerciales et environnementales soient compatibles et se confortent mutuellement. Nous avons décidé d'intensifier la coopération étroite et fructueuse qui est la nôtre pour essayer, de concert avec les autres membres de l'OMC, de lancer ce cycle de négociations d'ici la fin de cette année.

37. Nous reconnaissons qu'un partenariat plus global doit être instauré pour contribuer à relever les défis de la mondialisation. À cet égard, il convient d'améliorer la cohérence des politiques internationales et nationales, ainsi que la coopération entre les institutions internationales. Nous soulignons également l'importance de notre engagement auprès de notre opinion publique afin d'instaurer un dialogue constructif sur les avantages et les enjeux de la libéralisation du commerce.

38. Il est de notre intérêt commun d'intégrer toutes les économies dans le système commercial multilatéral. C'est pourquoi nous nous félicitions des progrès accomplis sur la voie de l'adhésion de la Chine à l'OMC et nous appuyons les efforts déployés par d'autres candidats pour y adhérer rapidement.

Diversité culturelle

39. La diversité culturelle est une source de dynamisme économique et social, capable d'enrichir la vie humaine au XXIè siècle, dans la mesure où elle stimule la créativité et l'innovation. Nous reconnaissons et nous respectons l'importance de la diversité en matière d'expression linguistique et créative. Nous accueillons avec satisfaction les travaux des organisations internationales concernées, en particulier de l'UNESCO, dans ce domaine.

40. Une interaction plus forte entre les peuples, les groupes et les personnes favorise une meilleure compréhension et une plus grande capacité d'appréciation de ce qui est intéressant et positif dans chaque culture. La promotion de la diversité culturelle renforce le respect mutuel, la solidarité et la non-discrimination, et permet de lutter contre le racisme et la xénophobie. Nous réaffirmons notre ferme soutien aux travaux de préparation des Nations Unies en vue de la Conférence mondiale contre le racisme qui se tiendra en Afrique du Sud en 2001. Pour soutenir la diversité culturelle, il faut en premier lieu préserver et promouvoir le patrimoine culturel. Nous nous félicitons des efforts déjà mis en oeuvre pour préserver le patrimoine matériel et nous appelons de nos voeux de nouvelles actions en faveur de la préservation et de la promotion du patrimoine immatériel. Nous soutenons les programmes consacrés à la protection des patrimoines artistiques mobiliers et des richesses archéologiques dans les pays en développement, ainsi que les projets de l'UNESCO sur la proclamation des chefs-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité.

41. Le développement des contacts entre les différentes cultures favorise une interaction culturelle créative. Les technologies de l'information offrent des possibilités sans précédent de créer et de partager des contenus culturels et des idées, de manière peu coûteuse et dans le monde entier. L'expérience montre que la diversité peut susciter l'intérêt, favoriser l'esprit d'initiative et jouer un rôle positif au sein des groupes sociaux qui cherchent à améliorer leur situation économique, notamment lorsqu'ils disposent des moyens extraordinaires de la société de l'information. Nous nous efforcerons de promouvoir la numérisation du patrimoine culturel, par exemple en favorisant des liens internationaux entre musées nationaux afin d'améliorer l'accès du public à ce patrimoine.

42. Pour profiter au mieux de l'interaction culturelle, nous devons encourager nos concitoyens à apprendre à vivre ensemble en stimulant l'intérêt, la compréhension et l'acceptation de cultures différentes. À cet égard, nous nous réjouissons des conclusions de la réunion des Ministres de l'éducation du G8 sur la promotion d'une éducation permettant de favoriser la compréhension de différentes cultures et de langues étrangères, et nous encourageons les autorités compétentes à intensifier les échanges d'étudiants, d'enseignants, de chercheurs et d'administrateurs dans l'objectif de doubler le taux de mobilité au cours des dix années à venir.

VERS UN XXIè SIÈCLE PLUS SEREIN

Criminalité et drogue

43. Chacun a le droit de vivre sans être menacé par la criminalité. La mondialisation rapide a ouvert de nouvelles perspectives permettant une vie plus riche, mais elle a aussi créé de nouvelles possibilités d'actions criminelles et délictueuses, au point de remettre en cause les règles fondamentales de nos systèmes économiques, sociaux et politiques. Nous réaffirmons notre soutien à l'adoption de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et des trois protocoles associés relatifs aux armes à feu, à l'introduction illicite de migrants et à la traite des êtres humains, d'ici la fin de l'an 2000. Ainsi sera établi un cadre juridique efficace pour lutter contre la criminalité transnationale organisée. Nous sommes particulièrement déterminés à lutter contre ceux qui organisent l'immigration illicite et la traite d'êtres humains. Nous rendons hommage au Groupe de Lyon pour ses travaux dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée et nous lui demandons de nous faire rapport sur ce sujet lors de notre prochaine réunion. Nous entérinons les conclusions de la Conférence ministérielle de Moscou du G8 sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée.

44. Nous devons adopter une approche concertée face à la criminalité liée aux technologies de pointe, notamment la cybercriminalité, qui risque de porter gravement atteinte à la sécurité et à la confiance dans la société mondiale de l'information. Notre approche est définie dans la Charte d'Okinawa sur la société mondiale de l'information. Pour progresser dans ce domaine, nous entendons promouvoir le dialogue avec le secteur privé, en particulier lors de la réunion conjointe qui se tiendra à Berlin en octobre. Nous accueillons avec satisfaction les résultats du dialogue engagé à Paris entre les pouvoirs publics et le secteur privé sur la sécurité et la confiance dans le cyberespace et la dynamique qu'il a créée. Nous attendons avec intérêt la deuxième réunion de haut niveau avec le secteur privé sur la criminalité liée aux technologies de pointe qui se tiendra au Japon.

45. Nous réaffirmons notre préoccupation face à l'accroissement de la menace mondiale que provoque le trafic et l'usage de drogues. Nous restons déterminés à réduire la demande dans nos pays et à lutter contre la menace résultant de la production et du trafic de drogues à l'échelle mondiale. Nous oeuvrerons avec d'autres pays, avec le système des Nations Unies et avec d'autres groupes pour réduire aussi bien l'offre que la demande. Nous soutiendrons les initiatives régionales pour mettre un terme à la production et au trafic de stupéfiants. Nous demandons instamment la mise en oeuvre universelle des conclusions de la session extraordinaire de l'ONU de 1998 consacrée au problème mondial des drogues. Nous sommes déterminés à renforcer la coopération internationale pour :

- lutter contre le détournement de précurseurs chimiques pour la production de drogues

- faire face à la menace nouvelle et toujours plus pressante que font peser les amphétamines et d'autres drogues synthétiques, et nous convoquerons à cette fin une réunion ad hoc des experts sur la drogue d'ici la fin de l'année

- accélérer le rythme des travaux sur la confiscation des biens

- examiner, dans le cadre d'une conférence internationale organisée par le Royaume-Uni, l'économie mondiale de la drogue.

46. La criminalité financière, notamment le blanchiment de capitaux, représente également une menace grave pour nos économies et nos sociétés. Nous déclarons aujourd'hui notre détermination à prendre toutes les mesures nationales et internationales nécessaires pour lutter efficacement contre la criminalité financière, dans le respect des normes internationales.

47. Nous réaffirmons notre volonté de lutter contre la corruption. Nous soulignons le besoin de transparence à cet égard au sein des administrations. Nous appelons de nos voeux la ratification et la mise en oeuvre effective de la Convention de l'OCDE contre la corruption par toutes les parties signataires. En coopération avec d'autres pays, nous préparerons le lancement aux Nations Unies de négociations sur un nouvel instrument de lutte contre la corruption et nous donnons instruction au Groupe de Lyon de poursuivre ses travaux dans ce domaine. Nous attendons avec intérêt le deuxième Forum mondial qui sera organisé par les Pays-Bas dans le prolongement de l'appel que nous avions lancé à Birmingham.

48. Pour améliorer les enquêtes et les poursuites relatives aux crimes et délits, il faut renforcer la coopération judiciaire. Nous demandons à nos experts de trouver les moyens d'y parvenir.

49. Nous devons soutenir les efforts des juridictions les plus vulnérables qui cherchent à renforcer leurs capacités et à consolider leur système de justice pénale de manière à empêcher les groupes criminels de porter atteinte à leurs structures économiques, sociales et politiques et d'exploiter la faille qu'elles constituent dans le dispositif mondial de lutte contre la criminalité.

50. Dans la lutte contre la criminalité, nous devons protéger les groupes vulnérables et les jeunes et prévoir une prise en charge particulière des victimes d'infractions pénales. Nous réaffirmons la nécessité d'une coopération efficace entre les autorités compétentes et de mesures prises en concertation avec la société civile.

Vieillissement

51. Le vieillissement progressif de notre population nous oblige à repenser la notion du cycle de la vie, traditionnellement conçu en trois étapes successives : la formation, l'activité professionnelle et la retraite. La vitalité de nos sociétés dépend de plus en plus de la participation active des personnes âgées, c'est pourquoi nous devons favoriser les conditions économiques et sociales, notamment celles qui sont liées aux technologies de l'information, qui permettent aux personnes de tous âges de rester pleinement intégrées dans la société, de jouir de la liberté de décider comment contribuer à la vie de la société et comment y trouver leur épanouissement. Le concept de " vieillissement actif ", défini au Sommet de Denver, est un principe qui reste d'actualité à cet égard.

52. Promouvoir une culture qui mette en valeur l'expérience et la connaissance acquises avec l'âge est une tâche capitale. À cette fin, nous :

- déploierons de nouveaux efforts pour supprimer les facteurs qui dissuadent certains de rester sur le marché du travail jusqu'à l'âge de la retraite,

- lutterons contre la discrimination relative à l'âge en matière d'emploi, - encouragerons des processus d'apprentissage tout au long de la vie pour que chacun puisse rester actif dans cette phase d'accélération de la transition vers la société de l'information,

- mettrons en oeuvre des politiques permettant de vieillir en bonne santé afin de préserver une excellente qualité de vie

- chercherons à développer la recherche internationale dans ce domaine, en particulier les recherches par classe d'âge

- agirons avec le secteur privé et la société civile pour promouvoir la participation des personnes âgées à la vie locale et à des activités bénévoles.

53. Pour atteindre ces objectifs, nous continuons d'attacher une grande importance à la coopération et au dialogue internationaux et nous encourageons l'OCDE à poursuivre ses travaux dans ce domaine.

54. Nous attendons avec intérêt la prochaine réunion des Ministres du travail et des affaires sociales du G8 qui se tiendra en Italie en novembre.

Sciences de la vie

Biotechnologie - Sécurité des aliments

55. Des systèmes nationaux efficaces en matière de sécurité des aliments et la confiance de l'opinion publique dans ces systèmes doivent être au coeur de l'action des pouvoirs publics. Nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts pour que ces systèmes réagissent mieux à la sensibilité accrue de l'opinion publique sur les questions liées à la sécurité des aliments, aux risques potentiels liés à l'alimentation, à l'accélération des progrès des biotechnologies et à la multiplication des déplacements transfrontaliers des produits alimentaires et agricoles.

56. La volonté d'adopter une approche scientifique et fondée sur des règles juridiques est un principe-clé qui sous-tend ces efforts. Les travaux en cours dans les enceintes internationales pour élaborer et préciser cette approche doivent être accélérés. En particulier, nous attachons une grande importance aux travaux de la Commission du Codex alimentaire, principal organe normatif dans le domaine de la sécurité des aliments, et nous encourageons son Groupe spécial intergouvernemental sur les aliments dérivés des biotechnologies à produire un rapport d'étape substantiel avant la fin de son mandat en 2003. Nous soutenons également l'action de son Comité sur les principes généraux afin de trouver un consensus international plus solide sur la manière dont le principe de précaution doit être appliqué à la sécurité des aliments lorsque les informations scientifiques disponibles sont incomplètes ou contradictoires.

57. Le dialogue entre tous les acteurs, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, doit être intensifié pour faire progresser la protection de la santé, faciliter le commerce, assurer un bon développement des biotechnologies, et stimuler la confiance des consommateurs et l'acceptation par l'opinion publique. Le rapport du groupe ad hoc de l'OCDE sur la sécurité des aliments et les travaux du groupe d'étude sur la sécurité des nouveaux aliments destinés à la consommation humaine et animale et du groupe de travail sur l'harmonisation de la surveillance réglementaire en biotechnologie constituent des avancées utiles dans cette direction. Nous nous félicitons des autres travaux dont sont convenus les Ministres de l'OCDE. Nous notons avec satisfaction que l'OCDE entend poursuivre ses travaux d'analyse et jouer un rôle dans le dialogue international sur la sécurité des aliments en prolongeant son action avec la société civile et en cherchant à partager son travail dans ce domaine avec les pays non membres de l'OCDE. Compte tenu de ses avantages comparatifs, ce travail de l'OCDE complétera utilement les activités d'autres organisations internationales, en particulier celles de la FAO et de l'OMS. Nous encourageons également la FAO et l'OMS à organiser périodiquement des réunions internationales des autorités de réglementation dans le domaine de la sécurité des aliments afin de faire avancer le processus de consultations publiques à partir des données scientifiques.

58. Dans le cadre de ce dialogue, nous attacherons une importance particulière aux besoins, aux possibilités et aux contraintes des pays en développement. Nous oeuvrerons pour les aider à renforcer leurs capacités afin de tirer parti des bénéfices potentiels des biotechnologies, et pour encourager la recherche et le développement ainsi que les échanges de données et d'informations concernant ces technologies, notamment les données et informations concernant la sécurité des aliments dans le monde, la santé, la nutrition et l'environnement, et qui sont adaptées à la situation spécifique de ces pays.

59. Des consultations ouvertes et transparentes auxquelles participent tous les acteurs, y compris les représentants de la société civile, s'appuyant sur une base scientifique partagée, constituent une composante-clé d'un système crédible de sécurité des aliments et des cultures agricoles. Nous prenons note de la proposition de créer un panel international indépendant faite lors de la récente Conférence OCDE d'Édimbourg. Dans le prolongement du succès de cette conférence, nous examinerons, en concertation avec des organisations internationales et autres organisations intéressées, notamment des institutions scientifiques, le moyen d'intégrer les meilleures connaissances scientifiques disponibles dans le processus d'élaboration d'un consensus international sur les biotechnologies et d'autres aspects de la sécurité des aliments et des cultures agricoles.

Génome humain

60. Les progrès dans le domaine des sciences de la vie améliorent notre qualité de vie. Le fait de repousser activement les nouvelles frontières de la médecine ouvre des perspectives sans précédent pour le bénéfice de l'humanité, mais cela doit se faire dans le respect des principes de la bioéthique.

61. L'annonce de l'établissement quasi complet de la carte du génome humain, découverte historique, constitue une nouvelle étape positive et déterminante à cet égard.

62. Nous considérons ce séquençage comme essentiel pour l'humanité tout entière et nous demandons que soient rendues publiques rapidement toutes les données fondamentales brutes sur les séquences de l'ADN humain. Nous soulignons également qu'il est important de poursuivre la recherche au-delà du séquençage du génome, dans le cadre d'une collaboration multilatérale.

63. Nous reconnaissons qu'il est nécessaire de protéger de manière équitable et équilibrée la propriété intellectuelle des inventions fondées sur les gènes, si possible en fonction de pratiques et de politiques communes. Nous encourageons la poursuite des actions au sein de toutes les enceintes internationales concernées pour parvenir à une large harmonisation des politiques de brevet applicables aux inventions dans le domaine des biotechnologies.

Environnement

64. Nous devons tous faire en sorte de préserver un environnement propre et sain pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous nous félicitons des conclusions de la réunion des Ministres de l'environnement du G8, qui s'est tenue à Otsu. Nous accueillons avec satisfaction l'adoption du Protocole de Cartagène sur la biosécurité et nous encourageons les parties concernées à travailler à son entrée en vigueur rapide.

65. Nous nous efforcerons, avec l'ensemble de nos partenaires, de préparer un programme orienté vers l'avenir pour la conférence Rio + 10 en 2002. Nous sommes fermement résolus à coopérer étroitement entre nous et avec les pays en développement pour régler dès que possible toutes les grandes questions en suspens afin de permettre une entrée en vigueur rapide du Protocole de Kyoto. À cette fin, nous sommes déterminés à oeuvrer au succès de la 6ème Conférence des Parties afin d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto en engageant des plans nationaux vigoureux complétés par des mécanismes de flexibilité.

66. En travaillant ensemble et avec les institutions existantes pour encourager et faciliter l'investissement dans le développement et l'utilisation de l'énergie durable, soutenu par un climat national propice, nous pourrons atténuer les problèmes du changement climatique et de la pollution de l'air. En particulier, l'utilisation accrue à cette fin des sources d'énergie renouvelable améliorera la qualité de la vie, notamment dans les pays en développement. C'est pourquoi nous appelons tous les acteurs à identifier les obstacles et à trouver des solutions pour accroître l'offre et la distribution d'énergie renouvelable dans les pays en développement. Nous invitons les acteurs concernés à se retrouver dans un groupe de travail pour préparer des recommandations concrètes concernant les meilleurs moyens d'encourager l'utilisation des sources d'énergie renouvelable dans les pays en développement, en vue de notre prochain Sommet.

67. Nous approuvons sans réserve les conclusions de nos Ministres des affaires étrangères concernant la gestion durable des forêts. À cet égard, nous attachons une importance particulière aux projets qui aident les populations autochtones et les communautés locales à pratiquer une gestion durable des forêts. Nous examinerons également la meilleure manière de lutter contre l'abattage illégal, et notamment les meilleures pratiques en matière d'exportation et de marchés publics.

68. Les politiques de crédit à l'exportation peuvent avoir une incidence significative sur l'environnement. Nous nous félicitons de l'adoption du plan d'action de l'OCDE qui devra être achevé d'ici 2001. Nous réaffirmons notre volonté d'élaborer, d'ici le Sommet du G8 de 2001 et en nous inspirant de l'expérience des banques multilatérales de développement, des lignes directrices communes en matière d'environnement pour les organismes de crédit à l'exportation. Nous coopérerons pour relancer et intensifier notre travail afin de remplir notre mandat de Cologne.

69. Le renforcement de la sécurité maritime internationale est vital pour la protection de l'environnement des océans, patrimoine universel. Nous coopérerons avec l'Organisation maritime internationale (OMI) pour améliorer la sécurité maritime. Nous appuyons les efforts de l'OMI pour renforcer les normes de sécurité, en particulier pour les navires transportant des produits dangereux ou polluants, et pour vérifier l'application et le respect de ces normes internationales par les États du pavillon. Nous approuvons également les efforts déployés par les États côtiers pour améliorer la sécurité de la navigation et la protection de leur environnement marin en utilisant si nécessaire les mesures de routage et de notification adoptées par l'OMI. Nous encourageons la réalisation rapide de ces objectifs.

70. Nous nous félicitons des mesures prises par l'OMI en vue d'une réforme des régimes internationaux actuellement en vigueur sur la pollution maritime, en particulier la Convention de 1992 sur la responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures et la Convention du FIPOL de 1992, en ce qui concerne entre autres l'amélioration des plafonds d'indemnisation.

Sûreté nucléaire

71. Nous réaffirmons l'engagement que nous avions pris en 1996 lors du Sommet de Moscou de faire passer la sûreté avant tout dans l'utilisation de l'énergie nucléaire et de parvenir à des normes de sûreté élevées dans le monde entier. Nous sommes convenus de poursuivre notre coopération pour l'application d'un niveau élevé de sûreté nucléaire. Nous continuons d'attacher une très grande importance à la mise en oeuvre totale et en temps prévu des accords de don du Fonds de Sûreté nucléaire.

VERS UN XXIè SIÈCLE PLUS STABLE

Prévention des conflits

72. La communauté internationale doit agir de manière urgente et efficace pour prévenir et régler les conflits armés. De nombreuses personnes ont été sacrifiées et blessées, un grand nombre d'économies ont été appauvries et de graves dommages ont été causés à l'environnement. Dans un monde toujours plus interdépendant, ces incidences négatives se propagent rapidement. C'est pourquoi il faut promouvoir une " culture de prévention " dans l'ensemble de la communauté internationale. Tous les membres de la communauté internationale doivent chercher à promouvoir le règlement des différends par des moyens pacifiques conformément à la Charte des Nations Unies.

73. Nous soulignons l'importance du travail sur la prévention des conflits réalisé par nos Ministres des affaires étrangères depuis leur réunion extraordinaire de décembre 1999 à Berlin et celle des conclusions de leur réunion de juillet 2000 à Miyazaki. Nous nous engageons à oeuvrer pour leur mise en oeuvre, notamment en ce qui concerne le développement économique et la prévention des conflits, les enfants dans les conflits et des forces de police civile internationale. Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que les produits du trafic illicite de diamants ont contribué à l'aggravation des conflits et des crises humanitaires, en particulier en Afrique. Nous appelons donc à la tenue d'une conférence internationale dont les résultats seront soumis aux Nations Unies. Cette conférence s'appuiera sur la Résolution 1306 et, entre autres, sur le processus de " Kimberley " lancé par le Gouvernement de l'Afrique du Sud, et envisagera des moyens concrets pour rompre le lien entre trafic illicite de diamants et conflits armés, en particulier la possibilité d'un accord international sur la certification des diamants bruts. La Conférence des Nations Unies sur le trafic illicite des armes légères et de petit calibre sous toutes ses formes, qui se tiendra l'année prochaine, a besoin d'un fort soutien pour réussir, notamment la conclusion la plus rapide possible du Protocole sur les armes à feu. Nous invitons la communauté internationale à faire preuve de retenue en matière d'exportation d'armes classiques et nous sommes déterminés à travailler conjointement à cet effet. Nous invitons nos Ministres des affaires étrangères à envisager d'autres mesures concrètes de prévention des conflits.

Désarmement, non-prolifération et maîtrise des armements

74. Nous nous félicitons du résultat positif de la Conférence d'examen du TNP de l'an 2000. Nous sommes déterminés à en mettre en oeuvre les conclusions, notamment l'entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), et le commencement immédiat et la conclusion dans un délai de cinq ans de la négociation du Traité d'interdiction de la production de matières fissiles. Nous demeurons déterminés à promouvoir l'adhésion universelle au TNP et le respect de celui-ci.

75. Nous attendons avec intérêt l'entrée en vigueur rapide et la mise en oeuvre intégrale de START II et la conclusion de START III aussi vite que possible, en préservant et renforçant simultanément, conformément à ses dispositions, le Traité ABM qui est la pierre angulaire de la stabilité stratégique et la base de nouvelles réductions des armes offensives stratégiques. Nous nous félicitons de la ratification du TICE et de START II par la Russie.

76. L'élimination définitive et la gestion, dans de bonnes conditions de transparence, de sûreté, de sécurité et de respect de l'environnement, du plutonium issu du démantèlement d'armes nucléaires demeure essentielle. L'accord sur l'élimination du plutonium conclu entre les États-Unis et la Russie, appuyé par leur déclaration d'intention concernant la non-séparation de plutonium militaire supplémentaire, constitue une étape cruciale. La coopération entre les pays du G8 a produit des résultats significatifs et les prochaines mesures que nous prendrons devraient s'inscrire dans le prolongement de cette coopération et de projets internationaux connexes.

77. Notre objectif pour le prochain Sommet est d'élaborer un plan de financement international pour la gestion et l'élimination du plutonium selon un projet détaillé, ainsi qu'un cadre multilatéral pour coordonner cette coopération. Nous développerons nos travaux et notre coopération avec d'autres pays intéressés afin d'obtenir le soutien international le plus large possible et nous examinerons le potentiel de financement public et privé.

78. Nous nous félicitons du renforcement des régimes internationaux de prévention de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Nous reconnaissons également la nécessité d'examiner et de promouvoir d'autres mesures multilatérales pour enrayer la prolifération des missiles. À cet égard, nous soutenons fermement les importants travaux du Régime de contrôle de la technologie des missiles et nous examinerons la proposition d'un " système mondial de contrôle ". Nous oeuvrerons pour élever le niveau des contributions internationales au programme de destruction des armes chimiques russes. Nous nous engageons à oeuvrer avec d'autres pour conclure dès que possible en 2001, les négociations sur le Protocole de vérification qui renforce la Convention sur les armes chimiques.

Terrorisme

79. Nous réitérons notre condamnation de toutes les formes de terrorisme quelles qu'en soient les motivations. Nous sommes résolus à les combattre. Nous appelons de nos voeux le renforcement rapide de la coopération internationale, en particulier dans les échanges d'information sur la lutte antiterroriste, l'amélioration des mesures de lutte contre le financement des activités terroristes et la coopération pour traduire les terroristes en justice. Nous nous réjouissons de l'adoption de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme. Nous appelons tous les États à devenir parties aux douze conventions internationales contre le terrorisme afin d'améliorer la coopération internationale en matière de lutte antiterroriste.

80. Nous sommes vivement préoccupés par l'accroissement du nombre d'actes de terrorisme, notamment les détournements d'avions et les prises d'otages. Nous sommes profondément préoccupés par la poursuite des activités terroristes dans de nombreuses régions. Nous continuerons d'évoquer ces questions lors de nos contacts bilatéraux, de suivre avec attention l'évolution de la situation et de coopérer étroitement entre nous.

81. À cet égard, nous soulignons la préoccupation internationale concernant la menace terroriste en provenance du territoire afghan sous contrôle des Taliban et nous appelons à la mise en oeuvre intégrale de la Résolution 1267 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Prochain Sommet

82. Nous avons accepté l'invitation du Premier Ministre de l'Italie de nous réunir à Gênes l'année prochaine. Pour développer la communication entre nous d'ici là, nous sommes convenus d'instaurer entre nous un réseau de messagerie électronique.




.
dépêches AFPD3 rss bottomD4 | Dernière version de cette page : 2007-03-14 | Ecrire au webmestre | Informations légales et éditoriales | Accessibilité