Point de presse conjoint du Président de la République et du Président d'Afrique du Sud.

Point de presse conjoint de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, et de M. Nelson MANDELA, Président de la République d'Afrique du Sud.

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Prétoria, Afrique du Sud, le vendredi 26 juin 1998

QUESTION - Monsieur le Président CHIRAC, pouvez-vous nous donner votre pronostic en ce qui concerne l'accord entre l'Union européenne et l'Afrique du Sud ? Quand pensez-vous que cet accord sera signé ? Quelles sont, selon vous, les difficultés ?

LE PRÉSIDENT - Je crois que cet accord a été discuté pendant trop longtemps et que maintenant il faut conclure. Il y avait des problèmes sur l'agriculture, d'autres sur les métaux. Après le voyage à Cardiff du Président Nelson MANDELA, je pense que tout le monde a la volonté politique de conclure rapidement.

Et puisque vous me demandez mon pronostic, je dirai, en tous les cas, avant la fin de l'année.

QUESTION - Monsieur le Président MANDELA, en quoi la visite de Monsieur Jacques CHIRAC représente un nouveau départ dans les relations entre les deux pays ?

M. MANDELA - Je ne dirais pas que c'est un nouveau départ, c'est plutôt une continuation. Le Président MITTERRAND est le premier chef d'Etat à m'avoir reçu en Europe après ma sortie de prison. C'est lui qui a ouvert les portes pour l'Afrique du Sud en Europe. C'est également le premier chef d'Etat qui s'est rendu en Afrique du Sud après l'instauration de la démocratie.

Je connais depuis longtemps Monsieur CHIRAC. A chaque fois que je me rendais en France, je rencontrais le Président MITTERRAND mais également Monsieur CHIRAC en tant que maire de Paris.

Donc, il existait déjà une amitié entre nous deux. C'est pour cela que je vous dis que cette visite ne représente pas un nouveau départ, mais plutôt une continuation qui nous permettra d'évoluer, de développer nos liens et de consolider une amitié qui existe entre les deux pays.

QUESTION - Monsieur le Président CHIRAC, dans le passé, quand vous vous êtes rendu en Afrique, vous vous êtes rendu plutôt dans les pays francophones. Qu'espérez-vous atteindre cette fois-ci en vous rendant dans les pays anglophones ou autres ?

LE PRÉSIDENT - Pendant très longtemps la politique africaine de la France a été essentiellement centrée sur l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique francophone. Naturellement nos relations avec ces pays restent aussi fortes, aussi intenses et ne changeront pas.

Mais nous pensons aujourd'hui qu'il est important pour notre pays, notamment depuis les changements politiques qui y ont eu lieu, d'avoir une relation amicale de partenariat, de confiance avec les pays de l'Afrique australe et au premier chef avec l'Afrique du Sud qui est, et qui sera, de plus en plus, le moteur de l'Afrique.

QUESTION - Monsieur le Président MANDELA, tout le monde a suivi de très près le travail de la Commission de vérité et de réconciliation. Est-ce que vous considérez maintenant que les blessures de l’apartheid sont bien guéries ?

M. MANDELA - Les relations entre les Noirs et les Blancs en Afrique du Sud, et quand je dis les Noirs, je veux dire les gens de toutes couleurs, et les Indiens également, sont excellentes. Surtout, je pense à ce que j’avais dit, avant les élections de 1994 : j’avais dit à l’époque que je souhaitais améliorer le niveau de vie de tous les Sud-Africains et je voulais également améliorer le niveau de la politique en Afrique du

Sud et je pense que nous avons réussi. Néanmoins, j’avais également exprimé certaines réserves. Je pense, pour améliorer des liens entre les peuples de l’Afrique du Sud, qu’on ne peut pas le faire du jour au lendemain ; c’est un processus qui peut durer peut-être cinq ans.

Depuis quatre ans, nous avons quand même amélioré la situation bien au-delà de toutes mes attentes parce que je vois, aujourd’hui, que tous les Sud-Africains de toutes les couleurs et de toutes les couleurs politiques travaillent ensemble pour construire une nouvelle Afrique du Sud.

Il ne faut pas oublier que? pendant trois siècles et demi, ce pays a été contrôlé par une minorité blanche, et surtout pendant les derniers quarante ans, qui a été un régime totalement brutal. Donc, nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a pas de problèmes aujourd’hui, mais nous maîtrisons les problèmes qui existent. Et j’ai confiance dans notre capacité à surmonter ces problèmes et à avancer.

QUESTION - Monsieur MANDELA, une question sur l’équipe sud-africaine au Mondial.

M. MANDELA - Bien, alors quand vous voyez ce qui s’est passé dans le passé, je pense qu’ils ont très bien travaillé et j’attends de Monsieur le Président CHIRAC toutes ses excuses !

Mais, souvenez-vous que notre pays a été boycotté pendant de nombreuses années. Donc, c’est la première fois que nous participions à un tel tournoi et je pense que nos gars ont très bien joué. Les Sud-Africains espéraient, bien-sûr, qu’ils allaient faire mieux et je pense que certains espoirs étaient un petit peu exagérés. Je trouve qu’ils ont travaillé, qu’ils ont joué formidablement et je suis fier d’eux.

LE PRÉSIDENT - C’est vrai qu’ils ont joué formidablement et que l’on peut être fier d’eux. Mais après le match, j’ai rencontré une personnalité de l’équipe sud-africaine, et cette personne m’a dit : " vous voyez, Monsieur CHIRAC, nous sommes des gens élégants, nous savions que vous alliez en Afrique du Sud et nous avons voulu vous être agréables ".





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