Propos de M. Jacques Chirac Président de la République avant son entretien avec le chancelier allemand Helmut KOHL (Palais de l'Elysée)

Propos de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, avant son entretien avec le Chancelier allemand Helmut KOHL

Palais de l'Elysée - Paris le mardi 20 mai 1997.


Je vais recevoir dans quelques instants le Chancelier allemand, M. Helmut KOHL. Il s'agit d'une de nos réunions régulières, mais elle prend, aujourd'hui, un aspect un peu particulier, compte tenu de l'importance des échéances et j'aurais voulu vous dire dans quel esprit j'abordais ces entretiens.

Nous allons préparer ensemble les importants sommets européens qui vont se tenir le 23 mai, c'est-à-dire dans trois jours, et le 16 juin, aux Pays-Bas, l'objectif étant, vous le savez, de moderniser les institutions de l'Europe. Ces institutions, la France les veut plus efficaces, plus démocratiques et surtout plus proches des préoccupations de chacun, des intérêts de chacun, notamment dans le domaine de la protection sociale et de l'emploi.

D'autres échéances importantes nous attendent dans les prochains mois : l'élargissement de l'Union à tous les membres de la grande famille européenne qui ont été séparés par l'Histoire ; la rénovation de l'Alliance atlantique et la part plus importante que les Européens devront y tenir ; l'affirmation d'un modèle social qui nous garantisse contre les aléas ou les risques de la mondialisation ; le passage à la monnaie unique qui, telle que nous la voulons, sera un facteur de puissance, de croissance, d'emploi.

Ainsi va l'Europe, patiemment construite au sortir des drames de la deuxième guerre mondiale pour installer, enfin et durablement, sur notre continent, la paix et la démocratie. Mais aussi pour préparer l'avenir et faire émerger chez nous un ensemble régional capable de rivaliser avec ceux qui se forment en Asie, en Amérique et qui seront, demain, nos partenaires mais aussi nos concurrents.

A nos entreprises, à nos chercheurs, à nos créateurs, l'Europe apportera le nouvel espace dont nous avons besoin pour innover, pour créer de l'activité, des emplois, pour retrouver le chemin de la prospérité.

Aux gouvernements, l'Union permettra, par une solidarité accrue et des disciplines librement consenties, de mieux lutter contre l'immigration clandestine, de donner toute son ampleur à la préservation de l'environnement, de combattre efficacement ou plus efficacement les agressions modernes que sont le terrorisme, la drogue, la criminalité et leurs réseaux financiers.

Aux jeunes, l'Europe offrira un champ d'initiatives et de libertés où ils pourront se mouvoir, s'exprimer, se comprendre dans leur diversité, se former plus intensément aux nouveaux métiers, aux nouvelles technologies, trouver plus facilement un emploi.

La France tiendra ses engagements européens. Elle les tiendra avec lucidité et avec pragmatisme. Et fort du soutien des Français, j'y veillerai.

Elle le fera parce que c'est son intérêt. Comment imaginer que tout ce qui a été édifié depuis 40 ans puisse être remis en cause ou mis en veilleuse sans qu'il en résulte des dommages irréparables pour notre pays ?

Elle le fera parce que c'est, aujourd'hui, la meilleure façon de servir notre patrie à laquelle nous sommes tous charnellement attachés.

Elle le fera parce que notre économie va mieux et que nous avons recréé les bases d'une bonne croissance et donc d'une amélioration de l'emploi.

N'oublions jamais qu'elle ne pourra défendre ses intérêts que si elle est capable de parler d'une seule voix, et d'une voix forte.

Tout à l'heure avec le Chancelier KOHL, je répondrai à vos questions.

Je vous remercie.





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