Déclaration à la presse du Président de la République à VNOUKOVO II.

Déclaration à la presse de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à VNOUKOVO II.

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Vnoukovo II, Moscou, Russie, le dimanche 18 mai 1997

Mesdames et Messieurs,

J'ai été particulièrement heureux, en revenant de Chine, de m'arrêter à Moscou, à l'invitation de Boris Nikolaevitch Eltsine ; d'une part pour parler de la grande réforme de l'architecture européenne de sécurité, et du document qui sera signé le 27 mai à Paris, mais aussi parce que le Président et Mme Eltsine ont eu la gentillesse de vouloir souhaiter l'anniversaire de mon épouse. Nous avons été infiniment sensibles à ce geste d'amitié et puisqu'il faut bien que je vous donne quelques détails, je vous dirai que le Président et Mme Eltsine ont offert à ma femme une ravissante boîte laquée de Palekh, qui est extrêmement belle et que nous garderons comme un souvenir précieux de cette journée.

Nous avons évoqué avec le Président la prochaine réunion de Paris. Le Président viendra le 26. Nous aurons l'occasion de nous rencontrer et de dîner ensemble pour parler de la nouvelle architecture de sécurité européenne. Le lendemain, il y aura la signature historique de l'accord entre la Russie et l'OTAN C'est un accord qui à la fois effacera Yalta et qui confirmera la paix sur notre continent pour l'avenir. Je voudrais rendre hommage à la vision du Président Eltsine qui a pu à la fois affirmer très fermement les intérêts de la Russie, grande puissance mondiale, et la nécessité d'assurer la paix par cet accord, je le répète, historique, entre la Russie et les 16 pays de l'OTAN. Voilà ce dont nous avons parlé. Nous n'avons pas beaucoup évoqué nos relations bilatérales. Chacun sait qu'elles sont excellentes et qu'il n'y avait pas lieu d'en discuter longtemps.

QUESTION - Existe-t-il encore une incompréhension en ce qui concerne l'essence même de cet accord ?

LE PRÉSIDENT - Je crois que maintenant il n'y a plus aucune ambiguïté. Cet accord a été élaboré entre le secrétaire général de l'OTAN et le ministre russe des Affaires, étrangères, M. Primakov. Pour dire la vérité, je pense que c'est un grand succès pour la Russie et c'est un succès qui s'explique par la ferme volonté exprimée par le Président Eltsine, qui voulait que la Russie ait naturellement toute sa part de grande puissance dans la nouvelle organisation de la paix. Aujourd'hui, ces accords ont été acceptés, ils seront signés le 27 mai à Paris. Il y aura naturellement le Président Eltsine, il y aura la France et les Quinze autres alliés de l'OTAN, notamment Bill Clinton, et tout le monde signera le nouvel accord de sécurité pour l'avenir. C'est un accord historique, pour l'Europe occidentale, pour l'Amérique, pour la Russie et je dirais pour le monde.

QUESTION - Quel est le rôle de la France dans cet accord ?

LE PRÉSIDENT - Vous savez qu'un certain nombre de pays de l'Est avaient souhaité adhérer à l'OTAN. La France a toujours considéré qu'un accord de sécurité européen ne pouvait pas se faire sans un accord avec la Russie. Nous avons donc expliqué à nos partenaires de l'OTAN et à nos partenaires américains qu'un accord de paix et de sécurité en Europe supposait au préalable un accord entre l'OTAN et la Russie. Nous avons fait le maximum pour faciliter cette négociation. Elle a pu être engagée. Elle a été conduite à son terme. Aujourd'hui, il y a bien un accord entre la Russie et OTAN. Donc le reste peut se dérouler tout naturellement et dans un consensus général.

QUESTION - En quoi cet accord représente-t-il une victoire pour la Russie ?

LE PRÉSIDENT - Je crois que dans les accords, il ne faut pas parler de victoire ou de défaite. Quand on dit victoire, ça veut dire qu'il peut y avoir défaite. Et ce n'est pas dans ces termes qu'il faut analyser cet accord. Ce qui est très important, c'est qu’avant l'élargissement de l'OTAN à trois ou quatre pays de l'Europe de l'Est, il y ait eu un accord entre la Russie et l'OTAN. C'était tout à fait capital. Il y a un an et demi ou deux ans, la Russie avait un peu le sentiment d'être agressée ou humiliée. Ce n'était pas acceptable. Naturellement, le Président Eltsine ne pouvait pas l'accepter. Nous avons alors engagé un processus qui permettait d'abord de passer un accord entre la Russie et l'OTAN ensuite, à Madrid, de régler les problèmes d'organisation interne et d'élargissement de l'OTAN. De ce point de vue, par rapport à ce qui était souhaité il y a un an et demi ou deux ans, je le répète, c'est une grande victoire pour la Russie et une victoire personnelle du Président Eltsine.

Je vous remercie.





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