Intervention de M. Mohammed Valli MOOSA

Intervention de M. Mohammed Valli MOOSA, Président de l'Union mondiale pour la nature.

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Palais de l'Élysée, Paris, le 2 février 2007

Merci Monsieur le Président.

Au nom de l'UICN, je voudrais souhaiter la bienvenue à toutes les personnes présentes ici.

Je voudrais faire quelques commentaires sur le débat que nous avons eu hier dans notre atelier sur la biodiversité.

Le premier point que nous avons évoqué : c'est que nous sommes parvenus à un point critique en ce qui concerne la biodiversité. Nous savons tous que des objectifs ont été fixés pour essayer de récupérer, en 2010, les pertes de biodiversité. Nous sommes très loin de cet objectif et il est fort peu probable qu'il ne soit jamais atteint. Nous en sommes là : 60% des écosystèmes seront exploités au-delà de leur capacité d'après les évaluations qui ont été publiées il y a un an environ. Donc, un seul choix : agir immédiatement.

Second point que notre atelier a évoqué : c'était la mesure dans laquelle notre connaissance en matière de biodiversité est peu complète lorsqu'il s'agit des connaissances sur les espèces, la biodiversité dans la biosphère. Nous n'avons fait qu'effleurer la surface de cet amoncellement de connaissances. Les orateurs ont indiqué que nous dépensions beaucoup plus dans le domaine de la recherche spatiale que lorsqu'il s'agissait de savoir véritablement ce qu'était la biosphère. Ce n'est que si nous sommes à même de mieux comprendre la biologie de notre planète que nous pourrons savoir où nous en sommes et régler des problèmes.

Troisième chose que je voudrais dire : les modèle de développement qui sont les nôtres, en général, ne tiennent pas compte de la biodiversité et le monde continue à se développer, nous le savons, le monde se trouve en phase de développement rapide. Il ne faut pas oublier tous ces points.

Quatrième observation ; c'est le niveau trop bas de conscience du public et surtout des nouveaux politiques. On a eu beaucoup de débats, Monsieur le Président, sur le fait de savoir : que faisons-nous pour faire prendre conscience de la situation aux responsables de décision ? Qu'est ce qu'il faut faire pour qu'ils sachent ce qu'est la biodiversité ? Un des éléments importants sera l'action sur le terrain. La sensibilisation des populations parce que les politiques sont un peu mûs parce que leurs administrés leur disent. Très souvent, nous avons répété qu'il fallait remercier le Président de la République, Monsieur Jacques CHIRAC, d'avoir justement pris cette initiative, de s'être fait le champion de la biodiversité. C'est quelque chose d'assez peu fréquent d'avoir une personne de cette stature qui soutient tout cela.

Quatre points pour l'action future : il faut bien sûr combler le fossé entre les responsables des décisions, l'opinion publique et la communauté scientifique. Nous devons continuer à travailler sur la possibilité de créer des mécanismes internationaux appropriés pour améliorer la façon dont la connaissance scientifique, le savoir scientifique, est communiqué au reste de la société et en particulier aux politiques. Des débats ont lieu à cet égard. On sait que des choses existent. On a parlé du processus IMOSEB, on a parlé de groupes de travail du type GIEC pour la biodiversité. Donc beaucoup de choses se passent. La biodiversité, la conservation doivent être inclues dans les politiques de façon plus importante.
Enfin, et c'est une idée dont on a beaucoup parlé lors de l'atelier. Il faut parler de la valeur économique et des normes de la biodiversité. Nombre de personnes ont dit que si les gouvernements, les responsables de décisions comprenaient que la biodiversité a une valeur économique énorme, si nous pouvions présenter une espèce de comptabilité de cette importance économique de la biodiversité, cela nous permettrait de beaucoup progresser.

Dernier point : sur la gouvernance internationale, il faut parvenir à une meilleure articulation entre l'action au niveau local et au niveau mondial. Beaucoup de choses pour protéger la biodiversité se font au niveau local. Il y a des myriades d'actions qui interviennent dans les communautés locales de par le monde. Tout ce que nous ferons au niveau mondial se fondera sur tout ce qui est fait au niveau local. Je crois que nous devrions encore continuer à encourager l'action au niveau local.

Pour conclure, Monsieur le Président, je voudrais dire que l'UICN, l'union de la conservation de la nature a été créée il y a 59 ans en France, Monsieur le Président. C'est ici qu'est née cette organisation qui fêtera son 60ième anniversaire l'année prochaine. Nous avons un Congrès en octobre 2008 à Barcelone. C'est une réunion extraordinaire de personnes qui s'occupent de biodiversité et de conservation de la nature de par le monde. L'UICN, vous le savez, réunit la majorité des Etats. C'est une organisation non gouvernementale. Lors du congrès mondial de Barcelone, nous attendons 10 000 participants qui vont parler de l'avenir de la biodiversité. Je suis convaincu que certaines des discussions qui ont eu lieu hier à Paris se poursuivront lors de ce congrès mondial. C'est aussi une véritable plateforme, une possibilité de pousser plus avant le débat. En tant que Président de l'UICN, je saisie cette occasion en présence de très, très nombreux témoins pour vous inviter personnellement, Monsieur le Président, à ce congrès l'année prochaine afin que vous puissiez échanger vos opinions avec le grand nombre de délégués qui seront présents à Barcelone.

Je suis très encouragé par les commentaires qui ont été fait par le Commissaire européen pour l'environnement quand il a présenté son rapport. Il a parlé de l'atelier mais aussi il nous a fait peu le bilan de la situation et le point de ce qui est fait en Europe. Le monde doit remercier l'Europe. L'Europe qui a pris la tête des activités, notamment dans le domaine du changement climatique. Il y a aussi d'autres secteurs dans lesquels l'Union européenne est en discussion avec les pays en développement, comme l'adaptation. Mais je crois que l'Union européenne et l'Europe nous donnent la possibilité de faire des choses.

Nous remercions l'Europe de son action et merci de poursuivre.





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