Allocution de M. Stavros DIMAS, commissaire européen pour l'environnement.

Allocution de M. Stavros DIMAS, commissaire européen pour l'environnement lors de la Conférence de Paris pour une gouvernance écologique mondiale.

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Palais de l'Élysée, Paris, le 2 février 2007

Monsieur le Président, je suis tout à fait d'accord avec le Vice-président AL GORE.

Ceci doit être et pourrait être le début d'efforts, d'efforts véritablement engagés pour opérer un changement climatique. Nous devons être reconnaissant à la France d'avoir organisé à point nommé cette conférence. Donc, un merci tout particulier pour le Président CHIRAC qui a toujours manifesté un très grand intérêt pour ce dossier de l'environnement. Je tiens, en tant que Commissaire pour l'environnement de l'Union européenne, je tiens à vous remercier, à ce titre, de votre combat en faveur de cette prise de conscience concernant le dérèglement climatique et les questions écologiques.

Ce qui a permis de régler un certain nombre de dossiers importants pour l'Union européenne et pour le monde entier. Il y a de cela quelques années, il y a eu une autre conférence sur la biodiversité et c'est vrai que la perte de biodiversité est une autre grande menace qui pèse sur la planète. On parle beaucoup de changement climatique mais il ne faut pas perdre de vue ce problème de la biodiversité qui est une autre menace planétaire.

Le monde doit faire face à cela. Les deux dossiers sont liés intimement. Le changement climatique est accru du fait des problèmes relatifs à la biodiversité et vice-versa. Nous avons eu un excellent débat, une après-midi tout à fait passionnante. Naturellement nous aurions pu y passer plus de temps mais c'était un débat tout à fait passionnant. Nous avons pu dégager un consensus sur le fait qu'il y avait lieu de mettre en place une organisation des Nations unies de l'environnement, qui soit sur un pied d'égalité avec d'autres organisations et je pense en particulier à des organisations économiques l'OMC et à autres . Cela permettrait de mettre davantage l'accent sur les problèmes mondiaux de l'environnement et de coordonner mieux les activités qui se font dans diverses organisations internationales. Cela permettrait aussi de mieux assurer la mise en œuvre des accords internationaux qui existent.

L'Union européenne appuie cette idée de la création de l'ONUE et nous pensons que ceci permettra de régler le problème. Nous avons beaucoup débattu donc du dérèglement climatique, des changements climatiques et tout le débat était en fait basé sur le quatrième rapport du GIEC et sur le fait qu'il y a de plus en plus de preuves scientifiques que les changements climatiques sont entropiques et que nous devrions prendre des mesures maintenant sans plus tarder. D'abord parce que il y a d'autres problèmes qui vont se poser si nous tardons mais aussi parce que il est mieux, d'un point de vue économique, d'agir maintenant plutôt que d'attendre.

Je voudrais revenir une fois encore sur un point que je tiens à souligner. Monsieur GORE dans son film et dans sa campagne, la contribution des journalistes, des médias, tout cela a créé une prise de conscience sur l'importance de cette lutte contre les problèmes climatiques et de s'y attaquer maintenant. Il faut donc utiliser la dynamique qui s'est mise en place et arriver à un accord sur la création de l'ONUE. Il faut aussi que nous arrivions à un accord sur ce qu'il y a lieu de faire dans la période qui suivra 2012. Cette prise de conscience croissante du public amène également les politiciens à agir et le monde des affaires participe également à nos efforts maintenant. Ils se rendent compte que, s'ils agissent avant qu'il y ait des prises de décision du côté de la réglementation, ce sera une bonne chose pour eux, qu'ils ont tout intérêt a le faire tout de suite.

Le débat que nous avons eu était un débat pour voir non seulement quels étaient nos objectifs mais comment atteindre les objectifs en question et qui devrait participer à la mise en œuvre des objectifs retenus. Les objectifs sont fixés par les scientifiques. C'est le problème des 2 degrés selsius qui ne devraient pas être dépassés, c'est cela l'objectif. Il faut diminuer par deux les gaz à effet de serre, c'est cela l'objectif. L'idée c'est de réduire les émissions de 30 % d'ici 2020 et ensuite de poursuivre cette diminution. Le but est donc clair. Les moyens pour atteindre ces objectifs : il y a la recherche et la technologie. Il faut mettre au point de nouvelles technologies, il faut déployer ces nouvelles technologies pour qu'elles soient utilisées pour lutter contre les changements climatiques. Il nous faut également utiliser le marché mondial du carbone et fixer un grand programme général mondial pour les émissions pour que la réduction de CO² et des GES soient une réalité.

Avec un système d'achat des droits d'émission, nous arriverons à agir à l'échelle mondiale. Il faut aussi un transfert de technologie en direction des pays en développement et il faut que l'on trouve aussi le financement qui rende cela possible. Il faut aussi avoir une énergie plus efficace avec des sources d'énergie qui soient renouvelables, avec des systèmes de captage de l'énergie et des systèmes de stockage de l'énergie. Et surtout avoir recours à des énergies qui ne soient pas productrices de CO². Il y a aussi, des mesures d'atténuation très importantes à prendre également au regard de l'augmentation de la température de 0,7 degrés centigrades en chiffre moyen, et de l'augmentation des températures qui semble inévitable à l'avenir. Cela revient à dire qu'il faut que nous nous ajustions, que nous nous adaptions à cette nouvelle donne. Cela est particulièrement important dans les pays en développement. Il y a certains pays qui sont particulièrement touchés : je pense aux pays les moins développés de la planète qui vont ressentir l'impact négatif des changements climatiques sans pour autant être dans une situation qui leur permet de s'adapter à cette nouvelle donne.

C'est un devoir qui nous incombe de réduire ces émissions de CO² parce qu'il en va du bien de la planète tout entière. Mais nous avons un devoir particulier à l'égard de ces pays qui n'ont pas contribué à l'augmentation des émissions de GES. Donc il va falloir les aider et les aider à s'adapter à cette nouvelle donne. Je pense à des financements de projets, voir ce que l'on peut faire sur le terrain pour vraiment les aider à lutter contre les changements climatiques. Il faudra aussi s'adapter dans les pays développés naturellement.

Reste à savoir qui va participer à cette lutte contre le changement climatique. Cela aussi c'est très important. Dans l'Union européenne nous réduisons les émissions de CO². D'après les dernières données que nous avons, nous sommes maintenant 5 % en dessous du niveau de 1990 alors que les pays développés tels que les États-unis le chiffre continue à augmenter. Ils sont à 15 % de plus qu'en 1990. Autrement dit, si nous n'arrivons pas à convaincre les gens des pays qui sont très émetteurs de CO² nous n'arriverons pas à régler le problème. Donc, il faut convaincre les États-unis d'agir, il faut coopérer avec les pays en développement et il faut donc aider les pays en développement à se doter des technologies requises avec des systèmes qui soient plus efficaces pour la production d'énergie. L'idée c'est de ne pas dépasser cette butée d'une augmentation qui ne dépasse pas 2 degrés centigrades A ce moment là nous y arriverons probablement.

Dans le message de Monsieur GORE, il y a vraiment un message à l'intention des États-unis. Nous savons que dans certains États, aux Etats-Unis, en Californie par exemple, des efforts sont faits, d'ailleurs en coopération avec nous. Dans d'autres États, il y a un système d'échange de droits d'émission. Il y a maintenant des lois qui sont en discussion au niveau du Parlement pour cet échange de droits carbone. Donc je pense que nous serons très bientôt en train de coopérer avec les États-unis sur ce dossier. Je crois que les choses bougent de ce côté-là.

Une conclusion pour dire que cette conférence est un jalon très important. Elle va probablement marquer le début, comme l'a dit le Vice-président AL GORE, d'un effort très réel pour lutter contre le changement climatique. Je tiens à redire tous mes remerciements au Président CHIRAC qui a contribué grandement à ce dossier si important, ce dossier qui touche à l'environnement du monde entier.






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