Le développement et le rééquilibrage économiques de la Nouvelle-Calédonie.

Le développement et le rééquilibrage économiques de la Nouvelle-Calédonie.

Avec un Produit Intérieur Brut (PIB) évalué en 1999 à 407,5 MM FCFP (3,41 MM euros), soit environ 2 millions de FCFP par habitant, la "richesse créée par habitant" de la Nouvelle-Calédonie se situe entre celles de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie, et au niveau moyen observé dans les pays européens.

Trois secteurs, au potentiel considérable, et partiellement mis à profit, sont susceptibles d'attirer l'attention des investisseurs : le nickel (9,1% du PIB ), l'agriculture et la pêche (2% du PIB1) et le tourisme (2,7% du PIB1).

La Nouvelle-Calédonie souffre toutefois d'un déséquilibre de développement ancien, entre une province Sud dynamique, dominée par l'agglomération de Nouméa (120 000 habitants), et des provinces Nord et des Iles, enclavées.

Le développement et le rééquilibrage du territoire passent par l'aboutissement des grands projets d'usine métallurgique, notamment celle du Nord, et le soutien actif de l'ensemble des collectivités publiques.

I – Un développement économique fragile et déséquilibré

A – Un développement économique essentiellement fondé sur le nickel, le tourisme et la pêche

Le nickel constitue la principale activité productive de la Nouvelle-Calédonie et joue un rôle moteur pour l'ensemble de l'économie calédonienne. Depuis plusieurs années, il représente plus de 90% de la valeur des exportations. Il engendre aujourd'hui plus de 3000 emplois. L'extraction du minerai est réalisée par une dizaine de sociétés. La ressource calédonienne en nickel est évaluée à un quart des réserves mondiales.

Avec plus de 100 000 visiteurs par an (pour une population de 215 000 habitants) – dont un tiers de Japonais - et 6% de l'emploi salarié - l'activité touristique représente un enjeu essentiel, susceptible de contribuer au rééquilibrage entre les trois provinces. Le développement de ce secteur est toutefois confronté à deux difficultés : la qualité de la desserte aérienne, problème majeur en raison de l'insularité de la Nouvelle-Calédonie et de son éloignement des marchés, et la diversification du parc hôtelier, qui s'est enrichi toutefois depuis dix ans de réalisations importantes.

La pêche constitue enfin un des secteurs d'activité les plus prometteurs. Avec une Zone Economique (ZE) couvrant 1,45 million de km², soit la moitié de la Méditerranée, elle apparaît comme l'un des piliers de l'économie calédonienne de demain. La flottille actuelle, en augmentation constante, n'est toutefois pas à la taille de la richesse des ressources halieutiques. L'aquaculture, développée depuis plus de dix ans avec l'appui de l'IFREMER, et principalement axée sur la production de crevettes, dont 80% sont exportées, devrait par ailleurs connaître un essor important dans les prochaines années. Plus de 700 emplois ont été créés en dix ans dans les fermes aquacoles.

B – Une économie fragile

Le tissu des entreprises, quoique diversifié, reste peu développé. Sur les 26 142 entreprises du secteur marchand que comptait la Nouvelle-Calédonie au 30 juin 2002, 2102 d'entre elles avaient une vocation industrielle. La répartition entre les secteurs d'activité met en évidence la prédominance du secteur tertiaire, qui représente près de 68% de la production intérieure brute, tandis que le secteur secondaire y contribue à hauteur de 25% et le primaire de 7%.

L'économie calédonienne, compte tenu de l'étroitesse du marché intérieur, est très dépendante de l'évolution du marché international de ses deux secteurs clés que sont le nickel et le tourisme.

Ainsi, après une année 2000 excellente, l'industrie du nickel qui, de tous temps, a connu des cycles marqués, a traversé en 2001 une nouvelle crise, liée à la baisse des cours, entamée au premier trimestre, et accentuée après les événements du 11 septembre 2001. Toutefois, la diversification croissante des acheteurs de nickel en Nouvelle-Calédonie permet à l'activité métallurgique d'être progressivement mieux à même d'amortir les fluctuations de l'économie mondiale. L'évolution en 2002 des principaux indicateurs miniers a été caractérisée par une bonne tenue de l'activité métallurgique et par une forte baisse de la production minière et des exportations.

La fréquentation touristique a atteint, en 2002, 103 933 personnes. Ce résultat est en hausse de 3,4% par rapport à l'année 2001, mais reste en recul de 5,2% comparé à 2000. Ces résultats en demi-teinte s'expliquent en grande partie par la récession économique du Japon, premier client, mais aussi par les aléas de la desserte aérienne. Avec l'arrivée début 2003 des deux Airbus A330 de la compagnie Aircalin, la Nouvelle-Calédonie sera plus à même d'assurer le développement durable de ce secteur.

En 2002, le taux de couverture des importations par les exportations, qui s'était fortement dégradé en 2001 par rapport à 2000 à la suite de la chute des cours du nickel, passant ainsi de 65,5% à 48,6%, a continué à se détériorer en 2002, pour s'établir à 47,1%. Cette situation reste sans égal dans l'outre-mer français.

C – Un développement économique déséquilibré

Pour des raisons tant géographiques qu'historiques, le territoire calédonien est notablement déséquilibré sur le plan économique.
La province Sud, et particulièrement le Grand Nouméa, concentre plus de 70% des établissements industriels et commerciaux. Au 1er janvier 2002, on recensait ainsi dans cette province 12 zones industrielles ou artisanales, soit plus de 1000 lots voués à des activités économiques, dont 95% situés dans le Grand Nouméa. Il n'en existait en revanche que trois en province Nord (Koné, Pouembout et Koumac) et une dans la province des Iles (Wé). Le taux d'activité s'élevait en province Sud à près de 62%, contre 48% et 42% respectivement en province Nord et des Iles. Le taux de chômage est en moyenne deux à trois fois plus élevé en province Nord et des Iles qu'en province Sud.

II – Les voies du développement et du rééquilibrage économiques

A – L'émergence de grands projets miniers structurants

Il n'existe actuellement qu'une seule usine métallurgique sur le territoire, celle de Doniambo (SLN) à Nouméa. Elle fait actuellement l'objet d'un projet d'extension qui devrait permettre de porter sa production en quatre ans de 60 000 à 75 000 tonnes de métal contenu.

Le groupe INCO au travers de la Société Goro-Nickel, a engagé un vaste projet d'usine hydrométallurgique dans le sud du territoire. Avant la suspension temporaire de ce projet, pour cause de révision des coûts, cet investissement devait permettre la création de plusieurs milliers d'emplois directs ou induits, tout au long des travaux et après la mise en service, intialement prévue à la mi-2004.

Sur le plan coutumier, des discussions sont actuellement en cours concernant notamment l'intéressement des populations locales aux retombées économiques du projet et le respect de l'environnement.

Au Nord, la Société Minière du Sud Pacifique (SMSP), contrôlée par la province Nord, s'est lancée dans un partenariat majoritaire avec le groupe canadien FALCONBRIDGE en vue de réaliser, d'ici 2006, un vaste projet ("Projet Koniambo") de construction d'une usine pyrométallurgique, dont la capacité sera, au minimum, de 54 000 tonnes par an de nickel, d'une usine électrique et d'un port en eaux profondes. L'investissement est du même ordre de grandeur que celui du Sud.


B – Un soutien des pouvoirs publics au développement et au rééquilibrage économiques

Si, aux termes de la loi organique du 19 mars 1999, le développement économique relève, par déduction, de la compétence des provinces, c'est en pratique l'ensemble des collectivités publiques qui interviennent à un titre ou un autre en la matière.

Ces interventions visent notamment à favoriser la mise en place des projets miniers, mais aussi aquacoles et touristiques, ou à améliorer les infrastructures routières (transversale Koné-Tiwaka en province Nord), maritimes (port industriel de Népoui ou de plaisance à Koumac –province Nord-, terminal de marchandises à Wé – province des Iles), et aériennes.

a – La stabilité monétaire

Celle-ci est garantie par les traités d'Amsterdam-Maastricht grâce au lien fixe entre l'euro et le Franc CFP ("Communauté Française du Pacifique") : 1000 FCFP égalent 8,38 euros. Cette monnaie, émise par l'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM), a également cours dans les territoires de Polynésie française et des îles Wallis-et-Futuna. Il est à noter que l'adoption de l'euro en Nouvelle-Calédonie est souhaitée par une partie de la classe politique et par la communauté des affaires, représentée par la chambre de commerce et d'industrie.

b – Les politiques fiscales

Le système fiscal calédonien relève de la compétence locale. Il repose en particulier sur la taxe générale à l'importation, dont l'application et le rendement fiscal ont été jugés adaptés à une économie fortement importatrice de biens et de services. Par ailleurs, par une loi du pays en date du 27 juin 2001, la Nouvelle-Calédonie a accordé des avantages fiscaux aux investissements miniers projetés.

Parallèlement, l'Etat a maintenu son dispositif d'incitation fiscale à l'investissement outre-mer. Depuis le début de l'année 2003, la compagnie Aircalin dispose de deux airbus A 330 acquis dans le cadre de l'aide fiscale à l'investissement outre-mer. Cette acquisition permet de combler le retrait de la compagnie Air France sur les lignes du Japon.

c – Le soutien financier

Les provinces peuvent allouer des subventions à l'investissement productif et disposent d'une large panoplie d'aides ayant pour finalité de favoriser l'emploi et la création d'entreprises.

Par ailleurs, l'Etat a conclu avec la Nouvelle-Calédonie, les trois provinces, l'agglomération de Nouméa et divers autres communes, des contrats de développement aux termes desquels il contribuera au développement du territoire à hauteur de 354,9 Meuros sur la période 2000-2004.

Par ailleurs, avec le concours de l'Agence Française de Développement (AFD), divers organismes, comme l'Institut Calédonien de Participation (ICAP), la Banque Calédonienne d'Investissement (BCI) et l'Agence de Développement Economique de la Nouvelle-Calédonie (ADECAL) ont pour objectif de soutenir l'essor du tissu économique calédonien.

d – Les prises de participation

Les provinces disposent chacune d'une société de participation chargée de soutenir financièrement les secteurs considérés comme prioritaires pour le développement. Si PROMOSUD est à l'origine d'investissements majeurs dans l'hôtellerie de tourisme, ainsi que dans l'aquaculture et les industries de transformation de la province Sud, la SOFINOR détient, dans la province Nord, d'importantes participations dans les mines de nickel (SMSP), l'hôtellerie et l'aquaculture de crevettes, tandis que la SODIL, société de la province des îles Loyauté, est présente dans la pêche professionnelle, la desserte aérienne et maritime, et l'hôtellerie.

En créant en 2000 la Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle (STCPI), les trois provinces ont par ailleurs pu entrer dans le capital de la SLN, dont elles détiennent directement ou indirectement près de 50%. Cette société devrait leur permettre de jouer un rôle majeur dans la plus grande entreprise de Nouvelle-Calédonie.





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