Interview du Président de la République sur Europe1 (Extraits).

M. Jacques CHIRAC, Président de la République, invité de M. Jean-Pierre ELKABACH sur Europe1. (Extraits)

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Paris, le lundi 18 septembre 2006.



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JEAN-PIERRE ELKABBACH - Merci. Ce matin, votre intervention est un événement. Votre présence inédite, ici, en direct, l'est aussi sur le chemin des Nations unies à New York où vous serez ce soir. Vous entendez nous dire peut être, ce matin, ce que vous faites, vous voulez faire, pourquoi, avec quelles perspectives dans un monde dangereux et dans une France turbulente et attentive, ce matin, à ce que vous allez nous dire ?

LE PRESIDENT - D'abord, merci, de me donner l'occasion, Monsieur ELKABBACH, de le dire. C'est vrai que je pars à New York. Chacun voit que les tensions, les dangers, les déséquilibres du monde s'avivent, le monde devient dangereux. Alors, demain, à New York, la France prendra plusieurs initiatives pour la paix, pour l'aide au développement, la solidarité nécessaire entre les peuples, et pour l'environnement qui est actuellement inquiétant.

Par ailleurs, en France, la situation s'améliore. Ce n'est certainement pas le moment de lever le pied et je veux vous dire sur la base de quels principes et avec quels projets j'aborde les mois à venir.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Nous allons entrer dans le détail. Mais d'abord le pape BENOÎT XVI est, parait-il, profondément attristé par les réactions suscitées par un passage de son discours qui traitait de l'Islam et de la violence. Les propos de BENOÎT XVI ont, en effet, blessé le monde musulman. Est-ce que vous comprenez cela ?

LE PRESIDENT - Je n'ai pas pour vocation, ni l'intention de faire un commentaire sur les propos du pape. Je puis simplement dire, de façon générale et dans le cadre du dialogue des cultures et des civilisations que je prône, qu'il faut éviter tout ce qui anime les tensions entre les peuples ou entre les religions, et notamment éviter tout amalgame entre l'Islam, qui est une grande religion respectable et respectée, et l'islamisme radical, qui est une action tout à fait différente, de nature politique.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais entre la chrétienté, l'Islam et l'islamisme, est-ce qu'il n'y a pas deux partis qui sont déjà comme en conflit ?

LE PRESIDENT - Je ne veux pas parler de conflit car tout doit être fait dans le cadre du dialogue des cultures, du dialogue des civilisations, du dialogue des religions, pour éviter tout conflit. Ce n'est pas dans la nature des religions de provoquer des conflits.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et on peut ramener l'apaisement et le respect mutuel, aujourd'hui ?

LE PRESIDENT - Je l'espère. En tous les cas, c'est l'ambition de la France de participer à ramener cet apaisement.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Monsieur CHIRAC, les proches de BEN LADEN et d'Al Qaïda n'ont sans doute pas besoin des propos du pape pour proférer des menaces. Il parait que le numéro deux d'Al Qaïda place la France parmi leurs cibles. Est-ce que le danger terroriste augmente, aussi, pour nous, en ce moment ?

LE PRESIDENT - C'est le terrorisme qui est une réalité du monde contemporain et qu'il faut résoudre, contre lequel il faut lutter avec beaucoup d'énergie, avec beaucoup de solidarité et d'efficacité. Je ne dirai pas qu'il y a un danger particulier pour la France, car ce danger concerne toutes les nations. Ce qui est indispensable, en tous les cas, dans notre pays comme dans les autres, c'est de tout mettre en œuvre pour s'opposer au terrorisme, pour le détecter par la collaboration entre les pays, sur le plan de l'information, du renseignement, par tous les moyens. C'est ainsi que nous avons, en France, laissé l'alerte au niveau rouge, et d'ailleurs, après demain, en rentrant des Etats-Unis, je vais présider, à nouveau, un conseil de sécurité intérieure pour faire le point sur ces problèmes.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Cela veut dire que les Etats et les citoyens doivent renforcer leur vigilance mais que des solutions doivent être trouvées contre les sources mêmes de conflits, c'est pour cela que vous allez aux Nations unies ?

LE PRESIDENT - Certainement. Il y a des sources. Il faut essayer de les tarir.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Au Liban, qui a connu cet été trente cinq jours de guerre, le cessez-le-feu prévu par la résolution 1701 des Nations unies, voulu et préparé par la France, est respecté. Ce cessez-le-feu est fragile. A quelles conditions l'apaisement, pour vous, peut-il être durable,
Monsieur CHIRAC ?

LE PRESIDENT - D'abord, il est nécessaire. Le premier objectif, c'est de renforcer l'autorité du gouvernement libanais sur l'ensemble de son territoire car il n'y a pas de pays qui puisse vivre si une partie de son territoire échappe à l'autorité de son gouvernement. C'est donc essentiel. C'est dans ce contexte que les Nations unies ont pris certaines résolutions qui vont dans ce sens et qui faciliteront les choses, je l'espère. C'est d'abord la 1559 et c'est ensuite la 1701 que vous avez évoquée à l'instant. Et je souhaite qu'elles soient mises en œuvre, sans réserve. C'est l'intérêt du Liban et de la paix dans la région.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Vous savez que l'attitude de la France a provoqué de l'incompréhension et des reproches à un moment. Vous n'avez pas envoyé tout de suite des militaires, vous vous en souvenez, pour servir de casques bleus. On a dit "la France hésite", "la France tergiverse et elle ne sait pas ce qu'elle veut". Comment avez-vous pris cette polémique ?

LE PRESIDENT - Avec sérénité. Elle émanait d'observateurs superficiels. Les règles d'action et d'intervention de l'ancienne FINUL étaient incompatibles avec un renforcement de l'efficacité et de la sécurité des soldats. Il fallait donc, d'abord, obtenir des Nations unies, et en particulier du département des opérations du maintien de la paix, les modalités nouvelles permettant à cette nouvelle FINUL de se protéger et d'agir efficacement. J'ai eu de longues conversations avec le Secrétaire général des Nations unies et quand j'ai eu l'assurance que ces règles seraient appliquées, que nos soldats pourraient exercer leur mission de façon normale, c'est à ce moment-là que j'ai décidé de les envoyer. Il aurait été irresponsable de s'engager dans des actions sans en connaître les conséquences et les modalités.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Maintenant, les casques bleus ou autres ont des garanties contre d'éventuelles provocations. Ils ont le droit de riposter. Et comme vous l'avez souhaité, Monsieur CHIRAC, les casques bleus vont venir d'Europe, d'Asie. La Chine a dit ce matin qu'elle envoyait mille soldats···.

LE PRESIDENT - ··· et la Russie.

JEAN-PIERRE ELKABBACH -···et la Russie, des pays musulmans, comme le Qatar, la Malaisie, l'Indonésie seront bientôt cinq mille au Sud-Liban, dont deux mille Français que Michèle ALLIOT-MARIE rencontre ce matin, au siège de la FINUL à Nakoura. Est-ce que vous pensez qu'Israël tiendra sa promesse d'un retrait total des soldats du Sud-Liban ?

LE PRESIDENT - Je le pense. Israël avait mis comme condition, et on peut le comprendre, que la FINUL soit renforcée et soit déployée dans le Sud Liban. Eh bien, ces conditions étant remplies, je pense qu'Israël tiendra ses engagements.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et le Hezbollah. Est-ce que vous pensez qu'on pourra empêcher le Hezbollah de se réarmer, quand on sait que, par exemple, le Premier ministre du Liban, M. SINIORA, dit et nous a dit à Beyrouth que les militants du Hezbollah ne sont ni des ennemis, ni des étrangers, mais sont des Libanais.

LE PRESIDENT - Vous savez, la situation politique est fragile au Liban. Et donc il faut en tenir compte. Il est tout à fait normal qu'il y ait un courant qui exprime politiquement, notamment, la partie Hezbollah de l'opinion publique libanaise. Je ne le conteste pas. Ce qui est contestable, c'est de l'exprimer par la force, par des milices armées.
Il n'est pas, je vous le répète, de pays qui puisse accepter qu'une partie de son territoire soit contrôlée par des milices armées.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et vous répétez ce matin, Monsieur CHIRAC, que la solution ne sera militaire, qu'elle sera politique.

LE PRESIDENT - Naturellement, comme toujours.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Entre le Liban et vous, les gens pensent qu'il y a une sorte d'attachement. Comment dire ? Sentimental, affectif ? C'est vrai ?

LE PRESIDENT - C'est tout à fait exact. Et ce n'est pas entre le Liban et moi, c'est entre la France et le Liban. Il y a des liens très anciens, très profonds, très solides. Nous avons été très peinés, perturbés, par ce qui est arrivé au Liban, par le caractère tout à fait excessif de la répression dont il a été l'objet. Et nous souhaitons pouvoir participer maintenant à la reconstruction du Liban. Car au-delà même de la solution politique dont vous parliez à l'instant, il y a la reconstruction du Liban qui exige une communauté internationale unie. Et je proposerai, notamment, une conférence internationale qui puisse permettre de reconstruire le Liban, grâce à l'aide internationale.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est-à-dire qu'à New York, où vous parlez demain, ne pense-vous pas que le moment est venu, puisque tant de peuples ont souffert, d'une initiative de paix, d'une conférence internationale sur le Proche-Orient ?

LE PRESIDENT - C'est un problème différent : le problème, je dirais israélo-palestinien. Il est exact que ce problème mine depuis très longtemps la situation mondiale. Et qu'il faut trouver une solution. Cette solution existe, chacun en connaît les termes. Ce sont deux Etats en sécurité l'un vis-à-vis de l'autre et viables. Malheureusement, il n'y a plus de confiance. Il y a eu une période où il y a eu une confiance qui a failli permettre une solution. C'était la période où l'on a connu BEGIN et SADATE, où l'on a connu RABIN et ARAFAT. Il n'y a plus de confiance. Il faut rétablir la confiance. Alors je vais proposer à New York que l'on travaille au rétablissement de cette confiance et d'une solution de paix entre les deux pays. D'une part, avec une réunion du Quartet, qui est officiellement responsable de suivre ces évolutions. Et d'autre part, que cette réunion permette d'élaborer une conférence internationale qui donne à la communauté internationale l'engagement et les moyens de faire ensuite respecter les garanties qui ont été données.

Je crois que c'est indispensable. Cela suppose également, je dois le dire, que l'on évite un drame humanitaire qui est en train de se créer···

JEAN-PIERRE ELKABBACH - ··· A Gaza.

LE PRESIDENT - A Gaza. Et cela suppose la levée du blocus. Cela suppose la reprise des aides. Mais cela suppose aussi de l'autre côté que Mahmoud ABBAS, dont nous appuyons toutes les initiatives, puisse aboutir dans son projet de réaliser un gouvernement d'union nationale.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - D'ailleurs vous allez rencontrer le numéro un palestinien Mahmoud ABBAS à New York. Et demain vous rencontrerez aussi Georges BUSH. A l'époque de la guerre d'Iraq, il y a déjà longtemps, est-ce qu'il est vrai, comme l'a dit Nicolas SARKOZY à New York, que la menace du droit de veto était inutile puisqu'il n'aurait pas eu de majorité pour la guerre au Conseil de sécurité des Nations unies ?

LE PRESIDENT - Face au problème de la guerre en Iraq, j'ai pris mes responsabilités. J'ai défini la position de la France et je l'ai appliquée. Et quand je regarde la situation, les résultats, je n'ai pas le sentiment d'avoir commis d'erreur. Ce qui ne m'empêche pas d'espérer, naturellement, que l'action menée actuellement par le nouveau Premier ministre iraquien, soit couronnée de succès. Mais je suis très inquiet.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais la menace du droit de veto était inutile ?

LE PRESIDENT - Le droit de veto était implicite et ne pouvait pas ne pas être exprimé. Et donc je l'ai exprimé.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Il paraît qu'alors la France avait choisi la grande éloquence, l'arrogance plutôt que la modestie. Comment vous jugez vos relations avec George W BUSH, est-ce que vous pensez qu'il faut, vous, rebâtir, peut-être plus tard, la relation transatlantique ?

LE PRESIDENT - Non, non, la relation transatlantique se porte bien et on vient encore de le voir dans tous les problèmes qui touchent le Liban, qui touchent le Moyen Orient, qui touchent l'Afghanistan, qui touchent l'Iran. Nous avons une relation qui ne peut être qu'entre égaux, qui ne peut pas être une relation de soumission. Nous discutons. Les relations que j'ai avec le Président BUSH, comme celles que j'avais d'ailleurs avec son prédécesseur, sont très bonnes, des relations de confiance. Cela ne veut pas dire des relations de soumission et cela ne sera jamais, dans mon esprit, des relations de soumission.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Toute l'opposition tombe sur le dos de votre ministre, à cause des ses propos aux Etats-Unis, Nicolas SARKOZY qui marquerait une rupture avec ce que vous venez de dire ?

LE PRESIDENT - Je vous ai donné la position de la France, aujourd'hui.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Alors, l'Iran, on parle de l'Iran, elle est devenue la puissance de la région surtout depuis la guerre d'Irak. Jusqu'ici, l'Iran refuse, Monsieur le Président de la République, de suspendre l'enrichissement de son uranium comme l'exigent les Nations unies. Vous venez de recevoir à l'Elysée un émissaire de Téhéran. Est-ce que l'Iran est prêt à infléchir sa position et à quelle condition ?

LE PRESIDENT - L'Iran a développé, depuis déjà bien longtemps, de nombreuses années, un programme nucléaire clandestin et, c'est à cela que s'opposent aujourd'hui la plupart des nations.

Je note que, dans un premier temps, les trois pays européens ont essayé de négocier avec l'Iran. C'était l'Allemagne, l'Angleterre et la France. Puis se sont ajoutés à ce groupe et à cette négociation, d'une part la Chine et la Russie, qui sont membres permanents du Conseil de sécurité, dont la présence était indispensable, et les Etats-Unis. Ces six pays, qui représentent le Conseil de sécurité, négocient actuellement, grâce en particulier à l'intermédiaire de Monsieur SOLANA.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Est-ce que cela bouge ?

LE PRESIDENT - Il est probablement prématuré de faire des prévisions. Je ne suis pas pessimiste. Je pense que l'Iran est une grande nation, une vieille culture, une vieille civilisation, et qu'on peut trouver des solutions par le dialogue. En tous les cas, je ne crois pas aux solutions qui n'impliquent pas le dialogue, un dialogue porté à ses limites. C'est la raison pour laquelle je pense, que nous devons d'une part, ensemble, l'Iran et les six pays, d'abord trouver un ordre du jour de la négociation ; puis engager une négociation. Et, pendant cette négociation, je suggère que d'une part les six renoncent à saisir le Conseil de sécurité, et que l'Iran renonce pendant la durée de la négociation à l'enrichissement de l'uranium.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Donc, c'est en train de bouger ?

LE PRESIDENT - Je l'espère

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Il y a une partie de l'administration BUSH qui a la tentation de sanctions contre l'Iran. Vous, vous n'y êtes pas favorable ?

LE PRESIDENT - Je ne suis jamais favorable aux sanctions. Je n'ai jamais observé que les sanctions soient très efficaces. Je ne veux pas dire qu'il ne faudra pas arriver à des sanctions qui devront être, à ce moment-là, modérées et adaptées, mais rien ne vaut le dialogue, vous savez.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Monsieur CHIRAC, vous entendez la critique : Parler avec l'Iran d'AHMADINEJAD, qui veut la disparition de l'Etat d'Israël, c'est renouer avec l'esprit défaitiste de Munich.

LE PRESIDENT - Je ne vois pas de comparaison. Ceci étant, j'ai condamné de la façon la plus claire les propos systématiquement anti-israéliens du Président iranien, je les déplore.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et si à New York l'occasion se présente à vous, par exemple, de le croiser, de le rencontrer, est-ce que vous accepterez de vous entretenir avec d'AHMADINEJAD dans ces conditions.

LE PRESIDENT - Rien n'est prévu. J'ai dit très clairement que je considérais que les conditions n'étaient pas remplies, compte tenu des propos du Président iranien à l'égard d'un pays de la région, pour un dialogue personnel.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Toute l'attention du monde s'est portée sur le Liban, le Proche-Orient, l'Afghanistan, c'est normal étant donné les dangers. Mais il y a un endroit de l'Afrique qui vit une tragédie, le Darfour, avec des milliers de morts chaque semaine, contre l'indifférence et l'impuissance. Est-ce qu'il n'est pas temps pour la France, peut-être pour vous, de clamer, j'ai envie de dire de gueuler, haut et fort sa protestation.

LE PRESIDENT - D'abord, tout le monde ne sait pas très bien ce que c'est que le Darfour, mais c'est une région immense, qui est à l'ouest d'un pays qui lui-même, le Soudan, est le plus grand de toute l'Afrique. C'est une région dans laquelle il y a de multiples ethnies, avec des oppositions entre elles qui ont conduit le gouvernement du Soudan à chercher à rétablir le calme par la force. Cela s'est traduit par deux millions de déplacés, dramatiquement, par des centaines de milliers de morts. Nous sommes à la veille d'un nouveau drame humanitaire parce que nous arrivons à la fin de la saison des pluies et que les gens ont continué ···.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Qu'est-ce que l'on fait ?

LE PRESIDENT - ···ce qui d'ailleurs a pour conséquence de risquer de déstabiliser l'ensemble des pays de la région.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Qu'est-ce que l'on fait ?

LE PRESIDENT - Alors il n'y a pas trente-six solutions, il n'y en a qu'une. Les pays de l'Union africaine ne peuvent pas assurer et ont dit qu'ils ne pouvaient pas assurer à terme, la sécurité du Darfour. Par conséquent, tout le monde s'est mis d'accord pour que l'ONU intervienne avec une force comprenant environ 20000 hommes. Tout le monde en est d'accord, le Secrétaire Général aussi.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Sauf le pays concerné qui n'en veut pas ?

LE PRESIDENT - Alors, il y a naturellement une opposition du Soudan qui ne veut pas que les forces de l'ONU, que les casques bleus de l'ONU viennent apporter la paix.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Qu'est-ce que l'on fait, qu'est-ce que vous dites ?

LE PRESIDENT - Eh bien, moi je ferais un appel solennel d'une part au Président du Soudan, pour qu'il accepte la venue de l'ONU, c'est un problème humanitaire, un problème de stabilité. C'est inadmissible ce qui se passe et ce qui va se passer, et je ferais un appel à l'ONU de confirmer sa volonté d'être présente au Soudan.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Encore deux questions avant d'arriver à des questions françaises, sur le pays. L'Afrique, ce sont aujourd'hui, vous le voyez bien, des maladies, comme une sorte de malheur qui tombe sur ce continent. Est-ce que vous allez insister, aux Nations unies, sur le programme UNITAID qui a été lancé en France par votre Ministre des Affaires étrangères, Philippe DOUSTE-BLAZY, qui se fait le porte-parole ?

LE PRESIDENT - Je vais insister sur deux problèmes essentiels pour le monde d'aujourd'hui et pour lesquels je milite depuis longtemps. Le premier, c'est la solidarité et l'aide au développement. Au-delà même d'UNITAID -l'Afrique dont vous parlez-, c'est aujourd'hui neuf cent millions d'habitants dont trois cent cinquante de moins de quinze ans, demain, c'est-à-dire en 2050, un milliard neuf cent millions d'habitants. Il n'y a aucun moyen de stabiliser cette région si on ne lui donne pas les moyens nécessaires de développement.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et pas seulement pour des raisons liées à l'immigration, liées à la pauvreté ?

LE PRESIDENT - Non ! D'abord pour des raisons de principe, pour des raisons humaines, pour des raisons de solidarité et de justice. Il n'y a pas de mondialisation si la mondialisation ne s'applique qu'à des pays riches, les pays pauvres n'en profitant pas. Donc, nous avons la nécessité de trouver les moyens qui permettent de faire une aide au développement au niveau de ce qu'il faut, c'est-à-dire environ trois fois au minimum, ce que nous faisons actuellement. Nous ne le ferons pas par des moyens budgétaires parce que les budgets des Etats ne pourront pas permettre de le réaliser. Alors il faut le faire par des financements innovants. C'est pourquoi la France porte cette idée des financements innovants, en règle générale, pour l'aide au développement notamment la lutte contre la faim, l'éducation universelle et l'accès à l'eau potable.
Dans ce contexte, j'ai proposé que l'on fasse au moins une expérience sur l'un des problèmes les plus tragiques qui est celui de la lutte contre les grandes pandémies, la lutte contre le Sida, contre la tuberculose, contre le paludisme. Et donc j'ai proposé···

JEAN-PIERRE ELKABBACH - ···la taxe, la taxe sur les billets d'avion···

LE PRESIDENT - .que l'on fasse la taxe sur les billets d'avion.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - ça marche ça ?

LE PRESIDENT - Alors, une quarantaine de pays l'ont adoptée, j'espère que les autres vont y venir. Cela nous permettra d'avoir un système qui permette une centrale d'achat pour répondre à un problème majeur qui fait que les médicaments sont au nord et que les malades sont au sud. Nous voulons porter les médicaments dans des conditions acceptables au sud.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Vous croyez aux Nations unies, cela on le
voit ?

LE PRESIDENT - Alors UNITAID est une initiative dont je me réjouis et qui est un premier pas dans la bonne direction et une expérimentation des financements innovants pour l'ensemble de l'aide au développement.

Il y a un deuxième problème que je vais porter et qui est capital, c'est celui de l'environnement. On voit bien avec les difficultés, les problèmes que nous connaissons actuellement sur le plan du climat, nous voyons qu'il y a une lente déperdition de notre environnement. Cela devient très dangereux. Il est donc essentiel de prendre un certain nombre de dispositions. J'en ai proposé un certain nombre. La France est un peu à l'avant-garde dans ce domaine. C'est le seul pays qui a fait une charte de l'Environnement qu'elle a adossée à sa Constitution.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Alors qu'allez-vous proposer ?

LE PRESIDENT - Je vais proposer deux choses dont une essentielle qui est la création des "Nations unies pour l'environnement" ayant la capacité de concevoir une politique et de la mettre en œuvre. Naturellement, ce n'est pas pour demain. J'espère que ce sera réellement fait le plus rapidement possible.

Deuxièmement je vais proposer, je vais indiquer que je convoquerai, sur ce sujet, à Paris, en début d'année prochaine, une conférence internationale sur l'environnement, avec toutes sortes de responsables à la fois politiques, économiques et sociaux qui apporteront une espèce de définition de ce que devrait être une action internationale poursuivie au niveau de la Communauté internationale et de l'ONU.

JEAN-PIERRE ELKABBACH - et ça au début de l'année prochaine ! Il parait que vous avez été frappé par le film d'Al GORE, l'ex-vice président de Bill CLINTON et par votre entretien avec lui.

LE PRESIDENT - je crois que dans ce domaine, le Président AL GORE a une vue très claire des choses et l'exprime avec beaucoup d'efficacité.


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