Les perspectives énergétiques mondiales.

Les perspectives énergétiques mondiales.

La consommation mondiale d'énergie s'établit aujourd'hui à 10,5 milliards de tonnes d'équivalent pétrole (tep) par an. Les combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) en représentent 80%. Cela conduit à émettre chaque année dans l'atmosphère 24 milliards de tonnes de CO2 , niveau déjà insoutenable qu'il faudrait stabiliser, puis diviser par 2 (par 4 dans les pays développés), pour lutter efficacement contre le changement climatique.

Les perspectives à l'horizon 2050 sont radicalement différentes selon les politiques suivies.

Si on ne fait rien, on risque d'aboutir à une situation clairement insupportable : doublement de la consommation d'énergie à 22 milliards de tep/an ; augmentation de la part des combustibles fossiles à 85% ; explosion des émissions de CO2 à 56 milliards de tonnes/an (+130%). La croissance des pays émergents représenterait l'essentiel de cette hausse avec, en particulier, une augmentation très importante de la part du charbon de 24% à 34% de la consommation mondiale d'énergie.

Ce scénario se traduirait également par une dépendance croissante des pays consommateurs, et notamment de l'Europe, à l'égard des deux principales zones de production d'hydrocarbures : le Moyen-Orient et la Russie.

Ce scénario tendanciel n'est pas une fatalité. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie, il est possible, d'ici 2050, de : limiter la croissance de la consommation énergétique mondiale à 16,5 milliards de tep (+57%), tout en réduisant la part des combustibles fossiles à 65%, ce qui permettrait de stabiliser (seulement) les émissions de gaz à effet de serre au niveau actuel, alors qu'il faudrait en fait les diviser par deux.

Pour parvenir à ce simple objectif de stabilisation, il faudrait combiner :
" Une action immédiate, sur la base des technologies existantes : essentiellement des mesures d'économie d'énergie ("efficacité énergétique") -qui permettraient, à elles seules, de faire presque 50% du chemin- et le développement des énergies renouvelables.

" Une action à moyen terme, sur la base d'un effort important de R&D : les principaux gains sont à attendre du captage et de séquestration du carbone. Cette technologie permettrait de faire 20% du chemin. La Russie présente toutes les conditions requises pour être un pays pilote dans ce domaine. Des gains significatifs sont également envisageables par la relance du nucléaire.

" Une action à long terme, au-delà de 2050, qui doit être préparée aujourd'hui par un effort de R&D, permettra de faire baisser les émissions de CO2 en dessous du niveau actuel. Les principaux espoirs, pour cette troisième étape, portent sur les transports avec la pile à hydrogène.

Enfin, la fusion nucléaire (ITER) représente une solution à très long terme (fin du siècle, début du 22ème siècle).

CHIFFRES CLÉS :

La demande mondiale d'énergie est très inégalement répartie. Les principaux consommateurs sont : les Etats-Unis (22,2% du total), la Chine (14,7%), la Russie (6,4%), le Japon (5%), l'Inde (3,7%), l'Allemagne (3,1%) et le Canada (3%). Les pays du G8 consomment 46,1% de l'énergie mondiale.

Les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) couvrent actuellement 80% des besoins en énergie primaire. 2 Md de personnes dans le monde n'ont pas accès aux services énergétiques modernes.

Selon l'AIE, la consommation mondiale d'énergie devrait augmenter d'environ 52% d'ici 2030. Les 2/3 de cette augmentation émaneraient des pays émergents et en développement. Les énergies fossiles devraient représenter 81% de l'énergie consommée. La satisfaction de cette demande nouvelle nécessite des investissements à hauteur de 17 000 Md $, dont la moitié dans les pays en développement et 3 000 milliards pour les seuls secteurs gazier et pétrolier.

Le pétrole représente 35% de la demande mondiale de l'énergie primaire. La consommation mondiale de pétrole est de 82,4 M b/j (2005 - contre 81,4 en 2004 et 69,5 en 1995). L'OPEP assure 41,7% de la production totale.

Les réserves prouvées sont estimées à 1200 Md barils. L'OPEP en dispose des ¾. Au rythme actuel, les réserves mondiales peuvent couvrir environ 40 années de production (5 en Amérique du Nord et plus de 80 au Moyen-Orient).

Pays Réserves Pays Production (2005)
Arabie Saoudite 22% du total Arabie Saoudite 13,5% du total 11 Mb/j
Iran 11,5% du total Russie 12,1% du total 9,5 Mb/j
Iraq 9,6% du total Etats-Unis 8% du total 6,8 Mb/j
Koweït 8,5% du total Iran 5,1% du total 4 Mb/j
EAU 8,1% du total Mexique 4,8% du total 3,7 Mb/j
Venezuela 6,6% du total Chine 4,6% du total 3,6 Mb/j
Russie 6,2% du total Canada 3,7% du total 3 Mb/j

La moitié de la production de pétrole mondiale est destinée au secteur des transports. Ce dernier dépend à 98% des hydrocarbures.

Le charbon (24% de la demande mondiale d'énergie primaire).

La consommation mondiale de charbon est de 2929 tonnes équivalent pétrole (tep), en augmentation de 5% par rapport à 2004.

Les principaux consommateurs de charbon sont la Chine (36,9% de la consommation mondiale), les Etats-Unis (19,6%), l'Afrique du Sud (3,1%) et l'Allemagne (2,8%). Le charbon a une part prépondérante dans le bouquet énergétique de ces grands consommateurs : il répond à 75% des besoins en énergie primaire de l'Afrique du Sud, à 65% de ceux de la Chine, à 24% de ceux de l'Allemagne, et à 22% de ceux des Etats-Unis .

Les réserves sont estimées à 909 000 tonnes. Les pays de la CEI en disposent du quart. Au rythme actuel, elles peuvent couvrir environ 155 années de production (178 dans les pays de l'OCDE et 487 dans les pays de la CEI).

Le gaz (21% de la demande mondiale d'énergie primaire)

La consommation mondiale de gaz est de 2 749 Md m3. Les pays de la CEI assurent 27,5% de la production totale. Les réserves prouvées sont de 179 600 Md m3. Les pays de la CEI en disposent du tiers.

Pays Réserves prouvées Pays Production (2005)
Russie 26,6% du total Russie 21,6% du total
Iran 14,9% du total Etats-Unis 19% du total
Qatar 14,3% du total Canada 6,7% du total
EAU 3,4% du total Algérie 3,2% du total
Etats-Unis 3% du total Royaume-Uni 3,2% du total

Au rythme actuel, les réserves mondiales peuvent couvrir environ 70 années de production (10 en Amérique du Nord et un peu moins de 250 au Moyen-Orient).

Les énergies renouvelables(13,5% de la demande mondiale d'énergie primaire) : l'utilisation de la biomasse et des déchets couvre 11% des besoins en énergie primaire, l'énergie hydraulique 2% et les autres énergies renouvelables (solaire, éolienne) 0,5%.

Le nucléaire (5% de la demande mondiale d'énergie primaire)
443 réacteurs sont aujourd'hui en service dans le monde (dont 104 aux Etats-Unis, 59 en France, 53 au Japon, 30 en Russie, 23 au Royaume-Uni). La production totale d'électricité d'origine nucléaire est de 2557 Md kWh, soit 16% de la production électrique globale.

Pays Electricité nucléaire produite Part de l'électricité nucléaire
Etats-Unis 30,6% du total 20% du total
France 16,7% du total 78% du total
Japon 9,3% du total 22% du total
Allemagne 6,1% du total 28% du total
Russie 5,4% du total 17% du total

Les principaux producteurs d'uranium sont, dans l'ordre, le Canada, l'Australie, le Kazakhstan, le Niger, la Russie et la Namibie.

ORGANISATIONS INTERNATIONALES

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) regroupe aujourd'hui 11 membres, elle a été créée en 1960 afin de donner aux Etats producteurs un pouvoir de négociation face aux compagnies pétrolières.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) est une organisation autonome liée à l'OCDE, créée suite au premier choc pétrolier de 1974, avec pour objectif de réduire la dépendance des pays développés à l'égard du pétrole et d'assurer leur sécurité énergétique. Elle rassemble 26 pays, tous membres de l'OCDE, dont 17 Etats membres de l'UE.

La Charte l'énergie est destinée à promouvoir la coopération dans le domaine de l'énergie en prévoyant les bases légales nécessaires à la mise en œuvre, entre ses membres, d'un marché de l'énergie ouvert, compétitif, et garant d'un approvisionnement sûr. 51 pays l'ont signée et ratifiée dont l'ensemble des pays de l'Union européenne mais 5 (dont la Russie) ne l'ont pas ratifiée. La ratification rapide par tous permettrait de promouvoir une protection similaire à celle mise en place dans le cadre de l'OMC et améliorerait la sécurité énergétique globale, notamment pour le transit et la protection des investissements.

Le Forum international de l'énergie (FIE) est un dialogue informel entre les pays producteurs et consommateurs de gaz et de pétrole portant sur l'ensemble des questions énergétiques, lancé en 1991 et institutionnalisé en 2005 avec l'installation d'un Secrétariat permanent (Arabie Saoudite). Le nombre de membres varie d'une conférence à l'autre (actuellement une cinquantaine).

LES GRANDES COMPAGNIES DU SECTEUR PÉTROLIER

En fonction de leur chiffre d'affaires : BP (285 Md USD), Exxon Mobil (270 Md USD), Royal Dutch Shell (268 Md USD), Total (152 Md USD), Chevron Texaco (147 Md USD), Conoco Philips (121 Md USD), Sinopec (75 MD USD), ENI (74 Md USD) China National Petroleum Company (67 Md USD).

L'UNION EUROPÉENNE

L'UE consomme 16,3% de l'énergie mondiale (contre 26,6% pour l'Amérique du Nord). Sa consommation de pétrole atteint 14,7 M b/j (38% de la demande d'énergie, avec une variation de 16 à 90% selon les pays) et représente 18,3% de la demande globale.

Sa consommation de gaz atteint 471 Md m3 et représente 17,1% de la demande globale.
43,8% des importations pétrolières de l'Europe proviennent de CEI et 38,6% du Moyen-Orient. 45% des importations de gaz de l'Europe proviennent de Russie (le gaz russe représente 25% de la consommation des pays européens), dont 82% transitent par l'Ukraine.

Globalement, la dépendance énergétique de l'Europe pourrait atteindre 70% en 2030 contre 50% aujourd'hui. Pour le gaz naturel, elle serait portée à 81%.

LA FRANCE

En France, la consommation d'énergie primaire repose pour 42,5% sur l'électricité, 33,6% sur le pétrole et 14,6% sur le gaz (25,3% du gaz consommé en France est russe). La production d'électricité est à 78% d'origine nucléaire. Le taux d'indépendance énergétique est de 50,2%.





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