Inde - Situation Economique et Financière

Situation économique et financière.


La bonne santé de l'économie indienne se confirme, avec une croissance comprise entre 7 et 8% pour la troisième année consécutive, tirée par une forte consommation et l'investissement productif. Les tensions monétaires, budgétaires et sur les comptes extérieurs ne doivent pas être sous-estimées mais restent maîtrisables. Pour poursuivre et amplifier ce mouvement, une série de nouvelles réformes visant à libéraliser le marché indien et à améliorer les infrastructures a été engagée.


UNE CONJONCTURE PARTICULIEREMENT FAVORABLE QUI REPOSE SUR DES FONDAMENTAUX GLOBALEMENT SAINS

Une croissance durablement élevée, tirée par la consommation et l'investissement productif
Le taux de croissance s'est accéléré, passant progressivement de 3-4% par an en moyenne dans les années 1970 à 7-8% aujourd'hui, et s'est stabilisé, du fait notamment des performances durables des services (plus de la moitié du PIB, taux de croissance de 8,5% pour l'année budgétaire 2004-2005), de l'industrie (plus du quart du PIB, croissant à 7,4%), et du poids désormais moindre de l'agriculture (53% de la population active employée mais environ 20% du PIB, croissant à 1,2% en moyenne par an) et donc de l'influence des aléas climatiques (mousson) sur la conjoncture.

Les dernières prévisions conjoncturelles pour l'année budgétaire 2005-2006 ont été revues à la hausse (consensus économique autour de 7,5%) après les excellents résultats dégagés entre mars et juin (croissance supérieure à 8%). Les moteurs de cette croissance soutenue sont à la fois la consommation et, fait plus récent, l'investissement productif :

  • La consommation a crû à un rythme de 8,5% par an en moyenne depuis 5 ans, du fait de l'accroissement démographique (17 millions d'habitants supplémentaires chaque année), de l'enrichissement de la population (croissance du PIB par habitant de plus de 28% en 2 ans), de la forte baisse des tarifs douaniers (taux moyen appliqué de 14% en 2005 pour les produits industriels contre 125% en 1990), de la maîtrise de l'inflation (moins de 4% sur les trois dernières années) et de la baisse des taux d'intérêt nominaux (de 13% en 2000 à 7% en 2005 pour un crédit automobile).
  • En réponse à cette forte demande, la production industrielle croît désormais à un rythme de 10% par an et annonce un cycle d'investissement productif prometteur, les entreprises manufacturières bénéficiant par ailleurs de la hausse forte de leurs profits (excédents bruts d'exploitation supérieurs à 30% par an depuis 3 ans), de la faiblesse des taux d'intérêt (les charges d'intérêts représentent moins de 2% du chiffre d'affaires, contre 5% en 2000) et de la baisse des charges salariales (4,5% du chiffre d'affaires, contre 6,5% en 1998) traduisant l'ampleur des gains de productivité qu'elles ont réalisés.

Sur le plan monétaire, la forte demande domestique, le développement du crédit (+30% par an) et la hausse des prix de l'énergie (jusqu'à présent artificiellement contenue par un contrôle des prix à la consommation) se traduisent par une remontée de l'inflation, qui pourrait dépasser 5% en moyenne annuelle sur l'année budgétaire en cours, et par une légère dépréciation de la roupie.

Sur le plan budgétaire, la prudence domine également. La "loi de responsabilité budgétaire" votée en 2004, véritable cadrage pluriannuel des finances publiques, a permis de diminuer le déficit budgétaire de l'Etat central à 4,3% du PIB pour l'année fiscale 2004-2005 contre 5,1% l'an dernier.

Sur le plan externe, le déficit commercial s'est largement accru (5,5% du PIB contre 2,6% l'an dernier), la croissance soutenue des exportations de biens (plus de 20% par an) restant encore loin de celle des importations (près de 50%).


L'ENGAGEMENT VERS UNE SECONDE GENERATION DE REFORMES

Si les réformes engagées au milieu des années 1980 (libéralisation interne) et, surtout, à partir de 1991 (libéralisation externe) par l'actuel Premier ministre Manmohan SINGH (à l'époque ministre des Finances) sont certainement à l'origine de l'accélération du rythme de la croissance, le constat est largement partagé que ce rythme ne pourra être accru, ni peut-être même maintenu, sans une seconde génération de réformes.

Afin de consolider à plus long terme son développement économique, l'Inde devra considérablement renforcer, dans un contexte de maîtrise budgétaire, ses infrastructures physiques (énergie, transports, eau) et sociales (faiblesse du système éducatif public de base, absence de couverture sociale pour une vaste majorité de la population) actuellement largement déficientes par rapport aux autres pays émergents. Elle devra également développer son secteur industriel, notamment manufacturier, seul à même d'absorber l'afflux important de main d'œuvre (10 millions de nouveaux actifs par an, alors que les services informatiques ne pourront accueillir, que moins de 1,5 million de personnes).

Par ailleurs, le rythme de croissance actuel a accru certaines inégalités entre les secteurs (agriculture atone) et entre les zones géographiques (le développement se concentrant dans les régions autour de Bombay, Bangalore-Chennai, Delhi, Calcutta et Hyderabad, au détriment du centre et de l'Inde rurale).


Plusieurs réformes importantes ont été récemment adoptées :

  • Dans le domaine fiscal, l'instauration en 2005 de la TVA (qui devrait être appliquée en 2006 par l'ensemble des Etats fédérés), en lieu et place d'une superposition de taxes disparates et obsolètes ;
  • Dans le domaine social, l'introduction d'un revenu minimum pour les employés agricoles et l'engagement, encore freiné par les syndicats et partis de gauche, d'une refonte du régime des retraites (passage d'un système par répartition à un système par capitalisation, dans un premier temps pour le secteur public) ;
  • Et, tout récemment, l'annonce d'un ensemble de mesures visant à favoriser les investissements directs étrangers (IDE) en simplifiant les procédures et en ouvrant, de façon limitée, l'accès au secteur de la distribution de détail .

Des programmes d'amélioration des infrastructures ont également été annoncés avec des projets d'investissement ambitieux (3,9 Mds USD pour les infrastructures en milieu rural sur la période 2005-09 ; projet Ultra Mega Power de construction de centrales thermiques d'une capacité minimum de 4 GW; projet National Highway Development d'extension du réseau autoroutier ; constructions d'autoroutes, extensions des ports et aéroports, etc.) que le gouvernement ne pourra tenir que s'il parvient à réduire la part des subventions diverses qu'il accorde (énergie, alimentation···) et à recourir à des formes innovantes de partenariat avec le secteur privé.





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