Sommet du G8 de Gleneagles. Changement climatique : Eléments d'intervention du Président de la République.

Sommet du G8 de Gleneagles.

Rencontre et déjeuner avec des Chefs d'Etats et de Gouvernement des pays émergents.

Jeudi 7 juillet 2005 - 12 h 15 - 15 h 00

Document de Travail.

CHANGEMENT CLIMATIQUE

Eléments d'intervention du Président de la République.

  • Le changement climatique est un sujet capital. Un des plus grands défis que doit relever l'humanité.


  • Dans une déclaration sans précédent, les huit académies des sciences du G8, avec celles de Chine, d'Inde et du Brésil, nous ont lancé un appel à la responsabilité et à l'action.


  • Seule une action internationale concertée permettra de lutter efficacement contre le changement climatique car le problème est mondial et la responsabilité partagée.


  • L'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto constitue une étape historique. Mais nous savons aussi qu'il nous faudra aller beaucoup plus loin. La première période d'engagement de réduction des émissions de CO2 des pays développés s'achève en 2012. Nous devons préparer la suite, dans le cadre de la Convention des Nations Unies contre le changement climatique, dont nous sommes ici tous membres.


  • Notre premier objectif doit être de réunifier la communauté internationale dans ce combat dont dépend l'avenir de l'humanité toute entière.


  • Les pays développés, parce qu'ils sont à l'origine du problème, ont une responsabilité première à agir.


  • Mais les pays émergents doivent également s'impliquer davantage.


  • Avec une croissance de la demande mondiale d'énergie de 60% au cours des 25 prochaines années, nous ne pouvons plus continuer comme cela.


  • Le modèle de consommation énergétique des pays développés n'est pas soutenable à terme. Il est encore moins transposable à l'échelle de la Chine, de l'Inde ou du Brésil. Avec les problèmes qu'il engendre -l'augmentation du risque de catastrophes naturelles, la pollution, les tensions sur les approvisionnements pétroliers-, il pourrait même devenir une entrave au développement de ces pays.


  • Il existe aujourd'hui une convergence d'intérêts entre les pays développés et en développement. Une opportunité unique de coopération et d'action.


  • Le point de départ de cette coopération, ce doit être la reconnaissance du droit à l'énergie des pays en développement, car il ne saurait être question de brider la croissance dont ils ont besoin pour sortir leur population de la pauvreté.


  • Le moment d'agir, c'est maintenant, alors que les grands pays émergents doivent faire des choix énergétiques qui vont les engager pour les cinquante ans à venir.


  • Il existe déjà, avec la Convention des Nations Unies contre le changement climatique et le Protocole de Kyoto, un certain nombre de mécanismes financier et de marché pour faciliter les transferts de technologies et le développement propre. Ces mécanismes sont utiles mais d'ampleur très limitée. Leur fonctionnement doit impérativement être amélioré. Conçus voici plus de dix ans, ils ne sont plus à la mesure de l'enjeu.


  • Nous devons aujourd'hui aller beaucoup plus loin dans cinq domaines :
  1. Premier domaine : la coopération scientifique et industrielle, notamment dans les domaines du charbon propre, sans émission de CO2, et des énergies renouvelables, où les pays émergents sont souvent, comme le Brésil avec les bioénergies, à la pointe de l'innovation. Cette coopération doit aussi porter sur le nucléaire. A cet égard, je me réjouis de la participation de la Chine au programme ITER ;


  2. Deuxième domaine : la création de nouveaux mécanismes de marché, afin de faciliter les transferts de technologies et d'accélérer le déploiement des technologies propres : je propose en particulier de travailler sur la création de droits d'émission sans engagements nationaux contraignants. Un tel mécanisme permettrait à un pays en développement qui ferait l'effort de réduire, par rapport à un scénario tendanciel, ses émissions dans un secteur donné -par exemple la production électrique, le transport ou l'habitat- de revendre les crédits d'émission ainsi obtenus sur le marché mondial du carbone ;


  3. Troisième domaine, le financement de la transition vers des énergies propres. Le Fonds pour l'environnement mondial est aujourd'hui trop restreint dans ses moyens et dans son champ d'intervention. Il n'a pas la capacité de soutenir des transferts de technologie à grande échelle ni d'orienter les grandes politiques d'équipement, notamment dans le domaine des transports, vers les solutions optimales du point de vue de la sécurité énergétique et du changement climatique : je pense notamment au développement des infrastructures ferroviaires, fluviales et maritimes, ou à la planification urbaine. Je propose de travailler sur de nouveaux mécanismes financiers afin d'accélérer cette transition énergétique : partenariats public/privé ou nouveau fonds international, qui pourrait être alimenté par un prélèvement international de solidarité. Ce sera un investissement dans le climat et dans la croissance.


  4. Quatrième domaine, l'adaptation des normes internationales. Les enjeux du changement climatique ne sont pas suffisamment intégrés dans les normes internationales. Je pense en particulier aux règles du commerce et de la propriété intellectuelle. Je souhaite qu'une réflexion s'engage afin de parvenir à un équilibre optimal entre la protection de l'innovation et la diffusion des technologies.


  5. Cinquième domaine, la négociation de formes d'accords sectoriels internationaux permettant de généraliser l'usage des technologies les moins polluantes dans les secteurs clefs de la sphère industrielle, comme l'automobile ou la sidérurgie.
  • Je souhaite que le dialogue que nous lançons aujourd'hui aborde ces questions avec ambition et imagination.
  • Le moment est venu d'ouvrir ces chantiers. De même que la communauté internationale avait adopté à Berlin en 1995 un mandat de négociation qui avait conduit à l'adoption du Protocole de Kyoto, nous devrons engager lors de la conférence de Montréal à la fin de cette année la négociation d'un nouveau mandat, première étape vers un futur cadre international de lutte contre le changement climatique intégrant pleinement les objectifs de développement.
  • Je propose d'accueillir l'an prochain à Paris une conférence internationale sur ces questions. Je chargerai un haut responsable de sa préparation.




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