Message de la jeunesse africaine - 23ème sommet Afrique France.

23ème SOMMET AFRIQUE FRANCE.

ADRESSE DE LA JEUNESSE AFRICAINE AUX CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT PARTICIPANT AU 23ème SOMMET AFRIQUE FRANCE.

BAMAKO (MALI) - 3 et 4 DECEMBRE 2005.

Si les politiques ne s'occupent pas de la jeunesse ...

Nous, jeunesse africaine et de la diaspora, réunie à Bamako les 8 et 9 novembre 2005 à l'occasion du premier forum de la jeunesse africaine, en prélude au Sommet des Chefs d'Etats d'Afrique et de France, conscients de notre place et de notre responsabilité dans le présent et le devenir de l'Afrique,

Remercions les dirigeants d'Afrique et de France pour nous avoir convié au présent Sommet.

Au delà des préoccupations d'ordre émotionnel et folklorique, nous disons et réaffirmons que l'Afrique est malade de sa jeunesse.
Fer de lance de tout peuple civilisé, la jeunesse en Afrique est généralement absente dans la prise de décisions et des grands débats de développement.

Il n'est fait allusion à la jeunesse que lorsqu'il est question d'émeutes, d'incendies, de conflits armés, d'abus de stupéfiants, de chômage, de pédophilie, de Sida...

Nous avons été longtemps réprimés dans nos aspirations politiques et dans l'expression de nos attentes.

Nous nous sommes malgré tout, imposés comme acteurs décisifs, des transformations sociales et politiques de notre continent.

Nous disons cela en pensant à la jeunesse africaine d'antan, celle qui s'est battue pour la libération de l'Afrique et également celle qui continue à se battre pour son développement.

Nous nous réclamons de vos 20 ans, vous qui présidez aujourd'hui au destin de nos pays et qui oubliez souvent que vous avez rêvé, rêvé comme Lumumba, Modibo Kéïta, Nkrumah, Nasser, Bourguiba, Négus Haïlé Sélassié, Amilcar Cabral, Agostinho Neto, Houphouet Boigny, Léopold Sédar Senghor, Nelson Mandéla, Cheick Modibo Diarra et tant d'autres.

Comme nous aujourd'hui, vous vous êtes battus contre les injustices.

Comme nous aujourd'hui, vous avez rêvé d'une meilleure place pour nos pays sur l'échiquier mondial.

Nous venons de façon responsable réclamer notre place à cette tribune, pour parler franc à l'Afrique et à la France.

Par delà vos augustes autorités, nous nous adressons au monde entier, car, aujourd'hui, qu'est ce que la frontière, qu'est ce que le pays, qu'est ce que la nationalité, dès lors que se construit dans la globalisation et grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, une nouvelle citoyenneté mondiale ?

Au delà de tout ce qui précède, nous jeunes d'aujourd'hui, sommes au coeur de beaucoup de combats et avons espoir quand à notre avenir.

Nous jeunes d'Afrique avons une vision claire du modèle de citoyen qu'il faut pour nos pays afin de sortir le continent de l'impasse.

Nous innovons en créant partout en Afrique des centaines de milliers d'associations, d'ONG, de coopératives et d'entreprise...

Nous avons imaginé de nouvelles pistes de développement prenant en compte nos besoins et préoccupations ainsi que ceux de nos populations.

Du rap au slam, en passant par tous les modes d'expression possibles, nous donnons notre vision d'une société africaine plus exigeante, nous dénonçons les pseudo modèles de développement, et revendiquons plus d'éthique et d'innovation à la tête des Etats.

Le temps nous est compté.
Et l'Afrique ne peut plus se permettre les dérives et les errements politiques, la mauvaise gouvernance.

La vitalité, la créativité et les ressources humaines non encore entamées de notre génération et des générations à venir constituent un capital qui ne doit pas être compromis.

Nous ne voulons plus de déclarations, et d'énièmes plans d'action, mais plutôt des mesures politiques structurées et opérationnelles adoptées par les Etats en vue d'améliorer effectivement les conditions de vie de la jeunesse africaine.

Ce que nous exigeons c'est l'élaboration de politiques de développement claires et opérationnelles articulées autour de la jeunesse sur les thématiques ci-après :

S'agissant de la Formation et de l'emploi des jeunes, nous souhaitons :

- le renforcement des programmes nationaux de promotion de l'emploi;
- la prise de mesures appropriées de soutien aux filières de production rurales impliquant des jeunes;
- l'accroissement des moyens pour la formation professionnelle et l'apprentissage;
- la ratification et la mise en oeuvre des conventions internationales dans le domaine de l'emploi et de la formation des jeunes;
- la prise en compte dans les différents programmes de formation et de promotion de l'emploi, de la spécificité des jeunes en difficulté et de celle des handicapés de la scolarisation de la petite fille.

S'agissant des grandes questions environnementales et sanitaires, nous suggérons :

- l'engagement personnel des Chefs d'Etat dans la lutte contre la pandémie du vih-sida;

- la mise en œuvre et le suivi évaluation des grands programmes de communication pour le changement de comportement;
- le développement et le renforcement des services de proximité en conseils et assistance, en promotion de la santé sexuelle reproductive;
- la gratuité et l'accès universel des Personnes vivant avec le VIH/SIDA aux Anti Rétro Viro et l'accès gratuit aux préservatifs pour tous
- la libéralisation des licences de fabrication de médicaments essentiels en matière de VIH/SIDA.

S'agissant de l'insertion socio politique et économique, nous suggérons :

- la prise de dispositions légales pour la représentation des jeunes dans toutes les instances de prise de décision à l'échelle locale, nationale et internationale;
- le renforcement des mécanismes de suivi et d'accompagnement des initiatives des jeunes à l'échelle locale, nationale ou sous-régionale;
- l'insertion des jeunes ruraux par l'accès au foncier;
- la prise de mesures spécifiques au profit des groupes vulnérables;
- l'allègement des conditions d'accès des jeunes aux financements nationaux et internationaux;
- la création et le renforcement des Conseils Nationaux de la Jeunesse;
- la mise en place d'Observatoires de la jeunesse ;
- la multiplication de salons régionaux et nationaux de la créativité au niveau africain et de chaque pays ;
- la mise en place d'un Conseil de la jeunesse Africaine et de la Diaspora.

S'agissant des migrations, nous souhaitons :

- la multiplication des actions d'échange culturel et de co-développement pour une meilleure compréhension de la migration comme facteur de développement;
- la promotion des formations de proximité et de projets jeunes pour la réduction du déséquilibre nord/sud;
- la sensibilisation des jeunes à la législation des pays d'accueil et la mise en oeuvre effective des accords et conventions internationales en matière d'immigration.
- le développement des infrastructures, opportunités et mécanismes au niveau rural pour attirer les jeunes africains à y revenir;
- la valorisation des ressources humaines nationales et africaines pour endiguer le phénomène de la fuite des cerveaux ;
- la mise en œuvre du dispositif d'évaluation par pair du NEPAD pour faciliter la bonne gouvernance.

De nombreuses logiques sont en mouvement : logiques sociologiques, logiques politiques et économiques.

Les chefs d'Etat que vous êtes, doivent très vite les déceler, les interpréter et engager les réformes adéquates.

Nous, jeunesse africaine, avons soif d'apprendre, et sommes impatients d'agir, ...

Nous, jeunesse africaine, sommes porteurs d'une culture de paix, de convivialité, de transnationalité.

Nous nous battrons avec votre soutien, pour que l'Afrique extirpe de son quotidien les conflits fratricides, les enfants soldats et les génocides.

Enfin pour terminer, le forum de la jeunesse africaine plaide en faveur de l'avènement d'une bonne gouvernance, en utilisant des mécanismes institutionnels existants tels que l'Union Africaine et les organisations sous régionales.

Une bonne gouvernance qui permettra aussi, et surtout le respect des engagements pris en vue de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le Développement, sans lesquels nos efforts ne produiront pas les résultats escomptés.

Nous confions ces propositions, solennellement, et respectueusement, aux parents que vous êtes...

Nous nous adressons, à la conscience des jeunes que vous avez été.

Nous disons simplement, que nous n'avons pas l'éternité devant nous.

Nous sommes dans l'urgence, dans l'obligation d'avancer.

Si les politiques ne s'occupent pas de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s'occuper des politiques afin que les engagements aient un sens.

Vive la jeunesse africaine,
Vive la coopération Afrique - France) Vive le 23ème sommet Afrique - France,

Et rendez-vous au 24ème sommet pour le bilan des engagements pris à Bamako.

Fait à Bamako, le 09 Novembre 2005.

Le Forum de la Jeunesse Africaine et de la diaspora.





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