La dette extérieur de l'Afrique et initiative PPTE

La dette extérieur de l'Afrique et initiative PPTE


Avec une dette extérieure s'élevant à environ 350 milliards de dollars (1999), l'Afrique est le continent le plus endetté en proportion de son produit national brut. Si pour l'ensemble des pays en développement, le stock de la dette extérieure s'élève en moyenne à 40% du PNB, ce ratio culmine, pour l'Afrique, à un peu plus de 60%. Plus de 20% des recettes à l'exportation sont affectés au service de la dette. A l'intérieur du continent africain, la situation de l'Afrique au sud du Sahara est encore plus défavorable, puisque l'encours total (230 milliards de dollars en 1998) représente environ 70% du PNB.

Conscients de ce problème et de ses conséquences sur le développement économique et social des pays africains, les bailleurs de fonds bilatéraux ont commencé à réagir dès 1976, puis en 1988 en des termes plus concessionnels, en proposant de rééchelonner le service de la dette. Malgré la concessionnalité accrue de ces réaménagements (termes de Toronto : réduction de 33% du service de la dette concerné ; termes de Londres : 50% ; de Naples : 67%) et les annulations unilatérales décidées par certains pays (pour la France, annulations "de Dakar"), cette aide financière n'a pas suffi à empêcher le report du paiement du service de la dette sur les années suivantes, enfermant les pays et leurs créanciers dans un jeu de rééchelonnements successifs.

Les bailleurs de fonds bilatéraux et, pour la première fois, les bailleurs de fonds multilatéraux ont ensuite décidé de procéder à des annulations importantes de stocks en faveur des pays les plus pauvres et les plus endettés, afin de résoudre le problème dans la durée grâce à un régime nouveau mis au point lors des Sommets de Lyon (1996) et de Cologne (1999). Il a permis d’aller jusqu’à l'annulation totale de la dette issue de l'aide au développement ; l'annulation jusqu'à 90% des créances commerciales ; l'annulation en tant que de besoin des dettes à l'égard des institutions multilatérales. A Lyon, le taux maximum est passé de 67% à 80%, à Cologne il est passé à 90%.

A Okinawa, l'objectif d'annulation de 100% de la dette au titre de l'APD a été réaffirmé auquel s'est ajouté l'engagement d'annuler 100% de la dette commerciale éligible. Il a été également décidé d'accélérer le traitement des dossiers.

L'initiative PPTE (dite aussi "HIPC", c’est-à-dire "pays pauvres très endettés") a pour but de ramener sur une longue période le poids du service de la dette à un niveau soutenable, ne dépassant pas 20% des exportations.

Les rééchelonnements sont consentis dans le cadre de stratégies d'ajustement et de développement pluriannuelles, négociées entre le FMI et la Banque Mondiale et le pays bénéficiaire. Depuis le Sommet de Cologne, il a été demandé qu'un accent particulier soit placé sur la préservation des politiques sociales, pour que les budgets en faveur de l'éducation et de la santé ne soient pas sacrifiés, et sur l'éradication de la pauvreté.

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Au 31 décembre 2000, 18 pays africains sont passés au point de décision (auxquels s'ajoutent la Bolivie, la Guyana, le Honduras et le Nicaragua), ce qui leur permet de bénéficier de l'initiative.
- Bénin - Mauritanie
- Burkina Faso - Mozambique
- Cameroun - Niger
- Gambie - Ouganda
- Guinée - Rwanda
- Guinée Bissau - Sao Tomé
- Madagascar - Sénégal
- Malawi - Tanzanie
- Mali - Zambie

Huit autres pays africains devraient atteindre le point de décision après 2000 (ainsi que la Birmanie) :
- Burundi
- Côte d'Ivoire
- Ethiopie
- République Centrafricaine
- République du Congo
- République démocratique du Congo
- Liberia
- Sierra Leone
- Somalie
- Soudan
- Tchad
- Togo

Il est à noter que le Ghana et le Laos ont renoncé au bénéfice de l'initiative PPTE et que l'Angola, le Kenya, le Vietnam et le Yémen ont vu leur dette jugée soutenable.

JANVIER 2001





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